Avec notre retard habituel en France sur de nombreuses sorties (quand elles sortent enfin, ce qui n’est pas gagné), il y a des groupes qui passent à la trappe, et dont seuls les derniers albums arrivent sur notre territoire. A ce moment-là, peu ou pas de points de repère, et donc pas de problèmes de comparaison. Dans ces cas-là, un disque comme ce nouvel album d’Atreyu peut s’en sortir. Mais voilà, Atreyu est quand même un des groupes cultes de la scène metalcore américaine, et le virage « radio friendly » pris sur le précédent album lui avait valu un lynchage en règle sur la place publique. Il faut les comprendre aussi, les membres d’Atreyu, voir toute cette horde de jeunes loups passer en boucle sur MTV et ne leur laisser que des miettes, a de quoi énerver. Surtout quand on en a sous la pédale. Donc, sur ce Lead Sails Paper Anchor, le groupe joue la carte du metal mondialiste, se plongeant dans un mélange métallique hautement mélodique. Quitte à relayer les hurlements d’antan loin derrière des mélodies popisantes calibrées et entêtantes. Dans sa nouvelle mouture, il y a du Pantera pour certains riffs (« Becoming The Bull »), du Sum 41 (« Honor ») pour le phrasé, du Fall Out Boy pour les arrangements (« Falling Down ») et certaines mélodies, et surtout beaucoup de talent. Alors pourquoi râler ? Parce que le groupe ne ressemble plus aux 153.000 autres formations de metalcore ? Ce style tolère depuis longtemps le chant mélodique, alors pourquoi ne pas pousser l’expérience jusqu’au bout ?! Et contrairement à ce que peuvent penser les esprits les plus étroits, le groupe a composé ce disque avec plaisir, cela se sent. Ce nouvel album est rempli de hits parfaitement arrangés, et mixés avec minutie. Je vous mets au défi après une écoute de ne pas chanter le refrain de « Becoming The Bull » sous la douche après l’avoir écouté.

Geoffrey