Iced Earth
Iced Earth
The Crucible Of Man (Something Wicked Pt 2) - (2008)
genre : Heavy Metal
6,5/10
Steamhammer / SPV


Dire que ce nouvel album des Américains d’Iced Earth était attendu est un doux euphémisme, principalement en raison du retour du seul chanteur du groupe acceptable pour de nombreux fans, à savoir Matt Barlow, après que Ripper se soit fait jeter comme une vieille chaussette trouée. Album d’autant plus attendu au tournant que le précédent, Framing Armageddon, sorti l’an dernier, ne nous avait pas emballés, c'est le moins que l'on puisse dire.

Et bien, ce nouveau et dernier volet faisant suite à la trilogie originelle Something Wicked semble suivre un peu le même chemin alors que ce n’est pourtant pas faute d’avoir écouté encore et encore cet album pour se faire une idée valable, mais on ne peut qu’en arriver à la conclusion que le dernier album terrible d’Iced Earth fut Horror Show, sorti en 2001, bien que The Glorious Burden, sorti en 2004, fut de bonne facture.

En fait, on a la désagréable impression, à l’écoute de la nouvelle livraison, qu’Iced Earth est incapable de rééditer la fureur couplée à la mélodie qui a fait sa renommée avec le premier volet de Something Wicked. Jon Schaffer nous avait promis un album plus violent après Framing Armageddon, force est de reconnaître qu’on s’est demandé au départ si le groupe ne venait pas d’inventer le thrash pour papys, même si tout s’est relativisé par la suite et que cette chronique sera donc nuancée et très longue, juste parce que c’est Iced Earth !

Alors, l’album comporte de vraies pépites, mais c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Le titre qui ouvre l’album, « Behold The Wicked Child », démarre sur un riff bien thrash avec une batterie énergique avec ces arrangements semi-classiques et ces chœurs presque orientaux dont le groupe a le secret ; on se dit alors que Jon ne nous a pas mentis et qu’on va à nouveau pouvoir se prosterner, d’autant que la voix de Matt est vraiment là, intacte, puissante, mélodique, nous filant des frissons. Mais assez vite, l’album tombe dans un faux rythme avec « Minions Of The Watch », même si le refrain vous pénètre littéralement le crâne. La cadence repart avec « The Revealing », où la double grosse caisse de Brent Smedley ramone bien. Iced Earth décide alors de nous emmener dans une mièvrerie complètement planante, « A Gift Or A Curse? » toute en arpèges et darbouka (tambour arabe), sauvée par la prestation vocale de Matt et un très bon solo de Troy Seele. On enchaîne alors sur un autre titre très heavy mélodique, « Crown Of The Fallen », assez saccadé rythmiquement mais gâché selon nous par un refrain trop gnan-gnan. Heureusement, le titre suivant, « The Dimension Gauntlet », remet les choses en place grâce à des riffs bien incisifs et quelques accélérations salvatrices et un gimmick de guitares qui vous rentre complètement dans la tête pour finir sur un riff spécial headbanging. Ce titre fait vraiment du bien après s’être enquillé les deux / trois titres moyens d’avant. Ensuite, vient « I Walk Alone », premier single présenté en mai : une rythmique en béton armé, des passages plus lourds et un refrain facilement mémorisable où la voix de Matt et les backing font merveille, tout comme les très riches arrangements de ce morceau particulièrement épique. Le groupe repart alors sur une belle power ballad, « Harbinger Of Fate », qui comporte certainement le refrain qui tue le plus sur cet album, sorte de moment de bravoure où Matt déchire tout et qui voit le retour d’un darbouka. Avec « Crucify The King », le groupe tente carrément de nous endormir mais Matt, en variant très bien sa voix en utilisant tous ses registres, de l’agressif au très aigu, nous met la trique quand même, d’autant que la fin du morceau est bien plus énergique et qu’on peut enfin retaper du pied et secouer la tête. « Sacrificial Kingdoms » évolue ensuite sur un rythme assez lourd pour enchaîner sur « Something Wicked (Part 3) », qui est carrément soporifique même si les chœurs sont assez grandioses et font penser à un péplum romain. On est alors sortis de notre torpeur par « Divide Devour », le titre le plus agressif de l’album où la section rythmique fait des merveilles le tout étant supporté à nouveau par des chœurs grandioses. Mais enfin quoi, pourquoi Iced Earth ne nous a-t-il pas sorti plus de titres comme celui-là sur cet album ? « Come What May », le titre le plus long de la galette et peut-être aussi le plus mélodique, vient clore l’album de belle façon, malheureusement encore une fois sur un rythme un peu trop lent. « Epilogue », avec juste son violon et son darbouka, semble vouloir nous dire adieu pour terminer..

Conclusion ? Sur plus de 59 minutes, Iced Earth délivre un nouvel album impeccable dans ses arrangements, avec des idées que beaucoup de groupes n’auront jamais, avec le même son depuis des années mais le constat reste le même : cet album est trop mou dans son ensemble ; ça manque encore une fois de patate. En fait, si cet album était sorti avec Ripper Owens au chant, on aurait dit qu’Iced Earth était peut-être fini, incapable de rééditer ses exploits passés, incapable d’accélérer le mouvement après des breaks thrash imparables. Oui, mais voilà, Matt Barlow est revenu aux affaires (merci à Michael Kammeyer et Pyramaze au passage) et il sauve à lui seul cet album par une prestation de très haute volée. Très très loin d’être catastrophique, ce nouvel album du groupe ne répond donc pas totalement à nos attentes et nous frustre, nous faisant presque enrager. Peut-être au final attendons-nous trop d’Iced Earth maintenant… Ceci dit, ça ne nous empêchera pas de continuer de nous prosterner devant Jon et Matt à chaque fois qu’ils viendront rejouer par chez nous, comme on l’a fait au Hellfest ou au Graspop cette année !

Site : http://www.icedearth.com/

Site : http://www.myspace.com/icedearth

Will Of Death