Opeth
Watershed (2008)
genre : 70’s Melodic Death Metal
8/10
Roadrunner Records


Opeth est un groupe qui suscite le débat, la controverse, des avis divergents, et pas seulement dans notre rédaction. Au risque d’être réducteur, on peut dire qu’il existe deux époques et donc deux catégories de fans séparés par un album, Blackwater Park, qui symbolise un vrai tournant dans la musique du groupe. C’est avec cet album qu’Opeth a réellement connu le succès et n’a plus, avis totalement personnel, sorti d’album de qualité depuis.

Vous comprenez donc tout de suite que votre serviteur se place directement dans la catégorie des vieux de la vieille pour qui Opeth était avant tout la symbolique la plus parfaite de la ballade en forêt par une nuit d’hiver. Les albums Morningrise et surtout My Arms Your Hearse atteignaient des sommets dans cette allégorie. Le diptyque Deliverance et Damnation a plongé le groupe dans une musique passable au niveau Death mais brillante au niveau ballades 70’s et dont malheureusement aucune image ne ressortait, les émotions et l’ambiance disparaissant réellement en comparaison des albums qui les précédaient. Ghost Reveries, l’album qui a suivi, a lui un peu redressé la barre, la qualité étant réellement présente, mais encore une fois, le côté trop plastique du son et le jeu en roue libre de son génial leader Mikael Åkerfeldt ont fait prendre une toute autre direction au groupe qui n’a pas su assumer totalement ses influences 70’s à son Death progressif. Vous allez me dire, pourquoi cet historique tout à fait personnel ? Tout simplement car après ces péripéties et les départs consécutifs de Martin Lopez (batterie) et Peter Lindgren (guitare), on ne donnait sincèrement pas cher de la peau du groupe. Et c’est certainement ce qui a amené Mikael Åkerfeldt a se reconstruire et à se sortir les tripes sur le nouvel album que nous avons enfin entre les mains, Watershed, qui redonne enfin foi dans le groupe.

C’est un peu comme s’il avait fallu 3 albums pour qu’Opeth sache enfin quelle direction il fallait prendre, passer le cap nécessaire, se redéployer dans la nouveauté afin d’atteindre une partie du Graal. Et de la nouveauté, nous en avons… De manière liminaire et à titre d’exemples, citons les éléments suivants : intégration d’une voix féminine très douce sur « Coil », premier morceau de l’album et une ballade, svp ! Plutôt étonnant et délicat comme entrée en matière. Riffs doom et puissants sur les premières notes de « Heir Apparent », blast beats avec de la voix claire par-dessus sur « The Lotus Eater », dont le break final au clavier est tout simplement fabuleux, ballade majestueuse avec « Burden » sur laquelle l’aura de Deep Purple flotte en messie (bon ok, ça, ce n’est pas tellement nouveau), riffs doom encore et envolées somptueuses du chant d’Åkerfeldt sur « Porcelain Heart », qui a encore fait des progrès, psychédélisme et émotions palpable sur les 11 minutes de « Hessian Peel »…

Tout ici est d’un niveau réellement brillant et impose le respect. Opeth s’assume enfin et déploie tout son talent en laissant libre court aux claviers de Per Wiberg, en laissant une place prédominante aux guitares acoustiques, au jeu étonnement tout en finesse d’Axe, ce batteur que nous avions enterré après les quelques shows que nous avions vus avec lui et dont les prestations démontraient à quel point sa technique collait plus au death vraiment bourrin qu’à la musique plus versatile d’Opeth. Finalement, seul le morceau « Hex Omega », final de l’album, gâche un peu la partie en étant un ton en dessous.

Avec Watershed, Opeth a su se ressourcer suffisamment pour nous livrer un album immodéré, flamboyant, pas parfait mais qui rassure sur le futur du groupe et sa capacité à renaître de ses cendres quand il est au pied du mur. Un grand bravo !

Site : http://www.opeth.com/

Site : http://www.myspace.com/opeth

Pierre Antoine