Scar Symmetry
Holographic Universe (2008)
genre : (Death) Metal Mélodique
8/10
Nuclear Blast / PIAS


Depuis le début du millénaire, il faut bien avouer qu'en matière de jeunes groupes dans le petit monde du metal, rares sont ceux qui sont parvenus à tirer leur épingle du jeu. On mise le plus souvent sur les albums des vieux groupes (Iron Maiden, Judas Priest...), voire ceux de la génération précédente (Iced Earth, Nightwish) mais parmi les groupes formés après l'an 2000, il est difficile de voir en telle ou telle formation celle qui assurera la relève de demain. Même si le succès de Scar Symmetry ne semble pas prêt d'exploser les barrières du metal pour aller conquérir le grand public (d'ailleurs, le groupe n'est pas encore assez connu au sein des hordes barbares), en matière de succès artistique, Scar Symmetry a tous les atouts pour se détacher sérieusement de la masse. Pourtant, c'était mal barré lorsqu'est sorti son premier album: Symmetric in Design, en 2004. Un bon album, mais malheureusement trop inscrit dans la lignée de ce qui se faisait en matière de death metal mélodique à l'époque: couplets riffus et agressifs avec une voix de troll, refrains aériens au chant en provenance directe des cieux, on était en terrain (trop) connu et les comparaisons étaient inévitables: "Soilwork et In Flames ne sont pas loin, blablabla...". Deux ans plus tard, le groupe était de retour avec un opus qui m'a assis par terre: le renversant Pitch Black Progress. Plus extrême dans ses parties extrêmes, plus mélodique dans ses parties mélodiques, les comparaisons étaient déjà moindres. D'une parce que les groupes référentiels dans le genre avaient sorti dans le même temps des albums sans grand intérêt (Dark Tranquillity avec Character) ou assez controversés, flirtant avec le metalcore, la branche vulgaire du melodeath dont la frontière est si infime qu'elle peut être franchie par mégarde (Soilwork avec Stabbing the Drama, In Flames avec Come Clarity), de deux parce que Pitch Black Progress était un putain d'album, avec des titres de folie et des hymnes de tous les côtés. Le groupe était en train d'acquérir une personnalité et surtout, venait sans doute de livrer l'album le plus paroxysmique du genre : difficile d'assurer une telle cohérence musicale en pratiquant pareil jusqu'au-boutisme extrême et mélodique, même si passer d'une humeur à l'autre a pu en déconcerter certains.

Avec Holographic Universe, son premier album conceptuel, le groupe a choisi d'accentuer son côté mélodique. Une évolution logique finalement : un premier album assez direct et agressif, un deuxième où l'alternance agressivité / mélodies se faisait encore plus nette et un troisième où les mélodies ressortent davantage. Les parties agressives restent bien sûr de la partie avec une fois de plus des riffs qui marquent les esprits, n'empêche qu'une fois l'album terminé, ce que l'on retient le plus, ce sont ces refrains chantés en voix claire (remarquable performance de Christian Ävelstam au passage, redoutable de versatilité), ces solos racés dégoulinant de mélodies qui se taillent la part du lion sur cet album, s'insérant au sein des couplets ou venant ponctuer un riff, et ces claviers prédominants qui confèrent une saveur éthérée à l'ensemble de cette galette.

Holographic Universe se montre du coup moins percutant (c'est son défaut) mais aussi plus homogène que son superbe prédécesseur. Pas de caresse dans le sens inverse du poil, ici, les breaks coulent de source, les chansons s'enchaînent sans accroc, l'ensemble est d'une fluidité exemplaire... et le groupe y gagne encore en personnalité. Peut-on encore parler de "death metal mélodique" ici ? Selon moi, le groupe évolue plus dans le registre du metal mélodique tout court. Si je devais le comparer à un autre groupe, ce serait sûrement Arch Enemy: une musique mélodique avec une voix d'écorché vif, sauf que Christian Ävelstam propose un registre vocal bien plus varié que la beugleuse saoulante Angela Gossow et que l'ensemble est bien moins inégal que ce que propose le groupe des frères Amott. Pas vraiment de titre en dessous des autres sur Holographic Universe (ainsi que sur les deux précédents opus), tout est solide et cohérent du début à la fin.

Certes, on ne nie pas que le groupe arrive avec cet album au bon moment. En regard de la scène dont il est censé faire partie et qui se casse furieusement la figure à défaut d'une vraie concurrence, le groupe a tout le champ libre pour s'imposer sur un territoire qui reste à reconquérir. Mais il est incontestable que l'argument le plus valable pour vanter les mérites de cet opus reste la qualité de son contenu.

Site : http://www.myspace.com/scarsymmetry

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