Dream Theater
Dream Theater
Black Clouds & Silver Linings (2009)
genre : Prog Metal
9/10
Roadrunner / Wagram


Le voilà, le tant attendu 10ème album studio du Théâtre du Rêve (si on exclut le EP de 1995, A Change Of Seasons) au titre énigmatique et sombre, tout autant que sa pochette qui pourra rappeler celle d’Awake, monument du metal progressif. Serait-ce un clin d’œil à l’annonce par Portnoy lui-même que le groupe a vraiment retrouvé ses bases progressives un peu délaissées, il faut l’avouer, depuis Train Of Thought (2003), qui avait vu le groupe durcir sa musique, ce que regrettait une frange non négligeable des fans ? Au vu de notre analyse de ce disque encore une fois rempli à ras-bord (6 titres pour 75 minutes…avec Gronibard, on aurait eu l’inverse), vous constaterez que le résultat balance encore entre les deux courants mais il nous est apparu beaucoup plus réussi car mieux maitrisé, plus inspiré également que sur Systematic Chaos.

En effet, dès le morceau d’ouverture, gros son de gratte, double pédale, voire blasts, cohabitent avec de plus fines parties de synthés et un James Labrie à la tessiture plus basse qu’à l’accoutumée. « A Nightmare To Remember » constitue une bonne mise en oreilles, quoiqu’un peu longuette, mais qui nous montre un Dream Theater incisif, inspiré. Le premier single de l’album est ce « A Rite Of Passage » à l’intro qui vous rappellera un certain « Home » de merveilleuse mémoire. Filtres vocaux nombreux, riffs acérés, refrain mélodique à souhait…c’est du tout bon. Devrait bien fonctionner sur scène celui-là ! Titre un peu à part par sa durée (« seulement » 5’25) et son caractère éthéré, « Wither » nous a charmés par sa simplicité, son ambiance mélancolique que nous avons plaisir à retrouver chez Dream Theater (cf « Disappear », « Space dye vest »). Peut-être anecdotique et moins marquant que les glorieuses chansons précitées, « Wither » n’en est pas moins rafraîchissant et représente une respiration bienvenue dans cet opus si dense. Clôturant la saga des Alcooliques Anonymes, « The Shattered Fortress » reprend des passages des 4 premiers morceaux (The Glass Prison / This Dying Soul / The Root Of All Evil / Repentance) avec de très bonnes transitions. Un épilogue réussi du voyage entrepris en compagnie des démons personnels de Portnoy depuis Six Degrees Of Inner Turbulence (2002). Le sommet de l’album est pour nous atteint avec le somptueux « The Best Of Times », titre dédié au père de Mike Portnoy récemment disparu. Une longue intro de clavier et des envolées de guitares nous mettent en appétit avec un savoureux goût de Rush en arrière- plan. Le reste est à l’avenant avec un James Labrie majestueux (et non pompeux), un solo magistral de 3 minutes de Petrucci qui clôt ce morceau à ranger au panthéon des compositions du groupe (« Learning to live » ou « Octavarium »…), ni plus ni moins. Dans la lignée de ce titre épique, « The Count Of Tuscany » est une autre réussite mélangeant allégrement chœurs surgonflés, refrain mélodique, ambiance atmosphérique à la « Trial Of Tears », délires sonores de Jordan Rudess… un morceau de prime abord décousu mais dont la richesse ne pourra que vous faire voyager une fois ses 19 minutes intégrées (comme souvent avec l’œuvre de Dream Theater, serait-on tenté d’écrire).

Avec ce nouvel élément de qualité venant compléter une riche discographie, Dream Theater fait montre une nouvelle fois d’un talent de composition indéniable, d’une qualité instrumentale et vocale jamais démentie. Leur meilleur album depuis Scenes From A Memory, à notre humble avis.

Site : http://www.dreamtheater.net

Site : http://www.myspace.com/dreamtheater

Régis