Ephel Duath
Ephel Duath
Through My Dog’s Eyes (2009)
genre : Experi-me(n)tal Jazz
7/10
Earache Records


En recevant l’exemplaire promo de ce nouvel album d'Ephel Duath, celui-ci était accompagné d’une sympathique peluche à l’effigie d’un chien. Nous nous sommes dit qu’à l’approche des fêtes, Earache souhaitait nous honorer d’un présent fort agréable. Et puis, une fois le nom de l’album révélé, l’explication nous est apparue évidente. Through My Dog’s Eyes est en fait construit autour d’un concept original, centré sur une série d’événements vécus et vus à travers le regard qu’un chien pourrait avoir face à ces situations.

Une représentation donc très imagée et personnelle, qui vient affirmer que Davide Tiso (seul membre d’origine et tête pensante du groupe) cherche toujours à démarquer la musique de Ephel Duath vers des territoires encore inexplorés ou peu courants, et pousse en conséquence plus loin les limites de l’album concept. Les textes ont donc un rôle important dans la construction des morceaux, puisqu’ils en sont la source. Cela se traduit donc par des réflexions comme sur le titre d’ouverture « Gift », qui raconte l’histoire d’un molosse qui vient apporter à son maître un chat décomposé, et s’interroge à savoir si son offrande lui plaît. Parfois absurdes, comiques mais aussi plus réfléchis (l’insouciance d’un chien sur le monde qui l’entoure n’est-elle pas enviable ?), les textes ne vous laisseront donc pas indifférents.

Musicalement, Tiso a là aussi poussé l’expérimentation en renouvelant le style du groupe, pour l’emmener cette fois vers une forme beaucoup moins agressive que sur les précédents albums, orientée vers un jazz avant-gardiste technique, beaucoup plus posé et aux ambiances froides qui rappellent Trevor Dunn’s Trio-Convulsant et John Zorn. Même l’interprétation se veut originale et différente par rapport aux précédents albums, puisque seules des guitares et une batterie, exécutée avec finesse par le talentueux Marco Minnemann (Necrophagist, Paul Gilbert, Ukz…), viennent accompagner le sobre chant de Luciano Lorusso.

Ephel Duath surprend donc encore une fois, et affirme le potentiel novateur et expérimental qui est la moelle même de sa musique. Un album, certes plus calme, moins agressif, avant-gardiste, exécuté avec une habilité remarquable. Ephel Duath est bien plus qu’un groupe, c’est une entité qui ne cherche pas à reproduire ce qu’elle a fait auparavant mais qui se veut plus axée sur la fusion et l’interprétation d’un genre nouveau. Un cinquième album qui laisse donc place au jazz et au travail d’ambiance, absolument pas indigeste et qui pourrait bien se révéler être l’album de la maturité.

Site : http://www.myspace.com/ephelduath

Gaet’