War From A Harlots Mouth
In Shoals (2009)
genre : Mathcore Jazzy
7/10
Lifeforce Records / PIAS


Il est courant de constater que dans les groupes de metal extrême technique, il règne une fâcheuse tendance à essayer de se démarquer, en se cherchant une originalité (qui au final n’en devient pas une) dans un style complexe, aux possibilités presque infinies et qui du fait, s’enfonce le plus souvent dans un brouhaha de riffs triturés, compliqués, au profit d’une démonstration de virtuosité irréprochable mais se noyant d’office dans une bouillie de rythmiques les plus syncopées, barrées possibles et de mélodies ultra rapides, complexes, impossibles à retenir et à reproduire (même avec une guitare en plastique à cinq touches colorées). Manque plus que les gars aient à peine dix-huit ans, et alors là, on crie au génie, alors que leur musique manque terriblement de cohérence et de sensibilité. « Ces mecs sont géniaux, on ne comprend rien à ce qu’ils jouent mais c’est génial quand même ». Au final, rien ne sert de s’emballer, car le plus souvent, ces albums finissent au fond d’un tiroir, qu’on sort juste pour crâner devant les copains les soirs de buverie blind-test.

Mais voilà, parfois, il y a des albums qui sortent du lot, et on peut déjà dire que ce deuxième opus des Allemands de War From A Harlots Mouth (ils n’avaient pas plus court comme nom) en fait partie. On ne va pas faire l’éloge de l’album qui tue tout mais c’est juste que ces Berlinois ont tout naturellement réussi à allier technique hardcore/jazz à des plans plus posés et précis, sans trop en faire, juste ce qu’il faut. Ça donne donc un parfait équilibre entre brutalité barrée et légèreté ambiante, sur fond jazzy efficace et distinct, tout bonnement appréciable. En 2007, ils avaient sorti un premier album intitulé Transmetropolitan, bien dingue et violent, mais qui partait un peu tout azimut. Avec In Shoals, ils ont réussi à canaliser toute cette folle énergie pour en faire un album plus intuitif et efficient. Au milieu de riffs complexes, il leur arrive très souvent de laisser place à des passages fondamentaux et toujours prenants, qui laissent respirer les compositions. Cela donne des refrains HxC old school à chanter en chœur (« Crooks At Your Door »), des breaks jazzy relaxant (l’instrumentale « Justice From The Lips Of The Highest Bidder »), des cassures lourdes à la Meshuggah (« Briefing Security Werewolves On Red Alert »)… interprétés au milieu d’un jeu technique brutal mais pas démonstratif. L’ensemble est mené par un puissant chant, nuancé selon les ambiances (notons que c’est Nico Webers de The Ocean qui occupe désormais le poste, ça attire l’attention).

Sans révolutionner le genre, ce nouvel album de War From A Harlots Mouth mérite donc qu’on y porte une oreille attentive, car derrière une étiquette Mathcore Brutal à tatouage (ça impressionne toujours), le groupe révèle une sensibilité attachante que l’on trouve rarement dans ce type de formation. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences.

Site : http://www.myspace.com/warfromaharlotsmouth

Gaet’