When Icarus Falls
Over The Frozen Seas - EP (2009)
genre : Bonne Musique
9/10
Get A Life! Records


Post-hardcore. Post-rock. Post-structuralisme. Post-keynésianisme. Post-colonialisme. Post-ambulatoire. Le problème, voyez-vous, avec cette fameuse préposition qu'est « post », est que même si elle donne une idée des bases sur lesquelles ladite chose s'est construite, elle empêche une appellation qui permettrait au mouvement de pleinement se réaliser. Autrement dit, elle réduit un mouvement à une simple réponse à un autre mouvement. Mais que fait-on lorsque l'on se retrouve face à quelque chose de différent ? Recherche-t-on un nouveau nom ? Mais au bout du compte, à quoi bon ? Car dans le fond, le nom, l'étiquette, l'emballage, on s'en tape.

Ne comprenez pas par là que When Icarus Falls réinvente totalement le métal. Mais ils ont ce « je ne sais quoi », ce petit truc en plus qui fait toute la différence. Ils osent quelque chose de rafraîchissant. La musique du combo est touchante, bouleversante, introspective, juste, froide, profonde et grandiose. Bien que petit nouveau de la scène helvétique, le groupe réussit un coup de maître avec son premier EP. Ah oui, les présentations. Ils viennent de Lausanne, Suisse. Ils sont cinq. Et ont été bercés à l'Isis, au Cult Of Luna et au Godspeed You! Black Emperor. Mais le truc fort, comprenez-le bien, c'est que contrairement à beaucoup trop d'autres formations, eux, parviennent à véritablement s'inspirer de ces groupes, et non à les recopier. Car la musique que nous propose When Icarus Falls est racée, grande, mature et composée à la fois d'arrangements recherchés et de mélodies à fleur de peau. Ici, l'envol se prend en douceur, sur les rives d'une mer tranquille. Les Suisses prennent leur temps et pourtant, jamais des instants aussi lents n'auront passé aussi vite. Le son de la basse, rond, séduisant, doux même, se conjugue à merveille avec les planements rapides, juste au-dessus de l'eau paisible, que produisent quelques notes de synthé et de guitare brillamment jouées en boucle avant que n'évoluent les morceaux dans d'autres plans. Les rythmiques, elles, ne sont pas des équations mathématiques impossibles à résoudre, mais une prosodie simple et travaillée, qui vient appuyer la tournure dramatique et aérienne de la musique de When Icarus Falls.

Finalement, la dynamique mise en place grâce à l'articulation des morceaux autour des lignes de synthé fait mouche et permet aux compositions d'être d'avantage encore chargées en émotion et taillées en profondeur. Oui, When Icarus Falls, c'est simple et c'est complexe à la fois. C'est beau et c'est triste en même temps. Ça se vit. Ça se réfléchit. Et ça ne s'oublie pas. Il semblerait qu'Icare ait compris que la cire fondait au soleil.

Site : http://www.whenicarusfalls.com

Gilles Der Kaiser