Zu
Zu
Carboniferous (2009)
genre : Noise Jazz
9/10
Ipecac Recordings / Southern Records


Que tous les fans de John Zorn ne connaissant pas (encore) Zu (mais il ne doit pas y en avoir énormément) tendent l’oreille vers ce trio instrumental italien. Formation atypique puisque constituée d’un saxophone baryton, d’une basse et d’une batterie, ce gang jazz est connu pour ses abondantes collaborations (Mike Patton, Dalëk, The Melvins, The Ex, Joe Lally, Nobukazu Takemura… et on en passe), ses performances improvisées et leurs divers side-projects (Black Engine, Udus, OffOnOff…). Ils livrent ici leur quatorzième album entièrement écrit avant d’être enregistré (le troisième dans cette démarche après Bromio et Igneo). Un album donc plus structuré, plus direct, plus rock (voir même metal dans le son et l’interprétation).

Finies donc les indomptables improvisations free-jazz. L’envie étant à l’efficacité et au groove, la maîtrise des riffs et la définition d’un but bien précis à atteindre s’imposaient. La basse est grasse, volumineuse et écrasante. Le saxo, tantôt hurle des riffs ravageurs, tantôt chuchote des élans mélodiques. Quant à la batterie, celle-ci claque et canalise l’énergie débordante de ces nouvelles compositions. Seul le titre final (« Orc ») se veut plus ambiant, comme pour nous faire redescendre lentement de cette furieuse montagne abrupte et tranchante. Des invités de qualité sont présents, entre autres Mike Patton (Fantômas, Mr. Bungle, Faith No More…) au chant, derrière sa table à sons électroniques, sur le très inspiré et réussi « Soulympics » et le méditatif « Orc », puis King Buzzo à la guitare sur le redoutable « Chthonian », dont le riff d’intro n’est pas s’en rappeler « The Beautiful People » de Marilyn Manson (sans doute une simple circonstance). Des collaborations très bien exploitées, qui ne sont pas utilisées simplement pour attirer l’attention.

Carboniferous a certainement le potentiel de devenir l’un des meilleurs albums instrumentaux de cette année, de par sa captivante inspiration et sa parfaite exécution. A recommander à ceux qui ont succombé à la quadrilogie « Moonchild, Astronome, Six Litanies For Heliogabalus, The Crucible » de John Zorn (interprétée par Mike Patton, Trevor Dunn et Joey Baron), et à ceux qui aiment les musiques innovantes. La seule différence avec Zorn, c’est qu’ici, tout est concentré et dirigé avec plus d’aplomb pour un meilleur rendement. Un excellent nouveau départ pour ces trois Italiens.

Site : http://www.zuism.com

Site : http://www.myspace.com/zuband

Gaet’