Eclectika
Dazzling Dawn (2010)
genre : Black Mélodico/ambient
7/10
Asylum Ruins Records



A la frontière entre l’occulte, le blasphématoire, le recueillement et la litanie diabolique, l’alliance du Black Metal et de l’ambiant perpétue un art rare et précieux dans lequel chaque acteur dispose d’un style à part entière. Darkspace est devenu avec le temps l’un des acteurs fondamentaux de l’alliance de ces deux entités stylistiques aussi différentes que complémentaires, afin de former un art profondément sombre, abyssal, froid mais toujours dans une violence dépressive et quasi-inhumaine. Dans l’ombre d’un genre encore peu exploité (doit-on évoquer 1349 et son échec Revelation Of The Black Flame ?), Eclectika, mené, par le multi-instrumentiste Sebastien Regnier, explore cet horizon dans des ténèbres dans lesquelles il semble se délecter.

Rapidement plongé dans une atmosphère sombre et philosophique par le livret, l’auditeur se retrouve face à un groupe prônant l’art et rejetant la médiocrité culturelle actuelle et ambiante. Fusion d’un Black Metal mélodique déchiré par des vocaux black et une musique ambiante, terriblement angoissante et stressante, Dazzling Dawn, sans réellement marier les genres, les utilise indépendamment selon les morceaux. Ainsi, le disque débute sur une introduction symphonique, déjà symbolique d’une fin annoncée (« The End ») et démontre rapidement la sensibilité et le talent d’écriture des Parisiens. Néanmoins, ce n’est presque pas dans le Black que le groupe fait la différence, mais bel et bien dans la conception de pièces ambiantes, vicieuses et délicieusement malsaines, tant que lorsque les guitares refont surface, on en vient à penser que le monde minimaliste et bruitiste est plus opportun pour eux. Dans ce monde cauchemardesque mais jamais dénué de lumière, Eclectika va multiplier les appels à l’ambiant, au néant et au grand vide originel… pour finalement y trouver sa plénitude artistique. Le final ambiant « 11 Corps Décharnés » plonge pendant 10 minutes dans une infinie descente aux enfers, terrifiante et glaciale, passionnante, plus que les autres titres Black (« Sophist Revenge », « Marble Altar ») qui, sans être mauvais, peinent simplement à sortir de la masse.

Au final, Dazzling Dawn dévoile un grand talent, notamment pour l’ambiant, conférant une porte vers un nouveau monde, univers tridimensionnel d’une nouvelle dimension toujours plus abominable. La porte des enfers est plus que jamais ouverte, et les démons à la merci des humains…

Eternalis