Eisbrecher
Eiszeit (2010)
genre : Indus Electro Pop
3/10
AFM / Underclass


La rigidité. La froideur. L’impartialité. Le tranchant. L’indus… Les automatismes de pensées nous pousseront inévitablement à penser à Rammstein, la présence d’un chant allemand et d’un aspect fortement martial identifiera un clone : Eisbrecher. Pourtant, les Allemands ne peuvent pas être étiquetés à tort et à travers, et lorsque « Antikörper » vit le jour en 2006, c’était en réel qualité d’outsider que se présentait le groupe, enchaînant tubes sur tubes (« Phosphor » à s’en décrocher la tête) et surtout en effaçant le côté humoristique de son glorieux ainé et en tentant de minimaliser au maximum les guitares au profit de samples froids et répétitifs. Et si cette donnée n’a pas été modifiée avec la sortie de Eiszeit, une autre a fait son apparition… l’indus aussi a disparu.

Soyons clairs : avec ce quatrième disque, Eisbrecher se retrouve inévitablement le cul entre deux chaises, écartelé entre une pop indus électronique allant du très réussi au vulgaire, en passant par le franchement ridicule. Le groupe ne joue clairement plus la carte de l’indus froid et militariste mais plutôt celle d’une pop sautillante très froide pour le genre. Le timbre rugueux d’Alexx Wesselsky évoque toujours celui de Till mais il prend souvent des intonations plus chantées, et se veut fréquemment secondé par une voix féminine purement pop et fragile. Le changement passe néanmoins relativement bien sur le premier titre « Böse Mädchen », prod carrée, arrangements réussis et refrain absolument énorme. Malheureusement, « Bombe », « Segne Deinen Schmerz » (et ses vocaux féminins exaspérants et transparents débitant des « hanhanhan » insupportables) ou « Dein Weg » (Evenescence indus allemand…) font de ce disque un naufrage total, à se demander où est passé le Eisbrecher des années passées. Il est là, présent en filigranes, presque honteux, tentant vainement de respirer dans cet océan electro pop nauséabond.

Que dire ? Eisbrecher n’est plus… aucune âme, tout est lisse, policé, stéréotypé, calibré. La recette livrée ici a réellement du mal à passer, et que l’on a simplement aucune envie de s’en resservir une seconde fois…

Eternalis