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Rosetta
A Determinism Of Morality (2010)
genre : Concurrence Au Virgin Galactic De Richard Branson (à Moindre Coût)
10/10
Translation Loss Records


Le silence est d'or ? Foutaise ! Que celui qui préfère ne rien entendre (Oui, OK, rien, c'est quelque chose) au nectar concocté par Rosetta sorte sur le champ... Lorsqu'en 2007, le groupe livrait sont Wake/Lift, l'impression que le paroxysme du genre avait été atteint nous frappait. Trois ans plus tard, pourtant, le quatuor de Philadelphie se surclasse, sortant là un des disques les plus émouvants et les plus complets de ces dernières années.

Rosetta se fait plus mélancolique, plus doux (ne comprenez pas par là “plus mou“). Le quatuor prend davantage son temps, ressentant moins le besoin d'inscrire sa musique dans des alternances lent/rapide, calme/lourd aujourd'hui devenues banales. Pourtant, un effet de surprise permanent habite l'album, tant les compositions sont profondes et palpitantes. Là où Wake/Lift faisait littéralement voyager à toute biture à travers l'univers en en faisant voir de toutes les couleurs, A Determinism Of Morality a davantage les pieds posés sur terre et préfère opter pour un approfondissement des textures plutôt que des ambiances. En délaissant un peu son côté extra-atmosphérique, Rosetta rend son œuvre plus concrète, plus tangible et peut-être même plus honnête. Plus mature aussi. À l'écoute de ce disque, on se dit que le groupe n'a plus rien à apprendre, qu'il a atteint le sommet de son art et que tous les prétendants au trône ne sont qu'à des années-lumière. Le gros paradoxe, c'est que l'on pensait que ce qui faisait le charme de Rosetta était sa manière de retranscrire les ambiances et les émotions d'un voyage dans l'univers en musique. Mais même en installant son vaisseau sur terre, Rosetta reste particulier. Le quatuor évolue donc, intègre un chant clair (« Release ») magnifique, des rythmiques plus saccadées (« Je N'En Connais Pas La Fin »), des passages plus rentre-dedans (la fin de « Revolve »), sans pour autant perdre ne serait-ce qu'un chouia de ce qui fait son charme : sa singularité. À titre d'exemple de l'énormité de l'album : la ligne de basse qui ouvre la pièce maîtresse de l'album, « A Determinsm Of Morality », sur laquelle vient se greffer une rythmique intelligente et ces notes de guitares à l'écho si particulier. Le moment s'impose tout simplement comme l'un des plus beaux plans jamais écrits par Rosetta.

Chaque instant de cet album est un délice, synonyme d'une intense réjouissance quant à la seconde qui va suivre, tout en étant un supplice puisqu'elle rapproche l'album de sa fin. A Determinism Of Morality impose le respect et n'est que plénitude et magie. Hallucinant.

Site : http://www.rosettaband.com

Gilles Der Kaiser