Nothnegal
Nothnegal
Decadence (2011)
genre : Death Metal Progressif
7/10
Season Of Mist


En ces temps où bon nombre de nos écoutes se soldent par des déceptions, l'arrivée d'un groupe surgi de nulle part aiguise notre curiosité. Les îles Maldives évoquent généralement des rangées de perles dans la douce brise de l'océan Indien et de magnifiques palmiers. Mais la perle noire, rare, pourrait bien être Nothnegal, qui officie dans le Metal mélancolique agressif et progressif au son moderne. Le groupe a été formé par le guitariste Hilarl, ex-The Mortuary. Après quelques changements de line-up, Nothnegal sort un premier EP en 2009, dévoilant de bons morceaux Death progressif. Portées par Kevin Talley (Six Feet Under, Daath, ex-Chimaira, ex-Dying Fetus et ex-Misery Index) et le claviériste Marco Sneck (Kalmah, Poisonblack), les compositions de Decadence ont un potentiel indéniable. Certes, Nothnegal ne révolutionne pas le genre, mais a largement de quoi satisfaire l'appétit de l’amateur de Death Metal progressif lambda. Les guitares sont très bien mises en valeur sur « Salvation », avec une rythmique qui plombe d'entrée de jeu. Les claviers sont omniprésents sur les huit titres : leurs lignes sont très élégantes et on se sent comme immergé dans quelque œuvre cinématographique. « Claymore » prend à contre-pied par la batterie puissante de Kevin Talley. Il démontre toute l'étendue de son art : jeu fin, groove impeccable et double pédale fumante. Les soli de guitares se marient avec les lignes de claviers au cours de questions / réponses superbement exécutées. « Janus », qui fleure bon le Metal moderne, est le titre phare de cet album où les guitares sont frontales et les claviers avenants. Le morceau-titre explore des atmosphères lugubres et malsaines avec des guitaristes véloces et fluides, de ceux qui ne confondent pas vitesse et précipitation et qui savent mettre en avant la mélodie. Le magique « Armageddon » est truffé de soli dantesques de claviers et de guitares. Nothnegal est capable de prendre l'auditeur à rebrousse-poil comme sur « Sins Of Our Creations » où apparaît une ligne de chant clair. Fufu (guitare, chant) prend son rôle de frontman très à cœur. Le chant est impeccablement maîtrisé bien que le registre soit déjà connu. « Singularity » clôt en beauté cette noirceur mélancolique. Le chant clair se cale sur les nappes de claviers, les guitares restent saturées mais discrètes, et la batterie étonne par sa légèreté. Les ténèbres sont tombées sur les Maldives grâce à Nothnegal, et on espère que le groupe séduira assez de monde pour qu'un second album voie le jour.

[Photo : DR]

Loïc Cormery