Stéphan Forté
Enigma Opera Black (2014)
genre : Metal Instrumental Progressif
8,5/10
Zeta Nemesis Records


On a toujours une petite appréhension à l’écoute d’un album solo de guitariste car bien souvent, la branlette de manche prend le pas sur la créativité. Mais il arrive parfois que le pari soit réussi, et c’est indéniablement le cas avec le second album de Stéphan Forté, célèbre guitariste d’Adagio, intitulé Enigma Opera Black. 

Après une courte intro qui lorgne vers le shred, nous sommes embarqués dans un univers sombre, quasi oppressant et surtout très étrange avec le morceau éponyme – une réussite. La progression de l’album est conçue de manière équilibrée et intelligente. « Pure », morceau à l’image de son titre, vient constituer une sorte d’interlude assez appréciable entre deux séries de trois morceaux très complexes et puissants. 

Puissant, l’album l’est tout autant au début qu’à la fin, puisque l’avant-dernière piste « Suspended Tears Into Space », la plus longue de l’album, vous fait ressentir avec force la solitude spatiale que l’on a pu voir à l’écran avec Gravity. On retrouve sur l’album plusieurs invités de renom et la collaboration la plus marquante est sans doute sur « Zeta Nemesis » avec Marty Friedman, que Forté a accompagné sur la tournée Guitar Universe en 2012. Solo de basse (effectué par Franck Hermanny d’Adagio), passages de piano, notes de clavier lointaines (« Praying Lord Bhairava At The Foot Of Mount Kailash »), sonorités indus/électro (comme sur « Sector A Undead »), Forté ne s’interdit rien et mêle ses influences multiples qui vont du metal moderne à la Meshuggah à la musique classique, dans un album que l’on peut véritablement qualifier de progressif. 

Cette liberté musicale s’accompagne d’une liberté commerciale puisque l’album sortira sur la propre structure de Stéphan Forté, et sera disponible à la vente physique uniquement sur Amazon et sur son propre site Internet. 

Avec Enigma Opera Black, nous avons donc affaire à un véritable album de metal instrumental progressif, servi par une exécution technique irréprochable, qui envoûtera à n’en pas douter les amateurs d’univers sombre et bizarre.

Jean-baptiste « Jb69 » Juillard