Scorpions
Return To Forever (2015)
genre : Hard Rock
6/10
Sony Music


Il y a tout juste cinq ans, j’écrivais une dernière chronique sur Scorpions. Je m’en souviens comme si c’était hier, tiens. Un bail tout de même. C’était à l’occasion de la sortie de l’album Sting In The Tail, qui devait être le chant du cygne du groupe, et de cette fameuse tournée d’adieu. La retraite était en vue, les héros se sentant fatigués, usés. Au bout de la route, comme ils disaient à l’époque. Cinq ans plus tard, que reste-t-il de tout cela ?

Le groupe est toujours sur les chemins et enchaîne les concerts et autres festivals. Et deux live et un album de « reprises » un brin dispensable sont sortis ces dernières années. Difficile de raccrocher alors que le public est toujours derrière. Il ne manquait dès lors qu’à se remettre plus ou moins en mode « création » et sortir un « dernier » disque, histoire de fêter avec honneur - ou nostalgie ? - près de cinquante années d’existence.

Et sur le papier, ce Return To Forever avait de quoi séduire selon les premiers échos. Non pas pour les qauelques nouveaux morceaux promis, car on ne s’attendait plus à des choses palpitantes venant des Allemands depuis bien longtemps. Non plutôt parce que le groupe disait être allé au fond de ses tiroirs à la recherche de vieilles démos et en avoir extirpé des titres issus des années 80. Et quelques bricoles un peu plus récentes. Des bases de travail écartées alors.

Et contre toute attente, il reste des jolies petites choses au fond des tiroirs des Scorpions. A l’image de cet explosif « Rock‘n’Roll Band » qui aurait sans doute bien trouvé sa place sur l’album Savage Amusement en 1988. Un morceau qui passe sans soucis l’épreuve du live sur la tournée actuelle. Tout comme le très rentre-dedans « Rock My Car » déjà joué depuis un bail en concert. Quel dommage tout de même que ces chœurs bien trop pesants et qui desservent vraiment un morceau qui n’en avait nullement besoin pour montrer son efficacité naturelle. La même chose pour « Hard Rockin’ The Place » plombé lui aussi par de satanés chœurs beaucoup trop envahissants. A se demander ce que faisaient les producteurs dans le studio, les choses les plus directes ou les plus simples étant souvent les meilleures…
On passera très vite sur le médiocre « Catch Your Luck and Play » prévu à l’origine lui aussi sur Savage Amusement et qui, malgré un début plus que prometteur, ne décolle jamais à cause d’un refrain bien trop passe-partout. Et enfin on ne s’attardera pas non plus sur la ballade « House of Cards » composée il y a un bail aussi : cela fait longtemps que les Allemands ne tiennent plus la distance pour ce genre de compositions, à trop vouloir chercher à toucher un grand public qui ne reviendra plus vers eux. Sauf pour écouter « Still Loving You » ou « Wind of Change » chez Patrick Sébastien...

On préfèrera alors jeter une oreille plus attentive à une poignée de nouveaux titres qui parsèment cet album. Une poignée seulement. Avec en tête le dynamique « Going Out With A Bang » qui, comme « Rock‘n’Roll Band », trouvera son public en live. Et aussi et surtout ce curieux et plus surprenant « The Scratch », morceau endiablé, bourré de swing et qui pendant l’espace de 3mn 41, fait passer le groupe pour un big band version hard rock. Un titre qui voit enfin Matthias Jabs, jusqu’alors bien sage, se lâcher niveau guitares. A contrario, le reste des nouveaux titres est dispensable comme les insipides « Rollin’ Home » et « All For One », voire l’anecdotique single « We Built This House » à la construction (elle était facile celle-là !) bien trop prévisible.

Au final, Return to Forever est un « dernier » album plutôt inégal qui ne tient la route que grâce à ses anciens titres remis au goût du jour. Une sortie qui n’égalera donc en aucune manière certaines productions du passé, mais était-ce vraiment l’objectif ? Il y a cinq ans, je terminais ma chronique par ces quelques mots : « est-ce vraiment la fin ? ». La question est toujours d’actualité.

* A noter la ressortie ces derniers jours d’une partie du catalogue des Scorpions en « version deluxe » remastérisée avec des livrets enrichis (photos inédites) et un certain nombre de documents sonores et visuels en sus (cinq albums sont accompagnés de DVD). A voir si la remasterisation s’est faite à partir des bandes d’origine. Pour Savage Amusement, en tout cas, album qui souffre d’une production bien trop « cheap », la différence devrait être plus que perceptible.

Looner