MIKE PORTNOY

 

A l’occasion de la venue du groupe le 2 octobre dernier, l’équipe de Noise a réalisé une interview exclusive avec Mister Portnoy, l’emblématique batteur de Dream Theater.

 

Entretien avec Mike Portnoy - par Pierre, Julien et Geoffrey
 
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Comment se passe la tournée jusqu’à maintenant ? Ca commence à faire très long (rires). Mais c’est super. On a commencé en novembre 1999, et maintenant c’est la dernière ligne droite. Encore 3 semaines en Europe et ce sera fini. Je crois que c’est la meilleure tournée que nous ayons jamais faite. Nous avons pu faire tout ce que nous avons toujours rêvé de faire : le spectacle, les lumières... Quand nous avons fait le show fin août à New York [avec une chorale complète, des guests et un écran géant -NDLR], c’était le sommet de la tournée. Mais pour cette fin de tournée en Europe, on n’utilisera pas les vidéos et tout les trucs de ce genre... On ne terminera pas la tournée comme on l’a commencé. On va faire un mix de notre carrière plutôt que de jouer Scenes en entier.

Un peu fatigué ? Extrêmement fatigué. Nous sommes tous épuisés. Même si nous avons eu un mois de break. J’ai joué dans Transatlantic, j’ai fait quelques clinics de batterie mais j’ai surtout travaillé sur la nouvelle vidéo de Dream Theater. J’ai été très occupé.

Quelle est la réaction du public jusqu’à présent ? Géniale. Créativement, nous avons pu donner le meilleur de nous-mêmes. Avoir Jordan dans le groupe est extraordinaire. Nous essayons de jouer Scenes... dans la plupart des villes.

Il est impressionnant de vous voir jouer Scenes en entier en première partie de concert, et de vous voir revenir ensuite avec un medley de vos anciens albums... Quand on a commencé la tournée, on ne jouait que deux heures par show : une heure et demie de Scenes... et une demie heure de morceaux des albums précédents. Quand on a fait le concert à Roseland en août dernier, nous avons joué une heure d’anciennes chansons. Mais jouer Scenes... tous les soirs était fun.

C’était marrant pour le public, mais pour vous, ça devait l’être moins, non ? C’était marrant les cent premières fois (rires) !

Trois ans après Falling Into Infinity, qu’est-ce que vous pensez de cet album ? Chaque album a été une expérience enrichissante, mais c’est sûr que quand on regarde en arrière, on aimerait bien changer certaines choses. Je pense qu’il y avait de très bons morceaux sur Falling Into Infinty, et d’autres moins bons. En revanche, pour Scenes... je crois que je ne changerais rien car nous avons eu la maîtrise totale de l’enregistrement. L’album est exactement ce que nous voulions faire.

Qui a amené l’idée de faire de cet album ce qu’il est ? Les personnages, les actes... John Petrucci et moi-même sommes à l’origine de ce concept mais nous avons conçu la musique tous ensemble.

Quel est le lien entre la version de Metropolis Part. 2 de 25 minutes et cet album ? Dans la version 1996 de Metropolis Part. 2, il n’y avait pas de paroles, nous n’étions pas allés aussi loin que sur Scenes... Néanmoins, nous avons repris certaines parties de cette version : la musique de One Last Time en vient directement, ainsi que quelques passages de Dance Of Eternity. Mais pour ce qui est du reste de Scenes... et notamment du scénario, nous sommes partis de rien.

Quelles ont été les relations entre Jordan et le reste du groupe ? Bonnes car Jordan nous connaissait déjà depuis quelques années. Il avait déjà joué un concert avec nous en 1994. Il est très ouvert. Par ailleurs, John Petrucci, Jordan Rudess et votre serviteur avions formé, en 97, un groupe instrumental terrible, Liquid Tension Experiment. Les deux albums de LTE ont consolidé nos relations avec Jordan. Il y avait donc une réelle entente entre tous les membres du groupe pendant l’enregistrement de Scenes...

Comment est-ce que tu répartis ton temps entre Dream Theater et les side-projects (LTE, Transatlantic...) ? Dream Theater est ma priorité. Je consacre le reste de mon temps à ma famille et à d’autres trucs comme le DVD [ndlr : Arghh !] qui ne saurait tarder à sortir, car je tiens à m’occuper au mieux de tout ce qui gravite autour de Dream Theater. Pour arriver à faire tout ce que je veux faire, il me faudrait des journées de 60 heures (rires) !

Il y a beaucoup de nouvelles influences dans le nouvel album : musique classique, gospel, ragtime, jazz... Est- ce que ça vient de Jordan Rudess ? Pour ce qui est de la musique classique, cela vient vraiment de Jordan - il a une formation classique, c’est toute sa vie. En ce qui concerne le jazz, c’est une influence qui a toujours été présente dans notre musique. Quand nous avons formé le groupe, nous étions dans une école de jazz.

Mais au début de votre carrière, le jazz abordé n’était pas le même que maintenant. C’était plus moderne et maintenant plus old school... Le type de jazz que nous avons toujours préféré, c’est la fusion. Des trucs comme le Mahavishnu Orchestra ou Chick Corea. Par contre, Jordan préfère le bon vieux jazz. Ca a introduit une grande part d’improvisation dans notre façon d’écrire Scenes..., un peu à la manière de LTE.

Façon free-jazz ? Absolument.

Avez-vous l’intention d’enregistrer un nouveau LTE ? Non. Quand on a monté ce projet, c’était pour faire quelque chose qui différait de Dream Theater. Maintenant que Jordan fait partie du groupe, LTE n’a plus de raison d’être. Il vaut mieux économiser l’alchimie qu’il y a entre nous trois pour Dream Theater.

Y a-t-il d’autres side-projects en préparation ? J’espère que non (rires)... J’en ai largement assez comme ça. J’en ferais d’avantage si j’avais plus de temps.

Comptes-tu tourner avec Transatlantic ? Peut-être. Mais j’ai besoin d’un break (rires) ! J’aimerais bien, la maison de disques aussi. Cependant, si nous avons assez de temps pour retravailler ensemble, ce sera plutôt pour faire un nouvel album.

Avez-vous des nouveaux morceaux pour le prochain Dream Theater ? Non, on n’a rien. Nous avons des idées mais ce sont surtout des orientations que nous aimerions prendre, des trucs que nous aimerions faire. Nous n’aurons aucun problème à enregistrer le prochain CD. Si problème il y a, ce sera le trop d’idées...

Est-ce que tu as le temps d’écouter des nouveaux groupes, de développer ta curiosité musicale ? Avant, j’avais l’habitude d’écouter tout ce qui me passait sous la main. Mais étant de plus en plus occupé, je ne peux plus me permettre d’écouter tous les nouveaux groupes qui m’envoient leurs démos.

Dans Your Majesty [le fanzine officiel français de DT], à la sortie de Scenes..., tu avais dit que si l’album n’était pas apprécié des fans, le groupe pourrait splitter. Qu’est-ce que tu voulais dire ? C’était une boutade. Ce que je voulais dire, c’est que si l’album n’avait pas marché et n’avait pas plu à notre public, nous n’aurions eu aucune raison de continuer. Nous avons donné le meilleur de nous-mêmes avec Scenes... Et comme tout s’est bien passé depuis la sortie -l’accueil des fans, les ventes de l’album, les concerts...-, nous allons continuer (rires) !

Que répondez-vous aux fans qui vous reprochent d’avoir pris une direction moins technique, plus accessible ? On ne peut jamais plaire à tout le monde. Si nous partons dans une direction plus progressive, certains veulent du commercial, et inversement... Mais à chaque fois des gens accrochent. Quand nous avons formé le groupe, nous voulions surtout faire de la musique pour nous-mêmes. Nous avons joué la musique que nous rêvions d’entendre, et certaines personnes y ont immédiatement trouvé ce qu’elles cherchaient. Mais nous avons ensuite emprunté de nouveaux chemins plutôt que de refaire constamment le même disque.