Aeon Aony est votre deuxième vrai album, en plus de quelques mini-cd, comment jugez-vous votre parcours jusqu’ici ?
Difficile de «juger» son propre parcours... Je dirais que nous sommes heureux d’avoir accompli ce que nous avons accompli jusqu’ici, sans prétention aucune. Nous ne voyons pas notre parcours en terme de «carrière», mais en terme de production artistique indépendante et de plaisir à jouer ensemble. Unfold est un groupe qui nous permet de nous exprimer et de passer de bons moments, c’est bien là l’essentiel finalement.

Ce nouvel album a été composé en plus de 20 mois, plutôt long non ? Cela reflète en tout cas la qualité de celui-ci ?
20 mois, c’est quand même relativement long, c’est vrai. Deux points relativisent cependant ce laps de temps : le premier est que nous composons très lentement du fait que nous sommes extrêmement exigeants avec ce que nous composons. Chaque riff qui ne fait pas l’unanimité est abandonné. Le deuxième point est qu’Unfold n’est pas notre occupation à plein temps : tous les membres du groupe travaillent ou sont étudiants, ce qui fait qu’Unfold reste avant tout un «hobby» (certes lourd), d’où un processus de composition plus long et laborieux par rapport à des groupes qui vivent de leur musique et ne font rien d’autre. Quant à la qualité dont tu parles, ce sont nos auditeurs qui en sont juges... merci pour le compliment en tous cas !

Vos morceaux sont dorénavant plus longs, plus lourds et oppressants, d'où vient cette évolution ?
Elle est naturelle dans la mesure où elle reflète une évolution dans notre manière de penser le groupe et son mode de composition, d’aborder nos instruments respectifs, de vouloir rompre avec les recettes qui avaient marché sur le disque précédent, etc. Cela vient sans doute également du fait que nous n’écoutons plus les mêmes groupes qu’auparavant...

Il semble que l’influence de Neurosis et Cult of Luna soit plus présente ?
C’est vrai, ces deux groupes nous ont influencé d’une manière ou d’une autre, que ce soit au niveau du son, des structures, des harmonies, des ambiances qu’ils parviennent à dégager, etc. Nous avons été sensibles aux démarches d’autres groupes, comme Breach, Refused, Botch, et bien d’autres encore.

Justement, l’album a été mixé par Magnus Lindberg qui fait partit de Cult Of Luna, comment a été le travail avec lui ?
Le fait que Magnus soit un membre de Cult of Luna n’a pas motivé notre choix d’aller à Tonteknik. Nous n’avons appris que quelques jours avant de partir en Suède que Magnus faisait partie de Cult of Luna. En fait, nous voulions travailler avec Pelle Henricsson, c’est lui qui a accepté de travailler avec nous, c’est le boss du studio, c’est lui qui a dirigé le mix, Magnus étant son (talentueux) assistant.

Y a t il un thème principal, un concept derrière ce Aoen Aeony ?
Le concept qui régit Aeon Aony est celui de la dialectique. La pochette (celle de l’édition limitée seulement) exprime cette nécessité pour l’être humain de dépasser les fausses oppositions qui régissent la vie dans la société actuelle. L’accomplissement de son être (dimension spirituelle) peut et doit se réaliser au travers de la vie «matérielle » de tous les jours. J’en resterai là, dans la mesure où chacun peut en fait comprendre la pochette selon ses propres expériences de vie.

Qui a fait cette superbe pochette ?
Elle est l’œuvre du graphiste Fabian Sbarro, un ami du groupe, qui a réalisé toutes les pochettes d’Unfold. C’est un jeune homme de grand talent et nous sommes très heureux de pouvoir collaborer avec lui.

Comment jugez-vous la scène Suisse et quelle place a Unfold ?
Une des grandes caractéristiques de la scène suisse est sans doute sa qualité. Des groupes comme Shovel, Eastwood, Sludge, Favez, Fragment, Knut, Nostromo, l’ont prouvé ou le prouvent encore aujourd’hui. Il y a cependant de moins en moins de groupes en Suisse. Cette génération semble s’essouffler, et peu de groupes prometteurs émergent (à part un ou deux, dont Forceed). La place d’Unfold ? Je ne sais pas... Difficile de répondre à cette question.

Une tournée est-elle prévue ?
Oui et non. Nous allons tourner à la rentrée de septembre en Suisse et en France, mais ça ne ressemblera pas une tournée du genre 20 dates qui se suivent. Nous allons jouer sur les week-ends, nos emplois du temps respectifs ne nous permettant pas de faire plus que cela...

Quelque chose à rajouter et à dire à vos fans ?
Merci pour cette interview. Et vive le hard.