Le mercredi 21 janvier, votre serviteur s’est rendu au LB Lab, près de Lille, pour discuter directement de l’actu des hard-coreux de Black Bomb A avec les membres du groupe, qui s’apprêtent à sortir leur deuxième album, Speech Of Freedom et à partir en tournée. Après avoir écouté les nouveaux titres en version live (pendant la répète… sympa !!!) et studio (sur la platine du LB Lab, s’il vous plaît !), Sam, Scalp – guitaristes - et Hervé – batteur, alors qu’ils étaient complètement rincés par 4 heures de répète’ assez intenses, nous ont accordé cette interview d’une heure, très sympa et très instructive. Ces mecs sont d’une gentillesse rare, mais méfiez-vous de l’eau qui dort et remettez vos abris anti-atomiques en état, car la Bombe A est lâchée !!!

 

Entretien avec Black Bomb A - par Will - Photos © Will
 
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Noiseweb : Que s’est-il passé pour vous depuis l’enregistrement de Human Bomb ?
Sam : Nous avons énormément tourné, on a fait le Sriracha Tour 2 avec Lofofora, Oneyed Jack et Watcha, ensuite on a fait une autre tournée avec Boost et Tripod, beaucoup de dates en France, mais aussi en Suisse, Belgique, etc… Entre les deux albums, on a eu un changement de line-up, Hervé (de Loudblast) est arrivé à la batterie depuis maintenant 2 ans ; Jag nous ayant quitté il y a un an, il a été remplacé au chant grave par Arno, du groupe No Flag. On a ensuite pris du temps pour enregistrer cet album, Speech Of Freedom, depuis le mois de juin. On a bossé tout l’été, et on a commencé à enregistrer ici, au LB Lab, avec Stéphane Buriez et ses collaborateurs, en octobre. Et là, on est en pleines répètes pour la nouvelle tournée, et j’espère bien que ça va être la guerre !!! (rires)

Noiseweb : Comment définiriez-vous votre style actuel ?
Scalp : Alors là, je ne sais pas du tout… Je préfère ne pas mettre d’étiquette sur notre musique, à vous de juger. Après… Je ne pense pas qu’il y ait vraiment de style dans Black Bomb A, mais disons qu’on a des bases métal, punk, hard-core, un peu de tout.
Hervé : Y a un peu tous les styles musicaux, métal, bal musette… (rires). C’est très éclectique.

Noiseweb : Vous pensez avoir évolué musicalement depuis 2 / 3 ans ?
Scalp : Ben ouais, je pense. Déjà, l’arrivée de Hervé a changé pas mal de choses. Arno aussi. Ouais, c’est plus pareil, faut pas s’attendre à écouter ce que faisait Jag, l’ancien chanteur. C’est Black Bomb A version 2003/2004, du rentre-dedans. Faudra demander aux gens ce qu’ils en pensent…

Noiseweb : Quelles ont été les retombées de la réédition de vos deux premiers disques en 2002, dans le même coffret ?
Hervé : Apparemment, très positives, puisque ça a reboosté les ventes de Human Bomb, qui sont maintenant à 10 000, ce qui est quand même bien, et ça a permis à ceux qui n’avaient pas Straight In A Vein (le premier EP) de se le procurer, alors qu’il était épuisé depuis un certain temps. Et ça nous a permis de mettre en route une nouvelle tournée aussi…
Scalp : En fait, il y avait une forte demande de la part du public, lors de nos concerts et sur notre site, pour que l’on ressorte Straight In A Vein. Alors, on s’est dit : pourquoi ne pas faire ce coffret ?
Hervé : En plus, faut vraiment voir ça comme un bonus à l’album Human Bomb. On a pu rajouter sans coûts supplémentaires le 5 titres. A la base, on voulait même le réenregistrer, faire une nouvelle version, mais on n’a pas réussi à avoir le budget pour, donc, nous avons opté pour la solution du coffret…
Scalp : Bon, et puis finalement, c’est très bien de l’avoir laissé tel qu’il est… C’est un cadeau pour les fans. C’était une bonne époque !!!

Noiseweb : On remarque à l’écoute de vos réalisations précédentes une alternance de styles de voix, allant du punk au hard-core, voire un style rappé ou carrément death (ceci étant moins vrai sur Human Bomb, le 1er véritable album)… Est-ce quelque chose que vous allez encore utiliser sur le nouvel album, Speech Of Freedom ?
Sam : On s’est fait plaisir avant tout. Après, ce qui en est ressorti me rend vraiment content, car les morceaux sont tous différents, il y a des nuances au niveau du chant, des musiques. Il n’y a pas de morceaux répétitifs. Après, c’est difficile de parler de style, c’est un résumé de Black Bomb A, quoi !
Scalp : Les 2 albums, celui de 2001 et celui-là ne se ressemblent pas…
Hervé : Et c’est l’évolution normale d’un groupe. Ici, il y a eu encore plus de travail. Et je trouve que là où l’accent a été mis, c’est sur le chant, je pense que les chanteurs se sont encore plus tirés les doigts du cul ! (rire général). On a tous bien bossé, et jusque maintenant, on est vachement contents de l’album : ça va plus loin dans les mélodies, dans la brutalité, il y a des morceaux qui vont certainement surprendre, car on a digéré certaines influences aussi, qu’on a mises en commun…

Noiseweb : Cette alternance de styles dans votre musique pouvant être déconcertante pour les fans de métal qui ne vous connaissent pas et qui vous entendraient pour la première fois (sauf ceux qui ont une attirance pour le hard-core), que leur diriez-vous qui pourrait leur donner envie de se diriger vers votre musique ?
Hervé : D’oser, ouais, d’oser… Je pense que tu sous-entends métal pour les fans de death-metal ou autres, non ?

Noiseweb : Ouais, enfin, heavy aussi…
Sam : Enfin, des gens qui seraient moins habitués au hard-core…
Hervé : De toute façon, on a remarqué certaines choses, bien que ça ne fasse que deux ans que je suis dans le groupe, je suppose que c’était déjà comme ça avant, c’est qu’à nos concerts, il y a un public divers mais uni… Ca va du punk à crête aux métalleux avec des patches de Morbid Angel, aux néo-métalleux « collier à boules » ; je pense qu’il y a vraiment tous les styles de fans qui viennent voir Black Bomb A. je pense qu’à la base, on unifie quand même pas mal, y a un peu de tout dans notre musique. Ce n’est pas le but au départ, mais on a tous des goûts musicaux qu’on mélange, et ça donne Black Bomb A. Même avant que je n’y sois, j’étais déjà fan du groupe car je trouvais qu’il y avait déjà un bon côté métal, tu vois. Y avait de véritables riffs et il n’y a que dans le métal qu’on fait des riffs purs !

Noiseweb : Vos albums ont toujours bénéficié d’un super son je trouve, vous avez donc décidé de continuer d’enregistrer au LB Lab… Comment cela s’est-il passé ?
Unanimes : Enorme !!! Super bien…
Sam : En même temps, on est habitués au studio, on est un peu chez nous, on répète aussi ici maintenant.
Hervé : Tout le monde s’est plus ou moins rapproché de Lille. Quoique… Ceux qui étaient loin de Lille se sont rapprochés et ceux qui étaient proches se sont un peu éloignés (Montpellier, Poitiers…), ce qui est assez paradoxal (rires). Mais c’est la vie de chacun, mais on se fait régulièrement des séries d’ une semaine complète de répète tous ici. De plus, avec Steph, ça se passe forcément bien, on se connaît tous, donc il n’y a pas de raison. En plus, le son qu’on a obtenu est énorme, encore plus énorme qu’énorme !!!

Noiseweb : Vous avez bénéficié d’un budget plus important pour Speech Of Freedom ?
Scalp : On ne sait pas exactement, mais pas moins, pas plus. C’est pareil en fait.

Noiseweb : C’est peut-être l’expérience qui fera la différence au niveau du son ?
Hervé : Ouais, le travail de chacun et aussi celui de Steph. Nous, on a évolué en tant que musiciens, lui a encore plus appris en tant qu’ingénieur-son depuis deux ans. Le matos a changé aussi au LB Lab, ils ont beaucoup investi aussi. C’est une accumulation de plein de facteurs qui font qu’on en est là aujourd’hui.

Noiseweb : Ca a pris combien de temps, de la conception des premières chansons, à la fin de l’enregistrement ?
Scalp : on a commencé la composition fin août / début septembre et on a enregistré en octobre.
Hervé : On devrait peut-être pas le dire, mais c’est vrai que cet album a été composé en 1 mois et demi…

Noiseweb : Pourquoi ne pas le dire ? C’est carrément une performance !
Hervé : Ouais, c’est une performance, mais ça peut être pris à l’envers et certains peuvent penser qu’on a fait ça à l’arrache, qu’on l’a bâclé ! Mais à l’écoute de l’album, tout le monde va se rendre compte que c’est loin d’être bâclé (je confirme…) ! On avait juste deux titres qu’on avait commencé à préparer avec Jag, le premier chanteur, qu’on a retravaillés avec Arno. Et pour l’album, on a bossé comme des dingues pendant un mois et demi sans sortir du studio. Mi-octobre, on avait fini le plus gros des compos, et on a enregistré dans la foulée : on est sortis de répètes le mardi, le mercredi, on enregistrait…
Scalp : Y était pas question de perdre son temps avec 6 mois de répètes, puis 6 mois de pré-prod… Fuck it !
Hervé : Ouais, en fait, on a juste changé de salle. On est passé de la salle de répète à la salle de studio et on a commencé les prises, qui se sont terminées fin novembre. C’était tout chaud, très spontané en fait, avec quelques morceaux qui n’étaient pas forcément finalisés. On a pu les finir en studio, car on a eu l’opportunité d’enregistrer en 5 semaines… C’était déjà confortable.

Noiseweb : Quels sont les termes abordés dans les paroles, quand on sait l’importance qu’ils revêtent pour un groupe de hard-core ?
Sam : Ca parle un peu de tout, de la vie, quoi.
Hervé : Y a par exemple un texte sur les abus, la pédophilie, les abus qu’il peut y avoir, un peu de tout.
Sam : Un peu de politique aussi.
Scalp : On a fait aussi un texte sympa sur la beuh, qui s’appelle Mary… Je vous laisse découvrir le sujet ! (rires). Marie-jeanne, notre amie à tous… (rires)
Sam : On a invité Jean-Pierre Galland aussi, le président du CIRC (Ndlr : collectif qui milite pour la dépénalisation du cannabis – JP Galland est passé plusieurs fois à deux doigts de l’incarcération pour ses propos et ses écrits), à venir dire quelques mots sur Mary.

Noiseweb : Et dans le titre Speech Of Freedom, il y a l’idée de liberté…
Hervé : Un discours de liberté, on dit ce qu’on veut…
Scalp : Il faut se référer à la pochette de l’album… Cette tête de mort représente jusqu’où peut aller la liberté d’expression, jusqu’où elle peut conduire. C’est d’ailleurs le cas un peu partout.
Hervé : Beaucoup de gens ont dit ce qu’ils voulaient et l’ont payé de leur vie. On dit un peu ce qu’on veut en France, on est quand même dans un pays de liberté, même si en moment, c’est un peu le bordel. Mais dans d’autres pays, si tu dis ce que tu penses, tu finis dans les geôles politiques, voire au peloton…

Noiseweb : La question s’adresse plutôt à vous, Sam et Scalp : ça va faire maintenant 2 ans que Hervé et Arno (1 an pour lui) ont intégré le groupe, et vous avez enfin enregistré ensemble. Rétrospectivement, en quoi ont-ils pu faire évoluer Black Bomb A ?
Sam : Ils ont apporté vraiment leur touche perso, à eux, même si ça a été un peu plus dur pour Arno de chanter les titres que Jag avait composés. Pas évident de remplacer quelqu’un, surtout au chant. Mais sur les nouveaux morceaux, c’est bien intégré dans le truc, on ressent vraiment sa griffe. Ca le fait vraiment. Personnellement, j’étais curieux, qu’est-ce que ça allait donner ? Mais maintenant, j’ai l’impression qu’il a toujours été là. Il est tellement bien intégré dans le milieu musical…

Noiseweb : Et pourquoi Arno et pas un autre ?
Sam : C’est parti du fait qu’on se connaissait depuis longtemps et qu’humainement, on s’est toujours bien entendus.
Scalp : On n’a même pas pensé à une autre voix qu’Arno, en fait…
Hervé : Ouais, et puis, on avait déjà fait des concerts ensemble, où nous l’avions invité sur scène à chanter un truc ou deux avec nous, comme ça.
Sam : Il est plus branché hip-hop que nous (NdW : ça se voit dans sa gestuelle…), mais ça ne nous pose aucun problème.

Noiseweb : Et concernant Hervé ? Qu’a-t-il apporté de plus ?
Sam : Pareil pour Hervé, il a vraiment apporté sa griffe. On sent qu’il vient d’un groupe de death, c’est sûr, mais moi, j’ai toujours été fan de Loudblast, donc voilà…
Hervé : Ca peut paraître prétentieux, mais je crois avoir apporté de la rigueur en fait. Avec le nombre de dates que BBA avait déjà dans les pattes, au niveau professionnalisme, pas de souci, mais je crois avoir apporté une rigueur de jeu. Je ne parle pas de rigueur de répète, parce qu’on est tous des branleurs, mais je pense qu’on a trouvé une meilleure mise en place rythmique. J’ai apporté quelques idées aussi, mais on a surtout recadré des trucs qui étaient un peu flottants, qui étaient dus à l’ancien batteur, pas forcément aux autres. Quand tu joues avec quelqu’un qui a une certain manière de jouer (même si je ne veux pas le critiquer…), tu attrapes des sortes de tics dans ton jeu. On s’en est rendus compte dès les premières répètes qu’il y avait des trucs qui n’allaient pas. Je suis un batteur essentiellement rythmique, tu vois, pas un monstre de technique, et dans BBA, ce côté rythmique faisait défaut. Mais au bout de quelques répètes, ça a été vite fait, c’est revenu et c’était grave cool, quoi !

Noiseweb : Pour te connaître depuis plus de 15 ans, je trouve que par rapport à ce que j’ai entendu en répète, tes influences death ne ressortent pas…
Hervé : Je me suis « caméléonisé » (rires). Tu t’adaptes aussi à la musique, même si en ce moment, je suis en plein dans Loudblast aussi. Quand tu bosses avec les deux groupes en même temps, c’est parfois difficile : avec les Loud, c’est death, parfois brutal death maintenant (ah ? Un scoop ???), et avec BBA, tu reviens à des choses plus mélodiques, plus rythmiques. C’est vraiment les deux groupes dans lesquels je me sens bien de toute façon, BBA, c’est le côté rythmique épuré que j’adore, tu vois ; à la limite, c’est moins stressant sur scène que Loudblast. Je m’éclate vraiment. Loud, c’est plus dur, c’est plus physique, plus difficile : je m’éclate aussi, mais pas de la même manière. Je ne m’éclate pas plus dans BBA, mais dans les deux groupes, y a du bien et du très bien et varier les deux concourt complètement à mon équilibre…

Noiseweb : Vous avez rejoint Enragés Production en 2002, alors que vous faisiez partie du collectif Sriracha. Il semblerait que votre album soit la top priorité du label. Quel est son apport réel pour vous ?
Scalp : Beaucoup de choses. C’est vrai qu’ils nous ont déjà pas mal aidés. Il ne faut pas se leurrer : s’ils n’avaient pas été là, on n’en serait pas là aujourd’hui. A partir du moment où tu as un vrai tourneur, ça rend les choses plus faciles. Après, il y a des choix à faire, des discussions sur lesquelles on n’est pas forcément d’accord, mais notre objectif était de vraiment tourner à fond, avoir des dates à l’étranger. On a fait des dates en Suisse et en Belgique, mais on veut se diriger vers l’Est maintenant : Allemagne, Hollande, Italie, Yougoslavie… Et ça, Sriracha ne pouvait pas nous le proposer, tu vois. Ils n’ont pas les contacts nécessaires pour faire tourner leurs groupes loin… Il faut pouvoir tourner aussi avec des groupes étrangers.
Hervé : Le problème de Sriracha est qu’ils font des plateaux avec leurs groupes. On en a super bénéficié bien sûr, mais Enragés Production travaille avec beaucoup plus de groupes étrangers, ce qui peut être un moyen de se greffer sur des tournées plus imposantes. Bon, pour l’instant, c’est le premier album qu’on fait avec eux, donc on ne sait pas si tout ce qui nous a été promis va être tenu, on en reparlera dans 6 mois… C’est trop tôt pour donner un véritable avis sur le label. Par contre, en tant que tourneur, pas de problème.
Scalp : En plus, c’était pas facile pour eux de faire tourner de suite un groupe qu’ils ont pris en plein vol, mais ça s’est toujours bien passé jusque maintenant.

Noiseweb : Mais au moment de changer de label, n’y avait-il pas moyen de signer sur une plus grosse boîte ? Vous n’avez pas eu de propositions, étant donné que vous avez à votre actif deux réalisations qui ont bien marché ?
Hervé : On n’a pas vraiment cherché en fait. Enragés était sur le plan, et voilà. Et plus gros en France, tu sais… Prenons l’exemple de Out, qui sont chez Garance Prod : ça n’a pas marché parce qu’ils n’étaient pas sur une major… C’est même pas la peine d’y compter ! Enragés, ça nous correspondait bien, je ne vois pas qui d’autre.
Scalp : Indirectement, on a su qu’il y avait eu des recherches, des contacts, mais pas de propositions concrètes d’autres labels.
Hervé : Entre les gens qui vous disent : « Ouais, on va vous faire tourner » et ceux qui t’appellent vraiment, y a un gouffre. Enragés nous l’avait dit et eux, l’ont fait… C’est aussi simple que ça. Ca se passe bien, pourvu que ça dure !

Noiseweb : Mais vous êtes au courant je suppose que le collectif Sriracha se mue en label … Ca vous inspire quoi ?
Sam : Ouais, ben, tant mieux pour eux. Ca va profiter à leurs groupes. Mais ils n’ont pratiquement que des groupes qui chantent en français, ce qui limite vachement les possibilités d’aller à l’étranger. Et puis qu’ils se muent en label, c’est très bien, ils vont pouvoir s’auto-produire, ce qui est plus rentable financièrement. Leurs groupes verront plus facilement le bout du tunnel pour enregistrer un disque. Y a tellement de groupes qui galèrent que c’est très bien qu’un nouveau label apparaisse en France. Mais nous, comme on chante en anglais, ça nous ouvre plus de portes, encore plus depuis qu’on est chez Enragés Prod .

Noiseweb : Vous êtes peut-être le groupe français à tendance métal qui a le plus tourné ces 2 dernières années…Sur le site d’Enragés Production et sur votre site, apparaissent un nombre impressionnant de dates de fin janvier à juin. La scène est-elle le passage obligé pour un groupe de hard-core comme vous pour réussir ?
Sam : Y a pas de secret… Pour vendre des disques, faut faire des dates, et l’inverse aussi est vrai. L’un ne va pas sans l’autre. De plus, les concerts, c’est vraiment notre truc, quoi, notre priorité.
Hervé : On est vraiment excités de partir, là. On en a marre… On a fait l’album, c’est toujours dur et puis perso, je me suis toujours mieux senti sur scène. Répéter, c’est bien et c’est un passage obligé, mais si on ne pouvait répéter que sur scène, ce serait génial ! (rires) Et encore, 25 dates environ sont prévues, mais on aurait pu en faire 50 sans problème, y avait de la demande. Mais on ne pouvait pas en mettre plus, car après cette tournée, je vais tourner avec Loudblast, des dates sont même prévues entre les concerts de BBA. On a du refuser plein de dates jusqu’au mois de juin. Et il y a No Flag aussi pour Arno !

Noiseweb : Quel est votre meilleur souvenir sur toutes ces tournées ?
Sam : C’est difficile à répondre, trop de bons souvenirs et de dates. Moi, ce qui m’a le plus secoué, c’est quand on a joué dans des salles mythiques, où plein de gros groupes sont passés, comme le Bataclan, la Cigale et certains festivals aussi.

Noiseweb : Ca a été quoi votre date où il y a eu la plus grosse affluence ?
Scalp : Un festival à Metz et un à Mont-de-Marsan aussi : 3000 personnes à chaque fois.
Hervé : Bon, maintenant, on n’a pas encore fait de gros plateau avec une grosse tête d’affiche, des festivals à 15 000 personnes. Ca arrivera peut-être, on espère. Mais celui de Metz est particulier, car on était le seul groupe de hard-core, haut sur l’affiche, et on a fait 3000, alors qu’en général, on plafonne entre 400 et 600 personnes.

Noiseweb : Et le pire souvenir, alors ? Un concert qui pue vraiment ?
Scalp & Hervé : Si, on en a un. Un concert avec des cow-boys à la console, vous vous rappelez plus les mecs ? A Tresvent, c’était une date avec Superbus, le groupe de pop métal qui a cartonné il y a quelques mois. Et en fait, les gars qui nous ont accueillis avaient tous la cinquantaine, tous bourrés comme des coings. On a joué sans retour, les mecs nous ont pourri le concert. Si on avait pu les tuer à la fin, on l’aurait fait (rires). Ils nous ont vraiment pourri notre soirée, on a vraiment fait la gueule alors que ça ne nous ressemble pas. On leur a m^me carrément dit qu’ils fallaient qu’ils changent de boulot, qu’ils arrêtent. On veut bien être hard-core, mais y a des limites !
Hervé : Y a eu aussi un concert à Sainte Afrique, un concert organisé par des travellers, dans une abbaye ou je ne sais pas quoi… Le concert était super, mais après, y a un groupe de punk qui a joué, qui s’appelle Camisole, et là, c’est un grand souvenir : c’était énorme, chaotique même, tellement les mecs étaient défoncés, ils tenaient plus debout…
Scalp : Le chanteur chantait dans le câble de son micro, à l’envers, tellement il était pété… Grandiose, on a les images ! (Rire général)

Noiseweb : Filez-les nous, on les mettra sur le site ! (rires). Et parmi toutes les dates prévues, là, il y en a pour l’étranger ?
Hervé et Scalp : Ouais, la Suisse, le Luxembourg, la Belgique, même si c’est pas vraiment l’étranger. Mais ce week-end, c’est le Midem à Cannes, et c’est là que tout va se jouer, car c’est là que les labels prennent des contacts entre eux. Enragés y va, et ils vont essayer de trouver des licences pour être distribués hors de France. Ensuite, de ces licences dépendront des tournées… On espère l’Allemagne, l’Est, l’Espagne, les USA. On a une musique qui peut bien vivre ailleurs qu’en France.

Noiseweb : Entre vos concerts, ceux de Loudblast et de No Flag, l’emploi du temps des uns et des autres va être surchargé… Votre présence, ici à Lille, pour les répètes, apporte une partie de la réponse. Je suppose que vous en avez parlé entre les groupes ?
Hervé : Ouais, comme on te l’a dit, on fait des semaines de répèt’ ici. Moi, j’habite à Poitiers, Scalp à Montpellier, Sam à Lille depuis 1 mois, le bassiste à Paris… C’est pas toujours facile de réunir tout le monde, mais on habite tous à proximité d’une gare TGV. Heureusement qu’il n’y a pas plus de dates, car avec Loudblast et No Flag qui est censé faire un nouvel album aussi, ça serait vraiment problématique. Mais on est tous préparés à ça, on en a beaucoup discuté entre nous tous, et les tourneurs se sont aussi entendus pour qu’il n’y ait pas de chevauchement de dates. Pour l’instant, la priorité est BBA et ensuite Loudblast, avec des dates des uns et des autres entre deux, des dates où il y aura les deux groupes. Exemple : le 7 février, on fait No Flag et Black Bomb A à Calais, Arno va devoir faire 2 concerts dans la même soirée. De temps en temps, c’est bien. Maintenant, faire une tournée commune Loudblast / Black Bomb A, j’aurais refusé, car on m’aurait vite ramassé à la petite cuillère, tant la batterie est physique… En avril, on a quand même un gros festival en commun, avec Cannibal Corpse en tête d’affiche, avec Aborted et Kataklysm aussi, à Woippy si mes souvenirs sont bons, près de Nancy. (Ndlr : le 17 avril). Black Bomb A sera le seul groupe non death, brutal, mais l’organisateur voulait absolument les deux groupes à l’affiche… (Ndlr : une live-report de ce concert sera fait ! On ne peut pas louper ça, n’est-ce pas !!!). Je me demande même si ce n’est pas le même mec qui nous avait faits venir à Metz… C’est excellent, avec nous, l’affiche sera un peu plus éclectique.

Noiseweb : Quelles sont donc vos attentes pour la sortie de cet album ?
Hervé : M’acheter enfin une Ferrari, bordel ! (rires) Non, en fait, que l’album marche bien et engendre d’autres albums et des tournées.
Scalp : Faut pas le graver non plus. Ca aiderait les groupes français d’arrêter ça…

Noiseweb : C’est quoi votre point de vue par rapport à l’internet, au mp3 ?
Hervé : C’est bien pour faire découvrir : tu télécharges 1 ou 2 morceaux et après tu vas acheter l’album, c’est cool. Mais les albums complets gravés, pour des groupes comme nous, ça nous dessert complètement. On n’a pas des budgets énormes, ça nous coûte personnellement cher, il faut bien le rembourser. Et seules les ventes peuvent le faire. Pour qu’un groupe comme nous puisse vivre… Et puis, merde, comment tu expliques qu’il y a de plus en plus de monde aux concerts et qu’on vende de moins en moins de disques ? Y a un réel problème… Ca prouve bien que le gravage est devenu infernal ! Si on vend autant d’albums que Human Bomb, ça sera bien. Plus, ce serait mieux. En tout cas, il semble bien parti, puisqu’il y en a environ déjà 6 000 de prévues. Quand on sait que les labels trouvent que 5 000 albums vendus en France, c’est bien, 6 000 pré-co, c’est très bien. Human Bomb a vendu 10 000 étalés sur 2 ans, là, on arrivera peut-être à 10 000 en 3 mois, ça serait génial !
Evitez de graver, quoi. Je ne vais même pas encourager à graver un groupe comme Metallica, car ils sont 1 million de fois plus gravés que nous, ça les dessert aussi. Bon, gravez plutôt Metallica que Black Bomb A…

Noiseweb : Ouais, mais c’est peut-être la qualité plus que médiocre de leur album (et je reste poli…) qui a fait aussi qu’ils en ont moins vendu cette fois-ci, non ?
Hervé : (Rires). Ouais, la qualité de leur album y est pour beaucoup, mais le nôtre, il tue, alors, évitez de le graver !!! Au moins, t’as la pochette, t’as tout, voilà… Si tu graves, t’as rien, tu perds au moins 50 % de notre boulot. On a réfléchi à la pochette, à tout ça, on l’a faite avec un graphiste. Y a un travail derrière, et si tu graves un cd avec marqué au marqueur dessus Black Bomb A, avec une pochette de merde, tu perds tout ça. Je trouve ça naze, mais c’est leur choix, quoi !

Noiseweb : Si vous deviez tourner avec une grosse pointure, vers quel(s) groupe(s) iraient vos préférences ?
En chœur : Y en a plein, difficile de répondre… Machine Head, Fear Factory, Sepultura, Biohazard, Sick Of It All, Hatebreed…
Hervé : J’aurais bien dit Slayer, bien sûr, mais je verrais plus Loudblast que Black Bomb A avec eux. Ouais, Hatebreed, on se verrait bien faire leur tournée européenne. Rammstein aussi, on aime ou on n’aime pas, mais ça serait un honneur et une fierté pour nous. Dans le groupe, on est tous fans. Respect !

Noiseweb : Question classique : citez-moi vos 5 albums préférés de tous les temps…
Hervé : Black Metal de Venom, Reign In Blood de Slayer, Ride The Lightning de Metallica, Machine Head de Deep Purple et tous les albums de Tool. C’est vraiment un groupe qui me chamboule. Y a pas que du neuf, mais bon…

Scalp : Chaos AD de Sepultura, qu’il ne faut pas oublier, il m’avait bien troué le cul, celui-là, un truc que j’écoute encore souvent, une vraie révélation…

Sam : Burn My Eyes de Machine Head est certainement l’album que j’ai le plus écouté…

Hervé : Moi, l’album que j’ai le plus écouté, vous allez vous marrer, mais tant pis, c’est Strong Arm Of The Law de Saxon, un album blanc avec un aigle... J’ai acheté 3 fois le vinyl tellement je les ai usés sur ma platine. Ils étaient morts. Après, je l’ai racheté en CD, quand il a été réédité il y a 10/12 ans. Et maintenant, je l’écoute moins, mais je l’écoute au moins 1 à 2 fois par an. Celui-là, i la vraiment tourné en boucle chez moi. Si les platines laser avaient existé à l’époque, je l’aurais mis en random (rires) à coup sûr !

Noiseweb : Si je vous dis quelques mots, qu’est-ce qu’ils vous inspirent ?
Punk. Sam : Les Bérus.
Scalp : Métal Urbain, un groupe français.
Hervé : Chiens (rires). Punk à roulettes…

Métal. Tous : Slayer !

Fans / public... Hervé : Respect !
Scalp : La base. Plus de beuh !!! (rires)
Sam : Les gonzesses. D’ailleurs, je suis le seul célibataire… (Rires). (NdW : D’ailleurs, si vous pouviez montrer un peu plus vos nichons, Sam serait content ! ah ah… On mettra la photo en gros plan !)

Music Business. Hervé : Fuck Off ! En même temps, on est dedans. On en bénéficie, mais on n’en profite pas du tout…

Energie. Sam : Black Bomb A ! Faire des concerts, un échange d’énergies. Plus le public se déchaîne, plus on se fait mal. Il faut que le public ait envie de se défoncer pour qu’on s’arrache aussi.
Scalp : Quand t’as un public devant toi, qu’on croirait qu’ils sont au théâtre, ça craint. On serait un groupe ricain ou autre, avec exactement la même musique, ça décollerait tout de suite. Mais dès que tu es français, y a un malaise. C’est ricain, tout de suite, c’est mieux… Fuck it ! Mais c’est pas toujours vrai…

Noiseweb : En parlant de groupe ricain, vous aimez le dernier Machine Head ?
Sam : Ouais, ils sont revenus à quelque chose de bien carton, proche du premier. On est allés les voir en concert au Splendid à Lille, c’était bien…
Hervé : Ouais, mais on a assisté à un concert de batterie du début jusqu’à la fin, trop de grosse caisse, assourdissant. Dommage… j’ai fini au bar tellement ça me prenait la tête ! (Ndlr : Et c’est un batteur qui dit ça ! ah ah). En plus, on venait de répéter, j’avais ma dose…(rires)

Noiseweb : Ok, on reprend avec nos mots… Le travail ?
Tous : Black Bomb A encore !

Noiseweb : Pas de travail à côté du groupe ?
Scalp : Pourquoi Faire ? (rires)
Sam : De toute façon, on a fait un choix. Un boulot est incompatible avec les tournées et les répétitions qu’on fait. On vit notre passion et on est tous Rmistes dans le groupe.

Noiseweb : La fête ?
Hervé : Dès qu’on peut ! (rires). Mais là, on ne s’est pas encore lâchés pour la sortie de l’album, on n’a même pas encore eu le temps. Alors, je crois qu’on va enfin aller s’en mettre un petite au Carré (Ndlr : le Carré des Halles à Lille, soirées métal tous les jeudis) ou à l’Amul Solo (Ndlr : autre bar lillois, soirées métal tous les vendredis, animées par des membres de Noiseweb !) cette semaine. Entre les répètes, les concerts avant Noël et les 3 semaines de fêtes de fin d’année où on s’est un peu perdus de vue, on n’a même pas encore fêté l’album ! On sait qu’il est arrivé chez le label, et quand on aura le produit fini, je pense que là, il va vraiment y avoir quelques bouchons qui vont sauter ! (rires)

Noiseweb : La liberté ?
Hervé : J’espère qu’on l’aura toute notre vie. Et si on ne l’a plus ici, on ira la chercher ailleurs…

Noiseweb : Les interviews ?
Hervé : Bon, quand ça commence à être long comme celui-là (rires sarcastiques), on est contents de voir qu’il ne reste qu’une question… Nan, c’est bien ! Ton interview est bonne, pas trop courte ni trop longue (NdW : Ben, merci les gars !). En fait, c’est pas souvent qu’on en fait, c’est plutôt aux chanteurs qu’on s’adresse en général. C’est bien, ça change ! On a aussi des trucs à dire (rires) !

Noiseweb : Encore merci pour votre invitation à la répète... Un dernier mot pour les lecteurs de Noise ?
Hervé : Et si on retournait les rôles ? Un mot pour toi… Tu en as pensé quoi de la répète ? (L’arroseur arrosé, là !)

Noiseweb : Ecoute, c’est moi qui pose les questions, d’habitude ! (rires). Non, vraiment, je ne connaissais pas les morceaux, et on rentre tout de suite dedans, ça pète d’entrée de jeu… C’est vraiment l’impression que j’ai eue : dès la deuxième fois où vous avez rejoué les morceaux, je les ai reconnus et on ne peut pas s’empêcher de secouer la tête et de taper du pied. Bon, j’évite de trop secouer la tête maintenant depuis que je suis rasé, parce que ça fait trop mal, mais… (rires). Je pense aussi que vos titres ont un côté métal encore un peu plus marqué… C’est peut-être dû à la voix d’Arno, qui est limite death-metal.
Hervé : Ouais, c’est cool. Le son des guitares est aussi beaucoup plus métal, et il est énOOOrme !

Noiseweb : Donc, maintenant, le mot de la fin ?
Tous : Venez aux concerts, et sans être démagos, achetez le disque. Si vous aimez Black Bomb A, vous ne serez pas déçus… On fumera des gros joints et on s’éclatera tous ensemble, c’est clair ! Dès qu’on a des news sur des dates, on vous les fera parvenir…

La journée s’est alors achevée par l’écoute de 3 titres mixés, non encore masterisés, dans le studio où François Jamin s’occupait de finaliser une de ses parties de basse du dernier Loudblast, et franchement, cet album de Black Bomb A est une pure tuerie hard-core/métal. Dire que ce que nous avons entendu n’était pas encore masterisé !!! Oh, My God… Courez l’acheter dès sa sortie… See you all on tour !