Entretien avec Jack - par Geoffrey, Will & Fab'
 
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Noiseweb : Vous avez sorti une box collector pour vos 15 ans d’existence. Tu peux nous en dire plus ?
Jack Owen : Oui, elle contient 2 cd’s de morceaux remasterisés, un troisième cd avec des trucs audio qui ne sont jamais parus, comme des démos, des reprises, et des versions de morceaux enregistrés avec Chris Barnes au chant prévues pour l’album Vile, qui ont été beaucoup piratées, ainsi qu’un DVD qui retrace notre carrière live au travers de 3 shows : le tout premier que nous avons fait, en 1989, le show de Moscou de 1994, très bien filmé et dont le live audio n’est jamais sorti. Nous sommes certains que personne n’a jamais eu le bootleg de ce concert, à part des copies merdiques…(rires). Le troisième concert du DVD a été enregistré avec le line-up actuel, à Los Angeles, en décembre 2002. Il y a donc 3 Cd’s, 1 DVD, un poster, et une bande dessinée inspirée des lyrics de la chanson Unleashing The Bloodthirsty…

Noiseweb : Beau cadeau pour les fans…
J O : C’est sûr ! Notre façon à nous de les remercier pour le million d’albums de Cannibal Corpse vendus depuis le début de notre carrière.

Noiseweb : Après ces 15 ans de carrière au sein de la scène death-metal, comment vois-tu Cannibal Corpse ?
J O : Nous avons fait tout ce qui était humainement possible, je crois…Parce que nous avons écrit, enregistré et tourné sans arrêt, comme dans un cycle sans fin. C’est notre boulot, bien que ce ne soit pas un vrai travail…(rires). C’est le meilleur boulot de la terre, parcourir le Monde, libres, être payés pour ça, tout ce dont nous rêvions depuis le début. On écrit des chansons, on les joue sur scène et on rentre chez nous : on ne peut être qu’heureux. On a fait 9 albums, on voyage sans arrêt, c’est mieux que ce qu’on pouvait espérer dans nos rêves les plus fous… vraiment !

Noiseweb : Et quel est ton meilleur souvenir ?
J O : Probablement le voyage à Moscou. Nous sommes restés bloqués à Moscou une nuit, nous avions eu des problèmes de bus et nous avons dû tous dormir dans l’aéroport… C’était assez marrant. Nous avons dû faire demi-tour et revenir à Paris. Nous avons refait le concert prévu plus tard et ce fut un excellent souvenir, nous étions heureux d’être là-bas, de jouer… Ce fut une bonne expérience. Y a des trucs qui ont été filmés là-bas sur le DVD de la box… C’est vraiment mémorable…(rires).

Noiseweb : Et le pire ?
J O : Le pire ? Hmmm… Lors de notre première tournée américaine, une semaine épouvantable : nous avions commencé par le nord/est, avec des villes comme Montréal, il faisait très froid et on n’avait qu’un van pour 2 groupes, on aurait dit des hamburgers… (rires). Nous dormions les uns sur les autres, et toute la semaine s’est déroulée de mal en pis. On avait une caravane derrière le van, et sur la route pour New York, elle s’est barrée (rires). C’était un cauchemar, ce voyage de Montréal est définitivement la chose la plus négative qui nous soit arrivée durant ces 15 ans, ce froid aussi… Et ce n’est pas tout ! A la fin d’un show, un mec s’est amusé à plonger dans une vitre du van, et elle a explosé (rires). On a bien essayé de dormir un peu, mais il caillait trop, on était gelés. Cette semaine de tournée US fut un véritable enfer ! Bon, heureusement, ça s’est mieux terminé…

Noiseweb : Que représente pour toi ce million d’albums de Cannibal Corpse vendus ?
J O : En vérité, un testament pour les fans, quoiqu’il advienne par la suite. Sans nos vrais fans, nous nous serions probablement déjà retirés. En fait, ce sont eux qui nous poussent à écrire un nouvel album, à faire une nouvelle tournée, à avancer, à rester inspirés pour faire un album suivant encore meilleur à chaque fois. Donc, c’est….

Noiseweb : …C’est encore meilleur à chaque fois ! (rires)
J O : Cool ! (rires) .C’est ce que nous essayons de faire ! (rires) Tu sais, quand on fait un album, c’est ce à quoi on pense, aux fans. Que vont-ils en penser ?

Noiseweb : D’après toi, que représente ta musique pour la scène death-metal en général ?
J O : Détermination, endurance, tout le temps, physiquement et mentalement, je pense… A force de headbanguer pendant 15 ans, 6 mois sur 12, tu développes des problèmes physiques. (rires) Notre death-metal a inspiré les groupes les plus récents… Je veux dire : ils nous regardent et se disent qu’on fait tout ce qu’on peut pour faire avancer les choses, pour tout le monde…

Noiseweb : Ok, parlons un peu maintenant du nouvel album. C’est toujours Vincent Locke qui a fait l’artwork ?
J O : Oui, c’est fini. Ca promet d’être vraiment violent. Le titre de l’album, The Wretched Spawn, exprime l’histoire d’une femme qui est en train d’accoucher une espèce de… pas Satan, mais un monstre à tête démoniaque. Elle est sur une table et des créatures lui sortent de partout, de la bouche, de son estomac explosé… On va encore être censurés pour ce truc-là ! (rires). Mais sur ce point, on fait ce qu’on veut, on peut être censurés une nouvelle fois, fuck it ! (rires). Les titres sont plus ou moins violents, nous avons pris notre temps pour définir les concepts des chansons, tout cela formant à la fin une même entité, je pense. Chacune raconte une petite histoire. Pour certains, ça va être des chansons typiques, avec du brutal-in-your-face, ou des rythmes groovy entraînants, plus mid-tempo, parce que tout le monde a écrit quelque chose dans cet album, excepté George ! (rires). Ca sonne vraiment bien et la production a encore été confiée à Neil Kernon, dans le même studio.

Noiseweb : Pourquoi ?
J O : Pas de cassure, nous n’avions pas envie de chercher un autre studio, donc il tombait sous le sens qu’on devait retourner là-bas (Ndlr : au Ranch Studio, près de San Jose), avec la même équipe de production que la dernière fois. Le truc que je vous ai fait écouter est une copie du master, nous avons fini le mix début novembre. Jusqu’ici, tout le monde dit que c’est une sorte de son qui a dû coûter beaucoup d’argent, pour enregistrer. Ce qui est un peu vrai d’ailleurs. Mais Neil Kernon est le mieux placé pour obtenir un son comme ça. Nous sommes venus jouer les titres, mais pour toute la production, le son, nous n’avions pas à nous en inquiéter et on a tout remis entre ses mains. C’est un grand professionnel…

Noiseweb : Es-tu d’accord si je te dis que cet album est plus entraînant que jamais ?
J O : Je pense, oui. J’ai écrit 4 titres, la musique et les paroles. Pat (O’Brien, guitariste) et Alex (Webster, bassiste) se sont chargés des trucs les plus techniques et ils progressent d’album en album, de plus en plus techniques. J’ai essayé de créer un contraste avec des compos beaucoup plus groovy, plus simples. Mais tout ça fonctionne très bien, entre les passages techniques, groovy et des passages lents plus nombreux. Tout ça donne un album complet, en fait.

Noiseweb : L’enregistrement n’a pas été très long…
J O : 28 jours… une bonne longueur, je pense. On a fait les parties de batterie en 2 temps, enregistré les guitares directement après. Les sons choisis sont assez proches de ceux obtenus lors des répétitions de l’album précédent. On a juste tout branché et joué du mieux que nous pouvions. Certaines chansons nous ont pris plus de temps que d’autres, car elles sont plus techniques. Mais mes quatre chansons étaient les plus simples, donc quand quelqu’un commençait à s’échauffer, c’était toujours sur les miennes… (rires). Les chansons plus techniques ont été faites à la fin. Tout le monde a fait ça : George (Ndlr : « Corpsegrinder » Fisher, growls…) a commencé ses parties aussi sur mes chansons, on a fait les autres après. Ceci dit, ce sont les miennes qui ont été mixées en dernier par Neil… (rires).

Noiseweb : Qu’est-ce qui fut le plus important au moment du mixage ?
J O : Je pense que les voix sont plus en avant sur cet album, alors que c’était les guitares sur le précédent. Mais ce n’est pas intentionnel : quand on a eu fini d’enregistrer, Neil s’est chargé du mix et c’est quand on a écouté le résultat final qu’on s’en est rendu compte. Neil est un grand professionnel, le mieux placé pour nous faire un bon son. Il n’a pas fait que des albums du Corpse dernièrement, il a fait aussi ceux de Skinless ou de Deicide juste avant nous…

Noiseweb : Le nouveau Deicide ?
J O : Ouais... Je pense que Neil est définitivement intégré à la scène death-metal et qu’il propose ce que les fans et les musiciens veulent vraiment entendre de nos jours.

Noiseweb : Comment te sens-tu à quelques semaines de la sortie de l’album ?
J O : Super confiant ! Nous avons enregistré 14 chansons, 13 seront sur l’album. On en a donc une qui pourra aller sur un prochain EP ou sur l’album suivant, qui sait ? Ces chansons sont les meilleures que nous ayons faites même si elles sont typiques de notre style, la production est meilleure et nous sommes impatients de savoir ce que les fans vont en penser… Je pense qu’ils l’aimeront !

Noiseweb : Ok, ferez-vous le No Mercy Festival cette année ?
J O : Oui ! On démarre par les States et le Canada en février, et nous serons en mars/avril chez vous comme tête d’affiche du festival…

Noiseweb : Avec Aborted, non ?
J O : Aborted ? Je pense qu’ils seront là avec Hypocrisy, Kataklysm, un No Mercy typique en tant qu’évènement métal. J’ai oublié les autres groupes, mais après ça, nous ferons aussi des festivals l’été prochain, comme le Wacken, le With Full Force, nous retournerons aux States et reviendrons à nouveau en Europe. Je crois que nous serons bien occupés de février jusqu’au Noël prochain !

Noiseweb : Et il te reste du temps pour toi ? (rires)
J O : Ouais ! (rires).

Noiseweb : Quand ?
J O : Je ne me rappelle pas être resté longtemps chez moi. Je joue dans quatre groupes en même temps, je fais des concerts. Toute ma vie est vraiment dédiée à la musique…

Noiseweb : Donc, qu’en est-il de Path Of Man (Ndlr : l’autre groupe de Jack, mais aussi de Pat et Paul) ?
J O : Path Of Man ? On n’a pas pu faire encore de concerts pour ça, c’est de côté pour le moment, parce qu’on est trop occupés par Cannibal. On a joué un peu ensemble l’été dernier, ça sonnait bien, mais James Rivera, qui est vraiment l’homme de la situation pour chanter là-dessus, est aussi très occupé avec Helstar et surtout Destiny’s End (Ndlr : signés aussi chez Metal Blade… Ca reste dans la maison !). Il fait aussi partie d’un tribute-band, il a 4 / 5 trucs en même temps. Donc, Path Of Man est en stand-by pour l’instant. Je joue aussi maintenant dans un groupe appelé A Drift, des trucs bien extrèmes. Quatre potes m’aident dans ce projet. Je me concentre dans ces deux projets pour l’instant, Cannibal et A Drift, on verra ce qu’il en adviendra… On enregistrera du matériel pour A Drift en novembre, quelques majors sont intéressées. On verra…

Noiseweb : Est-ce si important pour toi d’avoir des projets parallèles plutôt que de rester toujours concentré par Cannibal ?
J O : Ouais… C’est pour ça que j’avais mis en route Path Of Man, parce que Cannibal nous oblige à jouer toujours les mêmes chansons, sans aucune improvisation possible. Avec Path Of Man, on fait ce qu’on veut, des chansons de 3 ou de 7 minutes selon l’humeur, on peut improviser. C’est plus un jam-band qu’autre chose, influencé par Black Sabbath, Jimi Hendrix, des trucs comme ça.

Noiseweb : Tu es libre dans Cannibal, tu fais ce que tu veux ?!
J O : Ouais, en quelque sorte… (rires). Peut-être sur les solos, pendant 5 secondes (rires). Non, c’est beaucoup plus strict. Définitivement, j’ai besoin d’enregistrer des trucs vraiment différents.

Noiseweb : Comment fut le concert en faveur de James Murphy ?
J O : Yeah ! On voulait vraiment y jouer ! On était très occupés avec Cannibal, d’autres aussi avec leurs groupes, mais on tenait à y être. Diabolic était là aussi, avec leur nouveau batteur français (Ndlr : Gaël Barthélémy), y avait des groupes locaux… Vraiment bien. Si on peut récupérer un peu de pognon avec ces tribute-shows… James est un mec bien, il croit à fond en tout ce qu’il fait, il passe son temps à jouer, à enregistrer… Son cancer est sur la bonne voie, mais son gros problème maintenant, ce sont les traitements. C’est ce dont il a besoin. Rien n’est de trop pour l’aider.

Noiseweb : Ok, que penses-tu de le scène death-metal européenne ?
J O : C’est vraiment bien. L’Amérique et l’Europe sont devenues assez proches maintenant, plus que par le passé. Mais je pense qu’internet a levé beaucoup de barrières et a rendu le Monde plus petit. De plus en plus de monde peut être au courant de ce qu’on fait, quand nous tournons, ils téléchargent des trucs. Mais nous vendons toujours le même nombre de tickets en concert, avec une moyenne de 2 à 3000 personnes chaque soir, où que nous allions. Donc, c’est seulement une histoire de différences de cultures et de… bière (rires) !

Noiseweb : Tu parlais d’internet. Que penses-tu des mp3’s ?
J O : C’est cool pour moi…

Noiseweb : Même si on retourne chez nous, là, et qu’on télécharge le nouvel album bien avant sa sortie ?
J O : Hhmmm…

Noiseweb : On va l’faire (rires) !
J O : (Rires). Merde ! C’est l’enfer, rien qu’à y penser. Un jour, un mec est venu dans le studio au Texas, à la fin du mixage et me dit : « Vas-y, maintenant que l’album est fini, fais-moi une copie, on va le mettre sur Kazaa ! » (Rires). Non, je pense que c’est une bonne chose au final, parce qu’on peut toucher un plus grand nombre de personnes comme ça, ça peut leur donner envie de venir à nos concerts, ça ne peut être que mieux. On va pas attaquer les gens comme Metallica l’a fait avec Napster, des trucs comme ça…

Noiseweb : Comment vois-tu Cannibal Corpse dans 15 ans ?
J O : Dans 15 ans ? Ouuhh… 15 ans plus âgés (rires)! J’aurai 40 ballets dans 5 ans, on verra quelle force physique il nous restera, nous avons encore 1 ou 2 albums après celui-ci dans notre contrat ; on verra bien. Dans 15 ans, si on pousse jusque là, on sera probablement un groupe à la Rush avec un truc comme 20 albums (Rires), dans un trip 50’s… comme… la la la…(il fredonne).

Noiseweb : Et tu te vois dans 15 ans ?
J O : C’est vraiment la discussion (Rires) ! C’est simple en fait : je continuerai à jouer et à tourner, je pense, tant que je pourrai…

Noiseweb : Dernière chose : cette interview est enregistrée en mp3…
J O : … (Eclat de rires)

Noiseweb : … comme l’album (Rires). Tu peux dire un petit mot pour les lecteurs de Noise ? Ils pourront l’entendre à la fin de l’interview…

message de Jack

(Traduction : Bien sûr ! Merci à tous les fans en France, et partout dans le monde pour nous avoir permis d’atteindre le million d’albums vendus. Hmm… Merci beaucoup (dans le texte !) et à bientôt en tournée !)