ACT OF GODS… Retenez bien ce nom de groupe, chers amateurs de brutal-death, parce que les furieux de Bourg-en-Bresse, récemment signés chez Osmose Productions, un des labels qui a changé la face du métal brutal en France, risque bien d’être la révélation du printemps, tant son premier album, Stench Of Centuries, réalisé au LB Lab par Stéphane Buriez, va vous retourner comme des crêpes… Il nous manquait un leader en France pour ce style de métal technique et brutal, capable de rivaliser avec les groupes internationaux ; et bien, la place n’est plus libre !!! Attendez-vous à une boucherie sonore digne des meilleurs Morbid Angel, Cannibal Corpse, Deicide et consort dès le mois d’avril !

 

Entretien avec Act Of Gods - par Will et Geoffrey
 
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Noiseweb : Pouvez-vous en quelques mots présenter le groupe et son histoire ?
Ventylator : Je suis le chanteur, enfin celui qui fait les grognements (rires). Je fais partie du groupe depuis pratiquement les débuts du groupe, en 2001.
Phil : J’ai formé le groupe avec Guillaume, notre batteur. Je suis guitariste ; je faisais la basse aussi au début, mais depuis, on a Bertrand pour ça.
Damien : Moi, je suis le petit nouveau, dans le groupe depuis un mois et demi… Guitariste, solo et rythmique.
Phil : En ce qui concerne notre histoire, le groupe s’est vraiment monté en septembre 2001, quand Ventylator est arrivé. On a fait quelques morceaux ; en mars 2002, nous sommes venus au LB Lab enregistrer quatre titres (Ndlr : Dies Irae EP, chroniqué sur le site). Comme on n’était pas pressés, on a fait le mix en mai, le mastering en septembre et ensuite, on a distribué la démo un peu partout, à tous les labels. En décembre, Osmose Productions nous a finalement signés. Ils ont alors racheté les droits de la démo pour la ressortir officiellement en mai 2003.
Ventylator : Tout de suite après, on s’est remis à composer pour le nouvel album, ça a été assez douloureux cet été. On est revenus ici en novembre pendant deux semaines pour enregistrer, et là, nous sommes en train de finaliser le mix et le mastering (Ndlr : interview réalisée le 1er mars).

Noiseweb : Est-ce que musicalement, il y a des grosses différences, par rapport à la démo ?
Phil : Non, je pense que c’est dans la continuité, mais comme ceux qui ont le EP s’en sont aperçus, on fait des morceaux qui ne se ressemblent pas, même si c’est toujours du death-metal. On essaie de ne pas se répéter d’un morceau à l’autre, pour que chaque morceau ait son âme propre.
Ventylator : Difficile de parler de différences, puisque l’album a été conçu en deux mois cet été. Une personne nous a dit que c’était plus brutal, mais on n’a pas encore le recul nécessaire pour le dire. On est trop plongés dedans et on n’a pas encore le produit définitif ! Mais pas de souci, ça sera toujours du death-metal, on ne changera pas…

Noiseweb : Les changements de line-up qui vous ont affecté sont dus à quoi ?
Phil : L’ancien guitariste, qui s’appelait Doster Isk, qui n’avait pas participé à la démo, est venu juste après. On a joué ensemble, on a fait un concert, et on devait préparer l’album. Mais comme les morceaux n’étaient pas prêts, il y a eu des atermoiements, car c’est surtout Ventylator, Guillaume et moi qui avons composé les chansons. On lui a demandé de rester un peu en retrait pendant ce temps, et ça ne lui a pas plu : il y a eu un clash.
Ventylator : Il faut dire aussi que ce n’est pas un problème de niveau. Doster Isk est un très bon musicien, puisqu’il sort du conservatoire, mais quand il a intégré le groupe, je crois qu’il ne savait pas vraiment à quoi s’attendre avec le death-metal. Je m’explique : cette musique demande beaucoup d’efforts au niveau des rythmiques grind, puisque que les power-chords doivent être jouées sur plusieurs cordes, et lui, il jouait très bien, mais sur une seule corde, il simplifiait. Du coup, ça manquait de pêche. Son approche du death-metal était différente de la nôtre, et à partir de là, ça n’a pas pu coller. Mais ça n’est pas un problème humain…

Noiseweb : Et Damien, comment es-tu arrivé dans le groupe ?
Damien : Je connaissais déjà Bertrand, le bassiste, puisqu’on jouait ensemble dans un groupe de heavy-metal, qui n’a pas fait grand-chose. On a joué un bon moment ensemble, mais le groupe a splitté petit à petit. On se voyait moins, mais il en est venu à me parler d’ACT OF GODS, en me disant qu’ils cherchaient un guitariste. Ce n’est pas le style de musique que j’écoute trop au départ, mais je me suis dit qu’on pouvait essayer. Jouer en groupe, c’est sympa et je suis tombé sur des gens avec qui je m’entends super bien. Rythmiquement, je ne m’emmerde pas, c’est ce que je recherchais aussi. Maintenant, je m’ouvre progressivement à un autre style de musique, vraiment différent de mes goûts.
Phil : Précisons que Bertrand a intégré le groupe en décembre, juste après la démo. Guillaume est toujours là aussi !
Ventylator : On aimerait bien maintenant que le line-up soit stable, parce que c’est toujours stressant de ne jamais savoir où on va !
Phil : A la base, on s’est réunis en 2001 pour juste faire une maquette, pour moi, pour concrétiser un projet qui me tenait à cœur. Après, tout le monde devait rentrer chez soi, basta ! Je voulais avoir une carte de visite pour pouvoir intégrer un groupe pro. Il me fallait un beau produit, mais de fil en aiguille, c’est devenu un vrai groupe.

Noiseweb : Excuse-nous, Phil, mais avant de parler d’Act Of Gods, nous ne résistons pas à l’envie de te demander pourquoi tu n’as jamais enregistrer d’album avec MUTILATED, qui est devenu un groupe culte de l’underground mondial, juste avec deux démos, vers 1986 - 1988…
Phil : Je savais bien que ça allait tomber comme question (rires) ! Effectivement, on a fait pas mal de bruit à l’époque. En fait, notre obstination à vouloir faire quelque chose de très bien, à vouloir tout de suite un gros deal, nous a conduits dans le mur. On a eu pas mal de propositions, mais on a tout rejeté, parce qu’on voulait le top. Mais ce n’est pas forcément une erreur, la jeunesse étant là, mais on a des regrets par rapport au potentiel qu’on avait.
Damien : Tu as rattrapé le coup avec Act OF Gods, là, non ?
Phil : Ouais, mais ce n’est plus pareil. C’était des potes, on était jeunes, tu vois…

Noiseweb : Concernant Act Of Gods, vous jouez un death brutal, sans concessions, assez influencé par Morbid Angel, on peut dire ça comme ça ?
Phil : Ah ? (rires) Ouais, enfin, j’aime bien Morbid Angel, quoi. Mais sans rejeter cette influence, moi après, je fais des choses sans penser à ça, c’est juste que j’ai digéré mes influences depuis 1986…

Noiseweb : Mutilated, on en parlait comme le Morbid Angel français à l’époque, déjà (rires) !
Phil : Ah ah ah ! Après, tu vas nous dire qu’Act Of Gods est un nouveau Mutilated ? Non, mais c’est vrai qu’à l’époque, il y avait eux et Possessed qui nous influençaient fortement. On ne renie pas la chose. Mais il n’y a pas de plagiat…
Ventylator : De toute façon, aujourd’hui, difficile de trouver des groupes dans le death qui vont être vraiment originaux. Pour Phil, je crois que c’est vraiment une démarche inconsciente. Il était là à l’époque des prémices du death en France, et quand il a recommencé à écrire des chansons, c’est venu naturellement. C’est son cœur, quoi.
Phil : Eh, tu vas me réclamer quelque chose (rire général) ?!

Noiseweb : Ouais, il va réclamer une avance…
Phil : Eh, t’es pas obligé de le faire devant témoins, en plus, c’est enregistré (rires) !
Ventylator : Ce n’est même pas nous qui touchons les avances, c’est le LB Lab, nous, on n’a que dalle (rires) !

Noiseweb : Et que signifie le nom ACT OF GODS, vous vous prenez pour les nouveaux dieux du death-metal ?
Phil : Non, pas du tout (rires) !
Ventylator : La paternité du nom revient à Phil, puisque c’était son projet au départ. Dans le groupe, on est tous complètement athées, et comme on s’est formés quelques jours après le 11 septembre 2001, on a trouvé complètement ridicule ce qui venait de se produire, que l’on pouvait tuer des milliers de gens au nom d’une religion. On a bien mis un s à Gods, car on ne parle pas d’un dieu en particulier… On n’est pas non plus un groupe qui cible ses paroles sur le religieux, mais en 2001, c’était un mot fort, et ça nous a fait gerber ! Au départ, les religions sont sensées faire le bien et là, il n’y a que du mal, c’est dégueulasse.

Noiseweb : Votre première démo EP, Dies Irae, a eu un sacré retentissement, au niveau des chroniques, tout ça…
Phil : Ouais, c’est vraiment la grosse surprise, puisqu’en plus, au départ, on ne voulait pas la sortir… On nous a dit : pourquoi vous ne la distribuez pas ? Pourquoi pas après tout ! On a envoyé ça aux 40 plus gros labels mondiaux et on a eu de sacrées réponses, dans les médias aussi.
Ventylator : En venant de nulle part, on s’attendait plutôt à se faire descendre. Ca été encourageant pour nous et comme on a vu que ça se passait bien humainement, ça nous a décidé à continuer l’aventure.

Noiseweb : Pourquoi êtes-vous chez Osmose Productions, finalement ?
Phil : C’était la meilleure offre qu’on ait reçue. On les découvre, ce sont vraiment des gens très professionnels.
Ventylator : C’est aussi le fait que c’est un label français et que c’était beaucoup plus facile quand il s’agit de contrat. Quand tu as à lire un pavé de 40 pages et que tu n’as aucune connaissance de ce genre de choses, il vaut mieux tout comprendre ! Ca évite déjà pas mal de malentendus… il fallait que l’on garde une liberté artistique.

Noiseweb : Vous avez signé pour trois albums. Le risque n’est pas de se retrouver pieds et poings liés ?
Phil : Pour l’instant, ça ne nous dérange pas vraiment… On ne s’est pas posé la question en ces termes. On était surtout contents.
Ventylator : On est dans une optique où on ne dira pas qu’on s’en fout, mais là, on est assurés de faire au moins trois albums, tout ce qu’on a demandé, on l’a eu jusqu’à maintenant, la seule limite qu’on nous ait fixée est celle du budget. La seule chose qu’on a imposée, c’est de pouvoir revenir au LB Lab, parce qu’on a été très satisfaits du travail de Stéphane Buriez sur le EP, il a vraiment de grandes compétences. A part ça, le contrat me semble relativement basique ; il vise surtout à protéger l’œuvre du groupe. On verra pour la suite…
Damien : Et ça n’amène pas forcément un côté prisonnier. Je trouve au contraire que ça ouvre des perspectives d’avenir, les compos à venir seront à enregistrer, ça ne sera pas du vide ! On a du concret sur les 2/3 ans à venir, ça nous booste !
Ventylator : On est un groupe jeune, finalement !
Phil : Ce qui est paradoxal (rires) !!!
Ventylator : On ne pourra que faire mieux par la suite. Ca nous sécurise, on va pouvoir se concentrer sur la musique.

Noiseweb : Habile transition, puisque tu m’en as parlé… Pourquoi avoir choisi le LB Lab dès le départ ?
Phil : C’est moi qui ai choisi. Je voulais faire un truc costaud. Je me suis renseigné dans tous les studios en France, le prix, les productions, etc.… et vraiment, les disques sortis du LB Lab avaient un gros son. Naturellement, je me suis donc dirigé ici, même si les tarifs sont un peu plus élevés qu’ailleurs (rires) ! Seul le résultat comptait. La première session s’est super bien passée. J’avais déjà une expérience studio avec les deux démos de Mutilated, mais rien de comparable. Le producteur de l’époque était un rocker, Steph nous apporte beaucoup de choses.
Ventylator : Ici, ils sont vraiment très professionnels. On voit qu’ils sont allés enregistrer aux USA pour Loudblast et surtout ils se sont intéressés au travail de production, pour enfin sortir des sentiers battus en France.

Noiseweb : Il y aura 12 titres plus une reprise de Mutilated sur votre album… Rien qu’à voir les titres, on ne va pas parler de poésie, là !
Ventylator : On se concerte avant sur ce qu’on veut écrire, et j’écris les textes. J’ai un peu changé : sur le miniCD, les paroles étaient typiquement gore. Là, j’ai voulu continuer dans cette direction pour certaines choses, mais en ajoutant une touche un peu plus humaine, comme les symptômes du virus Ebola, sur la chanson « Obscene Messiah ». C’est vraiment dégueulasse, c’est gore à l’état pur, mais j’ai précisé aussi que ça parlait du virus Ebola. Il y a des choses brutales qui existent dans la nature aussi. « Resistance » est un morceau qui dénonce un peu ce qui se passe dans le métal, comme l’intrusion d’idées politiques extrémistes qui n’ont rien à voir avec notre musique, notamment dans le black-metal. Il y a aussi des groupes comme ABORTED qui ont raison de politiser leur discours, pour dénoncer ce genre de comportements. Mais c’est le seul morceau de cette tendance, le reste est purement death-metal, sans soucis !

Noiseweb : Pourquoi avoir choisi de faire cette reprise de Mutilated, « Sorcery » ? Vous n’avez toujours pas fait votre deuil ?
Phil : Si, justement. On va le faire avec ce morceau, c’était juste pour faire un clin d’œil aux gars qui ont joué avec moi avant. Tu vois, on se sert aussi de ça pour monter Act Of Gods, c’est une sorte de juste retour des choses. Après, basta, on n’arrête tout… On n’en parlera plus concernant la musique (rires) !
A noter que ce morceau ne sera disponible que sur la version vynil collector limitée à 500 exemplaires, en bonus. Un petit côté nostalgique, ouais.

Noiseweb : Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter maintenant pour la sortie de votre album ?
Phil : Déjà, on va faire quelques dates avec Sublime Cadaveric Decomposition et Impaled Nazarene au printemps. On n’a rien fait comme concert pour l’instant avec ce line-up. C’est ce qui nous manque pour mieux se faire connaître… Maintenant qu’on est au complet.
Ventylator : On espère aussi que l’album sera aussi apprécié que la démo EP, pour qu’on ne se prenne pas de tomates (rires).
Phil & Damien : On espère que les gens ne seront pas déçus à l’écoute ; nous, on a fait de notre mieux.

Noiseweb : Il n’y avait plus personne de libre dans le death, pour que vous soyez obligés de prendre quelqu’un qui jouait du heavy (rires) ?
Damien : Enfoiré (rires) !
Phil : Non, mais on espère qu’Osmose va nous trouver une tournée après la sortie de l’album.
Ventylator : Je pense que ça partira vraiment après la rentrée de septembre.

Noiseweb : Vous donneriez votre chemise à quel groupe, pour ouvrir pour eux ?
Phil : Loudblast nous l’ont proposé déjà (rires). Mais je ne sais pas si je donnerai ma chemise (rires)…
Damien : Ouais, même au niveau entente, ça serait bien, ce sont des mecs cool.
Phil : Sinon, ouais, il y en a un que j’affectionne tout particulièrement, du côté de la Floride… He he ! J’ai même envoyé des démos pour ouvrir pour eux sur les dates qui viennent, là, en mars, mais on nous a répondu que ce n’était pas possible. On n’a pas encore fait nos preuves sur album.
Ventylator : Non, de toute façon, avec notre style, on pourrait jouer avec beaucoup de groupes. Il faut que l’on soit un peu plus connus.

Noiseweb : A part Loudblast, il y a des groupes qui vous impressionnent en France ?
Phil : Oui, l’album de SCARVE est très bon, NO RETURN, GOJIRA… La scène française est très différente de celle de 1987.

Noiseweb : C’est plus facile maintenant ?
Phil : Ouais, il y a plus de magazines, le public death existe maintenant, les webzines comme Noiseweb aussi par exemple (rires) !
Ventylator : C’est exact. Les webzines jouent un rôle considérable. Les labels ne s’en rendent pas encore bien compte, mais c’est considérable. Loudblast sont aussi passés par là, les fans ne vont pas être déçus.
Phil : Tu vois, dans tout ça, ça va peut-être être un peu dur de se faire une place (Ndlr : on ne pense pas, vue la qualité de la musique, de plus dans leur style brutal-death, la place est libre). Si elle est libre, on la prend !
Ventylator : De toute façon, depuis 1988, des groupes comme Massacre, Cannibal Corpse, Deicide ou encore Morbid Angel, il y a une palette assez large de son qui est sortie et en créer un nouveau relève presque de l’utopie. Nous, on joue un death brut de décoffrage, et voilà. GOJIRA est peut-être justement le groupe qui apporte un nouveau son au death. En plus, sur scène, ce sont des tueurs.
Phil : On va déjà se faire plaisir en jouant notre musique, après, c’est mieux si ça plaît.

Noiseweb : Bon, pour terminer, un dernier mot ?
Phil : On vous remercie beaucoup pour l’intérêt que vous portez à notre petite formation (Ndlr : plus pour longtemps, ou on ne s’y connaît pas !). Ca motive à fond, de savoir aussi que vous aimez le EP Dies Irae. On n’en revient toujours pas. On pense qu’on les verra aussi un jour en concert, tous ces gens qui lisent votre webzine ! Merci beaucoup !