Nous avons rencontré le groupe après l’énorme concert qu’il venait de donner à la LOCO, à Paris, en première partie de LOUDBLAST. Et depuis ce jour, nous pouvons affirmer haut et fort que GOJIRA est un grand, un très grand. Aussi bien au niveau prestation scénique, musical (écoutez The Link) que de leur sincère gentillesse, GOJIRA a désormais dans notre cœur une place toute particulière que peu pourront déloger. Appréciez cette interview du charismatique Joe Duplantier qui se livre à cœur ouvert, sensations garanties.

 

Entretien avec Joseph Duplantier - par Pierre-Antoine
 
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Noiseweb : Alors qu’elles sont tes impressions après ce super concert que vous venez de donner ?
Enorme, on a pris notre pied, c’était excellent !!! Cette salle est particulière, il se passe un truc avec Gojira, un vrai buzz et nous on surfe dessus, c’est super. Une vraie communion.

Noiseweb : Vous avez un lien bien particulier avec votre public, vous transmettez quelque chose de fort et ce soir c’est vous qui avaient remporté le plus franc succès…
Je ne sais pas, on ne se rend pas vraiment compte de la scène mais c’est sûr qu’il se passe un truc de fort, on transmet aux gens et ils nous le rendent bien. C’est difficile à décrire, il se passe quelque chose et nous on en profite. On constate que d’autres personnes apprécient ce que l’on fait ; du coup ça en dévient vraiment génial

Noiseweb : C’est assez intéressant de constater que votre public est assez varié, même des non métalleux sont présents…
Je pense que ça vient du fait que pour nous, nous faisons de la musique. Quand on nous demande de décrire notre style, nous, on dit que l’on fait de la musique, point barre, et les notes que l’on fait ou les morceaux que l’on compose ne sont pas faits pour cibler une partie du public ou des personnes en particulier, on ne se met pas dans une case. Même si beaucoup de nos ingrédients sont métal, ça reste de la musique pour nous, on exprime nos émotions, si on a envie de faire une gamme plus blues, on va la faire, peu importe…Dans notre tête c’est de la musique. Si tu veux, je ne peux pas dissocier qui on est de la musique que l’on fait. Notre musique, c’est le reflet le plus pur de nos personnes. On est tous complexes, et en même temps on est tous très simples, notre musique c’est la même chose. On a besoin de choses basiques, dormir, manger, faire l’amour, beaucoup d’amour mais en même temps on a envie de vivre des choses intéressantes et plus complexes comme ce qu’est notre musique. Nous sommes donc très honnêtes envers les gens. C’est certainement pour ça qu’ils se reconnaissent en nous, on est tous au fond la même chose en fait. On va directement au but.

Noiseweb : Ca fait quoi de participer à une affiche comme ce soir qui propose ce que le métal français possède de mieux ?
Ca fait plaisir !!! (rires)

Noiseweb : Tu peux nous dires un mot sur les autres groupes de ce soir comme Scarve ?
Scarve, c’est un monde particulier et j’admire vachement ces mecs. Je trouve qu’ils forcent vraiment le respect et l’admiration car ils vont au bout de leur démarche artistique, ils ont un truc à proposer de particulier, ce sont de vrais professionnels et gros respect !!!

Noiseweb : Pour toi le retour de Loudblast ça signifie quelque chose ?
Ca signifie qu’en ce moment sur terre, y’a une énergie positive qui pousse les gens à s’exprimer et Loudblast l’a capté et c’est excellent, longue nouvelle vie à eux…

Noiseweb : Vous allez bientôt sortir un DVD mais que vous distribuerez vous-mêmes, peux-tu nous en dire plus ?
On s’est aperçu en fait que l’on n’est jamais aussi bien servis que par soi-même. De plus, le cadre actuel de la France, dans le monde aussi, est particulier. Par exemple, quand tu veux prendre un appart’, soit tu passes par une agence soit tu démarches. Si tu passes par une agence, faut ramener des tas de papiers, déclaration de revenus, déclaration d’imposition et autres et du coup on va pouvoir te faire rentrer dans une case. Si tu fais un métier pas évident, artiste, t’as pas de revenus, tu touches des cachets, c’est aléatoire donc tu n’es pas considéré. Tu n’es pas dans le cadre normal de la société donc tu es vite exclu. Mais si tu réagis en disant : vous ne comprenez pas, regardez comment je suis, je ne suis pas exclu, voilà comment il faut faire, alors tout s’arrange un peu. C’est un peu ça la démarche avec le DVD. On veut juste vendre notre truc tranquille, sans qu’on te bouffe la moitié de tes thunes ou qu’on te retourne la moitié à cause d’invendus et se retrouver avec le couteau sous la gorge, c’est mieux de cette manière. Au lieu de rentrer dans les cases proposées, on crée nos propres cases, on vendra peut-être moins, mais au moins on va vendre bien, comme on le pense. C’est la bonne voie pour nous.

Noiseweb : Vous êtes déçus alors par le boulot de Next ?
Non, ça n’a rien à voir avec eux. Je pense que c’est plus par rapport au marché actuel qui est en pleine mutation avec Internet et qui du coup est dérangé…

Noiseweb : Tu es contre Internet, le téléchargement alors ?
Non, je ne suis ni pour ni contre, je constate que la situation est en mutation. Certains réagissent en étant contre car ça bousille tout ce qu’ils avaient mis en place, mais en fait tout bouge, la matière bouge tout le temps, faut donc rester en mouvement, non figé.

Noiseweb : Donc votre manière de présenter votre musique, au niveau packaging avec vos images un peu décalées, représente alors un peu cette démarche ?
Oui c’est vrai. C’est lié à la complexité, dont je parlais au début, et à la simplicité. Nous, on aime les arbres tout connement. L’arbre a ses racines dans la terre, il se nourrit et boit, et développe ses branches dans le ciel. Tout est lié au bas et au haut, on trouve ça beau, donc on le met sur la pochette mais aussi chacun peut faire son interprétation. C’est en même temps simple et complexe. C’est juste un arbre (rires…). Donc l’arbre, c’est le lien entre le ciel et la terre. A travers ce disque, on essaye de dire qu’il faut bouger l’humanité et qu’elle peut aller dans le bon sens. On le voit en ce moment, c’est représentatif, chacun fait plein de trucs, c’est le bordel, mais les initiatives permettent d’avancer, on dirait même si y’a du contre que ça nous mène quelque part… Je suis assez utopiste, mais j’ai l’impression que bientôt ça va changer. Ca va être génial sur Terre. Ce qui se passe en ce moment, la merde dans le monde, ce n’est pas si grave, toutes proportions gardées, c’est comme l’acné. Il t’arrive d’avoir plein de spots, de réminiscences d’un coup mais ça finit par s’arranger et tout va mieux. Les choses vont changer pour ceux qui veulent que ça change, ceux qui ont peur et qui veulent rester dans cette peur sont dans la merde, là, c’est sûr.

Noiseweb : Quel rôle peut avoir Gojira dans ce changement ?
Je pense que même si les gens ne vont pas forcément capter exactement ce qu’on veut dire, ils vont en tout cas le sentir, ça se passe au niveau du corps, c’est physique. Certaines personnes ressortent de notre concert avec la banane mais nous, on veut donner avant tout de l’amour et du bien-être et eux ressortent avec le sourire. Ils l’ont senti et ça, c’est super. Je chante en anglais, en plus je braille comme un porc (rires) donc c’est sûr que tu ne vas pas forcément capter les paroles, je le sais, mais je délivre le message de toutes mes forces avec tout mon cœur, donc les gens le ressentent, Gojira essaye d’éclairer au mieux la vie. On mise tout sur la confiance, l’amour, Gojira c’est l’amour. En plus c’est difficile à utiliser, à parler de l’amour sans que ce ne soit ridicule, mais si on décide de bien l’utiliser, d’aimer son prochain, si par exemple je vous ouvre mon cœur et je décide de vous parler en toute confiance, ça en devient une vrai force et c’est ça qui peut changer le monde. Faut donc garder confiance, et s’ouvrir aux autres pour changer le monde.

Noiseweb : Empalot c’est le même genre de relation ou c’est plus une déconnade ?
Empalot, c’est vraiment une histoire de potes d’enfances, on s’est rencontrés au lycée, c’est greffé. En plus, mon frère, batteur de Gojira, l’ingé-son de Gojira, le mec au lights de Gojira c’est le chanteur d’Empalot, donc c’est un peu les mêmes personnes et dans Empalot, c’est l’humour qui s’exprime en musique, c’est un autre univers délirant.

Noiseweb : Quels sont les autres projets de Gojira maintenant ?
On pense au nouvel album, on a quelques riffs mais on laisse venir. Y’aura certainement des morceaux plus blues, stoner, lugubres, et des morceaux encore plus bourrin que ce que l’on fait maintenant. On a plein de projets, c’est sûr vous verrez.

Noiseweb : Vous n’avez pas envie de réaliser la BO d’un film car je sais que Gojira est assez proche du ciné, de l’image en tout cas ?
Ah oui à fond !!! (rires) J’adore ça, on a fait la BO d’un court métrage, c’est pas pareil mais c’est excellent à travailler. Le seul problème, c’est le temps, notre emploi du temps est surchargé. On se pencherait vers un film positif et qui apporte quelque chose. On aimerait aussi mettre nous mêmes notre musique en images. On a même un projet que… Ah non, je sais pas si je dois en parler… Mais enfin, vous verrez, si ça se fait, ce sera génial. (NDLR : Joseph nous en a parlé, par respect pour eux nous gardons ça secret mais prions pour que ça se fasse, ce serait grand et énormément original.)

Noiseweb : Vous ne pensez pas que des groupes originaux et créatifs comme vous ou SUP donnent une vraie crédibilité au métal ?
On nous le dit de plus en plus, surtout le rapprochement avec SUP et c’est SUPer. (rires !!!) Mais il ne faut pas regarder le métal avec des œillères mais voir l’énergie qui s’en dégage et le message développé derrière.

Noiseweb : Un petit message pour nos lecteurs ?
Ayez confiance en vous !!!