Suite à notre entrevue du mois de février au LB Lab (interview visible en ces pages), alors que les ACT OF GODS étaient en train de finaliser leur galette, nous nous étions promis de nous rappeler pour parler de l'album Stench Of Centuries, qui vient de sortir chez Osmose Prod. Alors, voilà, nous tenons enfin entre les mains ce nouveau monument élevé à la gloire du metal furieux français. Il nous manquait vraiment en France LE groupe capable de rivaliser sur le terrain des meilleures hordes étrangères de death metal brutal. Et bien, ne cherchez plus, ACT OF GODS est là et ce Stench Of Centuries d'anthologie va tout ravager sur son passage ! Phil, le prolixe créateur du groupe, a bien voulu développer notre entretien précédent et ainsi nous emmener un peu plus loin vers les abysses ! Nous sommes en train de vivre en direct l'avènement d'un super groupe, alors ne passez pas à côté, chers lecteurs…

 

Entretien téléphonique avec Phil (guitares) - Par Will Of Death
 
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On ne va pas représenter le groupe, on l'a déjà fait au mois de février… On va tout de suite passer à l'album. Maintenant qu'il est sorti, vous vous sentez comment ?
Phil : Soulagés ! Les tourments sont passés maintenant. Comme tu as un peu suivi l'affaire, on était allés en studio au LB Lab en novembre, mais on n'avait pas pu finir à cause d'un problème de programmation du clic et on donc dû y retourner fin février. Elaborer un album sur un aussi gros laps de temps fait monter la pression et tu n'attends qu'une chose, c'est que ça soit terminé

Les chroniques de l'album qui commencent à arriver sont assez fameuses, là ! Vous vous attendiez à ça ?
Bien, écoute, oui, c'est cool ! On ne s'attendait pas à un tel retour (NdW : moi, si !). Quand tu sors un album, tu sais ce que valent tes compositions et la qualité de ton travail, après, savoir ce que les gens vont en penser, c'est toujours une surprise. Nous, on a donné le meilleur de nous-mêmes, après, c'est vachement important pour nous de savoir ce que les gens pensent parce qu'on n'est pas seuls dans le milieu et de plus, les médias reçoivent tellement d'albums de partout qu'ils peuvent comparer avec les autres groupes : tout ça nous réconforte. Savoir ce que ton travail vaut sur le marché, c'est toujours la roulette russe.

Justement, par rapport à ça, vous avez fait pas mal d'interviews depuis la sortie de l'album. C'est plutôt bon signe, non ?
Oui, ça commence à venir, là. En tout cas, beaucoup plus que pour le mini CD Dies Irae. On entre dans un univers complètement nouveau, là. Le fait de faire des interviews par téléphone et par mail, et surtout d'en faire beaucoup, c'est important pour nous. Nous avons fait des interviews pour des magazines étrangers, espagnols, portugais, irlandais, tchèques, polonais et nous avons été chroniqués partout, en Scandinavie par exemple. C'est excellent.

On nous avait dit que l'album devait sortir en digipack. Finalement, ce n'est pas le cas. Pourquoi ?
C'est vrai, mais ça a été annulé, tout simplement parce pour sortir un digipack, il te faut des morceaux bonus et on n'en avait pas assez. Enfin, ceci dit, l'album sort aussi en version vynil limitée à 500 exemplaires, avec un titre en plus, le morceau " Sorcery ", de Mutilated, notre ancien groupe des années 80. C'est nous qui avons choisi de ne la mettre que sur la version vynil limitée, parce que c'est une reprise et elle ne fait pas partie de l'album à proprement parler. C'est notre façon, à Guillaume et moi, de remercier les gens qui ont participé à cette première aventure dans les 80's. Maintenant, c'est fini, la page est tournée, mais au moins, on aura un titre de Mutilated en souvenir, de bonne qualité et avec un super son.

Lors de la première semaine, il semble que votre album ait eu un peu de mal à arriver dans les bacs. Tu es au courant ?
Non, au niveau de la distribution, on ne s'en occupe pas du tout. C'est peut-être dû au fait que les promos aient été envoyés à la dernière minute, pour se protéger du gravage pirate. Osmose a voulu se préserver de ce côté-là. Après, je pense que c'est juste une question de commande un peu plus tardive (Ndlr : ça semble être le cas à Lille et à Lyon, par exemple.) Mais tout va rentrer dans l'ordre dès cette semaine (interview réalisée le 7 mai). C'est bien que tu me le précises, je vais pouvoir faire remonter l'info vers Osmose Prod. Bon, d'un autre côté, ce n'est que notre premier album, on n'est pas le groupe le plus attendu !

Ok… Donc, parlons de l’album, maintenant. Ici, on n’avait eu l’occasion que d’entendre des extraits au LB Lab la dernière fois, là, on l’a.
T’es devenu sourd maintenant (rires) !?

Non, non ! Mais première remarque, aucune chanson ne laisse de répit durant cet album. Est-ce que la volonté était de faire le disque le plus brutal possible ?
Non, pas du tout. Mais c'est vrai qu'une fois terminé, on s'est rendus compte que c'est vraiment ultra brutal, alors qu'on n'en avait pas forcément conscience au moment des compos. C'est de la violence à l'état pur. L'album a été composé rapidement, donc il est organique dans la brutalité. C'est peut-être aussi une question de stress du premier album à un moment ou un autre. Je ne sais pas…

Deuxième remarque, par rapport à Dies Irae, vous avez développé un style plus personnel, qui s’éloigne plus de vos influences « morbid angeliennes ».
Ouais, on a gravi plusieurs échelons en terme de violence. D'ailleurs, dans certaines chroniques, on nous fait ce reproche de ne pas avoir mis plus de passages mid-tempo, plus présents sur la démo Dies Irae. C'est quelque chose que nous allons certainement plus développer à l'avenir, de façon plus claire. Je m'explique : des mid-tempo, il y en a dans l'album, mais ils sont toujours joués à la double grosse caisse et donc, se noient plus dans les parties rapides des morceaux. Donc, il n'y a que le côté brutal qui ressort. En ce qui concerne nos influences, on tient à se détacher un peu de tout ça et développer une identité propre. Rattacher notre groupe à Morbid Angel voudrait dire que l'on fait du sous- Morbid Angel, tu vois, parce que ce groupe est inégalable… Or, ce n'est pas le cas avec cet album.

Tiens, entre nous, tu en penses quoi du dernier MORBID ANGEL ?
Très bien en concert sur leur dernière tournée, mais l'album est décevant, il y a trop de trucs qui ne devraient seulement se trouver en bonus, comme leurs intros interminables. Les morceaux death sont excellents, il y a des super bonnes idées mais ils se sont trop dispersés sur cet album à mon avis.

Quels sont les termes abordés dans vos paroles ?
Le côté vil de l'être humain. Tout d'abord, le livret de l'album est bien détaillé. Il y a une introduction et des commentaires sur les textes à chaque fois, pour que les gens saisissent bien de quoi on parle ainsi que des illustrations très soignées, une par chanson, dont deux qui ont été faits par Ben, le concepteur de la pochette. Les sujets sont divers : les manipulations génétiques sur le plan militaire (Cathedral Of Flesh), le morceau Flagellation traite des extrémismes en général, qu'ils soient religieux ou politiques ; sur Obscene Messiah, tu sens la lente agonie d'une personne atteinte par le virus Ebola ; Zombie Gutsfuck et Misanthropic Chainsaw Dismemberment sont typiquement gore, récréatifs je dirais (rires). Resistance est un morceau contre le fascisme, c'est une idéologie à laquelle nous n'adhérons pas du tout et qui a tendance à polluer de plus en plus la scène métal. C'est quelque chose qu'on dénonce vraiment lors de nos concerts, on en parle avant le titre. C'est notre manière de lutter à notre niveau contre ce truc bien pourri. Comme on fait une musique extrême, on précise par là que notre pensée n'est pas extrémiste pour autant.

Donc, ACT OF GODS, groupe à message, socialiste (rires) ?
Non, on n'est pas un groupe à messages déjà… Par contre, on est pour le partage des biens et pour que tout le monde soit heureux sur Terre. C'est peut-être rare d'entendre un groupe de death parler comme ça, on devrait peut-être faire autre chose (rires), du hardcore.

Revenons à cette pochette de Stench…, il y a énormément de détails dessus. Tu peux expliquer ce que tu as voulu y mettre ?
En fait, on a laissé faire Ben (qu'on a rencontré pour l'occasion), après lui avoir expliqué ce qu'on voulait : une ambiance glauque dans une forêt avec des corps tiraillés de partout, qu'on sente l'agonie. Ce qu'on voulait, c'est qu'une personne saine et pas habituée au death, retourne la pochette en la voyant. C'est le reflet de la musique et aussi un peu de nos âmes.

Avec le recul, penses-tu toujours que le choix de Stéphane Buriez et de François Jamin était le bon pour l'enregistrement et penses-tu qu'il y a des choses que tu vas pouvoir encore améliorer la prochaine fois, si vous retournez avec eux, bien sûr ?
Quant au choix, au moment où on l'a fait, c'était le bon choix, surtout après Dies Irae. On ne regrette rien de ce côté-là. On se connaît bien. Le son est très puissant, mais ce n'est pas tout à fait ce à quoi je m'attendais. Le problème est que mon matériel était resté dans l'Ain et qu'au niveau guitare, ça aurait pu être mieux, par rapport à mon propre jeu. Steph n'y est pour rien. C'est surtout un problème logistique dû à un problème de finances. On fait partie de la catégorie des pauvres pour le moment, on joue sur le même matériel depuis 10 ans. Vu le prix du matos, on n'a pas trop le choix. Par contre, le studio LB Lab a un gros potentiel, et malgré ces difficultés, ils ont réussi à faire ressortir le meilleur de nous. J'attends mieux pour le groupe et je ne sais pas si on retournera là-bas pour la suite. Steph, Jam et Gre sont des gens super bien et ils nous ont appris plein de trucs ! Ce sont des pros... Nous, on vient de rien. Maintenant que l'album est sorti, je sais que nous aurons un autre plan d'action pour le prochain.

Mais allez, dis-nous, ton séjour dans le Nord, tu l'as bien vécu quand même ?
Ouais, ouais ! Tu m'as même fait découvrir la Triple Karmeliet (Ndlr : bière belge d'anthologie !) et depuis, on consomme trop, mais là, on est passé à la danoise (rires) !

Non, mais tu déconnes, là (rires) !
La prochaine fois que je reviens, je reviendrai en force, tu ne t’en sortiras pas comme ça (rires) !

Bon, sinon, par rapport au métal en général, il y a des albums que tu écoutes plus que d’autres en ce moment ?
Les vieux Morbid Angel comme d’hab’, le nouveau Suffocation, un vieux groupe qui revient, c’est Nasty Savage. Ils reviennent mais ils ont su garder leur identité, c’est grandiose. Un autre groupe qui déchire en ce moment, bien que ça n’ait rien à voir avec le death metal, c’est Death Angel. Leur album de reformation est une tuerie (Ndlr : on est d’accord… Voir interview sur le site !) et les mecs semblent sympas.

Parlons concerts… Comment se sont passées vos premières prestations ?
Total bien ! Les mecs de Sublime Cadaveric Decomposition sont super et nous ont très bien accueillis. Quant à nous, même s’il est difficile de rendre compte, les échos ont été bons et nous nous sommes vraiment bien sentis sur scène. Damien a loupé le premier concert parce qu’il était malade, mais le deuxième à Valence, ça s’est bien passé, l’éclate… On a joué sur des palettes à Besançon, génial, quoi (rires) !

Comment se sent Damien dans le groupe (parce que son background est heavy, pas death…) ?
Très bien apparemment, il commence à bien secouer la tête (rires) ! Il a capté l’esprit et il voulait un truc qui bougeait, avec nous, il est servi. Le public nous a même demandé en rappel, donc, c’est que ça plaît…

Guillaume et toi aviez fait des concerts avec Mutilated. Ça fait quoi de remonter sur scène ?
Bizarre… Mais ce n’est plus pareil par rapport à l’approche envers le public. On se sent beaucoup plus proches et on a surtout beaucoup moins le trac. Je pense même que c’est quelque chose de naturel maintenant, on se lâche vraiment. Il y a une osmose avec la musique, c’est brutal, ça déchire. On va faire des concerts avec Impaled Nazarene dont un à Paris à la Loco le 16 mai (avec Melechesh et Arkhon Infaustus), on a notre premier concert en tête d’affiche à Mantes-la-Jolie avec un groupe de hardcore de Nancy, Shall Not Kill, en première partie. On va se faire plaisir. Le concert avec Scarve du 19 mai à Lyon a été annulé malheureusement.

On peut vous souhaiter quoi pour la suite ?
Du bonheur ! Et que l’album « Stench Of Centuries » décolle en terme de ventes pour que l’aventure puisse se pérenniser et que nous soyons reconnus comme ceux qui vont combler un vide au niveau du death-metal brutal un peu old-school en France, on est là pour supporter la scène en général. On est là pour semer notre death-metal un peu partout !

Un dernier mot pour les lecteurs de Noiseweb ?
Je les remercie beaucoup ; continuez d’aller sur Noiseweb parce que c’est un super bon site, ils sont tous à la pointe sur ce webzine (Ndlr : Merci, Phil !). Soutenez aussi tous les autres webzines et tous les petits groupes, ils en valent la peine !