Patrick Rondat revient sur le devant de la scène en solo avec son nouvel album 'Ephemeral World'. Entretien avec notre guitariste nationale
Entretien - par Eric
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Patrick Rondat revient sur le devant de la scène en solo avec son nouvel album 'Ephemeral World'. Entretien avec notre guitariste nationale |
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| Entretien - par Eric |
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On était entrain d'écouter l'album de Laurent Fleury 'Contrastes' et on a vu que tu faisais un petit solo sur le titre 'Finale', es ce que tu peux nous en parler ?
Eh bien oui, il m'a contacté par l'intermédiaire de sa maison de disques pour savoir si j'accepterais de faire un solo sur son album, alors je lui ai demandé qu'il m'envoie le morceau en question, on s'est rencontré, on a été mangé ensemble, c'est une personne sympa et passionné. J'ai donc accepté.
Es ce que tu veux lui laisser un petit mot, on va l'interviewer la semaine prochaine ?
Ok, ce sera fait. On va revenir un peu à ton actualité à savoir la sortie de ton nouvel album, es ce que tu peux nous le présenter ?
Est ce qu'on peut parler d'un album concept ?
Y'a t il eu des albums à la base de ton inspiration pour la composition ?
On sent qu'il y a beaucoup plus de claviers, en comparaison avec 'Amphibia', on doit ça à ta participation à Elegy et au Consortium Project ?
On revient un peu sans que ce soit la même chose, à l'album 'Amphibia'...
Quels sont tes titres préférés sur cet album ?
Même pour 'Amphibia' ?
Bon alors la c'est une question un peu plus générale, que penses tu de la scène instrumentale aujourd'hui et notamment la guitare instrumentale ?
Tes disques de chevet en ce moment ?
Tu as peut être écouté le dernier Dream Theater, qu'es ce que tu en penses ?
Le dernier est quand même bien Heavy au détriment du Prog...
Alors on va enchaîner la dessus, la tournée prévue pour novembre est elle confirmée ?
Une nouvelle galette de prévu avec Elegy bientôt ?
Je voulais revenir un peu sur l’album, je voulais savoir ce que tu en attendais ?
Un dernier mot pour les lecteurs de Noise ?
Oui, tu lui passes le bonjour, ça fait un petit moment que je l'ai pas vu, je l'ai eu au téléphone il y'a quelques temps. Apparemment, ça ne marche pas trop mal pour son album, je l'ai vu un peu partout dans les magasins, je pense que c'est un album intéressant, et c'est vraiment un mec sympa.
Oui, alors je ne sais pas ce que tu entends par présentation, ça fait un petit moment que j'étais dessus, j'ai commencé à composer les titres en 1999...
Oui ça fait un bout de temps que tu n'étais pas revenu en solo ...
... Oui on peut le dire, mais il se trouve que pendant ce laps de temps j'ai travaillé avec Elegy sur 2 albums, j'ai participé aux 2 Consortiums Projects, plus les tournées avec ces 2 projets, ça faisait beaucoup. Et puis de toutes façons j'en avais besoin. Quand j'ai finis 'On The Edge', j'avais un peu perdu la motivation par rapport à la musique instrumentale, il fallait que j'aille faire autre chose pour me renouveler et trouver d'autres sources d'inspiration. Donc, j'ai commencé en 1999 à écrire des morceaux pour cet album et ça s'est échelonné sur plusieurs années. A présenter musicalement, ce n’est pas évident, c'est un album très différent des autres. J'essaye de faire à chaque fois un album différent, en essayant de ne pas répéter la même recette que pour le précédent, tout en gardant une identité.
Oui, on peut le dire, le livret inséré dans le boîtier explique l'idée générale d'un monde éphémère. J'essaye de créer un rapport entre tous les morceaux, c'est à dire que chaque titre évoque un aspect du côté éphémère des choses. 'Ephemeral World', c'est le coté général de l'idée, après il y'a le coté éphémère au niveau de l'échelle de l'univers, l'être humain en tant que tel au niveau du temps est un petit grain de sable, une petite poussière. Et en même temps, j'ai fais un parallèle avec la société de consommation 'Born To Buy', 'Monkeys Island' ou en fait c'est un peu une course à la nouveauté et ou les gens, les artistes ont de moins en moins de temps, par exemple les magasins de disques propose un album et 2 mois après il le rende obsolète.
J'évite de procéder comme certains groupes qui écoutent plusieurs albums avant de composer mais j'écoute différentes choses. Ca va du Metal pur et dur, au Prog Metal ou au Prog : Pink Floyd, Porcupine Tree, Spock's Beard. En fait, j'écoute pas mal de Prog parce que instrumentalement, j'y trouve mon compte. Maintenant, j'ai toujours eu ce coté progressif même sur les premiers albums, avec des morceaux longs, des passages planants et des mesures composées. Seulement avec les années, ça a pris le pas et puis le fait d'avoir travailler avec Elegy qui est un groupe Metal à tendance Prog, ça m'a conforté dans ce truc là. Mais j'essaye toujours d'aller vers quelque chose de personnel, je ne veux pas rentrer dans le clonage de Dream Theater ou des trucs comme ça.
Ah non, en fait ça n'a rien à voir, c'est assez paradoxal d'ailleurs. C'est la première fois qu'il n'y a pas de claviers en tant qu'instrumentiste, c'est moi qui les ai fait, j'en ai programmé une grosse partie et j'en ai joué aussi en guitare midi. C'est pas parce que je les joue que j'en ai mis plus, c'est que la j'ai commencé à composer avec les synthés. Alors que d'habitude je prends mon magnéto et j'enregistre les guitares, la batterie avec une boite à rythmes, je programme les basses, et je rajoute quelques synthés mais très peu et donc bien souvent ils arrivaient en fin de composition. Il n'y avait plus l'espace nécessaire ou déjà trop de choses, trop d'informations, ce qui fait que ce n'était plus tellement facile de les intégrer. Pour 'Ephemeral World', certains titres ont été composés sans guitare au départ. Ce qui fait qu'au final, les claviers sont plus présents, c'était un choix volontaire musicalement.
Oui tout à fait, après mon quatrième album et ce que j'ai fais avec Elegy, je me suis rendu compte qu''Amphibia' était ce que j'avais préféré dans ma discographie. C'est pas que je n'aime pas les autres, mais le climat de l'album ressemblait le plus à ce que je voulais, avec toutes fois une différence, d'abord au niveau de l'écriture musicale, c'est plus progressif sur le dernier album, et je voulais aussi un son à la fois Heavy mais moins froid que le son d'Amphibia. Je voulais un mélange aussi avec la chaleur que l'on retrouve sur 'On The Edge'. Et puis on retrouve rythmiquement ce que j'avais fait avec Elegy, des idées que j'avais composé pour le groupe.
C'est peut être une impression mais on sent une certaine maturité dans les compositions et surtout beaucoup plus de décontraction dans ton jeu, à quoi c'est du d'après toi ?
Oui, je pense que c'est la maturité, mais vu mon age, c'est un peu normal.(rire) Si je ne suis pas mature maintenant, je ne le serais jamais. Faut que j'y arrive quand même avant la retraite ! (rire). Donc il était temps (rire)... Quand tu es plus jeune, tu as malgré tout une idée de compétition, non pas par rapport à d'autres guitaristes, mais par rapport à un milieu ou aux journalistes par exemple. Tu as l'impression qu'il faut toujours repousser ces limites. Et c'est vrai que maintenant, je m'en fous totalement, je fais ce qui me plait, si je veux un passage technique je le fais ou si j'estime qu'il n'y en a pas besoin, je le fais pas. Dans mon jeu, je me mets à l'aise. Je ne me prends plus la tête. C'est vrai que je me sens plus relax et détendu. Et j’'en ai eu marre de me stresser la vie parce que c'est vrai que faire cette activité pendant une bonne partie de ta vie, c'est très stressant, t'as une incertitude permanente, t'es toujours remis en question. Tu ne peux pas décevoir les gens mais malgré tout tu les déçois de temps en temps parce qu'on est humain. C'est une pression permanente, à la sortie d'un nouvel album, on te compare aux autres, on te compare à ce que t'as fait avant. Y'a un moment ou je me suis dit bon d'accord, y'a du bon dans la critique et dans le fait d'écouter les gens mais je n’ai pas envie de changer quoi que soit. J'ai fait ce que j'avais à faire musicalement. Mais si ça doit s'arrêter un jour, ça s'arrêtera. Je ferais ce qui me plait le plus longtemps possible.
J'aime beaucoup 'Ephemeral World', 'Born To Buy', 'Monkey Islands'. Je suis assez content de l'ensemble de l'album, ce qui n'est pas systématiquement le cas. Les gens qui me connaissent savent que je suis assez critique sur ce que je fais.
Oui, oui, j'étais très content du titre ‘Amphibia’, mais il y'a d'autres titres que j'aurais bien jeté à la poubelle, que je trouvais bien mais... un titre comme ‘Camouflage’ par exemple, j'aurais pu m'en passer.
WOooh (rire), ça existe ? il y'a des mecs qui font des disques comme ça? ah il y'a des mecs qui n’ont pas peur (rire). Et bien c'est une scène relativement moribonde... (rire) ça va pour les gens qui sont déjà installés comme Satriani, ce qui ont déjà pas mal de disques à leur actif et la maturité suffisante pour avoir quelque chose d'assez personnel. C'est vrai que c'est plus difficile qu’il y a quelques années. C'est encore plus difficile avec un nouveau venu. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas le faire. Il y'a des gens qui viennent me voir et qui se demande si ils vont pas rajouter du chant, moi je leur dis que si votre passion c'est de faire de la musique instrumentale alors faites le. Mais la scène est relativement serrée, même aux états unis. Maintenant, il faut aussi balayer devant notre porte, pendant des années, il y'a eu beaucoup d'albums instrumentaux ou il n'y avait que de la démonstration et des plans et ça a finit par saouler les gens. Et la, on s'est pris le Prog Metal en pleine tête, avec une musique sophistiquée, intéressante musicalement, et des mecs qui avaient au moins autant de techniques et en plus avec du chant. Et bien après, il faut digérer et le prendre en compte. Moi j'adore Dream Theater. Faut arriver à produire quelque chose de différent mais qui soit compétitif musicalement, de qualité, avec une recherche musicale.
Pas mal de classique, ‘Porcupine Tree - In Absentia’, quoi d'autres... En fait, je m'aperçois que j'écoute pas grande chose... je n'ai pas vraiment le temps...
Ce n’est pas mon préféré, mais ce que j'apprécie chez eux c'est qu'ils n’essayent pas toujours d’appliquer la même recette. Je trouve qu'ils sont assez surprenants à chaque fois. Bon c'est vrai que maintenant t'as des albums plus ou moins bien. Moi je préfère la période ‘Awake’. Mais j'ai toujours plaisir à les écouter. J'aime bien le coté Prog Metal qu'ils ont, plus que le coté Heavy traditionnel.
Oui c'est vrai, c'est Heavy et inspiré de pleins de groupe… Ils l'ont reconnu d'ailleurs. Mais ils avaient envie de faire ça. Mais Dream Theater pour moi ce n’est pas ça, c'est plutôt ‘Images & Words’, ‘Awake’... En même temps c'est un groupe qui a apporté tellement que je me vois mal dans la position de critiqueur. C'est d'abord une affaire de goût et de sensibilité. Ceci dit j'ai trouvé ça bizarre leur mode de composition, on prend des albums des mecs qu'on aime bien, on s'enferme un mois dans le studio, on répète... Moi, je ne me vois pas du tout faire ce genre d'expérience... jamais de la vie... c'est assez surprenant de leur part. Tu fais plutôt ce genre de truc quand tu débutes. C'est comme si t'avais Malmsteen qui s'inspirait de Satriani, ça ne veut pas dire grand chose... (rire)
Mais la je viens de terminer l'album, t'as pas trop le temps d'écouter des trucs j'ai un planning hyper chargé, faut aussi travailler les titres pour les showcases et les futurs concerts.
Oui, il y'a déjà des dates de prévu, ça sera une tournée avec Freak Kitchen, on croise les doigts pour que ça se fasse. C'est pour ça que la tournée est retardée, on attend la sortie de nouveau FK pour la rentrée. L'idée c'est de se partager le concert et de se retrouver à la fin sur un beuf de 2 3 morceaux. Et ça à l'air de plaire Mattias. Je serais aussi présent au festival de Raimes (NDLR : 59, prés de St Amand) le 12 septembre.
Non, pas vraiment j'ai encore beaucoup de boulot, les répèt’, les showcases. Il y'aura aussi peu être des showcases à l'étranger (Canada, Angleterre).
On n’a plus de deal avec une maison de disques, il faut donc que l'on fasse une nouvelle maquette et après que l’on démarche. En plus Ian Parry avait l'air déprimé avec le Consortium 3 qui n’a pas trop bien marché. Il a l'air assez miné par rapport à tout ça, donc je sais pas trop…
Et bien déjà qu'il existe, et que ça se passe suffisamment bien pour continuer par ce que c'est vrai que malgré tout, on est dans un contexte économique. En même temps, je ne te cacherais pas que j'ai un peu peur parce que j'ai tous les atouts de mon coté : j'ai la meilleure maison de disques française dans ce trip la, je pense que ça doit être un de mes meilleurs albums à ce jour avec ‘Amphibia’. Donc si ça se passe mal, je ne peux pas accuser la maison de disques de n'avoir rien foutu, je peux me remettre en question en me disant que mon album n’est pas aussi bien que je le pensais. Si les ventes sont catastrophiques, il va falloir en tirer les conclusions qui s'imposent. Mais la j'ai pas d'inquiétude particulière, ça à l'air de bien se passer, on a de bons contacts, l’album à l'air de bien se vendre. Je n’attends pas des choses miraculeuses mais simplement de continuer à pouvoir vivre de ce que je fais, pouvoir commencer un nouvel album, etc…
Merci à tout le monde pour le soutien depuis pas mal d'années, c'est vrai que j'ai un public assez fidèle. Même si il y'a des nouveau et tant mieux, mais c'est important d'être suivi par le public surtout dans cette période ou les gens ont tendance à zapper. Ça fait plaisir de savoir qu'il y a encore des gens présents pour toi alors que tu n’as pas fait d'albums pendant 5 ans. Merci à tous.