La DRAGONFORCE, groupe anglais de power-metal (comprenez heavy speed mélodique), nous avait déjà bien étonnés avec sa première livraison, il y a juste un an, Valley Of The Damned, qui montrait un groupe assez impressionnant de maîtrise technique et apte à composer de puissants morceaux empreints de mélodie. Leur nouvel album, Sonic Firestorm, sort ces jours-ci, et n’y allons pas par quatre chemins, DRAGONFORCE vient carrément d’inventer un nouveau style : l’extrême power-metal, tant les parties speedées sont poussées à leur paroxysme de vélocité et de brutalité, tout en restant accessibles ! Cet album est du grand art (retrouvez la chronique sur le site) et du jamais entendu ; nous ne pouvions donc décemment pas laisser passer l’occasion de nous entretenir avec le guitariste soliste Herman Li (et ce dans un français parfait… assez rare pour ne pas le signaler !) à propos de ce disque, qui risque de révolutionner ce style qui commence quand même à se scléroser !

 

Entretien avec Herman Li - par Geoffrey & Will
 
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Salut ! C’est le début de 2 longues journées de promo pour toi !
Herman Li : Ouais, en France, il y en a toujours plus qu’ailleurs. C’est bizarre. En Espagne, Italie ou Belgique, c’était moins. Mais c’est parce que vous êtes un public de passionnés…

Seulement 1 an sépare ce nouvel album (Sonic Firestorm) du premier. Comment se fait-il que ça aille si vite ?
Normalement, j’ai toujours dit ne pas aimer faire d’album tous les un an, parce qu’il n’y a pas d’évolution dans le groupe. Mais le premier album est sorti avec deux ans de retard, pour des histoires de contrat. On avait fini de composer les chansons pour Valley Of The Damned en mai 2001, alors qu’il n’est sorti qu’en 2003. Donc, en fait, pour celui-là, nous avons eu le temps pour composer, et on peut le sortir assez vite.


Tu parlais d’évolution. Quelles sont pour toi les principales différences entre Valley Of The Damned et Sonic Firestorm ?
Déjà, le chant est beaucoup mieux que sur le premier, car maintenant, on connaît bien la technique et les capacités vocales de ZP. On a donc composé les chansons vraiment pour sa voix… Ensuite, on a essayé de transcender les limites pour tout le reste : plus de rapidité, plus de guitares, de solos, on a dépassé les limites du speed / power metal. Il y a même des passages de batterie death, voire black… Le but était d’être plus extrême pour voir jusqu’où on pouvait aller dans ce style.

Ca va être difficile de faire mieux au prochain album…
Ohhh… On avait déjà dit ça pour le premier album. Mais j’adore écouter du death, du thrash, donc ces influences se ressentent. Bon, j’aime Bon Jovi aussi. Notre bassiste est un grand fan de MORBID ANGEL et de DEATH… Je pense qu’il y aura encore plus de mélanges par la suite.

Quels sont les thèmes abordés dans cet album ?
On laisse toujours les auditeurs interpréter les mots, je trouve ça plus intéressant que de tout livrer en bloc du premier coup. Chaque personne a sa propre sensibilité et peut interpréter différemment les chansons. On peut aussi découvrir un album avec les mots. On n’explique jamais aux gens la signification de telle ou telle chanson, sinon, on perd toute la magie…

Vous avez fait une tournée au Japon en février. C’est très important pour le groupe…
Oui, c’est bizarre, car c’était la fin de la tournée Valley Of The Damned en fait. Cet album est sorti avec 4 mois de retard sur l’Europe, en même temps que celui de Helloween. C’est pour ça qu’on a tourné là-bas avec eux (Ndlr : les deux groupes sont managés par Sanctuary, ça aide !). Notre album s’est tellement bien vendu au Japon qu’on aurait pu jouer en tête d’affiche, mais c’était mieux d’être en première partie, parce qu’on ne va sortir que notre deuxième album. On ne peut pas jouer que 50 minutes en tête d’affiche !

Tu te sens proche du style de Helloween ? Tu penses que c’est le même public ?
Oui, mais les gens qui aiment le thrash y ont aussi trouvé leur compte avec nous. Les gens qui écoutent du death pensent qu’on est trop soft, mais notre style plus extrême peut leur plaire aussi. Notre public est certainement plus jeune, plus ouvert et moins ancré dans les traditions heavy des années 80. Ca a été intéressant parce que nous avons beaucoup de fans au Japon, et on n’a va pas fait une simple première partie où personne ne nous a écouté…


Il paraît que c’est un bon public, très calme, très attentif.
S’ils aiment quelque chose, les Japonais sont très passionnés, à fond dedans. On a joué dans des grandes salles où il n’y a pas de sièges. Donc, ça a bien bougé ! On a aussi joué en Thaïlande, et j’ai fait deux guitar-clinics à Taïwan. On a pour finir fait deux concerts à Londres, ce qui a marqué la fin de la tournée Valley Of The Damned, avec Heavenly, un groupe français.

L’Angleterre est un bon public pour votre style ?
Oui, plus maintenant, bien qu’il y a encore 2 / 3 ans, il n’y en avait que pour le nu-metal et encore avant, c’était le grunge. Mais parfois, ça nous a aidés parce qu’on est le seul groupe anglais à jouer ce style. On n’a pas eu d’interview dans Kerrang !, mais ils ont parlé de nous 3 fois pour des chroniques de concerts.

Mais c’est important aussi d’être reconnu dans son propre pays…
Ouais, on ne pensait pas que ça allait marcher comme ça en Angleterre. On n’est pas encore un grand groupe, mais on commence à plaire même aux fans de Slipknot…

Ca ne nous étonne pas, parce qu’à l’écoute du nouvel album, on a pris une claque ! Il y a des breaks hallucinants avec des reprises derrière excellentes.
Merci ! C’était très important pour nous de ne pas faire le même album. On ne peut jamais savoir si ce que l’on a fait est bien, mais tu sais 2 ou 3 mois après l’enregistrement si ton album est bon. On n’avait pas de pression particulière, mais on savait que l’on pouvait faire mieux au niveau du chant, même pour Valley Of The Damned. Mais on n’a pas eu le temps… Là, oui. Le chant est quelque chose de primordial dans le power-metal… ZP est très fort.


Bon, et en ce qui concerne la France, quand pourra-t-on vous voir ? Parce qu’en plus, tu parles parfaitement français… Tu dois aimer le pays quand même, non ?
Je suis venu il y a un an pour les trophées Hard Rock Magazine, mais on n’a pas eu la chance d’avoir des dates pour la première tournée chez vous. Nous sommes en pleine discussion pour la tournée européenne, et nous espérons venir en mai.

Tu vas bosser non-stop là !
J’ai eu 2/3 semaines après la tournée au Japon. Mais j’adore faire ça, la promo, les concerts, etc. J’adore parler de musique en général, donc ce n’est pas vraiment un travail.

Quels sont les derniers albums qui t’ont impressionné, tous styles confondus, bien sûr ?
J’écoute beaucoup de trucs, mais depuis deux mois, je n’ai pas le temps. Mais j’ai pas mal écouté LAST TRIBE – The Uncrowned ; le guitariste est très bon. DREAM THEATER, SOILWORK aussi. J’ai vraiment aimé le DVD de STEVE VAI. On m’a dit que le nouveau GRIP INC. était aussi fameux, avec pas mal de passages flamenco. De toute façon, je suis venu les mains vides ici, et j’ai déjà une trentaine de cd’s (rires), après être passé par l’Espagne et l’Italie. J’attends aussi d’entendre le nouveau TESLA. Tu sais, j’écoute du métal depuis 1987, et c’est facile de mélanger les styles dans cette musique. Il y a même des petites parties de mes solos qui font penser à de la musique de jeux électroniques des années 80… (rires).

DRAGONFORCE a ceci de bien que ça renouvelle un peu le genre power-metal, qui tourne un peu en rond.
Merci beaucoup. LOST HORIZON est pas mal aussi dans le genre.

Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Faire une super tournée européenne, pour montrer que l’on peut jouer sur scène ce qu’il y a sur le CD. Pas debout comme des robots ! On court partout ! Sur ce point, on est différents aussi dans ce style. J’espère que ça marchera vraiment. On devrait venir avec 2 autres groupes canon, mais pour l’instant, secret !!! On vous verra bientôt… (NDLR : En fait, pour l’instant, DRAGONFORCE est en tournée en première partie de WASP, ce qui n’est pas mal du tout finalement !)

PS : Retrouvez la chronique de Sonic Firestorm dans la partie Chroniques du site !