Il était une fois un groupe italien qui rêvait d’Amérique. C’est chose faite, Lacuna Coil est sur le nouveau continent, et semble ne plus vouloir en partir. Rencontre avec Christina à l’occasion de la sortie de la réédition avec bonus tracks de Comalies et de la sortie d’une compil spéciale fille dans le metal, MISSbehavior…

 

Entretien avec Christina - par Geoffrey
 
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Près de deux ans après comalies, vous êtes toujours sur la route… Avais-tu imaginé un tel succès pour cet album ?
Pas vraiment… Nos précédents albums avaient marché aussi, mais si nous étions populaires en Europe, nous ne pensions pas avoir un tel succès aux Etats Unis… Après deux ans, ils ne découvrent l’album que maintenant, on recommence la promo à zéro. C’est incroyable et bizarre en même temps. Nous sommes vraiment très excités par tout ça… Mais cela signifie que Comalies est encore un album d’actualité, car si les gens aux Etats Unis comme en Europe l’apprécient encore, cela signifie que c’est un bon album, comme nous le pensons.

Tu savais que c'était un tournant pour le groupe ?
Oui, et cela même si Unleashed Memories a eu du succès. Comalies se vend bien aussi, mais disons que c’est lui qui nous a ouvert les portes des Etats Unis.



Comment sont les réactions du public américain ?
C'est incroyable. Nous avons encore plus d'attention maintenant que nous tournons avec POD. Il y a un grand buzz autour de nous, et les gens nous découvrent : ils connaissaient le nom, ils sont venus au concert, ils ont aimé, ils ont acheté l'album…

Est ce comme un rêve de rejoindre la ozzfest cet été ?
Oui, mais tu sais, c’est comme un job maintenant, et nous nous réjouissons de ce genre de choses moins facilement. Nous connaissons notre potentiel, nous savons que nous pouvons faire de la bonne musique. Maintenant que tout arrive, nous apprécions enfin le fruit d’un dur labeur. Ce n’est donc pas vraiment une surprise.

Swamped sort au mois de juin, et est le nouveau single extrait de l'album, dont vous avez déjà tourné la vidéo…
Nous avons filmé le clip à Göteborg, avec le même réalisateur que Heaven’s A Lie. Cela a pris 2 jours, le premier dans un décor naturel, le second derrière un mur gris, sur lequel seront utilisés des effets visuels par ordinateur. L’ambiance est particulière, avec des couleurs étranges, nous jouons à un moment dans le désert, tout est digital… même les costumes utilisés sont cool. Tous ceux qui l’ont vue en sont très contents.


On peut voir Lacuna Coil sur une compilation, MISSbehavior, qui sort ces jours ci… Penses-tu qu’il y a une New wave of metal girl power (Là, Christina comprend Goth au lieu de Girl, mais sa réponse étant intéressante, je n’ai pas corrigé)
Je n’aime pas trop les classements, donc je ne me dis jamais : « oh, ce groupe pourrait être rangé dans le gothique metal ». C’est tellement facile pour les gens de classer un groupe en ne jugeant, par exemple, que sur sa façon de s’habiller. Nous avons été classés gothique pas sur notre musique, mais parce que nous sommes habillés en noir… Mais ce n’est pas suffisant, car si tu penses aux vrais groupes de gothique, ce serait Lacrimosa par exemple. Nous, nous rajoutons du rock et du metal dans nos compositions. Nous sommes donc gothiques, mais pas seulement.

Tu penses que c'est plus dur pour une fille dans le metal ?
No way... Il y a beaucoup de préjugés à ce sujet. Le fait est que je n’ai jamais eu de souci à ce niveau-là, parce que tant que tu peux faire ton boulot, il n’y a pas de problèmes. Tant que tu peux chanter, aller sur scène, jouer d’un instrument, les gens te considèrent comme une vraie personne. Et cela vaut pour les hommes. Je n’ai jamais rencontré de problèmes, j’ai eu la chance de toujours travailler avec des gens intelligents. Je ne sais pas comment les gens parlent de moi dans mon dos (rire), mais devant moi, ils sont très respectueux. Je les respecte, ils me respectent.


Pas de problèmes avec les metalleux bourrés ?
No way (rires). Spécialement avec les filles, les gens sont très gentils. Devant moi ils sont très timides, ils veulent me faire la bise… Ils ne viendront jamais devant moi pour me dire : « hey, vient chez moi que l’on baise » (rire).

Tu penses qu'un groupe comme Evanescence a pris un bout de votre gâteau ?
Je ne m’intéresse pas trop à ce genre de considérations. La première fois que je les ai vus, je n’ai pas pensé que c’était la même musique que nous. On n'a jamais été en compétition avec eux, loin de là même. La seule chose que nous avons en commun, c’est le chant féminin. C’est tout. Ils sont grand public, nous sommes metal. Nous, nous venons de l’underground, nous avons passé des années sur la route avant d’être populaires.


Est-ce difficile de venir d’Italie quand on joue votre musique ?
Pas vraiment… Le truc, c’est que beaucoup de gens en Italie rêvent d’être dans un groupe, ils vivent pour ça, s’entraînent beaucoup, chez eux, en répétition. Ils veulent vraiment devenir des rock stars. Et ça ne s’est pas passé comme ça pour nous, nous l’avons fait au début pour le fun, et puis nous nous sommes rendus compte que beaucoup de gens trouvaient de l’intérêt dans notre musique. Et puis, ce qui a plu n’est pas le fait que nous venions d’Italie, mais que nous proposions une musique différente, qui n’était pas du pur style italien. Quand nous avons commencé, la musique qui dominait chez nous était le metal épique. Mais on a toujours joué une musique différente. On n’a donc pas eu de problème parce que nous venions d’Italie. On a signé un contrat dès les débuts du groupe presque.


Quelle est ta définition du metal ? Un mode de vie ?
Ça dépend… ça peut être un mode de vie, ce n’est pas seulement « sexe, drogue et rock’n roll ». C’est une question d’attitude. Il ne faut pas être exigeant, il faut aimer être sur la route, faire des concerts, faire la musique que l’on aime. Pour moi, il n’y a pas une seule définition pour le metal, c’est très ouvert, et spécialement en ce moment.

Etant plus jeune, pensais-tu un jour chanter dans un groupe ?
Le truc, c’est que j’ai l’impression de chanter depuis toujours (rire). Quand j’y repense, je me revois m’enregistrer en train de chanter à l’âge de 4 ans. J’adore chanter, mais je ne me suis jamais vue dans un groupe, car j’étais très timide au début. J’ai dû apprendre au fil des années à avoir plus confiance en moi.