Entretien - par Geoff & Will Of Death
 
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Comment te sens-tu maintenant que l’album sort ?
Christopher Johansson : Oh, bien ! Assez excité (rires)… On a passé 11 mois sur ces deux albums, dont 9 mois d’enregistrement, pour ne finir qu’en janvier. Ce fut un travail incessant.

Penses-tu que c’est vraiment un grand pas de franchi pour THERION ?
Oui, je pense. Nous avons progressé, même au niveau des sections classiques. Nous avons enregistré ce que nous voulions, aucun compromis cette fois ! Soixante-quatre personnes ont finalement contribué à la réalisation de ces deux albums. C’est bien le premier album de notre carrière où nous n’avons fait aucun compromis, on a choisi ceux avec qui on voulait travailler et on a mis 11 mois pour le faire ! C’est vraiment un grand pas en avant pour nous.



Es-tu d’accord si nous te disons que Sirius-B et Lemuria montrent à la perfection les deux facettes du groupe, la mélodique et la brutale ?
Oui… Si on regarde un peu en arrière, les guitares ont toujours eu la première place dans les compositions, mais certaines choses que nous avons déjà faites par le passé ont été ici améliorées. Nous avons tellement été créatifs qu’on aurait pu faire un triple album sans problème ; nous avions quelque chose comme 55 chansons. Il a fallu n’en garder que 25, et c’est pour ça que nous n’avons pas voulu enregistrer ces deux albums l’un après l’autre, coupés par une tournée. C’est déjà une nouveauté de sortir deux albums en même temps, mais de là à en sortir trois (rires) !

Y a-t-il un concept derrière ces deux albums ?
Non, ça parle de plein de choses différentes. Evidemment, on va pouvoir retrouver des thèmes communs aux deux albums, puisqu’ils ont été écrits en même temps : ce sont des jumeaux, avec le même son de guitare ou de batterie. Ils sont très proches l’un de l’autre.

Penses-tu que vous avez sorti les deux derniers albums du groupe avant ceux-là, de façon trop rapprochée ?
Je pense surtout que nous faisons exactement ce que nous voulons. THERION est un projet dynamique. A la base, nous essayons de faire un album que nous voudrions acheter si nous étions des fans du groupe. J’écris ce que j’aime entendre, c’est tout, c’est mon point de vue qui s’exprime, de manière très spontanée. J’ai aimé ces albums ; je pense que « Secret Of The Runes » est même le meilleur album que nous ayons fait, avant ceux-là. Tous nos albums s’inscrivent dans un processus chronologique, montrant à chaque fois une facette de mon travail et de mon état d’esprit à un moment donné. Je dois être honnête par rapport à moi-même quand j’écris. Je ne vais pas passer ma vie à regretter certaines choses faites dans le passé, 10 ou 15 ans avant, vous voyez ? A chaque interview que j’ai donnée, je me suis toujours entendu dire par les journalistes : « Oh, votre dernier album est le meilleur, blah blah… » ; j’aime vraiment tout ce que l’on a fait et surtout « Secrets Of The Runes » ! En fait, je n’en ai rien à faire ; la seule chose qui me stresse, ce sont les ventes d’albums, car si un album se vend bien, c’est qu’il est bon à priori ! Bien que la raison pour laquelle nous faisons ça au départ, ce n’est pas pour vendre des albums, mais pour créer de l’art, être contents et fiers de nous. Nos quatre premiers albums étaient plus brutaux et ont reçu d’excellentes chroniques aussi, donc, on va continuer comme ça, à faire ce que l’on aime.

Comment fais-tu pour écrire une chanson ? Tu as toute la musique dans la tête, avec les parties classiques et les arrangements et tu couches ça après sur papier ?
Non, j’utilise un ordinateur. J’utilise des guitares, des claviers, je cherche les bonnes tonalités. Ce que je mets sur ordinateur est souvent une simple démo. C’est une bonne méthode pour moi, parce que quand tu arrives en studio pour enregistrer, il suffit d’ajouter par-dessus les arrangements. Ce que j’enregistre chez moi, ce sont des sortes de cartes, de plans qui nous permettent de nous guider ensuite, les choses que l’on va jouer en live d’ailleurs. Il n’y a pas des tonnes de papier avec des notes dessus pour cet album (rires) !

Est-ce qu’il fut facile de diriger autant de personnes sur cet enregistrement ?
Ce ne fut pas un si gros problème que ça, parce que nous avons pris notre temps pour faire ces deux albums. Bien sûr, c’est une grosse source de stress quand tu enregistres, avec une pression grandissante, parce que dès que tu entends quelque chose qui ne va pas, il faut tout de suite le corriger. La difficulté est de faire ça avec plusieurs personnes en même temps. Un album de THERION nécessite qu’il n’y ait aucune erreur, mais comme nous avons eu le temps de peaufiner, ça a été. Nous avons bien préparé notre truc…


UTu es satisfait du résultat ? Ça correspond à tes attentes de départ ?
Oui ! Les effets que j’avais en tête ont été bien rendus sur album et tout cela crée une sorte d’espace propre. Nous avons tenté de nouvelles choses et ça a marché. Le son est aussi très bon : enregistrer dans une église a été quelque chose d’assez spécial, avec une étrange atmosphère et une « réverb’ » au niveau du son relativement fantastique, surtout la nuit, sauf qu’on faisait trop de bruit dans la rue (rires). Les anciens pays chrétiens comme la France sont plus ouverts d’esprit ; les pays venus plus tardivement au christianisme comme le Danemark ont plus de mal à voir entrer des groupes dans leurs églises, tu imagines (rires) ?! Pour eux, c’était malsain, pratiquement evil, vues nos vocaux et nos tronches (rires)… Mais on s’est bien marrés avec tout ça ! Quand je chantais, j’avais en tête la tête du démon sur la pochette de Theli, tu vois le genre ? Alors, forcément, ça a pu choquer certains (rires). Parfois, quand nous entrions dans cette église, nous avions des verres de vin à la main, c’était plutôt amusant. On passait pour des espèces de punks alors qu’on faisait quelque chose de sérieux, comme enregistrer un album (rires) ! Enregistrer dans cette église nous a permis de faire sonner les titres de manière très dramatique car nous avons pu utiliser des orgues et faire sonner les claviers de manière grandiloquente. Nous avons essayé beaucoup de variations, de sons, les pistes d’orgues ont été écrites sur place, en fonction de ce que ça rendait sur nos titres, par rapport au son de cette église. D’habitude, tout est déjà prêt et écrit quand nous entrons en studio, pas là. Il a fallu s’adapter au lieu et le résultat est cool, très symphonique. Ce qui est ressorti de tout ça est mieux que ce que nous avions imaginé. J’avais une caméra personnelle, pas mal de choses ont été filmées dans cette église.

Pour un DVD ?
Oui. Enfin, nous montrerons que ce qui est possible, avec les gars qui m’accompagnent (rires) !

Les mecs avec le vin, la facette punk de THERION, quoi !
Yeah (rires) !


Après toutes ces années, quel est ton point de vue sur le music business ?
Le music business ? Je pense que le music business sert à quelques groupes, pour leur permettre d’en suivre d’autres qui créent quelque chose de vraiment original. Bon, ceci dit, sans les maisons de disques, pas de promo possible pour tes albums, etc.… Je ne m’occupe pas vraiment de tout ça, ce n’est pas mon job.

Est-ce qu’il va être facile de jouer les nouvelles chansons en live ?
Je pense que ça ne va pas être très différent de ce que nous avons fait pour les deux derniers albums. Ca risque même d’être plus facile parce qu’il y a plus de parties solo et de parties calmes. Sur les nouveaux albums, il n’y a pas tellement de parties très différentes à jouer en même temps, c’est plus axé sur les guitares, donc, ça devrait aller.

On te remercie beaucoup pour ton temps et on te félicite à nouveau pour ces deux albums. Mais avant de te quitter, on doit te dire que ton groupe est le préféré de la mère de Geoffrey (qui a 55 ans), qui a dû écouter plus de 500 fois To Mega-Therion (rires) !
Ah ah… C’est cool ! Merci à elle. Quand nous avons sorti ces albums, au début, je pense que nous aurions été choqués d’apprendre une telle chose (rires), mais maintenant, je trouve ça cool. Parce que finalement, les parties classiques de nos chansons semblent être appréciées par des publics différents !

Ok, merci encore à toi et on vous voit bientôt sur scène ?
Oh, je ne sais pas trop encore quand, parce que nous allons aussi tourner aux USA et au Canada, mais ne nous loupez pas. Merci à vous !