Voilà, c'est fait, on l'attendait, il est arrivé, le dvd de Lofofora. Non content d'être parmis les leaders de la scène française, le groupe nous offre plus de 4h de bonheur… Entretien avec Reuno, le charismatique chanteur du group

 

Entretien avec Reuno - par Geoffrey & Will
 
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Comment s’est passée la mini tournée en avril dernier ?
Terriblement bien. C'était la première fois que l'on tournait en aussi condensé, puisque l'on faisait 15 dates en 17 jours. Et franchement, on s'en est bien sortis, au niveau du rendu sur scène, au niveau de l'ambiance, impeccable. On a beaucoup rigolé, c'était un pur moment. On n'espère faire que des tournées comme ça maintenant.

Et pour marquer la tournée de l’année dernière, un DVD vient de sortir. Quel était le but au départ ?
Le but était de répondre à une demande. Ce n'est pas notre but d'habitude (rire). Et puis sur demande de nos proches, de l'équipe du Sriracha et de tous les gens que l'on rencontre en tournée qui nous demandent : " alors, vos clips, ça serait bien que vous les sortiez, on ne les a jamais vus. " et on l'a fait, grâce à la complicité de Stéphane. C'est quelqu'un qui bossait là-dedans, et qui nous a proposé de tourner des images de nous sur la route. Et puis on a eu l'idée du DVD, et c'était fait.

Donc dans ce DVD, il y a clairement deux parties. Tout d'abord, la partie Live…
Le concert a un peu été spécial, car nous savions que nous étions filmés. Ça te met une petite pression. T'as pas envie de te rater, tu sais qu'il y a des objectifs de camera braqués sur toi, donc à partir de ce moment là, t'es un petit peu moins naturel. Je le vois maintenant en regardant le concert. Mais c'est bien filmé, le son est bien, on est très satisfait du résultat. C'est un truc que tu n'apprécies pas quand t'es dedans…

Tu ne t'es pas lâché totalement ?
Ouais, t'as du mal à te lâcher à cent pour cent.

Et c'est le meilleur public, le public parisien ?
Noooooooon (rire)

Alors pourquoi avoir enregistré là-bas ?
Bah, comme on n'a pas énormément de moyens comme tu l'imagines bien pour réaliser un projet de la sorte, le fait de le faire en province aurait alourdi les frais, on va dire. Pour ça et pour le fait que la Cigale est quand même une salle jolie…

… et mythique…
Mythique, ça, on s'en fout un peu (rire). Ah si, ça avait été ouvert par les Rita Mitzouko cette salle je crois. Ça va être ça ma référence mythique (rire).

Et deuxième partie du DVD, des bonus monstrueux, à mourir de rire…
Là, on se lâche un petit peu, ouais. Là, c'est toujours Stéphane qui nous a filmés, mais en ne prenant cette fois-ci que sa petite caméra numérique à la main. Comme il fait partie de l'équipe car il est déjà venu plusieurs fois sur la route avec nous, on oublie qu'il filme et on va se prêter au jeu de faire les cons. Et il y a plein de bonus qui nous ont été envoyés en fait, comme le concert à la Casamance…

D'ailleurs, Lemmy de Motorhead m'a appelé, il n'était pas très content de la reprise que vous avez faite…
C'était un peu du yaourt. Mais c'est une salle mythique pour nous. Pour la petite histoire, toutes les reprises de ce concert n'avaient absolument pas été bossées. Et c'était des blagues de la part de notre équipe. Après, on a tiré au sort les morceaux, tu vois le truc ? Mais c'était drôle, car c'est nous qui leur avions demandé… En plus, à la Casamance de La Rochelle, c'est une des premières salles où on a eu un public vraiment réactif à notre musique, et je te parle de ça, c'était di temps de notre première démo, avant même le 5 titres… A chaque tournée d'album, on y va, c'est une sorte de pèlerinage pour nous !

On apprend aussi que ton maître à penser, c'est Michel Sardou… A quel moment, tu as eu le déclic ? C'est sur Le Lac Du Connemara ?
(rires). Non, c'est sur " Les Ricains ". Ca remonte à ma plus tendre enfance. En tout cas, c'est je pense un joli cadeau pour les fans. Ca retranscrit bien ce qu'est Lofo sur scène, alors que j'ai toujours un doute avec le médium " images ", qui n'est pas notre meilleur mode d'expression. Je pense qu'on est représentés tels qu'on est, authentiques.

Ecoute, je suis vendeur métal (Geoff) à la Fnac de Strasbourg, franchement, je ne sais pas si je vais organiser un forum avec vous, vu comment vous avez ruiné la Fnac Montparnasse…
Rires… Ouais, jusqu'à 3 mecs qui slamaient ensemble. C'était un vieux rêve de punk que de voir ça !

Il y a aussi un CD live, qui reprend le DVD avec un morceau en plus.
Comme tout a été enregistré sur deux soirs, on retrouve plus de morceaux de la deuxième journée sur le CD, à un morceau près. On était un peu plus détendus le 2ème soir, et du coup, c'est un peu plus violent. Et terminer par la reprise de Béru (Vive le feu), c'était faire aussi un petit pied de nez au système, comme nous montrer en train de fumer le pétard.

Tiens, on va faire un petit flashback. En commençant le groupe, tu pensais en arriver là ?
Ouh la ! Non ! Au début, c'est mon pote Phil qui m'a enfermé dans sa cave pour déconner, tu vois. Ce qui m'étonne le plus, c'est la durée. J'ai toujours été un rocker, un punk. Mais de là à durer aussi longtemps. Ce qui est sûr, c'est que depuis tout jeune, je ne voulais pas d'une vie de routine.

Comment expliques-tu que tous les groupes français vous respectent ?
Ben tout simplement parce qu'on ne s'est jamais comportés comme des porcs, que ce soit avec les gens qui nous accueillent sur les dates, le public ou les autres groupes de première partie, même si parfois on n'aime pas du tout leur musique. On a aussi aidé des groupes à sortir. On n'est pas en compétition. En 2004, le métal français n'est pas une grande famille, mais on s'entend bien avec beaucoup de gens. Le dernier album de Sleepers est d'ailleurs terrible ! C'est impeccable comme groupe, un des meilleurs en France.

Quand tu n'es pas sur scène ou que tu es en vacances, Lofo te manque ?
Ouais, plus de 15 jours sans faire quelque chose autour du groupe, je deviens dingue. J'ai plein de pulsions à faire sortir et comme tout ne peut pas passer dans le sexe, il faut que je fasse du rock (rires) !

Vous faites quoi en ce moment ?
Là, on recompose pendant tout l'été. On va prendre notre temps avant de sortir l'album, d'autant qu'on est coincés contractuellement avec notre ancien label, à qui on devait deux ans d'exploitation du dernier disque avant de pouvoir en faire un autre. J'aimerais vraiment faire un truc spécial pour notre 1000ème concert dans les mois qui viennent ! Un festival Lofo… c'est un scoop, tu es le premier à qui j'en parle ! Je ne me rends pas compte du temps qui passe. Y a pas d'âge pour arrêter. On se fait maintenant des bonnes sessions répètes maintenant, puisqu'on répète à Marseille, du fait que 70 % du groupe y est. On vit ensemble 24/24 h pour bosser, c'est mieux comme ça !

Parlons un peu politique… Tu en penses quoi du problème des intermittents du spectacle ?
On est tous intermittents dans le groupe et ce qui me gêne le plus, c'est le rôle du MEDEF là-dedans. Notre chance à nous est qu'on peut faire énormément de concerts, donc ça va, on obtiendra nos droits. Mais beaucoup vont devoir s'arrêter. Les gens du théâtre en souffrent encore plus que nous, parce que leurs répètes sont beaucoup plus longues avant de pouvoir jouer leurs spectacles. Mettre du pognon dans l'art, ça ne devrait pas poser de problèmes, mais ceux qui posent des problèmes, ce sont les gros médias qui bossent tout le temps et qui sont déclarés intermittents…

Entre les morceaux du DVD, tu parles souvent.
Trop peut-être, mais je ne prépare rien. Un truc qui me fait flipper en ce moment, c'est que Bush pourrait encore gagner les élections aux USA, alors qu'il devrait être jugé pour crime contre l'humanité. Cette tournure mondiale est incroyable. La Droite française vit aussi dans la supercherie la plus totale, je ne comprends pas pourquoi Raffarin ne se fait pas lapider quand il prononce le mot " sincérité ". C'est comme les émissions où on voit les flics intervenir, pour glorifier la police : on suit le même chemin qu'aux USA. Je suis conscient de tout ça, je lutte contre ça dans mes textes et sur scène, je me permets des instants de liberté dans mes discours. Cette tendance à l'uniformité me fait flipper, exemple quand je parle des Mc Do dans le DVD… Je suis content de ne pas faire un vrai métier quand même…

Allez, à bientôt en tout cas. Merci pour tout.
Ouais, merci à vous, je dois enchaîner là sur une autre interview ! Bye