PUNGENT STENCH est un vieux de la vieille de la scène death metal européenne, puisque le groupe a quand même sorti son premier album en 1989, pour connaître dès lors un succès qui ne s’est pas démenti dans les pays germaniques et en Europe de l’Est. En France, le groupe est resté assez en retrait, la faute peut-être à un manque de concerts par chez nous. Le groupe vient de sortir ce mois-ci son deuxième album depuis sa reformation de 2001. Cet « Ampeuty » révèle un concept toujours aussi extrême, avec une pochette toujours aussi ragoûtante, sur une base de lyrics particulièrement dérangeants et cyniques et sur des riffs que l’on qualifiera de death n’ roll ! Nous nous devions donc de demander à Alex Wank, le batteur, de nous en dire un peu plus et ainsi de vous faire mieux connaître ce groupe de détraqués autrichiens.

 

Entretien avec Alex Wank (batteur) - par Will Of Death
 
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Salut ! C’est la première fois que nous vous interviewons. Peux-tu donc retracer brièvement l’histoire du groupe et présenter les membres qui en font partie aujourd’hui ?
Oh, ça va être difficile de faire court, parce que c’est une longue histoire, puisque nous existions depuis 1988. Nous avons enregistré plusieurs disques jusqu’en 1995 puis nous avons splitté. On a eu plusieurs bassistes en fait. Encore une fois, pour Ampeuty, c’est un nouveau 4-cordiste. Je ne pouvais pas faire plus court, là (rires) !

Comment est l’atmosphère dans le groupe maintenant, après 3 ans de nouvelle vie commune ?
Bonne. Enfin, je veux dire, nous avons un nouveau bassiste puisque celui que nous avions avant (Ndlr : il ne le nomme pas !) jouait dans trop de groupes et passait trop de temps hors d’Autriche. Il savait que ça allait continuer (c’est en fait le bassiste de Belphegor, alias Reverend Mausner) et à la fin de la dernière tournée, il a décidé de partir, avant que nous n’enregistrions ce nouvel album. J’ai maintenant de très bonnes relations avec martin et notre nouveau bassiste est cool.

Qui est donc ce Fabio Testi ?
Il vient du nord de l’Italie, une région qui faisait partie de l’Autriche avant (Ndlr : allez, un petit cours d’histoire géopolitique : cette région est ce qu’on appelait avant 1914 les « Provinces Irrédentes », et outre le problème serbe, le conflit qui opposait l’Italie et l’Autriche à propos de cette région est aussi à l’origine de la 1ère Guerre Mondiale). Il parle donc allemand et vit même en Autriche depuis 10 ans. Il parle plusieurs langues. Il fut la première personne à qui on a pensé pour le poste, et franchement, ça le fait !

Quelles furent les influences de Pungent Stench au début du groupe, et y a-t-il un groupe qui t’ait particulièrement marqué ces temps-ci ?
Oh, il y a eu beaucoup d’influences au début. Martin et moi, on a grandi ensemble, on a joué dans les mêmes groupes, etc. J’écoute du Hard-Rock depuis 1978. Ensuite, on a écouté des groupes comme Celtic Frost, Possessed, etc. En fait, on était à fond dans l’underground, avec master, Nausea, Terrorizer, des trucs comme ça. J’aimais bien aussi le grindcore d’Angleterre comme Extreme Noise Terror. Le premier album qu’on a enregistré en 1988 était plus ou moins influencé par ce qu’on écoutait à l’époque. On continue d’écouter ces groupes, mais pas seulement. En gros, on continue d’être vachement influencés par tout ce qui est apparu dans les années 80. Notre style n’a pas trop évolué en fait.

Parlons maintenant du nouvel album. Qui a eu l’idée de ce titre, « Ampeuty » ?
En fait, c’est Martin et moi qui avons eu ensemble cette combinaison de deux mots, « Amputee » et « Beauty ». Comme d’hab, on a déliré là-dessus pour se dire que finalement, c’était un bon titre et que ça pouvait donner une bonne pochette.

C’est juste un gimmick ou vous êtes vraiment attirés par les gonzesses amputées (rires) ?
Ecoute, ça existe... ! Je ne sais pas ce qu’il en est pour Martin (rires), mais disons que ça m’intéresse. Mais bon, ce n’est quand même pas mon plus gros fantasme (rires) ! Ceci dit, je comprends des gens qui aiment ça, un photographe par exemple qui bosse avec nous. Il est totalement obsédé par les gonzesses à qui il manque un bras ou un pied. Si ça lui plaît, après tout, pourquoi pas (rires) ?

Je sais que vous avez maintenant votre propre home-studio. En quoi fut-ce important pour la composition de ce nouvel album ?
En fait, nous ne composons pas dans notre studio. Nous avons une salle de répètes pour ça. Ceci dit, il nous permet d’enregistrer des démos. Mes parties de batterie de l’album ont été enregistrées là par exemple au final. Et en fait, on a fini par tout faire là… En fait, c’est vraiment relax parce qu’on peut l’utiliser plus ou moins quand on veut, prendre son temps et ça coûte quand même beaucoup moins cher !

Est-ce que le résultat au niveau du son est conforme à ce à quoi vous tendiez ?
Ouais, absolument ! Pour nous, c’est un album parfait, on ne pouvait faire mieux.

Peut-on parler d’évolution entre cet album et le précédent ?
En fait, je pense que c’est un album complètement différent. Pas seulement au niveau du son, mais aussi dans les compos, pour les structures des chansons, pour les ambiances.

Vos lyrics sont particulièrement dérangeants. Est-ce en fait la véritable marque de fabrique de Pungent Stench ?
Ils sont dérangeants, ouais, c’est très important. Un morceau comme « Same Shit, Different Hole » aborde même un thème plus sérieux, celui des différences entre les races. On passe beaucoup de temps sur nos lyrics et des messages peuvent être trouvées entre les lignes.

Certains vous reprochent de tourner parfois en dérision le Death Metal, au travers de vos lyrics. Pour eux, vous déconnez trop et le Death Metal doit rester un concept « evil »… Que répondrais-tu à ça ?
Tu ne peux pas tout prendre au sérieux, comme dans la scène black-metal, tu vois. Trop de choses sont sérieuses. Nous n’essayons pas d’être les plus sérieux possibles, mais les gens qui achètent nos albums savent quand même que nous le sommes.

Vous jouez du Death Metal, certes, mais en écoutant vos titres, au niveau de certaines rythmiques et des solos, on peut sentir une influence plus rock n’ roll, un peu comme Entombed peut le faire. Tu es d’accord ?
Oui, bien sûr ! Pourquoi pas… Nous avons toujours eu ces influences, cette fois-ci encore plus. Nous sommes en fait un groupe de rock n’ death en fait (rires), plus que jamais.

Quelle est la chanson que tu préfères sur cet album, et pour quelles raisons ?
Oh, il y a tellement de bonnes chansons pour moi ! Je l’ai écouté en entier pour la première fois depuis l’enregistrement il n’y a pas longtemps, et franchement, j’aime tout (rires) !

Quel est le statut de Pungent Stench sur la scène autrichienne ?
Eh bien, nous sommes un groupe reconnu. Nous existons depuis environ 16 ans et tous ceux qui écoutent du métal nous connaissent. Nous sommes un groupe majeur chez nous en fait. J’espère que ça va être comme ça en France aussi (rires) !

Quelle est l’importance du live pour vous, après toutes ces années d’existence ?
Très importante ! Jouer live est ce qui nous motive pour continuer à bosser sur des albums. Nous aimons jouer live, nous éclater, faire plaisir aux gens qui viennent nous voir. C’est ce pour quoi nous sommes là et ce pour quoi nous serons là dans le futur aussi !

Comment se déroule un show de Pungent Stench, parce que je ne vous ai jamais vus en live ?
Ça dépend si nous sommes en headlining ou pas. En général, on s’amuse bien, on ne se prend pas la tête. On prend du bon temps avec les gens. C’est pour ça qu’ils viennent… nous aussi.

Y a quelque chose de prévu pour cet album ?
Oui, pas mal de dates en Europe. On tournera beaucoup l’an prochain je pense, le temps de finaliser. J’espère en France aussi !

Penses-tu qu’il soit plus facile de tourner maintenant qu’auparavant ?
Ben, puisque notre statut a évolué dans le temps, c’est plus facile pour nous maintenant, par rapport à il y a 10 ou 15 ans. Chaque show est différent en fait, le son, la salle, ces trucs-là. La plupart du temps, tu joues sur le matos des autres, surtout moi, qui joue sur plusieurs drums-sets. Je préfère le mien mais chaque jour est une nouvelle expérience, un nouveau challenge.

Comment vois-tu la scène Death Metal actuelle, en Europe, mais aussi dans le Monde ?
Oh, elle est revenue de fort belle manière, très forte. C’est très bien comme ça ! Il y a de bons groupes un peu partout, de plus en plus techniques d’ailleurs. Les fans n’ont jamais été aussi nombreux. Non, en fait, je ne la vois plus mourir comme ça a presque été le cas au milieu des années 90.

Que penses-tu du come-back d’OBITUARY par exemple ?
Bien, je ne les ai jamais vus en live avant. Ils ont joué au Fuck The Commerce Fest cette année mais ils ont eu des problèmes paraît-il. Je n’ai pas pu les voir non plus. Ils ont sorti de tels disques que j’espère que leur nouveau sera leur plus gros ! C’est bien. Personnellement, j’aime vraiment les deux premiers albums…

Si tu avais le choix, avec quels groupes voudrais-tu tourner ?
Bien sûr, nous préférons tourner avec des potes. Des gens comme IMPALED NAZARENE, GOREROTTED, MACABRE, des vrais potes eux ! Mais il leur faut un album, merde (rires) !

Et un groupe que tu voudrais éviter ?
Bah, il y en a aussi peut-être qui ne voudraient pas jouer avec nous (rires). Non, un groupe que je voudrais éviter, c’est DEICIDE. J’ai organisé des concerts pour eux dans le temps et il s’est toujours produit des merdes. Je n’aime pas leur attitude. Je ne ferai plus rien avec ces mecs-là. Ils se prennent vraiment trop pour des rock-stars.

Ils ont planté le Metallysée cette année d’ailleurs…
Ouais, cette tournée passait par ici et on a dû annuler ce qu’on avait organisé. Mais il n’y a pas que ça. Je pense qu’il n’y a plus beaucoup de promoteurs qui veulent bosser avec eux en Europe. Leur musique est bien mais ces mecs créent toujours des problèmes, surtout ce Glen Benton. Je ne veux plus bosser avec eus, pour ne pas m’énerver pour rien (rires) !

Internet a pris un rôle dominant dans la promotion des groupes. Votre site est cool mais il n’a pas été mis à jour depuis des mois et des mois. Pourquoi cela ?
On n’a pas le temps pour, c’est tout. On a un gars qui est justement en train de bosser sur une nouvelle page et on lui a donné tout le matériel dont il avait besoin pour ça. Il bosse jours et week-ends là-dessus. Ça va être complètement différent, avec un nouveau concept et ça va être à nouveau très bien ! Ça sera en ligne prochainement. Il sera aussi mis à jour constamment. Ce qui nous manquait, c’était juste le temps et donc quelqu’un qui pouvait faire ça à notre place. Là, c’est bon.

Que penses-tu du rôle des web magazines comme le nôtre de nos jours ?
Oh, je pense que c’est une très bonne chose ! C’est un très bon moyen de toucher énormément de gens en un minimum de temps et de transmettre les infos en temps réel. Ça aide vraiment les groupes, pour un coût dérisoire. C’est cool aussi quand tu tournes, même à l’autre bout du monde : tu peux continuer à donner des news, pour pas un rond ou presque. C’est cool. C’est surtout un moyen de communication ultra rapide et complémentaire du boulot des groupes. Voilà pourquoi je suis là aujourd’hui pour cette interview avec toi !

Pour finir, que pourrais-tu dire aux fans pour leur donner envie d’aller vers votre album ?
Ce n’est pas vraiment à moi de leur dire, ils feront leur choix. Mais ce dont je suis sûr, c’est que s’ils aiment la musique vraiment heavy, avec un bon groove, quelques influences rock n’ roll, un Death Metal assez stylisé en fait, avec un concept bien extrême, ils ne seront pas déçus par « Ampeuty » !

Un dernier mot pour nos lecteurs ?
J’espère venir en France un de ces quatre. Ça fait trop longtemps qu’on n’a pas joué chez vous. Alors, lecteurs de Noiseweb, si vous savez qu’on est dans le coin, venez nous voir !