PHAZM est le projet de Pierrick, le chanteur à la voix death de SCARVE. Mais il est bien clair là-dessus, PHAZM est le groupe qu’il a toujours voulu monter, pas un simple side-project (bien que d’autres membres de Scarve y participent). Ainsi, depuis 2003, la machine est en route. Un concept torturé, une souffrance de tous les instants expiée dans un black n’ roll extrême et ô combien intéressant. Osmose Productions s’est penché sur le cas de ce groupe hors du commun pour notre plus grand bonheur et le vôtre aussi j’espère. Je vais être très clair : si vous êtes fan d’extrême, il vous faut cet album de PHAZM à tout prix ! En attendant, lisez cette interview très intéressante de Pierhyck pour en savoir un peu plus et plongez la tête la première dans leur monde noir et malsain…
(Voir aussi chronique de l’album sur le site)

 

Entretien avec Pierhryck - par Will Of Death
 
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Peux-tu présenter PHAZM, son historique et les membres qui le composent ?
Pierhryck : PHAZM est né il y a un an de mon initiative ainsi que celle de Pathryck. PHAZM est le groupe que j’ai toujours voulu monter, et je me suis entouré des musiciens les plus talentueux et motivés (Dyrhk et Mahx). Nous avons enregistré une démo trois titres qui n’est jamais sortie, je hais les démos. Nous l’avons réalisée dans le but de faire un bilan sur ce que devenait notre son, notre style, conscients que nous tenions quelque chose de très spécial. On est ensuite partis au Danemark enregistrer l’album et Osmose nous a signés dans la foulée…

On apprend par surprise que le groupe est en fait composé de trois membres de SCARVE. Sans parler de THE CUBE, il semble que le maître-mot de ce groupe soit liberté d’action…
Je ne souhaite pas parler de mes autres groupes. Je suis en effet libre, et de toutes façons, je l’ai dit, PHAZM est le groupe que j’ai toujours voulu monter.

Pourquoi as-tu ressenti le besoin de faire un side-project ?
Et voilà ! PHAZM est un groupe à part entière, une entité forte, avec son univers et sa personnalité. Il n’est en aucun cas question d’un side-project monté pour le fun et la détente. PHAZM est ma chose, mon univers, comme pour les autres membres du groupe.

Dans PHAZM, tu joues de la guitare. C’est la première fois, ou tu avais déjà fait ça dans d’autres groupes avant SCARVE ?
Je joue de la guitare depuis plus de dix ans, c’est mon instrument de prédilection. J’ai joué dans un tas de formations plus ou moins merdiques.

Quel est le concept de PHAZM ? Il semble que vous soyez des sortes d’écolos du death-metal, bien que pas très pacifiques ?!
Je ne suis pas un hippy, ni un putain de misanthrope. Je me moque de ce délire écolo futile et mièvre. Je me morfonds dans un monde où le rêve est détruit. Où tout doit être sur expliqué et banalisé. Je veux continuer à croire que la Lune n’est pas qu’un simple caillou tournant autour de la Terre, je veux continuer à avoir peur en marchant la nuit dans une forêt, à croire aux fantômes, je veux rester un enfant. Quand j’écris, je veux me sentir possédé par cette insouciance, cette peur de l’au-delà que l’on ressent étant enfant.

Pourquoi votre choix s’est-il porté sur Osmose Productions ? On aurait pu vous attendre chez Listenable…
Et pourquoi ? Cela eut été trop facile. Osmose est parfait pour nous, ils travaillent dans un style qui nous convient totalement.

Parlons donc maintenant de ce premier album. Tout d’abord, peux-tu en expliquer le titre, « Hate At First Seed » ?
C’est un jeu de mot avec l’expression « Love At First Sight ». Et ça représente bien notre sentiment à la sortie de notre premier album. Haine dès la première graine, ça colle avec le concept phazmik.

Ensuite, parlons du style. J’ai appelé ça du death black n’ roll !!! Es-tu d’accord ? Comment définirais-tu le style de PHAZM ?
Tu as tout compris, nous appelons notre musique du Black ’n roll ! Malsain, groovy, résineux et gras, lourd et ultra rapide… Quelqu’un nous a référencés un jour comme groupe de Glauque ‘n roll !!!!

Quelle était la volonté de départ en terme de composition et de style ? Ne pas se poser de limites ?
Si, des limites, nous en avons. On ne va pas se retrouver à sonner comme Depeche Mode ou n’importe quoi. Notre style est certes original, mais il répond à des contraintes bien précises que nous avons choisies. PHAZM est un groupe à part.

L’album bénéficie d’une grosse production d’entrée de jeu. Pourquoi vous êtes-vous rendus chez Jacob Hansen et comment se sont passées les sessions ?
Justement parce que nous savions que le son serait énorme. De plus, nous voulions ABSOLUMMENT enregistrer l’album live. Je déteste les productions surfaites, où l’on remplace les coups de médiator par un clic de souris. Pas de Pro-tools ici, pas de trucages cache misère. Tout est vrai et organique, à l’ancienne. Ce qui ne veut pas dire que le son est mauvais, il est puissant et vivant. Chaud. Jacob a un studio excellent, au milieu de nulle part, à trois kilomètres de la mer. Il n’y a vraiment rien autour, aucune autre forme de vie que des corbeaux. Se retrouver là-bas l’hiver, dans l’air gelé, enregistrer un putain d’album de black ‘ n roll… C’était magique…

Je vais te demander un peu de boulot… Peux-tu nous parler de deux ou trois chansons en particulier, qui te semblent vraiment représentatives du projet, en détaillant un peu les lyrics et les ambiances et le style dégagés ? Je pense que ça aidera nos lecteurs à mieux vous connaître…. (si tu as le courage, tu peux même faire nous un track by track ! lol…)
In Chaos : Premier titre ultra rapide, avec un refrain bien death. Le riff principal est assez entraînant, bien cool pour headbanger !!!! S’en suit un passage bien lourd avec un solo ultra glauque. Le texte parle de la revanche de la nature sur la race humaine. L’écorce ronge la chair.

What A Wonderful Death : Un titre ultra rock ’n roll, avec un rythme bluesy. Des solos avec bottleneck, un refrain black metal torturé, une fin punk old-school à la DARKTHRONE. Du pur PHAZM !!!! Le texte d’une transformation arbresque.

Resinous Balm : Un titre lourd, mélodiquement tragique et invocateur. Ce morceau est une prière rituelle aux anciens, à nos ancêtres. Un âge révolu où l’on savait vivre en harmonie avec le monde et soi-même. Le rêve et la capacité de créer étaient grands. Je chante de façon plus ou moins mélodique, en utilisant une technique de voix tibétaine.

Forest Recipe : Du pur black extrême, rapide et chaotique. PHAZM devient une machine de guerre. Les parties de voix y sont particulièrement démoniaques et possédées. Le texte décrit une recette forestière. Considérant les arbres comme des entités carnivores. C’est très cru et violent.

Devoured Tenderness : Un de mes titres préférés, composé à la base sur une guitare acoustique. Je crois beaucoup au potentiel acoustique de ce morceau, je pense en faire une adaptation plus tard. Beaucoup de mélodies torturées, de rythmes bancals, ce morceau est une expérience. Le texte est très personnel, je laisse à chacun le soin de l’interpréter à sa façon.

Vicious Seed : Une femme se fait pénétrer par l’essence de vie d’un arbre cryptomérien. Une graine germe en elle, elle en meurt en donnant vie à celui qui ne devait pas revenir… Un des titres les plus violents de l’album, thrashy à souhait et malsain.

Fleshback : Ceux qui ont eu la chance de nous voir en concert ont décrété que ce titre deviendra un de nos classiques. Le riff principal est monstrueux, le couplet démoniaque, je chante comme un aliéné en fuite d’un asile. Le refrain est ultra efficace, le break solo très mélodique. Le morceau se finit par un ralenti extrême, assez théâtral vocalement.

Loneliness : Une intro doom bien glauque, un couplet martial, une marche militaire métallique. Un passage de répit avec de nouveau une voie mélodique gutturale. Le morceau se termine en une orgie black metal digne d’ABRUPTUM. J’ai écrit le texte en pleine descente de cocaïne, j’ai vécu l’enfer, à la limite de l’overdose. Je n’aime pas trop en parler, il parle de lui-même, il est très imagé et psychédélique, mais il est facile de comprendre mon degré de souffrance.

Dogs : Une reprise de MOTORHEAD. Le titre vient de leur album « Rock n’ Roll ». On l’a arrangé à notre façon, avec des solos bien heavy metal, un défouloir de fin de studio. Il nous restait du temps, on a donc improvisé cette reprise. MOTORHEAD est mon groupe préféré.

« Hate At First Seed » est donc un album assez varié, puisqu’Osmose n’a pas hésité à vous présenter comme les dignes successeurs de DARKTHRONE ou encore SATYRICON mixé à BLACK LABEL SOCIETY. Tu es d’accord avec cette analyse ? Va-t-on trouver aussi quelques similitudes avec SCARVE ?
Je suis tout à fait d’accord. Zakk Wylde est mon guitariste préféré, je le respecte pour son œuvre au plus haut point. S’il faisait du metal extrême, je pense que ça ressemblerait à ce que l’on fait.

Tout ceci fait de « Hate At First Seed » un projet très ambitieux ou une récréation ?
D’après toi ?

Aura-t-on un jour la chance de vous voir en live ? D’ici, ayant une petite idée de vos emplois du temps respectifs, ça me paraît un peu difficile, non ?
Non, nous voulons tourner, même si ce sera dur. On a déjà donné un concert en Bretagne, notre terre promise. Irmat aux Bretons !

Bien que ce ne soit pas vraiment le sujet de l’interview, je ne résiste pas au besoin de te demander comment tu as vécu cette année avec SCARVE. Vous semblez avoir franchi un palier, non, en terme de reconnaissance ?
Oui, mais je pense que ça s’applique aussi à toute la scène française en général. Nous sommes tous plus ou moins reconnus à l’étranger et appréciés, soutenus. Les choses ont changé, et SCARVE remercie tous ses fans. Merci, le public français existe et il est fort. Vive le metal français !!!!

En quoi cette expérience acquise avec SCARVE est-elle importante pour PHAZM ?
On évite bien des erreurs. Mais notre façon d’évoluer avec PHAZM est très différente de celle de SCARVE.

Quelle va être l’actualité de tous vos groupes dans les mois à venir ?
Tourner, encore et encore. Composer, créer.

Comment analyses-tu la scène française d’aujourd’hui ? Il semble qu’elle ne se soit jamais aussi bien portée. Maintenant, faire partie d’un groupe français ne semble plus être une tare. Qu’en penses-tu et quels sont les groupes que tu préfères en France ?
Comme je l’ai déjà dit avant, la scène française est en plein essor. J’adore LOUDBLAST, KAIZEN, ANOREXIA NERVOSA, GOJIRA, AGRESSOR, GRONIBARD, ANTAEUS…

Un dernier mot pour inciter nos lecteurs à se diriger vers votre album ?
PHAZM est une expérience unique. Un monde fait de substances forestières prohibées, d’extrémisme musical et de groove malsain. L’âge de l’écorce a commencé.

Merci à toi et à bientôt j’espère pour de nouvelles aventures !