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L’AMETHYSTE est une pierre précieuse. Vous allez me dire que c’est un nom assez étrange pour un groupe de brutal death metal, sauf que dans leur cas, on peut vraiment parler ici de joyau ! Ce groupe originaire de Boulogne s/ Mer, dans le 62, vient de sortir début janvier son premier album, Thrown Off Balance, et les chroniques sont dithyrambiques : cet album est une véritable tuerie, inspirée par des groupes comme Morbid Angel, Nile ou Hate Eternal ! Nous nous devions donc de mieux vous faire connaître ce terrible groupe, qui, au grand complet, quelques heures avant un concert, a bien voulu nous accorder cette interview. Réponses collégiales d’une bonne bande de potes  à suivre absolument !!!

Entretien avec Grég, Pat, Xav et Matt par Will Of Death
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Comme c’est la première interview de votre groupe qui va paraître sur Noiseweb, pouvez-vous faire les traditionnelles présentations ?
Le groupe s’est formé vers 1993, autour de Grég, Pat et Steeve à la batterie (qui est maintenant notre manager) et nous avons sorti une première démo en 1995 qui n’a pratiquement pas été distribuée. Le groupe a connu pas mal de changements de line up ensuite et Matt (drums) et Xav (basse) sont là depuis 2001.

Le style a pas mal évolué depuis 1993. Ca n’a même plus rien à voir…
Oui, effectivement. L’AMETHYSTE de 2006 ne ressemble pas à celui de 1993 / 1995. Mais c’est comme tout le death metal en général, c’est la même évolution : quand Steeve était là, on évoluait dans une sorte de death thrashy pour passer ensuite à un death thrash plus prononcé quand Farid et Alex (actuels DEVIANT SURGEONS) étaient là. Depuis l’arrivée de Xav et de Matt, on est vraiment passés à du brutal death beaucoup plus violent.

Alors, est-ce que c’est grâce à leur arrivée que le style a évolué ou est-ce qu’au contraire, il a fallu justement d’autres mecs car il y avait un désir d’évoluer qui n’était pas possible avec les anciens membres ?
Ouais, en fait, ça faisait un moment qu’on voulait faire un truc plus brutal mais ça n’a pas été possible avec les anciens membres. Quand Matt et Xav sont arrivés, ça a pu se concrétiser.

A mon avis, ce n’est pas la 1ère fois qu’on vous dit ça, mais à l’écoute de l’album, on peut parler d’un brutal death très influencé par MORBID ANGEL…
Mais non (rires) !

Ca vous dérange ou vous revendiquez ?
Ça dérange oui et non car ça peut être vu comme un honneur comme ça peut être très réducteur en même temps. Nos influences vont bien au-delà de MORBID ANGEL mais effectivement, cette influence existe et on ne renie pas. C’est un honneur pour nous d’être comparés à eux même si on parle bien d’influences et pas de copie !

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Je suppose que quand vous avez voulu évoluer vers quelque chose de plus brutal, vers 2000, d’autres groupes vous ont influencés. Lesquels ?
HATE ETERNAL et NILE sont parmi les groupes qu’on cite. Le brutal death américain en général en fait.

On va parler de l’album qui a une histoire particulière, puisqu’au départ, c’est une démo auto produite. Quel est votre but au départ ?
Avoir un bon produit pour démarcher les labels. Faire un produit fini. On a sorti des démos avant mais on n’a jamais été satisfaits du résultat. Là, on a fait le maximum pour pouvoir obtenir un produit fini digne de pouvoir être écouté par un label. Et comme ce fut le cas, on a tenté notre chance…

La démarche de sortir une démo de 8 ou 9 titres est quand même particulière, non ?
On voulait vraiment pouvoir se créer des contacts sérieux et que cette démo soit vraiment représentative du groupe, pour que les labels soient vraiment conscients de notre potentiel.

De quand datent ces compositions et l’enregistrement ?
Les plus vieux datent de 2000 / 2001, dont un a même été écrit avec Alex, donc avant même l’arrivée de Matt dans le groupe (le dernier titre de l’album en fait, qui sonne plus ancien que les autres). Les plus récents datent de 2003. Les premières prises datent de début 2004 mais on a refait par la suite les parties de batterie un peu plus tard car elles ne nous satisfaisaient pas. Après ça, on a « saqué d’dins » comme on dit chez nous, donc en 2 / 3 mois, on a ensuite tout enquillé sur une seule machine, direct disque, sur 10 pistes.

Vous finissez par décrocher un deal de distribution avec Sacral Productions : comment ça se passe à ce moment-là ?
On a envoyé la démo à environ 50 labels quand même et on a eu pas mal de réponses négatives malheureusement. On était un peu dégoûtés vu l’énergie qu’on avait mis là-dedans de ne rien voir venir. Et quand Sacral nous a contactés, on s’est dit : bon, ça y est enfin, c’est bon là ! Et il est arrivé ce qui est arrivé : le label s’est cassé la gueule suite à une séparation du couple qui gérait le truc et notre démo se retrouve bloquée alors qu’elle commençait à peine à être distribuée.

Justement, comment elle est reçue à ce moment-là, par les webzines et les magazines ?
Noiseweb ne l’a pas reçue à l’époque, je ne crois pas, car je ne connaissais pas le webzine.

Donc, nous, on se fait enculer (rires) mais pour les autres, ça se passe comment ?
Hé hé… Globalement, pour une auto-prod, les réponses sont très bonnes car les gens ont été surpris de la qualité et par le nombre de titres de cette « démo ». Pour la musique, l’influence Morbid Angel est souvent revenue dans les critiques mais ça s’est bien passé.

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Bon, alors ça tombe à l’eau avec Sacral et vous débarquez chez Thundering Records. Comment cela s’est-il passé ?
En fait par le biais d’un gars qui anime une émission sur Boulogne s/ Mer, surnommé La Puce, et qui connaît Laurent de Thundering Records. Mais en fait, quand on a signé chez Sacral, Thundering s’était déjà manifesté mais juste trop tard… Il y a eu un problème de communication et on ne l’a pas su tout de suite, loupant le deal. Si on l’avait su, ça nous aurait évité tout ce bordel et on aurait gagné du temps. On a eu la chance que Thundering soit toujours motivé pour revenirà la charge et qu’ils nous récupèrent.

Sans rentrer dans les détails bien sûr, c’est quoi en gros le deal avec Thundering ?
Leur truc, c’est en fait de sortir l’album, de le distribuer et de faire la promo, et nous en échange, on doit se bouger le cul en terme de promo en faisant des interviews comme aujourd’hui et en cherchant des dates de concerts. Ils nous filent des moyens de distrib’ mais on doit aussi faire le maximum de notre côté. On ne peut plus être réticents à ça, notamment aux interviews…

Ok, j’ai compris (rires) ! Non, mais on va parler plus précisément du contenu de l’album maintenant. Déjà, que veut dire le titre, Thrown Off Balance ?
Si on traduit, ça veut dire le « déséquilibre de l’équilibre ». L’équilibre fait référence à la planète Terre et le déséquilibre, c’est l’homme qui peut être vu comme un parasite. D’où cette pochette où on voit un parasite sur une sphère. Le message est un peu écologique en fait. Il faut prendre conscience que la planète Terre est un miracle à l’échelle du cosmos et les gens n’en ont pas forcément conscience. De par les actions humaines négatives, ce fragile équilibre est en déséquilibre en fait.

C’est un album concept ?
Non, car il n’y a pas une histoire précise, un scénario. Mais il y a un thème récurrent : l’être humain et son rôle sur Terre. Qui sommes-nous, que faisons-nous là, quelle est notre identité par rapport à la Terre ? Est-ce que tout le monde se pose ces questions, je n’en suis pas convaincu… On a plutôt tendance à prendre les choses comme acquises et à se laisser influencer par ce qu’on voit à la télé par exemple, au lieu de réfléchir par nous-mêmes. Mais bon, est-il nécessaire d’entrer dans les détails de nos textes ?

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Bien, je pense qu’au contraire, ça peut être intéressant puisque vous jouez du brutal death mais vous avez des textes assez éloignés des standards de genre, comme le gore et autres horreurs…
Ouais, c’est vrai mais c’est aussi une manière pour nous de se différencier en faisant passer ce que l’on pense vraiment. Il n’y a pas de but pédagogique là-dedans. C’est ce qui nous inspire, c’est ce qui nous fait chier aussi et on avait envie de le dire. C’est tout, ça s’arrête là. On a pris conscience de certaines choses et si nos textes peuvent aider un peu les gens à ouvrir les yeux, et bien, tant mieux. Mais on ne veut pas donner de leçons. Pour nous, le death metal ne doit pas servir qu’à véhiculer des images de guerre, de cataclysmes, de religion ou de gore… On pense qu’on a fait le tour de ces questions.

Il y a quand même peut-être une contradiction à vouloir faire des textes comme ça, dans le sens où, dans le death metal, la voix doit être considérée comme un instrument à part entière, pas trop comme un vecteur de message... Vous pensez vraiment que les gens vont prendre le temps de lire vos textes ?
Oui, je pense qu’il y en a. Mais après, tant pis s’ils ne le font pas... Une interview comme celle-la peut aussi servir à ce que des gens s’intéressent plus à nos textes par la suite. Tous les moyens sont bons. On veut évidemment que les gens apprécient d’abord la musique mais qu’ils s’intéressent aussi aux textes. C’est très important pour nous.

J’ai vu à ce propos que certains textes n’avaient pas été écrits par Grég…
C’est Vincent Foutry, notre ancien bassiste, qui écrivait des textes avant moi. J’ai pris le relais, en suivant d’ailleurs un peu sa voie au niveau des thèmes qu’il abordait. On le salue au passage ! Il est parti explorer d’autres horizons musicaux. C’est un musicien extraordinaire, un vrai extra-terrestre. C’est grâce à lui qu’on a trouvé cette manière originale de faire des textes qui sortent de l’ordinaire du death metal… Nous, à l’époque, on était plutôt branchés textes ésotériques, un peu comme Morbid Angel, tandis que lui, il était un grand fan de CYNIC avec leur message plus proche de la nature, plus spirituel. Maintenant, chacun trace sa route mais son influence a été indéniable sur nos textes, qu’il faut lire (rires) !

Cet album est donc issu de votre démo. Vous avez retouché quelque chose au niveau du son, avant de le sortir chez Thundering ?
Oui. Laurent a fait remasteriser la démo et le résultat est assez impressionnant car les titres ont beaucoup gagné en puissance, avec beaucoup plus de présence sonore. Il a réussi à redonner un gros coup de pêche à l’album.

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C’est vrai que perso, j’adore le son de cet album. Maintenant, d’un point de vue strictement musical, on peut parler de brutal death assez technique mais avec un côté vachement old school notamment dans certains mid tempos. Qu’en pensez-vous ?
Tout dépend de ce que tu entends par old school…

C’est dans le sens où on retrouve dans votre musique des influences des groupes qui évoluaient au début des années 90, mais ce n’est pas non plus le tout technique et brutal de groupes comme Hate Eternal ou Nile, dont on parlait tout à l’heure…
Ouais, mais c’est difficile de définir comme ça notre musique. Si effectivement, jouer du death moderne, c’est faire des passages jump enchaînés à des passages cartons un peu comme Gojira, ce n’est pas notre truc du tout même si on respecte ce qu’ils font. Je pense qu’on fait du pur death metal, sombre, avec des parties techniques et d’autres plus atmosphériques. Le terme old school est toujours un peu chiant car ça peut être vu comme un terme réducteur d’un groupe qui a peu évolué. C’est vrai cependant que ça revient assez souvent dans les critiques de l’album. C’est dû aussi certainement au son de l’album et dans notre manière de riffer.

Moi, maintenant, je reçois pas mal d’albums qualifiés de death metal mais qui sont en fait beaucoup plus du metalcore, qui m’emmerde passablement. Il ne suffit pas d’avoir une grosse voix pour faire du death ! Vous, vous faites du pur death, y a pas de passages dansants, c’est dans ce sens là que je vous trouve old school. Vous respectez une certaine tradition.
Alors là, carrément. Dans notre musique, il y a une vraie progression, on ne fait pas d’assemblage entre des passages bourrins et des passages jump. On ne base pas tout notre morceau sur la rythmique, c’est plus mélodique, avec plus de feeling et d’ambiance et des soli de oufs…

Ok, maintenant, on est d’accord… Bon, sinon, qu’en est-il de cette tournée qui tarde à se finaliser ?
Bon, on ne va pas se le cacher, c’est super dur de trouver des dates même si on est signés sur un label. Entrer sur une tournée coûte très cher (NdW : Impaled Nazarene a proposé sa première partie, et il faut débourser 250 € par jour pour pouvoir jouer, ce qui n’est à priori pas trop cher comparé au reste… Faut pas demander…). On galère pour trouver des dates. Beaucoup de contacts pour peu de réponses positives. On est aussi en période de promotion donc on va attendre un peu les retombées des envois de CD promo. On pense que ça se débloquera lentement.

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Bon, en plus, jouer du death metal en France, c’est encore plus difficile qu’ailleurs… On a vraiment choisi la musique la plus underground.
Ouais, c’est sûr mais en même temps, on marque notre différence. Ce n’est pas plus mal. On ne veut surtout pas rentrer dans le moule commercial ; de toute façon, c’est impossible. C’est une musique qu’on joue avec conviction, c’est dans nos tripes. En plus, pour écouter du death metal, il y a tout un parcours personnel à faire : tu n’écoutes pas direct un album de NILE si tu n’es pas initié un minimum avant au Métal en général. C’est une musique qu’il faut comprendre, ça passe par une sorte d’apprentissage. Cette musique est effrayante de par sa puissance et ça restera toujours underground.

Les gens ne se rendent pas toujours bien compte qu’on n’a pas décroché le Graal même si on est sur un label… Peu de labels peuvent financer des tournées sans se mettre dans le rouge.
C’est le rôle du label que d’aider ses groupes à tourner sauf que tout le monde n’a pas les moyens de Nuclear Blast ou de Century Media… Mais évidemment, il faut vendre énormément de merchandising sur les dates pour espérer rentrer dans les frais. A notre niveau, c’est encore très dur. Il faut faire minimum 350 € de merch par jour, et donc il faut un stock énorme pour partir en tournée. C’est un investissement infernal au départ et t’es pas sûr de vendre correctement. Pour l’instant, on se démerde par nous-mêmes et on espère que ça va se débloquer avec les ventes de l’album…

J’insiste un peu sur ce point pour que les gens qui vont lire l’interview ne se disent pas que vous ne voulez pas tourner… En plus, tourner longtemps signifie laisser son boulot de côté au risque de le perdre une fois rentré. Qui peut faire ça réellement ?
Pas nous en tout cas. Les prix de tournée sont excessifs. On a même eu l’opportunité de tourner avec HYPOCRISY récemment. Tu imagines ? Mais dans ces conditions-là, impossible pour le moment.

Bon, donc, pour finir, à part le fait de vouloir jouer partout, quel va être votre futur ?
Dans un futur proche, retourner cette salle là (rires) ! Non mais plus sérieusement, on est en train de composer notre nouvel album et on a bien avancé. Notre musique évolue naturellement, dans la continuité de l’album mais avec un horizon musical un peu plus élargi. Et ce sera un concept album, mais les gens retrouveront la Amethyste touch sans aucun doute !!!

Ok, les gars. On espère que vous allez cartonner avec votre album. Nous, chez Noiseweb, on est à fond derrière vous et on fera notre possible pour que votre musique soit connue du plus grand nombre… Et mettez la claque à tous ces petits cons, là, ce soir (rires) !
Ah ah ! Merci à toi et on conseille aux gens de visiter notre site et d’écouter les mp3’s qui y sont. Venez aussi aux concerts, quel que ce soit le groupe, et surtout pour AMETHYSTE (rires). Et comme tu dis, tu as quand même l’honneur de nous connaître, donc il faut que les autres suivent aussi (rires) !!! 

Chronique Thrown Off Balance sur Noiseweb :
http://www.noise-web.com/chroniques/2006/amethyste.htm

Site du groupe :
http://amethyste.tws.free.fr/

Forum Officiel du groupe hébergé sur Noiseweb :
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