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Entretien avec Joel Lindell (Batterie), par Eric Chuul

Vous êtes de retour avec un nouvel album “Red flags”, mais aussi un nouveau label, Peaceville. C'est comme un nouveau départ pour le groupe ?
En effet, nous sommes de retour et cette signature avec Peaceville est comme un retour à zero. Cette signature nous a vraiment apporté une énergie nouvelle car nous savons que Peaceville a toujours été et sera toujours le label idéal pour un groupe comme le notre. Ils sont dévoués, expérimentés et dignes de confiance, un peu comme nous en fait. Nous pouvons juste espérer que notre partenariat sera long et qu'il portera ses fruits.

Avez-vous été satisfaits du travail de votre ancien label, Scarlet Records ?
Je ne suis pas du genre à dire du mal des gens, mais dans le cas de Scarlet je peux dire honnêtement que nous attendions plus d'un label sérieux, qu'une attention sporadique. Je veux dire par là qu'un label qui signe un nouveau groupe chaque semaine ne peut donner sa priorité à aucun d'entre eux. Personnellement, je suis en désaccord avec l'ensemble de leur vision musicale, mais d'un autre côté il est toujours compliqué de dire ce qu'il aurait mieux de faire ou qui ils auraient dû favoriser. Tous comptes faits, je pense que notre musique va continuer à se vendre elle-même tant que la passion nous guidera.

Je te laisse maintenant présenter votre nouvel album
La première chose que l'on peut noter à propos de “Red flags”, c'est qu'il est musicalement plus direct que ses trois prédécesseurs. C'est notre album le plus honnête, le meilleur travail que nous n’aillons jamais accompli et j'espère que vous aurez autant de plaisir à l'écouter que nous avons eu à le créer. Cet album a été enregistré aux Gesperrt Studios et mixé par Roberto Laghi qui avait déjà travaillé sur “Still at arms length” et je peux vous assurer que la production est de loin la meilleure.
En fait, la plupart des titres de “Red flags” ont été composés avant “How would you like to be spat at”, mais c'était bien trop puissant pour une sortie chez Scarlet records. Ce nouvel album est sans aucun doute notre travail le plus intriguant et le plus stimulant et je peux vous assurer que vous allez apprécier son approche agressive et intense.

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Pour moi ce nouvel album et plus accrocheur que les autres, peut-être plus accessible avec de très bonnes et de très jolies mélodies. Es-tu d'accord et est ce que ces points étaient des objectifs à atteindre pour vous ?
Je suis complètement d'accord avec toi sur tous les points et c'est vrai aussi que l'aspect général de cet album se devait d'être plus ouvert. Nous n'avons bien sur pas abandonné le son de “The Provenance”, car notre union en tant que musiciens ne peut aller que dans ce sens-là. Consciemment, nous avons laissé de côté l'aspect technique et complexe de nos morceaux, pour que ce soit notre son et notre particularisme qui dominent.

Tous vos albums sont différents. Comment expliques-tu cette évolution alors que finalement ils ne sont pas vraiment très étalés dans le temps ?
The Provenance a toujours été un collectif ouvert d'esprit avec la conviction commune de laisser la musique décider de ce qui va arriver après. C'est peut-être la dimension dominante de notre processus de création à tous les cinq et nous refusons de succomber à une étroitesse d'esprit qui touche malheureusement la majorité de l'industrie musicale. En tant que groupe, nous avons toujours voulu évoluer, progresser musicalement et nous n'avons jamais eu peur de briser les règles et d'expérimenter. Voilà pourquoi chacun de nos quatre albums se démarque des autres.

Comment se passe la composition d'un titre de The Provenance ? Dans une salle de répétition ou seuls à la maison ?
Eh bien c'est en fait une combinaison des deux. Habituellement l'un de nos guitaristes a une idée sur laquelle nous travaillons lors des répétitions. La plupart du temps, finaliser un titre lors des répétitions nous demande beaucoup d'efforts et nous changeons beaucoup de choses avant d'atteindre notre objectif. C'est aussi incroyablement difficile de penser qu'un titre est finalisé jusqu'à ce que tu l'entendes sur une cassette et même après sa sortie définitive, il y a encore des choses que tu aimerais modifier. Ce que je peux dire c'est qu'avec “Red flags”ça a été très peu le cas et je ne vois pas cet album autrement.

Ce nouvel album semble être animé pas un état d'esprit révolutionnaire (Le titre de l'album, la pochette, le titre “At the barricades”), peux-tu m'en dire plus à ce sujet ?
Métaphoriquement j'ai utilisé une imagerie plus politique en décrivant la vie quotidienne et mes expériences, parce qu'au fond, la politique trouve sa place chaque jour dans toutes nos décisions. J'ai décidé qu'il était temps de montrer qui nous étions réellement en tant qu'individus et notamment, comme vous l'aurez sûrement deviné, notre appartenance à l'extrême gauche. Nous avons toujours défendu des notions comme la solidarité, l'égalité des droits et nous sommes surtout conscients des abus de certaines personnes, assurant leur prospérité au détriment des autres.

Peut-on considérer The Provenance comme un groupe d'obédience communiste ou anarchiste ?
Ehé, difficile de répondre à cette question, car il y a une certaine différence entre notre travail artistique et ce que nous sommes vraiment individuellement. L'appartenance de The Provenance à un milieu politique reste assez vague, même s'il est sûr que nous sommes orientés à gauche. Personnellement, je suis profondément socialiste, que je considère comme la seule idéologie qui propose des solutions claires sans pisser sur les autres.

Votre musique est depuis toujours sombre et pessimiste. Comment expliques-tu cet état d'esprit et êtes-vous dans la vie comme dans vos chansons ? Pour un français comme moi, il a l'air de faire tellement bon vivre en Suède (lol)
Haha, l'herbe est toujours plus verte ailleurs...
Oui c'est vrai que j'ai la chance de vivre dans l'un des pays les plus agréable du monde, mais il y a aussi un monde à l'intérieur de chacun de nous et je ne peux qu'admettre avoir quelques problèmes avec celui-là. Ma manière de m'en échapper est d'écrire des textes pour nos chansons, je peux ainsi m'identifier à quelqu'un d'autre. Donc peu importe ou tu habites, nous avons tous à gérer cette face sombre de notre personnalité et nous le faisons tous de manière différente.
J'aime coucher sur le papier toutes les situations sombres, cyniques et misérables de la vie, alors que d'autres préfèrent aller chez le psychanalyste. Ce sont deux manières saines de s'en sortir, mais nous sommes quand même assez bêtes pour ne pas reconnaître les personnes pas assez fortes ou fortunées pour trouver des solutions à leurs frustrations. Je crois au pouvoir qui permettrait de reconnaître ces personnes et je suis toujours disponible pour écouter et aider, notamment en me purgeant moi-même afin de leur montrer qu'ils ne sont pas seuls... ainsi parle de Dr Lindell...sérieusement, éhé.

La musique est-elle un exutoire pour vous ?
Tout à fait. C'est une grande satisfaction de pouvoir écouter, mais aussi créer de la musique et je sais que je parle pour nous tous quand j'affirme que nous préférerions mourir plutôt que de vivre dans un monde sans musique. La musique permet aux âmes de se rencontrer, aux coeurs de s'unir, c'est une sorte de concentré de la vie.

Finalement pour vous, le plus important est-il de jouer votre musique ou faire passer vos idées à travers vos paroles ?
Pour ma part ils sont d'importance égale, pour la simple et bonne raison que je ne peux me passer d'aucun des deux. Je ne peux pas répondre à la place des autres, même si je sais que nous sommes très proche dans notre façon de penser. Je dirais que ces deux éléments sont simplement les deux faces d'une même pièce de monnaie.

Un mot sur votre prochain clip pour le titre “Second and last but not always” ?
La vidéo est terminée et disponible sur notre page Myspace. La vidéo a été réalisée par notre talentueux chanteur Tobias Martisson et c'est une belle réussite dans laquelle nous sommes tous des morts vivants, si l'on peut ainsi dire. Je vous suggère d'aller vite la voir.

Une question pour toi Joel : Tu sembles très proche de la culture française et de la langue française, surtout à travers ta page Myspace. Un mot à ce sujet ?
Haha...au contraire.En fait, je n'ai jamais étudié le français, mais comme certains le savent déjà, j'étudie la linguistique à l'Université de Göteborg et de ce fait je connais plein de phrases dans plein de différentes langues. J'étudie actuellement le suédois, l'anglais, l'allemand et l'espagnol, mais je n'ai hélas jamais le plaisir d'apprendre votre langue si charismatique.
En ce qui concerne la culture française, je peux juste dire que j'admire votre courage contre les injustices et contre une « certaine autorité » et j'espère qu'un jour, le reste de l'Europe suivra vos traces.

Peut-on espérer une tournée européenne ou de vous voir pendant les festivals d'été, car pour le moment vous êtes plutôt discrets ?
Je ne peux que l'espérer surtout parce que nous avons de meilleurs tourneurs depuis que nous avons signé avec Peaceville. Pour le moment nous n'avons, hélas, aucune information à ce sujet, mais si avons une chance de tourner nous ne vous décevrons pas.

À quoi peuvent s'attendre vos fans pour les mois à venir ? Quels sont vos projets et qu'est ce que nous pouvons vous souhaiter ?
Pour le moment nous sommes très occupés par la promotion du nouvel album, mais dans un futur proche nous allons commencer à travailler sur de nouveaux titres et tous ceux qui suivent The Provenance peuvent espérer d'excellentes choses bientôt. Nous espérons aussi que vous allez pouvoir nous voir en tournée très rapidement et bien sûr nous ferons tout pour venir jouer en France.

Un dernier mot sur Laethora ?
Ehé, Laethora est un l'incroyable et furieux projet de Joakim, Jonnie et moi-même avec Niklas Sundin de Dark Tranquillity, sans oublier notre talentueux chanteur Jonatan Nordenstam. Notre premier album “March of the parasite” vient d'être terminé et va bientôt sortir aux Etats-Unis chez The End records. Nous sommes aussi en négociation avec plusieurs partenaires pour une sortie européenne et ce ne sera pas long avant que nous trouvions un contrat satisfaisant.

Merci pour votre intérêt And vive la révolution des cyniques!