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Chimaira a toujours été le fer de lance de NWOAHM (New Wave Of American Heavy-Metal), et après un album éponyme où le groupe avait repoussé toutes ses limites, avait pris des risques, s’était exposé et s’était aventuré dans des directions surprenantes, revient sur le devant de la scène. Exit Roadrunner, arrivé chez Nuclear Blast et retour de son batteur-pieuvre Andolls.
Explication avec Mark Hunter, chanteur et leader du groupe.

Interview parue également  dans le Metal Observer FNAC n° 7 d'Avril 2007

Entretien avec Mark Hunter par Geoffrey
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Pourquoi avoir quitté Roadrunner ?
Mark Hunter :
La question inévitable (rire)

Oui… désolé (rire)
Nan nan, pas de soucis. Pour résumer, pendant que nous étions en train de promouvoir le précédent album, il y avait des personnes chez Roadrunner qui commençaient à ne plus croire en nous, et n’ont donc du coup pas tout mis en œuvre pour promouvoir l’album. On a bien senti qu’ils auraient pu faire bien plus, spécialement avec le succès de l’album avant celui là, The Impossibility Of Reason. En plus, les chroniques tombaient pour l’album éponyme, avec de très bonnes notes, et les fans l’ont adoré. Mais des personnes là-bas n’ont pas fait leur taff. On a donc eu l’impression de perdre notre temps, et d’avoir atteint les limites de se que nous pouvions faire avec Roadrunner. Le problème était principalement aux Etats-Unis, en dehors nous n’avions pas de soucis avec eux. Principalement deux personnes d’ailleurs dans le bureau américain de Roadrunner (rire ironique), ce qui me laisse encore un arrière-goût amer dans la bouche. Nous en avions marre de nous donner au maximum, de composer et de tourner pour des gens qui n’en avaient rien à faire. Il était temps de passer à autre chose. On leur est pourtant reconnaissant du succès qu’ils nous ont apporté…

Et donc votre choix s’est porté sur Nuclear Blast…
Oui, ils sont venu nous voir jouer à Stuttgart, lors de la tournée « Sounds of the underground ». Ils avaient entendu dire que nous risquions de quitter Roadrunner. Ils étaient très excités, et étaient de grands fans du groupe. En plus, ils connaissaient tous nos morceaux par cœur, ce qui m’a vraiment surpris. Le patron de Nuclear Blast était, comme un fan du groupe, alors que d’un autre côté, nous n’avions jamais rencontré le patron de Roadrunner. Il a voulu nous signer de suite. Tout le staff de Nuclear Blast présent ce soir là était déjà très excité à l’idée de travailler avec nous. Ils étaient prêts à travailler aussi dur que nous le faisons.

Une autre question inévitable… Andolls est de retour…
Nous ne voulions plus continuer avec Kevin. C’est un très bon batteur, même un batteur fantastique, mais sur la route, c’était parfois assez difficile avec lui. Il est tellement différent de nous, et parfois il avait du mal à nous dire les choses en face. A côté de ça, j’avais entendu des rumeurs qu’Andolls avait vraiment passé du bon temps à enregistrer le cd Roadrunner United et faire le concert qui avait suivi, et combien il regrettait d’avoir quitté Chimaira et aimerait rattraper le temps perdu et revenir avec nous. Dés que j’ai entendu ça, je l’ai appelé de suite et l’ai engagé (rire). Et ça a vraiment été un second souffle pour nous, quitter Roadrunner, avoir de nouveau Andolls avec nous…

D’où le titre de l’album, « Resurrection »…
Exactement, revenir à la vie, renaître.

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Ce nouvel album marque un retour à une musique plus direct, plus violente, dans la veine de vos premiers effort. Etes-vous allé trop loin avec l’album éponyme ?
Nan, je ne pense pas. Si tu mets toute notre discographie bout à bout, tu sens que c’est le même groupe, mais avec à chaque fois de nouvelles choses à offrir. C’est ce que j’aime dans ce groupe, nous n’avons pas peur de prendre des risques, nous sommes imprévisibles. Les gens ne savent jamais ce que nous allons faire, mais ils savent que nous n’allons jamais déconner et partir dans une mauvaise direction. Ils y a des gens qui appellent The impossibility of reason l’album blanc, l’album éponyme l’album noir et ce nouveau l’album gris, car c’est une bonne combinaison des deux (rire)

Dans quel état d’esprit avez-vous composé ce disque ?
Avec une vision claire et positive. Sans aucune pression et impatients de composer. Nous voulions retrouver les mêmes sensations qu’à nos débuts, à l’époque où nous voulions repousser les limites de la musique heavy, en allant plus loin dans la violence musicale. C’est comme ça que l’on a composé ce nouvel album.

Commet s’est passé le studio cette fois-ci ?
Très bien, nous avons eu la chance de bosser avec Andy Sneap pour la batterie, je n’avais jamais vu quelqu’un travailler aussi dur. Puis nous sommes partis en Floride enregistrer le reste avec Jasun Succof, qui est un vrai génie de la musique. Il avait de très bonnes idées et nous a poussés dans des directions vers lesquelles nous ne nous étions jamais aventurés. D’un autre côté, c’est un vrai maniaque, et la personne la plus folle que j’ai jamais rencontrée dans ma vie. Ça nous faisait beaucoup rire. Puis nous sommes retournés vers Andy Sneap et il a mixé le tout. C’était le premier disque où je ne pouvait pas être présent pour le mixage, et j’étais très nerveux de retourner au studio pour entendre le résultat. J’avais peur que des choses aient été modifiées, mais j’y suis allé et j’ai été soufflé par le résultat. C’était parfait à 100%.

Tu décrirais ces nouvelles chansons comment ?
(rire)… Je ne sais pas (rire). Mon opinion est sûrement différente de celle des autres. J’adore chaque morceau de ce nouvel album. Rien ne me déçoit dans celui-là. Sur l’album précédent, ils y a deux trois choses qui me font encore grincer des dents : « mec, pourquoi on a fait ça ? ». Sur cet album, j’adore le boulot que chacun a fourni, et j’en suis très fier.
 
De quoi parlent les nouveaux morceaux ?
Satan (rire).. nan, je plaisante. De tout et de rien en fait. Resurrection parle de ce que nous avons vécu, et le fait de devenir de meilleures personnes à cause de ça. « Empire » est un peu basé sur le même thème que le film Hellraiser, et le fait de choisir entre l’enfer et le paradis si tu avais le choix. « Needle » parle d’un ami à moi accroc aux drogues et à l’héroïne. En gros, toutes les chansons parlent de ce qui m’entoure et de ce qui m’influence.

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Après toutes ces années, qu’attendez-vous de ce nouvel album ?
J’ai appris qu’il ne fallait rien attendre en particulier. J’avais beaucoup d’attentes dans le passé, et quand ça ne se produisait pas, je devenais dingue. Je ne veux plus de ces énergies négatives… Et par chance, ça marche (rire)

Comment vois-tu l’industrie du disque metal aujourd’hui ?
Elle n’a jamais été en aussi bonne forme depuis des années. Les anciens groupes se maintiennent, il y a de nombreux et très bons nouveaux groupes... Vous en France, vous avez le meilleur groupe du moment, et c’est Gojira.

Tu le penses vraiment ou c’est pour flatter les lecteurs français (rire) ?
(rire). Pour t’expliquer, je suis devenu furieux à propos de ça il n’y a pas longtemps. Notre tourneur américain m’a transmis leur dernier album en me disant «Je pense que tu vas aimer cet album, il est dans tes goûts». Et il sait que je suis difficile en matière de nouveaux groupes.  Je l’ai écouté et depuis ce jour, il tourne encore sur ma platine. .. je n’arrive pas à le retirer...

Et nous à la rédac’ c’est le Chimaira qu’on n’arrive pas à retirer (rire) !
(rire) Et moi ça reste Gojira parce que je joue dans Chimaira (rire) !!

Quand tu regardes en arrière, te rends-tu compte de l’impact de Chimaira sur la scène américaine?
Je ne sais pas... je n’ai jamais vraiment regardé tout ça. Je ne me suis focalisé que sur le groupe, composer, être signé, tourner dans le monde entier et en faire mon métier. Par chance, j’ai atteint mes buts. Maintenant, j’essaye de faire ça jusqu’au bout, jusqu’à ce que mon corps dise «stop» (rire).  Nous sommes en bonne voie pour le faire. Du moment que les gens continuent à aimer notre musique, je suis heureux.

Pour toi, quels sont les différences entre l’Europe et les Etats-Unis au niveau de la musique?
Pour être vraiment honnête, vous êtes vraiment plus passionnés par les groupes. C’est toujours du fun, les réactions sont toujours bonnes, dans tous les pays d’Europe.... Sauf en Italie peut-être (rire), c’est le seul pays ou ça craint (rire). Mais sinon, partout, c’est incroyable. Aux Etats-Unis, la moitié des dates d’une tournée est vraiment bien, alors que chez vous ce sont toutes les dates qui se passent bien. Les fans ici sont très fidèles. Par exemple, si nous venons jouer en mars dans une ville, et si nous revenons en septembre suivant, il y aura toujours autant de monde. Aux Etats-Unis, ce n’est même pas la peine d’y penser.