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On a beau dire ce que l’on veut, DIMMU BORGIR est l’un des groupes du black metal « mainstream » les plus importants. Alors forcément, chaque nouvel album est un événement et chaque nouvel album est un très bon album. Et même si on a tendance à être plus critique et moins indulgent avec le groupe, chaque nouvel album est une réussite. De passage à Paris, Shagrath, comme à son habitude très fatigué, s’est prêté au jeu des questions/réponses et a disséqué avec nous ce In Sorte Diaboli, album à part dans la discographie du groupe, mais nécessaire…

Interview parue également  dans le Metal Observer FNAC n° 8 de Mai 2007

Entretien avec Shagrath par Geoffrey
Rechercher : dans l'interview

La personne qui a eu la bêtise de mettre l’album sur Internet avant sa sortie s’est faite attraper… Que t’inspire tout ça ?
Je pense que c’est bien qu’ils l’aient attrapé. Je crois que cela va se terminer au tribunal. Il faut qu’ils en fassent un exemple. Les gens doivent comprendre que c’est quelque chose qui ne se fait pas, que c’est illégal. Je ne sais pas ce qu’il risque, mais j’espère qu’une bonne décision sera prise…

Mais penses-tu qu’il y ait une solution contre le Peer 2 Peer ?
Heu… c’est le nom du mec ?

Nan, c’est le nom de la façon dont il a « propagé » l’album sur la toile…
Ah… il devrait y avoir une solution, mais tu sais, je n’y connais pas grand chose dans tout ça, je ne regarde jamais sur ce genre de site, donc je ne suis pas vraiment au courant.

Quatre ans séparent Death Cult Armaggedon et ce nouveau disque, In Sorte Diaboli. Etait-ce un break nécessaire pour le groupe ?
Oui, il nous fallait une pause. Oui, depuis 2004, nous avons fait tellement de choses, nous avons beaucoup tourné. Si nous voulions survivre en tant que groupe, nous ne devions plus passer autant de temps ensemble.  C’était la meilleure solution, de penser à autre chose, car après, quand nous nous sommes retrouvés, nous avons pris du plaisir à jouer de nouveau ensemble et à composer ce nouveau disque. Mais c’est vrai que nous avons été un peu paresseux ces dernières années. Certains d’entre nous ont des enfants, une vie à côté que nous avons donc un peu priorisée.

Et cela vous a laissé du temps pour vos side-projects…
Oui, nous sommes beaucoup dans le groupe à avoir des side-projects. Pour résumer, nous avons commencé à travailler sur l’album à peu près six mois avant d'entrer en studio. Mais quelques morceaux n’étaient pas complètement composés, donc on a du faire quelques arrangements directement en studio. C’était nouveau pour nous, mais cela donne au final un album composé de façon vraiment spontané.

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Ce nouvel album est un concept album… Est-ce que cela demande plus de travail ?
Pas vraiment. C’est Silenoz qui s’est occupé de tous les textes. Nous avons composé la musique indépendamment des paroles. Nous devions faire quelque chose de différent…

Mais tu ne semblais pas très chaud pour un concept album au début…
Comme nous avons commencé à en parler, j’étais assez sceptique. Je me demandais comment nous allions rendre ça intéressant pour les gens. Ca peut paraître cliché, mais c’est comme ça que je le voyais. Puis Silenoz a écrit trois quatre paroles de morceaux, pour que je saisisse le concept, et ensuite j’ai pris part à la suite, et à la mise en place de ce concept, que je trouve très intéressant. Donc oui, sceptique au début, mais j’ai aimé la tournure des choses.

Même si beaucoup de choses ont déjà été écrites et dites dessus, peut-on revenir sur l’histoire derrière ce concept album ?
Oui, mais je ne vais pas révéler trop de détails non plus (rire). Je trouve que c’est mieux quand les gens écoutent le disque en suivant les paroles, et se font une idée par eux-mêmes de son contenu. Mais tout ce que je peux dire, c’est que l’histoire tourne autour d’un personnage fictif, qui est apprenti prêtre, à la recherche de Dieu. Mais suite à un réveil de sa conscience et à des révélations, il se rend compte que ce qui l’entoure, que tout ce à quoi il croit, est à l’opposé de ce qu’il cherchait au début, à savoir le démon. Les paroles sont écrites à la manière d’un journal intime, dans lequel il relate ses souffrances intérieures, et cette découverte du malin, en corrélation avec ce rejet du concept de Dieu. Tout cela se passe au Moyen-Age, car c’est une époque fascinante pour ce qui est de l’hérésie et de la religion. C’est aussi une époque de grand changement pour l’Homme. Mais cela reste tout de même une histoire intemporelle.

Death Cult Armaggedon est clairement un chef d’œuvre. Est-ce difficile de se remettre à composer après un tel album ?
Oui, c’est quelque chose que tu as constamment à l’esprit quand tu te remets à composer. Mais bon, on ne le voit pas trop comme ça, car nous n’analysons pas plus que ça notre musique. C’est plus basique, nous utilisons seulement les choses qui pour nous sonnent bien. Bien sûr, il y a un peu de pression, mais nous gardons à l’esprit que nous composons pour nous, de notre manière. Et si les gens aiment, c’est du bonus.

Comment décrirais-tu la musique sur In Sorte Diaboli ?
Je dirais que c’est très représentatif de notre style. Nous n’avons pas opérer de grands changements dans notre musique en incluant de nouveaux éléments. Je pense que c’est un album très accrocheur, très sombre… que dire de plus ?

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Comme tous les groupes en promotion, que ce nouveau est le meilleur (rire) !
Et bien tu vois, non. Je ne dirais pas que c’est notre meilleur album. C’est trop cliché de dire ça, que chaque nouveau disque est le meilleur… Je suis juste très fier de ce que nous avons fait. Je ne pense pas que les fans seront déçus. Ils trouveront un album avec tous les éléments qu’ils aiment dans notre musique, mais aussi un album qui demande un peu plus d’attention, il faut l’écouter plusieurs fois pour vraiment rentrer dedans et en saisir le concept. Une musique très sophistiquée, mais comme je l’ai dit, très accrocheuse aussi.

Le fait de t’être replongé dans votre passé, en réenregistrant Stormblast, a changé quelque chose dans l’écriture de ce nouveau disque, que l’on sent plus thrash qu’à l’accoutumé ?
Non… nous avons réenregistré Stormblast car nous trouvions les morceaux très bons sur ce disque et que le son de l’époque ne leur rendait pas justice. Et en plus, cela a permis aux fans de patienter. Mais je vois ce que tu veux dire, c’est vrai que cet album est plus axé sur les guitares qu’auparavant.

Après de nombreuses valses de batteur, est-ce que Hellhammer est un membre permanent du groupe ?
Non, il ne fait pas partie du groupe. C’est un batteur de session, il est payé pour faire un boulot. C’est très agréable de travailler avec lui, c’est juste que nous n’avons pas besoin d’un batteur permanent dans le groupe. Peut-être qu’après il le deviendra, mais pour l’instant nous travaillons comme une équipe sans batteur. Le fait de ne pas en avoir un attitré n’est plus un facteur de stress pour nous, nous avons appris à travailler de cette façon.

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Qu’a-t-il apporté sur les nouvelles compos ?
Rien au niveau de la musique, mais beaucoup dans l’interprétation. Sa façon de jouer est exceptionnelle. Il a su faire tout ce qu’on lui demandait. C’est simple, il sait jouer tous les styles de musique. Il a apporté quelque chose de positif à cet album.

Quand l’album sera dans les bacs, vous, vous serez aux Etats-Unis. Ce pays semble être votre priorité pour la suite…
Oui. C’est un grand pays, avec un gros marché. Il est très important d’y promouvoir l’album, et de tourner pour y vendre notre album. C’est notre priorité maintenant.

D’autres attentes avec ce nouveau disque ?
Je ne sais pas, c’est difficile à dire, nous allons attendre qu’il sorte, et nous verrons. Là, il est trop tôt pour le dire, mais pour l’instant les réactions sont très bonnes