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NILE, Ankh-Neferkheperou-Rê, Ankhes En-Pa-Aton et tout le toutim, quand ce n’est pas Tout-Ankh-Arthon… Un nouvel album des Américains est désormais toujours attendu comme le messie égyptien par tout fan de brutal death metal qui se respecte… Le messie se présente aujourd’hui sous la forme d’un dieu de la fertilité et de la force phallique (on parle pas de moi, là ?!! …lol…) : Ithyphallic est une nouvelle bombe à retardement pour votre céans déjà bien éprouvé par la déflagration Annihilation Of The Wicked, propulsée en 2005. Karl Sanders, la tête pensante du projet, une nouvelle fois super sympa bien qu’en plein décalage horaire, a bien voulu répondre à nos interrogations. Appréciez…

Interview parue également  dans le Metal Observer FNAC n°10 de Juillet / Août 2007

Entretien téléphonique avec Karl Sanders (guitares, programmation, chant), par Will Of Death et Geoffrey
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Salut Karl ! Comment va depuis le temps ? Tu es dans ta chambre d’hôtel à Paris ?
Salut ! Oui, je viens de poser mon cul, je suis crevé parce que je reviens d’Australie et j’ai quelques heures de décalage horaire dans la tronche, là… Je ne sais pas si je dois me lever ou aller me coucher (rires)… Mais ça roule…

Quels furent les retours sur l’album Annihilation Of The Wicked ?
Je dirais que dans l’ensemble, ça a été très positif. Bon, y a évidemment toujours des gens pour critiquer ton boulot mais dans ce cas-là, j’essaie de ne pas trop y prêter d’attention. Nous avons vendu plus d’albums avec Annihilation, plus que tout ce que nous avions déjà fait avant (NdWill : donc, au moins 150.000 albums…). Les chroniques ont été pour la plupart très bonnes. 

Il nous semble que cet album vous ait permis d’accéder à un statut plus important sur la scène death metal… Qu’en penses-tu ?
Je dois être d’accord (rires) ? Franchement, je ne pense pas en terme de compétition sur la scène death metal. Nous, notre but est de jouer du Metal et de le partager avec les gens. Laissons la musique parler, tout simplement…

Presque 10 ans chez Relapse Records et vous voilà maintenant chez Nuclear Blast… Qu’est-ce qui a motivé ton choix de changer de label et pourquoi avoir choisi Nuclear Blast ?
Il était simplement temps pour nous de changer, pour avancer encore plus. En ce qui concerne Nuclear Blast, nous avons senti qu’ils étaient les plus sincères avec nous pour bosser avec nous et nous donner le pognon que nous voulions pour enregistrer. Ils croient vraiment en nous et je pense qu’ils feront ce qu’il faut pour pousser le groupe le plus loin possible. 

Chez Relapse Records, vous étiez un des groupes les plus importants, ce qui ne sera pas forcément le cas chez Nuclear Blast. Ne penses-tu pas qu’il y ait un risque pour le groupe, à ce niveau ?
Il y a toujours un risque dans tout ce que tu entreprends. Tu vas traverser la route, il y a un risque. Dans ce cas-là, prends un taxi… mais il y a un risque aussi, tu vas me dire (rires) ! Nous croyons en eux. Quand ils nous ont parlé, ils nous ont regardés dans les yeux, et dit des choses claires. On leur fait confiance pour faire ce qu’ils ont dit.

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Ce nouvel album est certainement celui où vous avez mis les parties les plus heavy de votre discographie (je pense notamment au titre « Eat Of The Dead » ou à la fin de « Ithyphallic »). Est-ce une volonté de rendre ta musique plus accessible ?
Les parties lentes ? Je ne sais pas. Je pense que le Metal forme un tout pour nous et quand les gens réagissent comme nous en live sur certaines parties, c’est un grand moment. Je me rappelle très bien par exemple quand nous avons joué au Wacken en 2003 et que tout le monde s’est mis à gueuler le refrain final de « Black Seeds Of Vengeance » : ce fut un très grand moment ! Dans ce cas, il n’y a rien de mieux que le Metal, quand tout le monde bouge dans la même énergie et les parties lentes sont très bien pour ça… 

En même temps, peut-on dire que les parties rapides sont les plus intenses jamais composées par le groupe ?
He he… Oui, je pense qu’il y a des parties super intenses dans nos chansons rapides, les plus rapides que nous ayons réussi à jouer et à créer ensemble. Mais tout ça, c’est bien beau, mais si tu n’as pas une top production, pour pouvoir tout entendre, les instruments ne peuvent fonctionner ensemble. On bosse super bien ensemble ! C’est un putain de bordel de bon coup de poing dans ta gueule, cet album ! Yeahhhhh (rires) !!!

Quel était votre but avant d’écrire cet album ?
Nous voulions être surs de pulvériser tout le monde, de faire encore mieux par rapport à avant. Ce fut un gros challenge de faire encore mieux qu’Annihilation, de rendre les choses encore plus rapides, plus heavy, plus intenses encore... Pas évident…

Qui a enregistré la basse sur cet album ?
C’est Dallas qui s’en est chargé.

Pourquoi pas Joe Payne, alors qu’en live, il se chargeait aussi de quelques parties vocales ?
On a viré Joe Payne après 2 répètes ! On lui a dit de retourner se faire voir chez les Grecs, ce qui a bien fait marrer George…

Pourquoi ?
Parce qu’il est complètement stupide (rires) !!!

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Pour Annihilation…, tu nous avais dit que tu avais bossé comme un dingue pendant 2 mois pour la composition. Comment ça s’est passé cette fois-ci ?
Là, je dirais que ça nous a pris environ 6 mois. Nous avons bossé durant plusieurs périodes avec George, nous avons fait quelques breaks. Nous n’avons jamais mis autant de temps. Mais nous avons senti que nous devions bosser certaines parties jusqu’à ce que nous soyons totalement satisfaits. Quand un groupe n’a pas bossé à fond, il me semble difficile de pouvoir entendre tous les détails. Or, notre musique est complexe ; nous avons donc pris notre temps afin de bosser les titres ensemble jusqu’à ce que ça devienne automatique, en quelque sorte…

Tu as de nouveau fait appel à Neil Kernon pour cet album. Cependant, j’ai noté deux changements notoires dans le son : la caisse claire est plus présente et sonne beaucoup plus naturelle et tes vocaux sont moins sourds, plus audibles, avec moins d’effet de profondeur… Es-tu d’accord avec cette analyse ?
Oui, pour le son de caisse claire, nous voulions vraiment ça, que ce soit plus présent. Pour les vocaux aussi, tu as raison aussi. C’est une manière de faire que de mettre moins d’effets, en bossant plus sur la valeur de la production. En gros, on voulait reproduire sur ce disque le genre de vocaux qu’on avait en répète. On voulait qu’ils soient plus directs. Nous voulions à la fois être les plus puissants possible avec la production, tout en étant les plus propres possibles, et ça passait aussi par les vocaux.

Sur la tournée précédente, on s’était rendu compte que Dallas chantait ses propres parties + celles de Jon Vesano. Or, sur le nouvel album, il s’est chargé une nouvelle fois la majeure partie des vocaux. Il me semble que tu te sois plus orienté vers les backing vocals, pour les ambiances les plus malsaines. Le chant commence-t-il à te lasser ?
Je ne sais pas vraiment. J’aime chanter mais je pense que mes vocaux sont plus efficaces quand ils sont utilisés avec parcimonie, dans une sorte de super profondeur, du genre d’une momie qui reviendrait d’entre les morts… (NdWill : là, il chante une partie au téléphone pour nous expliquer…). Le problème est que si je mets partout ce genre de voix, ça risque de ralentir quelque peu les chansons. Et sur cet album, comme je te l’ai déjà dit, nous voulions être plus directs, in your face quoi… ! Et la voix de Dallas est très bonne pour ça je pense, car elle est directe et tu peux comprendre les mots qu’il prononce, alors que son élocution est plus rapide que la mienne. Ce fut une nouvelle fois un gros challenge de trouver des paroles qui s’incluaient parfaitement aux rythmes des titres.

Le titre de l’album est un peu bizarre vu d’ici… Que signifie le mot Ithyphallic ?
C'est un titre en rapport avec les dieux de la fertilité en Egypte, un truc sur les érections...

Et c’est en rapport avec les paroles de l’album ?
Non, pas vraiment. Le seul rapport qu’on peut y voir, c’est que le groupe veut soulever des forces pour faire le meilleur Metal possible.

On parle toujours des parties Metal de tes albums mais rarement des intros, toujours très riches en ambiances orientales ou malsaines… Comment tu t’y prends ? Tu les composes ou tu utilises des samples ?
Ca dépend. Bon, si tu prends le titre “The Infinity Of Stone”, c’est un titre acoustique que j’ai joué avec une 12-cordes et il y a une batterie très aérienne. Il y a quelques voix et quelques trucs Metal dedans, que j’ai mélangés. Quand je me mets à jouer des trucs acoustiques et calmes, je ne sais pas trop où ça m’emmène et parfois, je me surprends. C’est comme si tu fais de la cuisine : il te faut un poulet, du beurre et un bon pinard. Quand tout est réuni, ça marche bien ensemble. Pour mes intros, c’est pareil…

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Je pense que tu dois t’en rappeler. Il y a eu un incident avec un fan à Paris  en 2005 quand celui-ci a atterri sur ton rack d’effets en slammant et que tu l’as viré violemment à coups de pieds… Le lendemain matin, ça avait fait le tour de tous les sites en France. Pourquoi as-tu réagi comme ça ?
Ah ah ah… C’est excellent, ça, bonne pub pour nous ! Le mec est monté sur scène, et est resté quelques secondes sur scène à faire le con, en finissant par toucher à une de mes pédales. Or, c’est celle qui contrôle mon ordinateur et les séquences qu’on met dans notre musique. Elle gère aussi mon son de guitare, pour que tout soit bien au niveau. Et si ce truc lâche, il n’y a plus de concert de Nile, c’est aussi simple que ça. Je ne sais pas pourquoi les mecs de la sécurité ont laissé monter le mec sur scène et encore moins pourquoi ils n’ont pas réagi quand ils ont vu qu’il y avait un problème. C’est inacceptable. Je n’ai eu d’autre choix que de renvoyer le mec dans la fosse à ma façon, d’une façon « metal », quoi (rires) !!!

Qu’attends-tu de ce nouvel album ?
J’attends des putain de bons moments de Metal, voilà ce que j’espère. C’est un album brutal, très propre, sincère, une bonne représentation de Nile. Ces chansons sont vraiment bonnes.

Quels sont les projets de tournée ?
Nous allons faire partie de la Ozzfest aux USA, cet été, jouer dans les plus grandes villes. Ensuite, il est prévu que nous tournions en Europe à l’automne avec Six Feet Under…

T’es content de savoir que tu vas bosser avec Sharon Osbourne ?
Whah ha ha… T’es un marrant, toi ! T’inquiète, si ça ne va pas, on l’invitera dans notre bus (rires) ! Non, mais je ne veux pas tourmenter le groupe avec ce genre de trucs, on va juste tenter de rester zen et sain d’esprit après ça (rires) !

Bon, tu veux ajouter quelque chose d’important un mois avant la sortie de l’album ?
Je dirais que vous avez intérêt à être bien accrochés quand vous écouterez le nouvel album (rires)…

Tiens, j’avais une dernière question : j’ai vu que Relapse allait publier un best of… T’es d’accord avec ça ?
Je crois très sincèrement qu’ils se foutent complètement de mon avis ! Ils peuvent faire ce qu’ils veulent avec ça. Alors qu’on vient de signer chez Nuclear Blast, Relapse va nous faire une promo supplémentaire avec ce best of…. C’est une des ironies de la vie !

Si tu veux, on n’en parlera pas dans la retranscription de cette interview…
Non, je m’en fous. Parle de Nile autant que tu veux ! Je me souviens il y a 10 ans quand j’ai signé le contrat avec eux, j’ai dit à un pote en déconnant : « ça y est, on est à présent exploités ! ». Or, c’est vraiment ce qu’est le music business : de l’exploitation ! Alors, même si ça nous a permis de vendre nos albums partout dans le monde, Relapse, comme les autres labels, s’en est mis plein les fouilles avec nous, comme avec les autres… Si on pouvait bloquer la sortie de ce best of, on le ferait, parce qu’on est un groupe de death metal, merde, pas Billie Holliday (rires) ! Relapse veut se faire encore un peu plus de pognon sur notre dos, ok, qu’ils se démerdent… Nous, ça nous fera quelques royalties de plus !

Bon, voilà, je crois qu’on a fait le tour… J’espère te voir bientôt sur scène… Enfin, je veux dire, pas moi sur la scène, je resterai dans la fosse pour ne pas me faire botter le cul (rires) !
Ah ah ah… Ecoute, on fera chacun notre truc et tout le monde sera content (rires) ! Allez, salut mon pote, c’était cool ! A bientôt !