Interview

Vous avez formé Serpentcult rapidement après la fin tragique de Thee Plague Of Gentlemen. Était-ce une façon de conjurer le mauvais sort?
On s'est tous vus le soir même du split de TPOG. On voulait parler de tout ça. On a tout de suite décidé de remonter un nouveau groupe. Ça aurait été un gros gâchis de tout arrêter et de laisser tomber, après autant de bon moments, de tournées et de bonne musique. C'était même une décision instinctive. L'envie de composer ne s'est jamais dissipée.

Serpentcult est en fait le nom du deuxième album mort-né de TPOG. Pourquoi avoir repris ce nom?
On a longtemps hésité en fait. Certainement à cause de la connexion avec le passé. Mais dès que l'on discutait avec les gens, ils nous poussaient à reprendre ce nom, parce qu'ils le trouvaient excellent. Et finalement, ils avaient bien raison !

Les chansons de Trident Nor Fire étaient-elles destinées à TPOG, ou sont-ce des compos totalement nouvelles?
Seulement The Harvest, qui est une version retravaillée d'une chanson composée pour le deuxième album de TPOG. Les autres sont totalement nouvelles et ont été composées pour ce mini. Sur l'album qui va suivre, il va encore y avoir 1 ou 2 chansons écrites pour TPOG et retravaillées, mais le reste sera 100% nouveau.

Votre chanteuse, Michelle, apporte une dimension très épique aux morceaux du mini, les avez-vous composés avec elle?
Non, tout était déjà composé lorsqu'elle a rejoint le groupe. Cela s'entend dans la structure des morceaux. Par contre, les nouvelles chansons sont écrites en groupe, et ça va s'entendre ! Les chansons sont bien plus cohérentes. Michelle s'est aussi impliquée dans le processus de composition et d'arrangement.

La voix de Michelle est très épique. Était-ce une dimension que vous vouliez ajouter à votre musique?
Absolument ! Quand on recherchait un nouveau chanteur, on voulait quelque chose de très agressif et mélodique à la fois. On est tous fans de Candlemass et d’Iron Maiden. La combinaison de la voix épique de Michelle avec les riffs super lourds, c'est vraiment la « dream team » du metal pour moi !

Le son de Trident Nor Fire est très heavy. Penses-tu que ce soit un élément nécessaire pour un bon album de heavy/doom metal ?
Bien sûr ! Heavy metal, tout est dit dans le nom ! Je ne peux vraiment pas écouter des albums metal avec un son policé, mou, diététique...Il me faut un peu de rugosité dans le son, avec un bon équilibre riffs/morceaux et le son qui va avec. Attention, je ne veux pas dire qu'un mauvais son ne peut pas être heavy ! Écoute le dernier Darkthrone et tu comprendras ce que je veux dire ! J'adore ce disque ! Tout est dans le feeling et les tripes que tu mets dans ta musique. Quand je joue un bon riff, je dois ressentir ces frissons. En général, c'est le meilleur critère pour retenir les bons riffs.

Ce mini est donc heavy, épique, mais il comporte aussi une atmosphère occulte, quelles étaient vos ambitions à la formation de Serpentcult ?
On voulait inclure nos influences rock 70’s et NWOBHM, sans perdre en lourdeur. Ce sont peut-être ces tonalités « rétro » qui donne ce ton épique et occulte. Le prochain album sera en effet plus « evil » et, de manière générale, il sera plus noir et sombre que Trident Nor Fire.

La reprise de Uriah Heep (Rainbow Demon) est assez fidèle à l'originale, mais avec la voix de Michelle et votre son, elle sonne comme une pure chanson de Serpentcult !
Merci ! C'est vrai qu'on ne voulait pas trop changer cette chanson, on l'adore, alors autant rester fidèles ! On a juste essayé d'y ajouter une touche personnelle au niveau des arrangements et du son.

Au point de vue des paroles, y a-t-il un thème lié à Trident Nor Fire et à Serpentcult ?
Pas vraiment. Tu sais, écrire des paroles est une nouveauté pour nous tous, on s'est donc retrouvé tranquillement, après avoir un peu bu et on a passé un bon moment à écrire ces paroles. Par contre, pour le nouvel album, on a un concept un peu plus élaboré qui va avec la tonalité de la musique.

Vous avez l'air d'avoir déjà composé de nouvelles chansons !
Ouais ! Sinon, nos setlists seraient drôlement courtes ! Plus sérieusement, on a déjà un set bien rempli et presque assez de chansons pour enregistrer notre premier véritable album.

Comment ça sonne ?
Globalement, un peu comme celles du mini, en un peu plus evil et sombre. Il y a du putain de lourd ! Il y a aussi des chansons un peu plus rapides et le tout est saupoudré d’une touche de « frost »... (frost = gel)

Est-ce que Trident Nor Fire était la démo avec laquelle vous avez démarché les labels ?
Non, on a envoyé deux chansons, et puis, il y avait celles en ligne sur Myspace. C'était des chansons qu'on avait enregistrées à la maison. Pour le mini, on est allé l'enregistrer aux CCR studios, réputés pour leur son heavy.

Le deuxième album de TPOG devait sortir sur Listenable, mais Serpentcult a signé avec I Hate Records. Pourquoi ce changement ?
Beaucoup de gens nous posent cette question... Il n'y avait aucune raison pour que Serpentcult aille chez Listenable ! TPOG est mort et la situation était simple, pas de groupe, pas de contrat. Serpentcult n'est ni la suite de TPOG ni une version bis, c'est un nouveau groupe ! Je suis persuadé qu'on peut faire notre trou sans parler du fait qu'on est des « ex-TPOG ». On a signé sur I Hate Records parce qu'on connaît Ola (boss d'I Hate) depuis un bout de temps et on apprécie énormément le travail fait par son label.

Il est de plus en plus rare de voir un groupe sortir un mini avant de tourner et de sortir un album par la suite, pourquoi avoir choisi ce mode d'action ?
On voulait donner un signe de vie de Serpentcult le plus rapidement possible. Sortir un album n'était pas une option. On ne pouvait pas écrire un album entier aussi vite, et sortir un LP directement, 6 mois après la formation du groupe, c'est un peu se moquer du monde. On doit grandir peu à peu. On enregistre un mini à fond, on tourne et ensuite, on prend le temps et la tranquillité nécessaires pour sortir un excellent album.

Vous allez donc finir de tourner et enregistrer un premier album !
Exactement ! On compte tourner avec Centurions Ghost, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne pour l'automne. On fera aussi des dates isolées ici et là. Ensuite, on va enregistrer ce premier album ! On espère pouvoir le sortir d'ici 2008.

Avec qui d'autre aimeriez-vous tourner ?
J'aimerais repartir en tournée avec Gates Of Slumber, mais si tu veux parler de rêves, je dirait Candlemass, Celtic Frost voire Maiden!

Avec votre style particulier, vous pouvez partager l'affiche avec beaucoup de groupes...
C'est vrai, on passerait bien sur n'importe quelle affiche metal... C'est un peu ce qui nous arrive, on a fait des doom fests, des deathmetal fests et des concerts avec des groupes de metal simplement...

Un dernier mot pour vos fans en France?
Ma guitare fait ron ron (en français dans le texte! Ndlr) (rires). J'aimerais tellement rejouer en France ! On va essayer d'organiser ça !

Merci à Fred et à Ola de I Hate Records.

Ils ont peut-être seulement sorti un maxi avec 3 titres et une reprise, mais croyez-nous, Serpentcult n'ont pas fini de faire parler d'eux. Ces ex-Thee Plague Of Gentlemen ont rapidement formé Serpentcult, trouvé un nouveau label (I Hate Records) et sorti un surprenant maxi : Trident Nor Fire. Pourquoi surprenant ? Du doom surpuissant, avec des rythmiques de mammouth et une chanteuse à la voix très épique et heavy. On ne voit pas ça tous les jours... Interview parue également dans le Metal Observer FNAC n°10 de Juillet / Août 2007
Entretien avec Fred, par Yath
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