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DELAIN, emmené par un Martijn Westerholt (ex-Within Temptation) revenu d’entre les morts, est apparu en début d’année avec Lucidity, un très bon album de Metal féminin. Le fait d’inviter la moitié de la planète sur cet album aurait pu cependant paraître bien opportuniste, tout comme le fait de signer chez Roadrunner. Nous nous devions donc  d’interroger le gars lors de la venue du groupe au Raismes Fest en septembre, et on n’a pas été déçus ! Non content d’être un mec super sympa, Martijn n’a élucidé aucune question ! De plus, la prestation du groupe fut en tout point remarquable… Delain, l’avenir du Métal à chanteuse ?

Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°13 de Nov. 2007

Entretien avec Martijn (claviers), par Geoffrey & Will Of Death
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Première question : comment te sens-tu en général, comme là, une heure avant un show ?
Complètement relax, je dois dire. En fait, j’ai une très bonne impression de ce festival et en plus, les shows que nous avons déjà faits en France sont parmi les meilleurs que nous ayons donnés. On se sent toujours bien en présence du public français.

Comment s’est passée justement la tournée avec Within Temptation ?
C’était cool, c’était un peu comme la vieille équipe et la nouvelle unifiées… A titre personnel, c’était aussi une bonne expérience d’être enfin de retour sur scène !

Revenons à l’album. Quelles ont été et sont encore les réactions ?
En fait, ça a vraiment dépassé mes attentes. Il y a eu aussi un effet de surprise de présenter autant d’invités dessus. Je savais exactement ce que je voulais mais le boulot fait par les invités a poussé cet album à son maximum. Les réactions montrent que les gens aiment cet album donc je suis complètement satisfait. C’est toujours cool de savoir que les gens aiment ta musique.

Vous avez signé chez Roadrunner, ce qui est un peu surprenant vu le style que vous jouez. Pourquoi eux ?
En fait, justement à cause de ça ! Ils n’avaient aucun autre groupe de Metal mélodique avec une chanteuse. Sur ce label, nous sommes quasiment uniques. Une autre raison vient du fait que ce label est originaire de Hollande, qu’on connaît personnellement certains dirigeants et ils savent comment fonctionne l’industrie du disque ! Ils savent comment faire pour présenter un nouveau groupe. Etre sur un label où il y a déjà d’autres groupes du même genre aurait pu s’avérer négatif pour nous. Je suis satisfait du boulot qu’ils ont abattu pour notre promo et les tournées. Y a pire comme label, pour un 1er album (rires) !

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Comment vous y êtes-vous pris pour composer cet album ?
En gros, j’ai tout fait. Si tu compares avec mon passé dans Within Temptation, peu de choses ont changé sur Lucidity. J’ai eu le temps de tout composer mais depuis la sortie de l’album, le reste du groupe est beaucoup plus concerné par l’écriture. Il y aura plus de fraîcheur dans les compos je pense ; j’en ai peut-être un peu manqué sur Lucidity. Je sens que j’ai plus besoin de leur aide pour me dire si ce que je compose tient la route ou pas. C’est une expérience nouvelle pour moi et c’est bien cool !

Franchement, tu aimes quand les autres membres critiquent ton travail ?
Oui, vraiment ! Je pense que c’est très important de ne pas avoir un ego démesuré. Même s’il n’y avait eu qu’une seule chanson de moi sur cet album, et 10 des autres, ça aurait été cool. Quelque part, que ce soit le contraire pue complètement en fait (rires) !   
    
Il y a plein de guests sur cet album. Ce sont tous des potes ou ils se sont proposés pour te filer un coup de main ?
Non, bon, pour Sharon, c’est facile, c’est ma belle-sœur. Je la vois donc tout le temps et on parlait souvent de ce que j’étais en train de faire. Guus Eikens et George Oosterhoek, je les connais aussi depuis que j’ai fait partie de Within Temptation. Marko Hietala (Nightwish, Tarot), au contraire, je ne le connaissais pas personnellement. J’espérais juste pouvoir l’avoir sur l’album parce que j’aime vraiment sa voix ; c’était l’occasion de créer un mélange vocal très intéressant avec d’autres invités. Je l’ai rencontré après un show de Nightwish à Amsterdam et il était bourré (rires).

…et il a dit OUI (rires)!
Non, je me suis dit qu’il serait alors plus judicieux de donner mon matériel au manager plutôt qu’à lui, sinon, mon CD se serait retrouvé coincé entre deux slobards et aurait été retrouvé par hasard 3 mois plus tard (rires) ! Le lendemain, il m’appelait pour me dire qu’il aimait bien mais qu’il devait finir la tournée Once avec Nightwish. Ca s’est fait comme ça.
Liv Kristine, je l’écoutais déjà au début des années 90 quand j’étais un kid et qu’elle faisait partie de Theater Of Tragedy. J’adore ce qu’elle a fait avec ce groupe et on peut même dire qu’elle est une des personnes qui a créé ce style de musique. J’ai réussi à l’appeler, lui dire ce que je voulais faire et je lui ai envoyé du matos. Elle a bien aimé bien sûr. En plus, tous ces gens se connaissent et sont tous plus ou moins amis. Ca a été assez facile au bout du compte.

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Mais tout ça peut quand même paraître bien opportuniste !
Oui, je me doutais que vous alliez en venir là. Mais ce n’est pas une question de noms. J’aime vraiment la musique que ces gens ont faite et il est tout à fait logique que des personnes qui font une musique excellente depuis des années soient toutes bien connues ! Marko est un putain de chanteur et il joue super bien de la basse aussi, Sharon, c’est la même chose : j’adore sa voix ! Heureusement pour moi, je suis un peu plus connu que si j’étais resté dans l’underground, donc, ils ont tous assez facilement accepté.

En live, ça peut quand même poser pas mal de problèmes. Comment vous vous y prenez, pour la voix de Marko par exemple ?
C’est une très bonne question. Et vous verrez ça dans une heure (rires) ! Mais au départ, Delain n’était pas sensé devenir un groupe de scène, à cause de mes problèmes de santé. Et du coup, chanter live sans ces noms prestigieux, c’est comme si il manque une part du gâteau. Quand l’album a été fini, en fait, j’étais guéri et je me suis dit : «fuck ! Il faut qu’on joue ces titres live» et du coup, je me suis bien retrouvé dans la merde (rires) !

Tiens, comment te sens-tu aujourd’hui ?
Je suis complètement en forme ! C’est OK… Mais pour revenir à nos moutons, jamais, même dans mes rêves les plus fous, je n’avais pensé que Delain soit un jour un groupe live à cause de mon état. Roadrunner nous a aussi poussés à nous produire sur scène, disons, pour être un « vrai » groupe ! Petit à petit, l’idée a fait son chemin et nous voilà. On a fait plein de shows en Hollande pour s’entraîner et c’est notre guitariste soliste, Ronald Landa, qui chante les parties masculines.

Ce n’est pas frustrant pour Charlotte de devoir chanter les parties des autres en live ?
Faut savoir qu’en fait, les invités ont chanté les parties que Charlotte avaient composées ! C’est marrant quand même, non ? Elle a adoré voir des gens comme Sharon, Liv ou Marko chanter ses parties sur l’album car elle aussi, quand elle avait 17 ans, les écoutait déjà ! Alors imagine-la quand elle a vu ces gens chanter ses propres parties ! Elle a pris son pied ! Il n’y a aucun problème d’ego là-dedans.

Pourquoi as-tu jeté ton dévolu sur elle justement, vu ton expérience de groupe à chanteuse ?
Le danger, quand tu composes un album concept comme celui-là, est de ne pas réussir à créer ta propre identité. C’est pourquoi je voulais avoir une nouvelle jeune chanteuse inconnue, qui ait son propre caractère vocal. Il fallait qu’elle soit aussi capable d’écrire des paroles et des lignes de chant. J’ai cherché un peu partout aux Pays-Bas, car même si c’est un petit pays, pour notre style, c’est un véritable vivier ! Je cherchais quelqu’un comme Charlotte, qui ait de la puissance dans la voix mais qui soit aussi subtile. Et finalement, je l’ai trouvée au bout de la rue où vivent mes grands-parents (rire) ! C’est marrant…

Ce n’est pas trop difficile pour une chanteuse d’être dans le même groupe que toi, vu ton expérience ? Tu dois beaucoup attendre d’elle…
Bien sûr, il y a de la pression ! Charlotte a appris très vite, tout comme nous avec elle. Il n’a pas fallu traîner : on a démarré le 14 septembre de l’an dernier, et en quelques mois, il a fallu tout enregistrer, sortir le CD et partir en tournée. En plus, on est entrés dans les charts avec Lucidity et il a fallu enregistrer des vidéos, faire des émissions de télé… C’est de la folie, on ne s’attendait pas à ça !

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© 2007 Will Of Death - www.noise-web.com

On sait bien que tu es pote avec les gens de Within Temptation : que penses-tu de leur dernier album, sachant qu’il est différent du reste ?
Mon frère a écrit quasiment tout l’album avec Sharon et je sais qu’il n’aurait jamais écrit de chansons susceptibles de plaire aux médias. Il écrit ce qui lui vient du cœur même si c’est différent du reste de leurs albums, en effet. J’aime aussi ce que Sharon a fait sur cet album et un titre comme « What Have You Done » est à classer parmi les meilleurs trucs qu’ils aient écrits. Je sais que cet album a reçu pas mal de critiques mais on ne peut pas toujours plaire à tout le monde. Par exemple, si ça avait été moi, j’aurais mis les guitares plus en avant sur The Silent Force, alors que cet album a reçu un accueil phénoménal. C’est d’ailleurs mon album préféré de Within Temptation, bien que je le répète, j’aime le dernier album aussi !

Pour revenir à votre album, la première fois qu’on l’a écouté, on a été très impressionnés par la puissance de la production. Comment avez-vous fait pour obtenir un tel résultat ?
On a été très attentif au choix de notre producteur et de celui qui allait mixer l’album. Je suis très perfectionniste et j’ai quand même eu 5 ans pour y penser (rire) ! Mais en écoutant l’album maintenant, il y a déjà des choses que je veux changer sur l’album suivant comme le son des guitares, qui peut être plus mis en avant. Mais en général, je suis totalement satisfait du son. Mais bon, on peut toujours se plaindre (rire) !

Qu’est-ce que tu attends encore de cet album dans le futur, et à quoi peut-on s’attendre de notre côté ?
De mon côté, ça fait 10 ans que je joue ce genre de musique, alors, je préfère ne rien attendre de spécial pour ne pas être déçu, tellement il y a de bons groupes dans notre style. De ce fait, tout ce qui t’arrive est de l’ordre de la surprise. Je veux juste jouer encore plus avec le groupe. On va certainement entrer en studio l’an prochain en Allemagne et je veux garder des invités car c’est un des éléments qui fait Delain aujourd’hui. Il y en aura moins quand même car nous sommes plus un vrai groupe maintenant… Un grand merci à vous pour vos questions ! 

Site : www.delain.nl