neaera

Un vrai coup de cœur. Une vraie claque. On la sentait venir aussi celle-là, mais pas à ce point. Neaera, en modifiant un peu sa musique, en accordant ses guitares plus bas, s’est offert un son dévastateur, pour une musique mixant à merveille le côté rouleau compresseur de Bolt Thrower et la furie d’Heaven Shall Burn.

Interview parue également  dans le Metal Observer FNAC d'octobre 2007

Entretien avec Benji - Par Geoffrey
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On peut dire que vous êtes encore un jeune groupe, mais avec quand même déjà 3 albums en trois ans…
Cela implique beaucoup de compromis. Notre guitariste Stephan, par exemple, est très occupé par ses études, et n’a par exemple joué que 9 dates sur les 23 de la tournée avec Kataklysm. Et pour le reste du groupe, nous nous focalisons sur les week-ends pour donner des concerts. Comme je l’ai dit, beaucoup de compromis, mais pour ma part, j’ai un travail où les gens sont compréhensifs, et me dégagent du temps pour le groupe. Les moments pour jouer sont assez définis, comme l’été pour participer aux festivals. Je vois ce groupe comme une chance, et je m’y lance à fond, en lui accordant le maximum de temps possible. Cela reste un rêve qui se réalise quand même…

Avec le recul, quel a été le déclic entre vos débuts, où le groupe s’appelait The Ninth Gate et cette machine de guerre que vous êtes devenus maintenant ?
Une machine de guerre ? (rire). J’aime bien cette définition, je la réutiliserai (rire). Je ne sais pas vraiment comment tout cela a évolué. Cela a été assez étrange. Nous jouions tous dans différents groupes, et nous voulions mixer différentes influences. C’est comme ça que nous nous sommes retrouvés. Mais je pense que cela est devenu rapidement plus important car nous avons commencé comme un side-project, sans pression. On se sentait libres d’expérimenter, d’écrire des chansons que nous trouvions fun à jouer. C’est une des raisons, et bien sûr avoir de la chance, être au bon endroit au bon moment. Signer avec Metal Blade a tout accéléré.

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Vous semblez très très soudés dans le groupe, comment décrirais-tu l’alchimie créatrice du groupe ?

La plupart du temps, les deux guitaristes et le batteur composent la majorité des morceaux. Ensuite, Stephan (guitare), Benny (chant) et moi écrivons les paroles. Les morceaux sont ensuite retravaillés tous ensemble, et si une personne n’aime pas une partie, nous la réécrivons. Les paroles sont écrites à l’avance, et nous voyons ensuite quels textes iraient avec quel morceau.

Le son de ce nouveau disque est très différent, plus massif… Vous avez même accordé les guitares plus bas…
Oui… L’accordage plus bas, nous l’avons décidé deux mois avant d’entrer en studio. On s’est dit que les nouvelles chansons étaient plus massives, le tempo plus lourd, donc il nous fallait le son adéquat. Et au final, je suis très content de cela. Même sur scène, cela redonne de l’énergie supplémentaire à nos anciens morceaux, en les amenant encore plus loin dans la violence. Pour l’enregistrement, nous sommes retournés chez Jacob Hansen, quelqu’un que l’on connaît, dont on connaît la qualité de son travail. Cela enlève un poids et nous laisse vraiment nous concentrer sur la composition et les arrangements. Nous avons aussi travaillé les parties de chant avec Alexander d’Heaven Shall Burn, ce qui a vraiment libéré Benny dans ses expérimentations vocales, en exploitant toute sa tessiture. Cela lui a aussi permis de s’investir encore plus, en ayant encore plus de liberté sur ses parties de chant. Nous avons eu moins de temps que sur les albums précédents, mais cela nous a permis de nous concentrer sur l’essentiel.

Que signifie ce titre « Arnamenamentum », qui est une vraie torture à prononcer (rire)
Stephan est arrivé avec ce titre il y a assez longtemps, donc il a été là tout au long de l’écriture. C’est un terme militaire, mais pour nous, il décrit le monde dans lequel nous vivons. Il faut prendre les choses comme elles viennent, et toujours faire preuve d’un esprit ouvert et se tourner vers les autres. Il y a tellement de choses futiles qui nous entourent, qu’il faut se concentrer sur les choses vraies…

Dans votre style de musique, les fans connaissent les paroles par cœur, les chantent avec vous… Faites-vous bien attention au poids des mots quand vous écrivez les paroles ?
Et c’est justement ce que j’aime dans le metal. Il y a tellement de chansons stupides ces derniers temps, et qui, en plus, squattent les charts du monde entier. Tout cela est tellement vide, et ça passe en boucle sur MTV en plus… Mais les kids qui écoutent notre musique ou le metal en général ont un œil critique, et rejettent cette société de consommation. Ils sont très critiques sur ce qu’ils écoutent. Donc oui, je comprends le poids des mots, c’est pourquoi je cherche toujours à écrire des textes qui ont un sens, et dans lesquels les gens peuvent se retrouver et mémoriser assez vite .

Qu’attends-tu de ce disque ?
J’espère que le côté plus agressif de ce disque va plaire à d’autres personnes, même si nous avons mis en retrait les mélodies. J’espère que pour les gens, nous n’allons plus être seulement un groupe de metalcore de plus, et qu’ils réaliseront que nous avons notre propre univers, notre propre style. Je n’attends rien, car attendre quelque chose voudrait dire quémander à quelqu’un.

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Tu viens de parler de metalcore… Mais tu aimes que l’on définisse votre musique ainsi ?

La question n’est pas de savoir si nous jouons du metalcore ou du death metal mélodique, mais plutôt comment les gens apprécient et vivent notre musique. Il y a des questions plus importantes à mes yeux. Mais les gens ont besoin de repères, et besoin de catégoriser les choses, donc je les laisse faire (rire).

Pour rester sur le metalcore, que penses-tu de ces groupes qui rajoutent de plus en plus de chant clair sur leurs morceaux ?
Ça dépend de la façon dont cela est incorporé dans le morceau. Denis de Caliban par exemple, a un super chant clair, alors pourquoi s’en priverait-il ? Pour un groupe comme nous, c’est hors de question, aucun de nous n’est capable de donner autant d’impact que Denis par exemple.

Et de toute façon, chez vous, comme dans un groupe comme Heaven Shall Burn, les mélodies viennent des guitares, pas du chant…
Oui, même si Benny arrive parfaitement à jongler entre ses growls et son chant plus hurlé, et comme tu l’as dit, le reste est fait par les guitares. On avait essayé les parties en chant clair sur le premier album, mais, même si cela collait aux morceaux, on s’est rendu compte qu’en général, cela enlevait de l’agressivité à nos morceaux.

Et pourtant, paradoxalement, vous êtes chez Metal Blade et vous ne tournez pas aux Etats-Unis (rire)
(rire) Oui, je sais (rire). Et puis, j’ai l’impression qu’il ne faut pas précipiter les choses. Ok, c’est notre troisième album, mais faisons les choses les unes après les autres. Il y a tellement d’endroits en Europe où nous n’avons pas encore joué !  

Site : www.neaera.com