logo


Vous en avez assez de la soupe qu'on vous sert sur les radios ? Ras-le-bol des mèches de Bill de Tokio Hotel et de ses histoires de ruptures adolescentes ayant autant d'intérêt qu'un match du PSG face à Lens (NdWill : Geoff, je vais te botter le cul ! Allez Lensois, allez !!! ...lol...) ? Pensez par vous-mêmes, agissez, foncez écouter Babylon Pression nouvelle mouture, plus rock, mais tout aussi énervé

Interview parue également  dans le Metal Observer FNAC n° 13 de Nov. 2007 

Entretien avec Mathieu (chant), par Geoffrey


Que s’est-il passé pour le groupe depuis le premier album, Negative Generation ?

Le deuxième chanteur est parti, il a préféré la vie en entreprise. On s’est reconcentré sur un chant, chose plus simple que prévu, puisque j’ai pu vraiment développer des textes qui me tenaient à cœur, avec des coups de gueule et des points de vue qui étaient vraiment les miens. Le but de ce nouvel album était de développer quelque chose de plus homogène. Au niveau des compositions, mais aussi sur un thème bien précis, et ne pas être dispersé. A deux chanteurs, on était complémentaires, mais ça donnait des chansons plus vastes, plus festives parce qu’on n’avait pas les mêmes points de vue. Je ne pouvais pas alors pousser dans les détails. Cela  faisait longtemps que je voulais écrire sur ma vie, sur ce que je ressentais, avec une touche d’ironie. Cela donne aussi un côté plus énervé à la musique, où je suis plus à l’aise.

Il y a un feeling plus rock n’ roll dans l’album...
Carrément. Donc du coup, le fait de s’être séparé de ce chanteur, cela a permis de se lâcher, et de faire ce qu’on avait envie de faire depuis longtemps. Et maintenant qu’on sait qu’on se régale là-dedans, on va continuer dans cette direction.

pix

On a commencé à parler des thèmes de l’album, mais deux gros thèmes se détachent de cet album : la société de consommation et ses dérives, et des thèmes plus politiques. Et justement, l’album aurait eu la même force sur certains textes si les élections avaient été différentes en mai dernier ?
Pour moi, il n’y a vraiment qu’un seul titre politisé. C’est le morceau «La France a peur», mais on l’avait écrit bien avant les élections. Plutôt que sur les hommes politiques, moi je voulais un morceau sur les Français en général. Je parle surtout de l’humain, comme quand je dis qu’on ne se bat que pour une cause, la nôtre. C’est surtout sur le côté égoïste et manipulable des gens. Et le côté où nous sommes manipulés par les politiques, car quand quelqu’un a peur et qu’il est isolé, il est manipulable. Mais oui, après, on s’est penché sur les élections, et on a vu que le morceau collait aussi. Quand on a une société solidaire, il est dans l’intérêt des gouvernants de jouer sur la peur. Car un peuple solidaire et cultivé peut se retourner contre les dirigeants.

Votre public est grossièrement, je le conçois, constitué de jeunes. Quel est selon toi le poids d’un tel discours sur eux ?
Moi je remarque que dans le rock actuellement, on prend un peu les jeunes pour des cons et des décérébrés. Quand tu écoutes du Pleymo, du Enhancer, du Vegastar ou toutes ces croûtes, il y a vraiment un côté insipide. Ça ne veut rien dire, c’est du politiquement correct plus que correct. Moi je suis d’une génération où on avait des groupes de fusion comme Lofo ou One Eyed Jack et on écoutait ce qu’ils disaient. Je trouve qu’en France, on manque de groupes à textes, qui observent, parlent du quotidien. On n’utilise pas les méninges de nos jeunes. Nous, on veut que nos textes fassent réfléchir, fassent parler. On veut un débat d’idées et faire réfléchir les jeunes. On a aussi tous trente balais, et on écrit sur des choses qui nous parlent, sur nos états d’âme, notre quotidien et notre situation sociale. Mais on a aussi des gens de plus de 25 ans qui viennent nous voir et qui sont intéressés par le discours. Je trouve ça intéressant aussi. Pourquoi servir de la soupe alors qu’on peut leur parler normalement ? Si on peut leur dire que tout n’est pas rose, pourquoi pas.

Autre thème, l’entreprise. Un thème pleinement assumé dans les photos du groupes, les textes, le site Internet (au passage très bien fait).
J’avais remarqué que sur Myspace, c’était assez interactif. On voulait la même chose pour notre site. On veut faire participer les gens, on a besoin de ce contact, pour les connaître, connaître leurs envies, leurs coups de gueule. Ne pas être déconnecté de la réalité.

pix   pix  pix

Pour revenir aux thèmes, quels sont selon toi les solutions pour que ça change ?
Nous sur l’album, c’est plus du constat. On ne veut pas avoir de discours démago. Je ne sais pas s’il y a réellement des solutions dans le système actuel. On n’a pas la prétention de changer les choses, juste utiliser l’humour noir pour changer les gens. Le tout à la manière d’un Groland (rire). On ne veut pas dire ce qu’il faut faire, on n’en a pas les compétences non plus, juste un témoignage, un regard.

En tout cas, ça reste très négatif…
C’est là où on est les meilleurs (rire) !

Mais vois-tu de la lumière au bout du couloir des fois ?
Je ne suis pas quelqu’un de dépressif non plus (rire). Mais je n’arrive pas à faire des textes positifs sans que ça soit nié. On passe par une phase où on se rend compte que la vie est difficile à gérer, donc on écrit dessus. Mais on connaît trop de groupes optimistes et qui retournent leur chemise pour tomber là-dedans.

Et comme dans un des morceaux de l’album, tu penses qu’à trente ans, tu n’a encore rien fait ?
Je n’ai pas fait grand chose (rire). Pas grand chose n’a avancé. Ce n’est jamais à la bonne vitesse. On pense toujours au lendemain sans prendre vraiment de plaisir dans le moment présent.


Site : http://www.babylon-pression.com/