LOGO

Soilwork fait partie des groupes dont on attend beaucoup, car les Suédois ont depuis longtemps pris la tête (avec d’autres tout de même) de cette scène suédoise mainte fois imitée ces derniers temps. Mais voilà, avec son précédent disque, comme avec ce nouveau, notre entrain s’est un peu effilé à cause d’une musique peut-être plus calibrée, moins spontanée et généreuse que par le passé.

Interview publiée aussi dans le Metal Observer n°13 de Nov. 2007

Entretien avec Bjorn "Speed" Strid (chant), par Geoffrey
Rechercher : dans l'interview

Comment regardes-tu Stabbing The Drama avec le recul ?
Je pense que ça reste un très bon album. Il sonnait un peu différemment de ce que l’on avait fait auparavant, certainement comme une réaction à l’album Figure Number 5. Cet album était tellement rempli de mélodies ; nous avions un peu perdu en impact. Donc pour Stabbing, on avait un peu mis en retrait les guitares mélodiques, pour le rendre plus brut, plus dur aussi.

Les critiques n’ont pas été très tendres pourtant avec cet album… Tu penses que ces mauvais retours ont un peu atténué la progression du groupe ?
Heu… (petit silence). Pas vraiment, je ne crois pas. J’aime toujours ce disque, mais c’est vrai qu’avec notre nouveau disque, nous avons retrouvé des éléments qui manquaient un peu sur ce disque, comme les éléments thrash, ou les mélodies à deux guitares. Nous avons bien balancé ces deux points forts de notre musique…

Les gens attendent toujours beaucoup de Soilwork…
Oui je sais, mais on a besoin de cette pression. Si personne n’attendait rien de nous, je ne pense pas que nous ferions de bons albums. La pression est très saine pour nous.

En décembre 2005, Peter Wichers a officiellement quitté le groupe, quelle fut ta réaction ?
Pour te dire la vérité, je n’ai pas vraiment été surpris de sa décision. Je le sentais venir même si j’essayais de ne pas y penser. Il a toujours été en quelque sorte le leader du groupe, celui qui prenait les décisions importantes. Et puis le jour où il a commencé à nous déléguer les décisions importantes, j’ai senti que quelque chose se passait. De plus, il commençait à s’éloigner de nous, pas personnellement, mais musicalement. Mais on a quand même été très attristés par sa décision quand il nous en a fait part. Mais on s’est dit qu’on avait tellement encore à offrir, que l’on voulait tourner la situation en un nouveau départ, voir ce départ comme quelque chose de positif, d’en faire quelque chose de créatif.

pix

Tu n’as donc jamais eu peur pour l’avenir du groupe, étant donné que Peter était le compositeur principal du groupe ?
Un peu au début. Comme tu l’as dit, il était le principal compositeur. Mais Ola et Sven composaient déjà pas mal de choses aussi, et moi je composais mes mélodies vocales. On savait que l’on pouvait donc le faire, on était juste un peu tremblant à l’idée de se lancer. Mais une fois que l’on a tourné ça au positif, les idées sont venues d’elles-mêmes. Et beaucoup de chansons sont arrivées très vite. On ne s’est pas assis autour d’une table en se disant « Ok, qui va être le principal compositeur maintenant, qui va tenir les rennes ? » Nan, pas du tout, celui qui était inspiré écrivait des chansons. Peu importe de qui ça venait. Et on a gardé les meilleures. On a fini par avoir 30 chansons, on n’en avait jamais eues autant avant d’entrer en studio. Et surtout beaucoup de bonnes chansons. Et je pense que celles que nous avons choisies pour l’album résument parfaitement toute la carrière de Soilwork.

Cela a du changer beaucoup de choses quand même dans « l’unité » Soilwork ?
Oui, on a vraiment senti, ne te méprends pas, que Peter nous manquait plus en tant qu’ami, que compositeur, car comme je l’ai dit, c’est un brillant compositeur. Mais on en avait suffisamment sous la pédale pour faire un grand disque.

Ça a du te faire un peu bizarre de retravailler avec lui pour la compilation anniversaire Nuclear Blast ?
C’était cool en effet. Je savais qu’il allait être très créatif, et pas me donner juste une chanson de Soilwork. Sa composition pour moi était une chanson très soft. Et il a très bien utilisé d’ailleurs les différents chanteurs de cette compil’ pour tirer le meilleur d’eux. Alors c’est vrai, mon morceau est très calme, mais on s’en fout (rire), cela reste un très bon morceau.

pix

Certains parlent déjà d’un retour à plus d’agressivité pour ce nouveau disque.
Je suis assez surpris en fait de ces réactions, même si nous voulions inclure de nouveau ce qui faisait notre force. Mais je ne m’attendais pas du tout à ce que les gens disent « oh mon dieu, ils reviennent à l’agressivité de leur début ».  J’ai été assez surpris. Mais cela fait partie des choses que tu ne peux pas voir pendant que tu écris un disque, ce n’est qu’une fois que les gens ont écouté que tu t’en rends compte. Je pense que cet album a le même état d’esprit que l’album Natural Born Chaos, avec cette balance entre mélodie et agression. Je pense surtout que nous avions beaucoup à prouver.

Comment trouves-tu tes parties de chant sur ce nouveau disque ?
On a beaucoup composé sur la route, ce qui était assez nouveau pour nous. Pouvoir canaliser toute l’adrénaline qui monte en nous avant que l’on aille sur scène et l’utiliser pour composer. On peut le ressentir sur beaucoup de morceaux, ainsi que dans la production, beaucoup plus « sale ».

Comment vois-tu l’évolution du groupe au fil des années ?   
On était très jeune quand on a commencé le groupe et on a sorti notre premier disque en 1998. On avait nos idoles à l’époque, Carcass période Heartwork, At The Gates période Slaughter of The Soul mais aussi le Strapping Young Lad de City. Pour ce dernier, je me souviens quand nous l’avons écouté, je me suis dis « voilà enfin quelqu’un qui propose quelques chose de vraiment différent, d’unique ». Au début, en tant que jeune groupe, tu essayes toujours d’adapter la musique avec laquelle tu as grandi, de la refaire à ta sauce. Après, nous avons vraiment développé notre style, et je pense que Natural Born Chaos est la première pierre de l’édifice Soilwork, là ou nous nous sommes trouvés. Même si je pense qu’il y a aussi des éléments plus personnels sur nos premiers disques. Nous avons beaucoup grandi en tant que musiciens et surtout en tant que compositeurs. On a réalisé qu’il y avait tellement de façon d’écrire une musique heavy. Il ne faut pas seulement que la musique soit rapide, brutale ou thrashy. Il y a tellement de façon d’assembler un morceau pour le rendre percutant !

Site :www.soilwork.org/