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Si vous cherchez l’un des albums de l’année en musique extrême, ruez-vous sur le nouvel album d’Anaal Nathrakh. Epique, agressif, toute la folie est présente pour satisfaire nos besoins les plus primaires. Dave nous résume la conception et l’environnement de celui-ci dans une interview étrange mais on ne peut plus intéressante. Merci à lui…

Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°14 de Déc. 2007

Entretien avec Dave/V.I.T.R.I.O.L - par Pierre-Antoine
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Que s’est-il passé pour Anaal Nathrakh depuis la sortie d’Eschaton ?
Et bien, nous avons vécu de superbes expériences, notre premier show en dehors du Royaume-Uni pour commencer. C’est particulièrement cool de jouer en Norvège, premièrement à l’Inferno simplement parce que c’est l’Inferno et deuxièmement le Festival Hole In The Sky festival à Bergen, car nous n’étions jamais allés à Bergen avant et c’est un des plus beaux endroits du monde. Il y a quelques jours, nous étions tête d’affiche de la Extreme Stage au Damnation Festival en Angleterre avec des groupes comme Aborted, 1349 et Kataklysm. On a passé une super journée. Plein de choses sont encore à venir.

C’est très rare de vous voir live, tu ne trouves pas ça frustrant ?
Non. On fait des shows par-ci, par-là, donc quand on joue, on en fait quelque chose de spécial, un événement. Si nous jouions plus, je trouverais ça justement plus frustrant car ça deviendrait tout simplement normal de jouer au lieu d’être spécial.

Toutes les personnes vous ayant vus sur scène décrivent vos prestations comme quelque chose d’énorme, de dévastateur. Qu’en penses-tu ?
Ce serait arrogant de dire “oui bien sûr, nos concerts sont comme ça” mais c’est super d’entendre que le public apprécie. Grâce à la rareté de nos prestations, quand nous avons prévu de jouer, il y a une vraie anticipation mais en même temps il y une grosse pression pour que nous réussissions nos prestations. Nous y allons donc à fond et c’est très gratifiant d’entendre ce que tu me dis. Et oui, nous apprécions de jouer live, à défaut nous ne le ferions pas. Nous disons toujours que nous faisons de la musique de façon égoïste, c’est simplement pour exprimer que nous la faisons pour nous avant tout, mais quand nous sommes devant une foule qui hurle et qui se rentre dedans dans un « pit », il y a quelque chose de très immédiat qui en rend l’expérience inédite et nous pouvons partager. C’est exaltant, pour nous comme pour le public.

Quand a commencé l’écriture du nouvel album ?
Aux alentours de mai cette année, cela ne nous a donc pas pris longtemps du début de l’écriture de l’album à sa sortie. Nous travaillons volontairement rapidement car pour nous, ça ajoute au côté urgent de l’album, quelque chose de fou. Nous passons notre temps tous les deux à penser à ce que nous voulons inclure mais nous ne faisons pas vraiment de plan. Parfois, Mick se sent bien pour écrire, passe en studio et balance la sauce pendant des semaines. Quand il a terminé et que nous avons épongé le sang, il y a un album prêt à être vomi par mes soins avec mon chant.

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Cet album est une nouvelle fois très agressif. Comment parvenez-vous à regrouper autant d'intensité dans les titres ?
Pour Mick, je pense qu’il ne cherche pas trop à analyser, pour n’importe quelle raison, il aime la musique qui sonne de façon agressive et énergique donc il en crée de la sorte. Pour moi, c’est juste ce qui est dans ma tête, je passe beaucoup de temps à réfléchir sur le monde en général et je finis à chaque fois très en colère. Ce serait facile de voir le monde comme un ballet d’horreur en quête de déception et de déperdition. Beaucoup de gens le voit comme ça, as-tu déjà lu par exemple un livre de Chuck Palahniuk ? Et puis, je pense que je suis un peu fou aussi. Je vois souvent des gens morts dans les parkings, je pense souvent que les passants vont m’attaquer dans la rue ou quelque chose comme ça, ce mode de fonctionnement m’est propre et est complètement normal. Et puis tout le monde a ses habitudes un peu bizarres et sa façon de penser qui peut sortir de l’ordinaire. Ca fait partie de ce que l’on est. Et aussi fou que cela paraisse, je pense que la plupart des gens sont fous d’une manière ou d’une autre. C’est facile de voir les gens de la façon dont on voudrait qu’ils soient mais ce n’est pas le monde tel qu’il est. Que tu le crois ou non, beaucoup de personne sont empreintes de craintes et de peurs. Ils arrivent juste à bien les cacher. Particulièrement quand tu es avec des gens qui aiment la musique extrême. Ces personnes-là qui la trouvent satisfaisante, c’est parce qu’elle comble quelque chose en eux et leur parle directement comme ne pourrait pas le faire d’autres choses dans leur vie. Il y a de la folie et de la haine dans chacun de nous, sinon il n’existerait pas une musique comme la nôtre.  Peu de gens le réalisent, mais c’est amplement vrai. Il y a une chanson de Verve qui précise que la musique reconnaîtra “la douleur en moi”. Notre musique ne représente pas toute la douleur de nos sentiments mais exprime ce que l’auditeur ressent au plus profond de son âme et lui donne une sensation à laquelle il peut s’identifier.  De mon point de vue, c’est pareil : notre musique exprime ce qu’il y a au plus profond de mon être. Je ne sais pas pourquoi ça y réside, ce n’est certainement pas très sain d’avoir toute cette merde en soi mais c’est comme ça, point final.

Même si l’extrême et la dévastation sont une part importante de ce nouvel album, vous avez cette fois créé une musique plus accessible, moins brouillonne peut-être. Es-tu d’accord avec ce postulat ?
Ce que tous tenons à créer c’est avant tout du feeling. Nous n’essayons pas d’impressionner le monde pour montrer à quel point nous savons jouer de la guitare. Bien sûr, nous faisons de la musique avec plus de trois notes mais nous n’essayons d’être technique juste pour être technique. Le point principal de notre musique est ce sentiment de violence. Nous mettons en avant la déperdition, le mal, le désespoir mais tout en essayant d’être direct et intense. C’est pour ça que que pour l’auditeur, c’est plus une expérience je trouve, c’est plus viscéral. Anaal Nathrakh a toujours été catchy et les morceaux faciles à mémoriser, peu importe la violence des propos. C’est à peu près comme si pour exprimer tes idées, tu devais le faire d’une façon que les gens peuvent comprendre. Notre matériel musical est très comparable à cette idée. Un message simple délivré avec un bon coup de marteau dans la gueule.

C’est tellement catchy que cette fois, vous titillez même Dimmu Borgir sur leur propre terrain avec le morceau « The Final Absolution » ?
Hmm, je ne trouve pas que ça ressemble à du Dimmu Borgir du tout mais si c’est ton opinion,  pourquoi pas ? Tu sais, on se fout des comparaisons. Nous faisons de la musique qui sonne bien et tout ce qui vient après, le genre, les comparaisons, tout le reste, on s’en tape.

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Les paroles seront-elles disponibles cette fois-ci ?
Non.

Vous allez tourner un peu plus cette fois pour promouvoir ce fabuleux nouvel album ?
Non, je pense que Mick est plus ouvert que moi sur cette question mais lui comme moi en fait, on n’est pas très chaud pour faire d’Anaal Nathrakh un groupe qui tourne régulièrement. Bien sûr, nous ferons quelques shows, des festivals, tout dépendra de ce que les promoteurs nous offriront et de ce que nous pourrons faire pour que le show se passe bien. Nous aimons jouer live et présenter notre musique à la foule donc on verra…

Comment Mick fait-il pour bosser avec Anaal Nathrakh, Exploder et gérer Feto Records ? Il est omnipotent ?
Il est sûr qu’il n’a pas beaucoup de temps libre mais gérer tout ça n’est pas si impossible si tu y réfléchis bien. Anaal prend beaucoup de temps mais surtout sur de petites périodes. Ce n’est pas un problème en dehors des moments où nous répétons ou composons pour un nouvel album et ces moments restent rares. Je m’occupe des interviews et du bouclage des dates, après ça, il ne reste pas grand chose d’autre. Exploder répète souvent mais pareil pour des enregistrements et des shows sporadiques, donc le tout s’arrange. Feto est son boulot permanent et lui prend beaucoup de temps mais ce n’est pas impossible à manager.

Veux-tu laisser un message à nos lecteurs ?
Si les prédications sont vraies, il nous reste cinq ans à vivre avant la fin de cette civilisation. Ne perdez pas votre temps. Et puis merci pour votre soutien, j’espère que l’interview sera intéressante à lire et surtout, écoutez notre musique aussi fort que possible !!!

Site : www.myspace.com/anaalnathrakh