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Gamma Ray… L’enfant terrible, le groupe pour lequel Kai Hansen avait quitté Helloween à la fin des années 80. Son bébé, son arme de destruction métallique massive, depuis fort longtemps bien plus inspiré que la citrouille teutonne. Mais après deux albums trop éloignés de ce que l’on est en droit d’attendre de Gamma Ray, le groupe a décidé de revenir sur ses bases, et de donner une suite à l’un de ses albums phare, Land Of The Free.
Et en revenant sur son passé, en préparant une tournée historique avec Helloween le mois prochain, le groupe nous offre ce que nous n’osions espérer.

Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°14 de Déc. 2007 (en 4ème de couv')

Interview avec MONSIEUR Kai Hansen (guitare, chant), par Geoffrey
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J’ai beaucoup de questions chiantes pour toi…
(Rire)… nan, je pense qu’elles seront intéressantes !

J’espère aussi (rire) !
Au moins, si elles sont chiantes, j’essaierai de rendre les réponses intéressantes (rire)

D’ailleurs, après tant d’années, tu aimes toujours donner des interviews ?
Oui. J’aime toujours donner des interviews, surtout lorsque nous sortons un nouvel album, parce que c’est toujours à ce moment-là que je reçois les premiers commentaires des journalistes et des gens sur ce que nous venons de faire, s’ils aiment l’album, ce qu’ils en pensent. Cela permet de vraiment jauger le disque.

Mais est-ce toujours facile de parler de sa musique ?
Hum… A un certain niveau oui, mais il y a aussi des choses qui sont assez dures pour moi à expliquer. Surtout quand les gens demandent de décrire sa musique, c’est toujours très difficile de décrire son travail. Il faut juste écouter la musique, et après poser des questions précises sur certains de nos choix comme les pourquoi ou les comment. Mais décrire comme ça dans le vague, c’est difficile.

Comment juges-tu Majestic, deux ans après ?
J’aime toujours cet album. Je ne pense pas que ce soit un mauvais album. Mais je suis pleinement conscient aussi que cet album n’était pas ce que les fans typiques de Gamma Ray attendaient. Mais si tu te regardes non pas comme un musicien mais comme un peintre, quand tu dessines, tu as un certain style, que tu répètes. Mais des fois, tu as besoin de dessiner quelque chose de différent. Par exemple, si tu dessines toujours du rouge, parfois tu as besoin de peindre du noir. Et je pense que c’est ce que nous avons fait avec Majestic.

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Parlons de ce nouveau disque, qui est pour moi un retour au style de musique que vous jouiez au milieu des années 90. Pourquoi un retour maintenant ?
C’est juste arrivé. Peut-être à cause de ce que nous avions fait avant avec No World Order et Majestic, qui sortaient de notre ordinaire.  C’était des albums nécessaires si nous voulions revoir nos ambitions à la hausse et changer un peu pour ne pas tomber dans l’ennui à ce moment-là. Quand nous nous sommes réunis avec le groupe pour parler de ce nouvel album, nous sommes tous tombés d’accord sur le fait que nous voulions faire quelque chose de plus positif, de plus… Quelque chose plus comme Land of the Free (rire). Nous voulions vraiment retrouver ce genre de mélodies, ces riffs plus power metal.

Et quelle place prennent les attentes des fans dans votre façon de composer ?
Pas tant que ça en fait. On essaie d’éviter de composer en pensant aux attentes des fans, car nous ne serions plus vrais avec nous-mêmes. Des albums comme No World Order ou Majestic n’auraient pu être possibles si nous pensions en priorité aux attentes des fans. On évite toujours ce genre de pensées commerciales qui amènent à ce dire qu’il faut composer des morceaux pour les fans. On a besoin de faire ce que nous voulons.

L’album tourne autour de la liberté. Mais quelle est ta définition de la liberté ?
La liberté, c’est quelque chose que tu atteins dans le monde réel. Pour moi, la liberté est un sentiment. Un sentiment obtenu par beaucoup de moyens : certains gravissent des montagnes, d’autres font du parachutisme, et certains écoutent du heavy metal ou en jouent. Pour moi, écouter ou jouer ce genre de musique m’a toujours donné des ondes positives. Etre libre du stress et des problèmes. Je me rappelle quand j’étais petit, j’avais 10 minutes de route pour aller à l’école. Et normalement, quand tu es petit, tu n’aimes pas aller à l’école, surtout tôt le matin. Alors j’y allais en écoutant dans mon walkman des groupes comme Motörhead, qui me donnaient tant d’énergie que j’arrivais à l’école avec des sentiments positifs. Pas de pression, pas de peur. Ça, c’est ma définition de la liberté.

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Pour revenir sur le disque, c’est assez risqué de faire un Land Of The Free 2 quand même…
C’est définitivement risqué. Quand nous avons commencé à bosser sur ce disque, nous nous sommes dit : « pourquoi ne pas composer des chansons qui pourraient être un Land Of The Free part 2 ? ». Et si nous réussissions ce but, alors nous appellerions l’album Land Of The Free 2. Au début, nous ne devions pas l’appeler comme ça. Et au milieu de la production, en écoutant ce que nous avions, nous nous sommes regardés pour savoir si nous avions bien un Land Of The Free pt 2, et oui, nous avions réussi. Et ce fut une vraie satisfaction d’avoir atteint notre but. C’est tellement facile d’appeler un de ses disques « part 2 ». Mais réussir à créer un vrai lien musical entre le premier volume et le suivant, là, c’est un challenge.

Et pour moi, vous avez réussi…
(rire). Merci. Pour l’instant, tout le monde me dit ça, et ça, ça donne de bons sentiments. Il y a toujours un danger que les gens ne disent seulement que le numéro un était meilleur. Mais nous ne voulions pas copier, juste donner une suite à la hauteur.

Dans un ancien morceau, tu parlais du paradis, qu’il pouvait attendre, et dans un nouveau morceau, tu dis que Dieu est une illusion et qu’il n’y a pas de paradis. Perdrais-tu la foi en vieillissant ?
Déjà, je vieillis, ça c’est vrai (rire). Mais je ne perds pas la foi. C’est plus de la provocation. Pour moi « Dieu n’existe pas et il n’y pas d’Antéchrist », c’est juste ma façon de dire « bienvenue dans le vrai monde ». C’est juste ne pas vivre dans un rêve ou dans l’illusion de la croyance. Il faut juste vivre dans le monde réel, et pas dans une espèce d’illusion. Cela fait partie de notre vie d’avoir des croyances.

Mais sommes-nous libres quand nous sommes croyants ?
Je ne pense pas non. Cela dépend de chacun. Certaines personnes trouvent leur liberté dans leur religion et d’autres non, et n’y trouvent que des restrictions. C’est ce que j’ai voulu dire. Si tes croyances deviennent trop fortes, tu es dominé et tu perds le sens des réalités.

Es-tu quelqu’un de croyant ?
Pas dans le sens classique. Je crois en quelque chose comme en Dieu. Je crois au miracle de la vie. Bien sûr que c’est une chose biologique mais le « pourquoi » n’est toujours pas résolu. On peut appeler ça Dieu ou quelque chose de surnaturel. C’est quelque chose que je respecte beaucoup. Mais je ne crois pas aux choses comme « si j’agis bien dans ce monde, Dieu sera reconnaissant et j’irai au paradis, et si j’agis mal, j’irai en enfer. »

Justement, en parlant de religion, pour beaucoup de fans de heavy, tu es un dieu du metal, et Gamma Ray est leur paradis… Est-ce facile d’être Kai Hansen tous les jours, pas trop de pression ?
(rire). Nan, pas de pression (rire). Je suis très heureux et honoré de tout ce respect qu’ont les gens pour moi. C’est le plus beau cadeau que je puisse recevoir. Que les gens apprécient ma musique et des fois me disent : « c’est grâce à toi que j’ai commencé la musique », « tu es une grande source d’inspiration », ou alors « ta musique m’a aidé à passer certaines épreuves difficile de ma vie et même sauver ma vie. ». Wow, c’est vraiment quelque chose d’énorme. Cela me rend heureux d’apporter des choses aux gens avec ma musique…

Et du coup, les gens attendent toujours beaucoup de toi…
Oui, je sais. Des fois c’est dur de vivre toutes ces attentes. J’essaye de ne pas y penser trop. Je vis juste ma vie et je poursuis mes rêves. Et je verrais bien ce qui arrivera.

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On a parlé du thème de la liberté, mais y en a-t-il d’autres sur ce disque ?
Basiquement, chaque morceau parle de la liberté, à différents niveaux. Avec à chaque fois l’idée de comment y arriver, comment atteindre la liberté, qu’est-ce qui peut nous empêcher d’y arriver…

Comment décris-tu l’alchimie du groupe ?
Ce line-up est ensemble depuis 10 ans maintenant. On se comprend vraiment mutuellement. On travaille vraiment en équipe, sans problème d’ego ni de jalousie. Chacun a un rôle bien précis. Et surtout, on sait très bien que lorsque l’on réussit quelque chose, que l’on atteint un but, on le fait tous ensemble. Et ainsi tout le monde fait de son mieux pour atteindre nos objectifs. Bien sûr, ça ne veut pas dire que l’on ne se dispute pas, mais il n’y a jamais de mauvais sentiments. C’est aussi pour ça que ce line-up est stable.

Et comment gardes-tu cette flamme vivante tous les jours envers le groupe ?
Je ne sais pas. Peut-être parce que nous ne passons pas tout notre temps toujours l’un sur l’autre. Dans un sens, on ne veut pas grandir, pour ne pas vieillir et s’ennuyer. On a toujours besoin de challenges. Faire ce Land Of The Free 2 et le défendre sur scène, ça c’est un vrai challenge. Je pense que cela nous fait nous sentir vivants…

Comment vois-tu le monde de la musique avec toute ton expérience ?
C’est un business vital. Mais c’est comme tous les business, tu rencontres de bonnes personnes, unies par une vraie passion pour le rock et le metal. Et d’un autre côté, tu as les moutons noirs, des trous du cul et des lèche-culs. Mais avec un peu d’expérience, tu arrives à les repérer facilement…

Il y a encore des choses, des buts que tu veux atteindre avec le groupe ?
Oui. Mais nous n’avons pas de plan à dix ans. Nous ne nous disons pas : « ok, dans deux ans, on est plus gros que Maiden ». On suit juste des étapes logiques, en les prenant comme elles viennent. Donc pour l’instant, la prochaine étape, c’est de faire cette tournée, et de donner de bons concerts et montrer aux gens que nous sommes un bon groupe de scène. Après on verra.

On ne peut pas terminer cette interview sans parler de la tournée avec Helloween…
C’est assez simple. Nous avons joué quelques festivals avec Helloween dans le passé. Et chaque rencontre était l’occasion de boire des verres ensemble et de discuter. Après le Wacken, on s’est dit que ça serait bien de tourner ensemble, pour des raisons assez simples : nous sommes dans le même univers musical et nous avons un passé commun. Quelque chose nous connecte vraiment. Et pour les fans, ce sera un package intéressant. Et quand nous avons vu que nos plannings coïncidaient, il n’aura fallu que quelques coups de fil pour que ça se fasse. Et pour Gamma Ray, ce sera l’occasion de jouer devant des gens qui ne nous connaissent peut-être pas. Il y a encore des fans qui connaissent Helloween et pas Gamma Ray.

Oui, enfin, si ce sont de vrais fans de Helloween, ils te connaissent forcément.
Bien sûr, mais je pense que les choses sont plus encadrées que ça. S’ils sont du côté de Helloween, ils ne sont pas du nôtre, et inversement d’ailleurs. Tout le monde a ses préférences, et certains sont assez fermés là-dessus.

Site : http://www.gamma-ray.com/