logo


On ne va pas mentir en disant que le deuxième album du groupe suédois a été l’un de nos préférés de 2007. Trop swedish death metal dans l’âme, pas assez original à notre goût, avec une voix un peu trop metalcore sur les bords. Le groupe était en tournée avec Obituary à Lyon début janvier ; comme nous ne sommes pas complètement bouchés, nous avons voulu donner la parole au chanteur afin qu’il s’explique. Une interview et  surtout un concert assez intense plus tard, nous voilà rassurés : ce groupe a de l’avenir ! Entretien…

Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°16 de Fév. 2008


Interview de Johannes Eckerström (vocals), par Will Of Death
Rechercher : dans l'interview

Peux-tu présenter un peu mieux le groupe aux lecteurs de Noiseweb & Metal Obs’ ? Quelles sont vos principales influences et comment définirais-tu votre style ?
Nous nous sommes formés il y a plusieurs années, quand nous avions à peine 16 / 17 ans. On essaie de mélanger plusieurs styles de Metal, ceux que nous aimions quand nous étions de jeunes kids : du brutal et du mélodique. On est bien sûr très proches du « style Göteborg » puisque nous venons de là… In Flames, At The Gates, Dark Tranquillity sonT des noms qui reviennent évidemment parmi nos influences. Mais des groupes comme Iron Maiden, Strapping Young Lad ou d’autres trucs rock n’ roll signifient beaucoup de choses pour nous…
Notre but est de faire un groupe avec sa propre identité à partir de toutes ces influences.

D’où vient le nom de votre groupe, Avatar ?
En fait, l’idée derrière ça est que chacun a son propre potentiel qu’il doit développer. C’est le message de notre groupe. Tout le monde est son propre Dieu dans les cieux et sur Terre. Il faut juste choisir ce que tu veux être. Voilà en gros ce que nous entendons par Avatar.

Une trentaine de dates avec Obituary, en voilà une sacrée opportunité pour un si jeune groupe ! Comment êtes-vous parvenus à entrer sur cette tournée ?
Oui, c’est cool, mais je ne sais foutre rien de la manière dont on est rentrés sur cette tournée (rires) ! C’est John, notre batteur, qui s’occupe de notre promo, de travailler avec l’agence de booking de Göteborg qui s’occupe de nous, qui est d’ailleurs très efficace. Ils s’occupent d’In Flames aussi par exemple. Merci à eux ! On se considère comme faisant partie d’une nouvelle génération dans le Metal, et une telle tournée est bien cool pour montrer de quoi nous sommes capables devant un public un peu plus old school, comme celui d’Obituary et de Holy Moses. En plus, comme tout le monde, la scène death metal de Floride est aussi une grande influence pour nous !

pix   

Comment jugez-vous vos conditions sur cette tournée ?
En fait, ça dépend des jours. Pour l’instant, on a joué en Italie, en Espagne et en France, et les gens de ces pays sont cool. Ça s’est donc bien passé pour nous. On a déjà joué dans ces pays sur une autre tournée et on se rend compte que les gens réagissent de mieux en mieux, reconnaissent plus facilement nos titres. C’est un challenge aussi pour nous car beaucoup de fans ici n’ont jamais entendu parler de nous avant ; je pense que nous sommes sur la bonne voie. 

Vous êtes jeunes et pourtant, vous avez déjà ouvert pour In Flames, Evergrey, Stone Sour, Impaled Nazarene ou encore Hardcore Superstar. Vous trouvez-vous particulièrement chanceux ?
C’est plutôt beaucoup de boulot mais pour la tournée avec Impaled Nazarene, ça a été une vraie catastrophe ! C’est la fameuse tournée où ils se sont fait piquer leur matos, où plein de shows ont été annulés à cause de la censure, où il n’y avait plus un rond, l’an dernier. On a beaucoup souffert aussi de ce qui s’est passé. En fait, on est plutôt chanceux de s’être rencontrés au départ. Dans ce groupe, tout le monde bosse vraiment très du pour créer les bonnes connexions, être de bons musiciens, tenter d’écrire les meilleures chansons possibles. Ma chance, personnellement, est d’avoir réussi à trouver des gens qui bossent comme moi. Alors, bien sûr, il y a une petite part de chance, que certaines personnes aient accepté de bosser avec nous pour trouver des tournées, mais très franchement, on se bouge le cul !   

Vous avez en moyenne 21 ans à peine et pourtant, votre première démo date de 2003, votre premier EP de 2004, et vous avez déjà deux albums à votre actif ! Comment expliques-tu votre précocité ?
Il y a d’autres groupes qui ont commencé très jeunes et qui ont cartonné, je pense à Dismember ou à Edguy. Nous ne sommes donc pas les premiers. Le truc, c’est que nous nous sommes rencontrés très tôt, il y a longtemps, au Collège et que nous avions déjà tous la même ambition de bosser dur pour y arriver dans la musique.
Vu d’ici en France, on a l’impression que tout le monde en Suède naît avec un instrument dans ses mains ! Comment expliques-tu qu’un si petit pays compte autant de groupes de Metal de taille mondiale ?
Ah ah ! Je pense que ces groupes dont tu parles sont en fait tous très proches. Ils viennent des mêmes villes, Göteborg, Stockholm… Il y a aussi un business du rock n’ roll, Metal, bien développé, avec pas mal de clubs, de bons labels et des agences bien efficaces. Alors, c’est vrai que si tu vois un gars avec des longs cheveux se balader dans la rue de Göteborg, il y a fort à parier qu’il fait partie d’un groupe ou qu’il en cherche un (rire) !

Comment fut reçu votre premier album en 2006 ? En es-tu toujours fier ?
Oui, je le suis ! Sans parler des détails du son, quand tu sors un nouvel album, avec un peu plus d’expérience, tu essaies de faire encore mieux qu’avant. Quand Thoughts Of No Tomorrow est sorti, c’est ce que nous pouvions proposer de mieux à l’époque.

Quand avez-vous commencé à composer pour Schlacht, et quelles évolutions musicales vois-tu entre ce nouvel album et Thoughts Of No Tomorrow ?
Je pense qu’on est meilleurs dans toutes les directions. C’est plus heavy, plus dynamique et on joue mieux de nos instruments. On a poussé à fond ce qu’on avait fait auparavant : tu peux bien sûr entendre que c’est le même groupe, les mêmes mains qui jouent, mais c’est un groupe qui a beaucoup progressé.

Avez-vous rencontré des problèmes particuliers pour l’enregistrement de cet album ?
J’étais malade ! Notre studio était booké pour la fin du printemps l’an dernier, début de l’été et il n’était pas question de bouger les dates. Un de nos guitaristes a pété son ampli pendant l’enregistrement et on a perdu plusieurs jours pour retravailler le son de guitare. Mon tour est venu tout à la fin et il ne restait que quelques jours. C’est là que j’ai choppé la crève ! Vraiment pas de chance. Notre producteur nous a dit qu’il fallait quand même le faire, et franchement, ça a été l’enfer pour moi. J’y ai quand même mis toute la passion nécessaire, en enregistrant 3 ou 4 titres par jour et je suis donc vraiment aller au-delà de mes limites. Au final, ça sonne bien. 

Que veux dire ce mot, Schlacht ?
C’est la traduction allemande du mot anglais « Slaughter » (ndlr : meurtrier), mais vu d’une bataille si tu veux. J’ai des origines allemandes en fait, et du coup, c’est naturel pour moi d’employer de tels mots. Là, je te parle facilement en anglais mais on pourrait faire aussi cette interview en allemand, pas de souci. La façon de prononcer ce mot est très agressive en fait (prononcez « Chlakt » - ndlr) mais on s’est rendu compte que nommer notre album « Slaughter », comme on avait décidé au départ, n’était pas très original. J’ai alors dit : pourquoi ne pas le nommer en allemand ? Nous sommes suédois, nous parlons en anglais dans nos textes, et notre titre est en allemand ; c’est un peu provocant et c’est justement ce que j’aime. De toute façon, c’est la langue maternelle de ma mère, alors fuck you all (rires) !

pix

Ton style vocal n’est pas typiquement death metal ; ça tire un peu sur le metalcore je trouve. J’avoue que ça m’a un peu dérouté quand j’ai écouté votre album. Qu’en penses-tu ?
C’est marrant parce que je me trouve bien meilleur aujourd’hui qu’il y a trois ans, où je chantais dans un groupe de metalcore. Le metalcore est à la mode maintenant, mais il y a trois ans encore, tout le monde s’en foutait. J’aime bien tout ce qui se finit en « core », tu vois, le grindcore, le hardcore, mais le metalcore me gonfle en fait. Tout ce que j’essaie de faire, c’est d’être un peu original mais en même temps, sortir des growls profonds ne me pose pas de souci. Je m’inspire en fait un peu de ce que fait Devin Townsend dans Strapping Young Lad car il est capable d’atteindre des notes vraiment hautes tout en restant agressif. J’aime faire ça aussi ; je préfèrerais en fait qu’on dise que mon chant tire plus vers le black plutôt que vers le metalcore… On joue du death metal mélodique, pas du brutal death, du coup, mes vocaux sont adaptés à notre style. Mais tu verras, ce soir en live, mes vocaux sont plus sombres. (Ce fut effectivement le cas… ndlr)

La progression du morceau « As It Is », m’a immédiatement fait penser à du Arch Enemy. Es-tu d’accord avec cette comparaison ?
C’est possible. C’est Simon qui a écrit cette chanson et il ne voulait rien entendre (rire) : fuck off, c’est ma chanson, pas touche (rire) ! Je pense d’ailleurs qu’elle est excellente. Ceci dit, j’aime beaucoup Arch Enemy, mais je n’avais jamais pensé à cette comparaison. Maintenant, c’est vrai qu’il y a un passage bien mélodique, un changement de ton original et pas mal de groove dans ce titre. Mais bon, de là à dire que c’est comme Arch Enemy, je ne peux pas vraiment dire… 

Quels sont les thèmes abordés dans vos paroles ?
Comme je te l’ai déjà dit en te parlant d’Avatar, le truc est d’être le plus fort possible, d’avancer. Ce sont donc plus des appréciations personnelles sur les relations, des trucs sur mes ex-copines, une sorte de journal de mon état d’esprit. Il y a quelques trucs un peu politiques mais sans plus, parce qu’en fait, je m’en tape et je n’ai pas le temps (rire) ! Sur le premier album, c’était plus politique en fait, du genre « le rock n’ roll va sauver le monde » (rire) !

Vous savez qu’il y a un groupe de death metal en Roumanie qui s’appelle aussi Avatar ?
Oui, ils nous ont même envoyé un mail pour nous dire que ce n’était pas bien de leur avoir piqué leur nom ; tant mieux pour eux, c’est cool ! Mais en fait, il y a au moins 10 groupes appelés Avatar sur la planète, et pas que du Metal. Il y a même un dessin animé appelé comme ça, dans un style très… japonais ! C’est aussi un film de science-fiction de James Cameron mais on ne le savait pas ! Quand John, notre batteur, a décidé du nom quand il avait 14 ans, il l’a tiré d’un livre. En fait, personne n’a de droits sur ce nom. Ce qui est drôle, c’est qu’on va jouer en Roumanie sur cette tournée et les mecs de l’autre groupe ont promis qu’ils allaient venir nous voir (rires) ! Brrrrr, j’ai peur (rires) !   

Bon, ben voilà, je crois qu’on a fait le tour… Un dernier mot ?
J’aimerais en fait qu’on arrête de parler de « vraie » musique et de « fausse » musique, c’est de la merde ! On s’en fout de savoir combien un groupe vend. Ce qui compte, c’est l’honnêteté et le travail fourni. Je sais pourquoi nous faisons partie de ce groupe : c’est parce que nous aimons le Metal, nous sommes des vrais métalleux ! Si on est sur scène, c’est parce qu’on aime ça, déconner sur scène, tout donner. Sur cette tournée, faut pas croire qu’on est des nantis : on ne dort pas dans le tour-bus, on conduit nous-mêmes notre camping-car, tous les soirs, en suivant le bus ! A tour de rôle pour ne pas se planter… C’est du boulot, et nous sommes complètement dévoués au fait de toujours donner le meilleur de nous-mêmes ! Et c’est ce qu’on fait sur album et tous les soirs ! 


Avatar – Schlacht
Mascot Records

Site : www.avatar.net