logo

Le groupe nous avait fait le coup il y a dix ans, Atrocity remet aujourd’hui le couvert avec un album de reprises des plus convaincants. Si le premier prêtait à rire, ce second volet est bien plus convaincant, vraiment très intéressant dans sa construction et dans le choix des morceaux sélectionnés. L’occasion de discuter avec Alex Krull, de se replonger dans les années 80 et ce qu’elles ont représenté pour ce musicien d’une gentillesse incroyable. 

Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°16 de Fév. 2008


 Interview d'Alex Krull (chant), par Geoffrey
Rechercher : dans l'interview

Te souviens-tu à quel moment l’idée d’une deuxième partie t’est venue ?
Oui, cela remonte même avant que nous fassions l’album Atlantis, ou du moins pendant sa conception. On s’est dit : « ok, la prochaine fois, faisons un Wrek 80 pt 2 », mais avec un nouveau point de vue, comme un vrai orchestre pour nous accompagner. Je me souviens pour le premier, il y avait beaucoup de nostalgiques des années 80, et maintenant on a des gens qui sont nostalgiques du Wrek 80 Pt 1 dix ans après (rire). Quand on a décidé de le faire, on était vraiment très enthousiastes. Je me souviens que certains nous traitaient de fous à l’époque de faire un album entier de reprises, mais ça a été un énorme succès. Beaucoup de groupes ont essayé de le faire après. Donc quand on s’est mis à travailler sur la suite, on a gardé le secret le plus longtemps possible pour ne pas qu’un groupe de gothique prenne le train en marche et nous vole l’idée (rire).

Après le succès du premier volume, il a du y avoir une certaine pression autour de celui-là, non ?
Je ne sais pas, je ne ressens jamais de pression en faisant de la musique. Je vois plutôt ce disque comme un challenge : choisir les bons morceaux et réussir à les adapter à notre style. Cette fois-ci, tout est allé dans le sens que nous voulions. Peut-être parce que nous avions bien choisi les morceaux aussi (rire). On voulait vraiment proposer autre chose, c’est pourquoi dans un premier temps, nous avons écarté toute idée d’arrangements électro. On voulait quelque chose de plus organique. Quelque chose de plus humain aussi, c’est pourquoi nous avons utilisé un véritable orchestre et des choeurs. Tout est vrai dans ce disque. Cela donne un éclairage intéressant et beaucoup plus de profondeur aux morceaux. De plus, certains des morceaux originaux souffraient du «son 80» et de ses claviers horribles. Peut-être qu’à l’époque, cela sonnait moderne, mais aujourd’hui, cela sonne très kitsch. De faire l’album avec un orchestre ajoute de plus beaucoup d’homogénéité à l’ensemble. Cela le rend plus intemporel.

Qu’est-ce qui est le plus difficile dans l’exercice de l’album de reprises ?
Il faut d’abord voir comment les choses se passent au sein même du groupe, comment les guitares de chacun, le chant, vont s’adapter à la composition que tu reprends. Il fallait vraiment que ce disque ressemble à du Atrocity, et pas à un vulgaire groupe de reprises sans âme. On voulait réussir à injecter notre esprit, sans dénaturer la chanson originale. Il ne faut pas détruire la chanson, mais apporter quelque chose, notre style et une bonne dose de Métal. Dans l’ensemble, les gens apprécient notre façon de réarranger les morceaux.

pxi

Ça a été facile de choisir les morceaux ?
Pas facile non, mais marrant. Quand nous avions fini le premier, les gens nous disaient déjà : « Mais pourquoi n’avez-vous pas joué tel ou tel morceau ? ». Mais le choix des morceaux a été assez rapide. Et surtout, nous avons choisi peu de morceaux ayant déjà été repris par d’autres groupes. Je viens d’apprendre que Paradise Lost avait déjà repris « Small Town Boy », et j’ai écouté le morceau, et c’est assez différent de notre version, donc ça va...

C’est d’ailleurs Devin Townsend qui s’occupe des backing vocals sur ce titre...
Je ne savais pas... tu le connais mieux que moi (rire). Ils ont fait une version plus électro.

Et toi, tu te souviens de quoi des années 80 ?
Oh oh oh (rire). Mon dieu... Je suis un enfant des 80’s. C’était l’époque où nous avons formé le groupe. C’est donc une période importante pour moi, celle où je me suis dit que je voulais dédier ma vie entière à la musique, que le Métal serait mon style de vie. C’est une période où le Métal est né. Je me souviens, quand j’avais à peine six ans, j’écoutais Deep Purple et puis avec les années 80, tout est devenu plus heavy. J’ai la chance d’avoir vécu toute cette évolution. C’est marrant aujourd’hui que je reprenne des morceaux que je n’écoutais même pas à l’époque (rire). J’entendais les morceaux à la radio, mais je n’ai jamais été fan de pop. Mais ces morceaux sont liés tout de même à une époque de ma vie.

Certaines personnes, comme moi, pensent que la pop des années 80 a tué le rock n’ roll, et a fait très mal à la musique grand public...
(rire). Oui, je sais que beaucoup pensent comme toi. Mais c’est bête. Rien n’a tué le rock n’ roll. Mais les années 80 ont vu les synthés remplacer les guitares. Mais j’aime le travail qui a été fait à cette époque, cette recherche de son, d’ambiances. Le problème, c’est que la musique de cette période n’a pas tenu dans le temps, sonne vraiment très datée et dépassée. Beaucoup de ces groupes étaient influencés par Pink Floyd, et ont essayé de vraiment travailler sur les sons.

pix

Es-tu nostalgique de cette époque ?
Un peu oui (rire). Mais il y a des choses que je suis content de ne plus vivre, comme la séparation de l’Allemagne en deux, l’Est et l’Ouest. Comme la guerre froide aussi, où nous étions toujours à la limite d’un conflit. Et puis les années 80 ont marqué l’arrivée de la technologie dans les foyers, avec  les ordinateurs par exemple. Bon, moi à l’époque, je ne jouais que sur un Amiga ou un Commodore (rire). Maintenant, on ne peut pas imaginer le monde sans Internet.

Dans 10 ans, tu feras un Wrek 90’s ?
(rire). Les gens me le demandent déjà. Je ne sais pas. Je suis vraiment un enfant des années 80. Et les arrangements des années très dancefloor ne m’attirent pas vraiment.

Parlons de la pochette, avec comme pour le premier une femme, mais avec cette fois-ci Dita Von Teese...
J’espère que tu aimes (rire).

Oui, quand même. Merci d’ailleurs (rire).
J’adore cet artwork. C’est très important qu’il corresponde vraiment à la musique. On voulait vraiment un symbole qui fasse la transition entre les deux volumes. Le premier était très lumineux, celui-ci plus sombre, plus profond. Presque mystique dans un sens.

Atrocity - Wrek 80 pt 2
Napalm Records / Season Of Mist

Site : www.atrocity.de