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Ayant moyennement apprécié leur nouvel album qui va sortir fin février, nous voulions savoir ce que penserait un membre du groupe de nos remarques assassines. Finalement, devant la sympathie, la bonne humeur et le débit de parole impressionnant du guitariste Rob Cavestany, nous sommes restés « gentils » avec le groupe ! Comment par ailleurs oublier l’effet que nous a fait The Ultra-Violence, quand cet album est sorti en 1987 et être agressif maintenant avec un groupe qui met de toute façon toujours le feu en live ?!! Bref, nous avons quand même cuisiné Rob, qui y croit dur comme fer, à ce nouvel album ! Thrash’em all, motherfuckers !

Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°16 de Fév. 2008


Interview de Rob Cavestany (lead & rythm guitars), par Will Of Death
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Hey Rob ! Tu sais que c’est toujours un plaisir que de te parler ! Putain, je vous ai découvert avec le premier album, et cet album a changé ma vie de thrasher à l’époque ! Et je vous ai vus aussi en live en novembre 2004 pour votre retour en Belgique, c’était vraiment le pied !
Merci man ! C’est toujours bien cool de parler aux fans old school comme toi ! Et puis, nos shows sont toujours très intenses (rires) ! Normal que tu ais apprécié (rires) !

Comment a été reçu The Art Of Dying, finalement, par la presse et les médias, pour votre retour ?
Et bien, il a été très bien accueilli. Nous n’étions pas si confiants que ça quand il est sorti car c’était l’album de la réunion, après pas mal d’années de séparation. On ne savait pas trop à quoi s’attendre. On espérait que les gens ne nous aient pas oubliés, que les fans nous supportent encore. On avait mis le meilleur de nous-mêmes pour faire cet album et il a été très bien reçu, en fait. Nous en sommes encore très satisfaits ; au niveau du son, c’est ce que nous pouvions faire de mieux avec les moyens qu’on a eus, et les compos sont vraiment ce qu’on avait fait de mieux à l’époque.

Et les concerts qui ont suivi ?
Franchement, terribles ! On a vraiment retrouvé le goût des concerts et des tournées, et je pense que les gens se sont bien amusés aussi.

Et comment jugez-vous votre collaboration avec Nuclear Blast ?
Excellente ! Y a pas d’autre mot… On ne pouvait pas trouver mieux comme label car ils sont à fond derrière nous. Il y a un grand respect mutuel, et on a une totale liberté de créativité. Ils n’ont jamais rien voulu entendre de nos albums tant que ce n’était pas totalement terminé et quand ils les ont reçus, ils étaient à chaque fois remontés comme des pendules ! Ils nous font venir en Europe pour rencontrer la presse, avec des conditions optimales. Que demander de plus ?

Avant de parler du nouvel album, j’aimerais me faire un petit plaisir de vieux fan en essayant de me mettre à votre place… Quand The Ultra-Violence est sorti, en 1987, ça a du être un truc de malade pour vous, non ? En tout cas, moi, j’étais à fond dedans (rires) !
T’as quel âge, man ? 36 ans ? Oh, le jeune homme (rires) ! Man, c’était de la folie pure ! Nous n’étions que des kids excités, nous ne voulions que faire de la musique et voilà que Kirk Hammett de Metallica nous prend sous sa coupe après avoir entendu notre démo ! On enregistre donc l’album, et par là même, on définit en quelque sorte ce qu’allait être le son original du thrash made in Bay Area ! On a repris les éléments des débuts du thrash, mais en poussant tout à l’extrême. Tu ne peux pas savoir comment je suis encore fier d’avoir pu faire cet album à cette époque !

Vous êtes revenus en 2004, avez sorti The Art Of Dying en 2005, et nous voilà en 2008. Pourquoi avez-vous mis autant de temps entre les deux albums ?
Déjà, on a beaucoup tourné pour l’album, et il y a deux ans, j’ai eu mon premier enfant. Un autre membre du groupe a eu un deuxième garçon aussi et après en avoir discuté avec les autres et nos compagnes, on a décidé que c’était quand même très important que nous puissions voir grandir un peu nos bébés. Ça n’arrive pas 10 fois dans une vie ! Nuclear Blast aurait bien aimé que nous tournions encore un peu plus mais c’était vraiment trop important pour nous de s’occuper de nos familles. Voilà pourquoi nous n’avons fait en 2006 / 2007 que quelques shows ponctuels et gros festivals européens. Ça nous a donc laissé du temps pour composer, bien penser au studio. Du coup, de rester pas mal à la maison, au bout d’un moment, la musique a recommencé à sérieusement nous démanger et voilà pourquoi on a accéléré les choses ces derniers mois.

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Quelle était l’idée directrice au niveau de la composition ?
L’idée était de laisser jaillir les idées et de bosser le plus dur possible ensuite dessus pour créer le meilleur album de Death Angel. Nous voulions tirer le meilleur de notre carrière pour le mettre là-dedans. Il fallait que nous puissions dépasser en qualité The Art Of Dying, qui était, selon moi, avant celui-là, notre meilleur album à ce jour. On voulait des titres bien thrash, bien heavy et agressifs, tout en ajoutant des touches mélodiques. Faire en gros comme sur le premier album, où il n’y a aucun temps mort, aucune connerie de titre chiant. 

Comment en êtes-vous venus à bosser avec le producteur Raskulinecz ? J’ai cru comprendre que l’histoire était assez amusante…
En fait, oui, on a eu de la chance. Danko Jones est un pote à nous et il était en train de bosser sur son nouvel album avec justement Raskulinecz. Un jour, il se pointe au studio avec un sweat de Death Angel sur le dos, et là, Nick lui sort : « oh, putain, Death Angel ! J’adore ce groupe ! ». Il lui sort alors une gratte et lui joue le riff de « Seemingly Endless Time », comme ça, pour déconner. Le lendemain, Danko m’envoie un mail pour me dire que Nick aimerait bien bosser avec nous… J’envoie donc des démos de nos titres et voilà comment on se retrouve à bosser à Los Angeles avec le mec qui a produit Foo Fighters (rires) ! Et franchement, sa façon de bosser est très impressionnante. 

Quelles différences majeures y a-t-il donc au niveau du son entre Killing Season et The Art Of Dying, selon toi ?
Pour moi, tout est différent ! Le son est beaucoup plus consistant et on entend bien mieux tous les détails. Il  a réussi aussi à tirer le meilleur de chaque musicien en insistant sur la précision de notre jeu. Mark, par exemple, n’a jamais bossé aussi dur sur un album : c’était très impressionnant de le voir poussé dans ses derniers retranchements ; il a énormément tenté de voix différentes pour voir ce qui allait le mieux. Nous aussi, on a essayé pas mal de sons différents, d’accordages pour tirer le meilleur de nos titres. On ne savait pas trop à quoi s’attendre avec The Art Of Dying ; là, voilà plusieurs années que nous sommes à nouveau ensemble, on a bien tourné, bien répété, et du coup, on savait où on voulait aller. Et Nick nous a bien aidés pour ça… C’est bateau de dire ça mais je pense vraiment que c’est notre meilleur album à ce jour.

Sur votre site, il y a quelques mois, je lisais un de tes commentaires (Rob), qui disait que l’album était sombre, torturé, maniaque, brutal et mélodique ! Alors, en quoi est-il tout ça ? C’est toi qui le dis !
Oui, je suis même d’accord avec moi-même (rires) ! Il y a effectivement des passages très agressifs, mais on a fait attention de ne pas oublier de faire de vraies chansons, avec donc des passages plus mélodiques, des trucs qui te rentrent dans la tête facilement. Jouer très technique est facile pour nous, si on veut. Mais à quoi ça sert, si tu ne retiens aucun titre dans sa globalité ? On a fait attention de ne pas trop en rajouter non plus, tu vois ?

Pour être très sincère, pour moi, je dirais quand même que cet album est assez loin de la folie de The Ultra-Violence. J’ai lu certains commentaires qui disaient même que ce n’était pas assez thrash dans l’âme, je pense aux deux premiers tiers de « Buried Alive » ou encore « Soulless », par exemple. Que répondrais-tu à ça ?
Il est évident que ces titres ne sont pas du speed-metal, mais c’est exactement ce que nous voulions ! Je ne me vois pas jouer 10 fois le même titre sur un album, quel intérêt ? Et puis, c’est à croire que certaines personnes nous découvrent… Nous avons toujours fait ça, mettre des passages très mélodiques. Il y a un mec qui m’a dit un jour que nous jouions du speed-metal-melodic-punk, et j’aime assez ça (rires) ! « Buried Alive » me rappelle un peu ce qu’on a pu sortir sur Frolic Through The Park, par exemple ; c’est un titre bien fluide. Ce n’est pas parce qu’on incluse des titres bien cool comme « Soulless » dans nos albums, qu’on n’est plus des die-hard fans de heavy metal ! Que les gens se rassurent : en live, ils en prendront quand même plein la gueule (rires) !

Moi, quand j’écoute The Ultra-Violence, je me dis que vous étiez des jeunes cinglés ; là, avec le nouvel album, j’ai tendance à penser que c’est l’album de la maturité, un truc plus adulte en tout cas… Tu es d’accord ?
On peut dire ça comme ça, oui. Mais as-tu bien conscience que 20 ans séparent ces deux albums ?!

Oh que oui (rires) !
(rires). Je vois… L’espace/temps qui sépare ces deux albums est comme un gouffre pour nous ! Il y a bien des choses que tu ne fais ou ne peut plus faire maintenant, par rapport à quand tu avais 16 ans. Nous, c’est pareil, c’est comme ça, on ne pense plus pareil, on a progressé sur nos instruments, et très franchement, quand je réécoute The Ultra-Violence, je ressens encore cette énergie pure qui nous animait, mais qu’est-ce qu’il y a comme pains sur cet album ! Man, on avait presque le même âge quand cet album est sorti ! Donc, notre nouvel album reflète simplement qui nous sommes aujourd’hui ; c’est à prendre ou à laisser. Au moins, nous sommes honnêtes.

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Quels sont donc les titres qui te paraissent les plus représentatifs du Death Angel de 2008, sur cet album ?
Oh boy, t’as pas une question encore plus difficile à répondre (rires) ?! Chaque titre a sa propre identité et son propre style, mais bon, puisqu’il faut faire un choix, je dirais « Sonic Beatdown » pour l’agressivité et « Buried Alive » pour la mélodie et le groove, avec cette explosion finale rapide… En même temps, c’est comme si tu me demandais de faire un choix parmi plusieurs de mes enfants…  

Les lyrics semblent encore bien revendicatifs. D’abord, le titre de l’album, Killing Season. Qu’entends-tu par là ?
Le titre est inspiré par toutes les conneries que nous faisons sur cette Terre, la situation politique des USA, les conflits. Tout le monde sent bien que plus rien ne va en regardant les news horribles qu’on voit tous les jours mais ça a bien du mal à changer. Tout le monde abuse, est responsable. Nous sommes un groupe qui fait attention à ses textes car ça forme un tout avec la musique. 

En 2007, vous êtes retournés aux Philippines… C’était la première fois ?
Oh yeaaahhh !

Comment ça s’est passé ? Comment est perçu Death Angel, là-bas ?
De la folie complète ! Les gens sont devenus complètement fous, man ! Et nous avec ! On a joué comme headliners dans un festival, dans un stade, où il y avait 35.000 personnes ! Il faisait une chaleur d’enfer, c’était humide et les kids sont devenus dingues quand on a commencé. Tout le monde était aux petits soins avec nous, voulait nous parler, des promoteurs aux fans, en passant par les radios. C’est une des plus grandes expériences de ma vie et j’espère qu’on pourra y retourner très vite.  

Tu sais, pour nous, pauvres français, la Bay Area a toujours été une sorte d’eldorado du thrash, comme l’est aussi la Floride pour le death metal… Est-ce que San Francisco est toujours aussi dingue de thrash ?
Ben, faut le croire ! C’est là que tout a commencé avec Testament, Metallica, Slayer, Exodus et nous… Et il y a encore pas mal de groupes qui apparaissent de nos jours. Et puis, faut croire qu’avec les réunions d’Exodus et encore plus récemment de Forbidden, le thrash est loin de s’en aller de la Bay Area !

… à ce moment-là, l’attachée de presse nous dit qu’il est temps de rendre le téléphone…

Ok, écoute, dernière petite question alors… Quand revenez-vous nous botter le cul en live, en Europe ?
Oh, on reviendra aussi vite que nous le pourrons. Là, on va sortir l’album, s’occuper de la promo, et ensuite, on entamera une tournée mondiale. Mais pour le moment, notre agence de booking est en train de finaliser les shows donc je ne peux pas te donner de dates. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il faudra vous bouger vos culs quand nous reviendrons en France (rires) !

Ben, en tout cas, moi, je serai là !
Je n’en doute pas ! Merci en tout cas à tous les fans qui nous supportent depuis des années car sans eux, on ne pourrait pas jouer, enregistrer des albums et être là aujourd’hui. Vous, les fans de Death Angel, où que vous soyez, vous êtes les meilleurs fans du Monde ! Donc, encore merci et nous espérons vous voir tous quand nous reviendrons ! Et merci à toi aussi pour le support depuis tant de temps ! Cheerz, my Will Of Death (rires)…


Death Angel – Killing Seasons
Nuclear Blast Records

Site : www.deathangel.com