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On s'attendait à se prendre une claque, mais pas d'une telle ampleur. Car oui, All Seeing Eye fait partie de ces albums rares, de ceux qui font avancer le metal. Puissant et mélodique, l'univers du groupe est riche, et pêche avec réussite dans tous les styles, allant du heavy au stoner en passant par la pop et des envolées plus expérimentales. Le tout à grosse dose de death metal bien gras. 

Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°16 de Fév. 2008


 Entretien avec Guillaume (guitare), par Geoffrey - Photos : DR
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Enfin, j’ai envie de dire enfin un vrai label (Season Of Mist), quelque chose qui va vous permettre enfin d’avoir une plus grosse exposition, quelque chose que vous méritez depuis longtemps quand même.
Oui, d’avancer aussi. On va voir ce qu’ils vont faire au niveau du boulot mais logiquement, cela ne peut être que  mieux que ce que l’on avait avant, vu que l’on était en autoproduction. On travaillait la promo nous-mêmes, je faisais plus ou moins le travail du label vu qu’on n’en avait pas. Ca apprend des choses, à savoir comment cela fonctionne et au fur et à mesure du temps, de se faire des relations. On avait eu d’autres propositions, on a voulu le sortir en indépendance musicale car cela nous arrangeait par rapport à ce qui était proposé en face, donc on est content quelque part d’avoir attendu et d’être tombé sur de bonnes propositions ; ça valait le coup d’attendre quand même.

Surtout que là il va y avoir une sortie partout, presque mondiale.
Oui, j’attends de voir comment cela va être travaillé déjà sur la France mais a priori, je pense que ça devrait bien le faire. Ils ont moyen de faire de la bonne promo et ils ont des bonnes mises en bacs dans les magasins, c’est déjà ça. Pour l’étranger, on va voir aussi les retours qu’ils ont. Je n’en ai pas trouvé du tout à part sur des webzines, où c’était pas mal pour l’album d’Unswabbed, mais je ne  me rends pas compte pour l’instant de ce qui va se passer et du réseau qu’ils ont au niveau de la promotion, etc.

Oui, puis il va y avoir les Etats-Unis aussi…
Y a ça aussi, je ne sais pas, je ne pense pas que ca va être bossé comme un gros artisanat. Ils vont tester, voir s’il y a du répondant et éventuellement, ils feront plus. Mais c’est un peu test, je pense.

En tous les cas, voilà, vous avez enfin les moyens.
Ca soulage au niveau financier, ça évite d’avoir à donner de l’argent de notre poche même si on l’a encore fait pour ce CD.

Même si tu colles encore des affiches, ça soulage aussi de pouvoir se concentrer sur la musique.
Oui, c’est le but, de se débarrasser des choses un peu extra musicales et de se concentrer sur le son.

Quand a commencé vraiment l’écriture de ce nouvel album ?
Il y a des morceaux qui datent de l’époque où est sorti High Blood Pressure, en 2004, des morceaux datent de 2003 / 2004, compos en cours déjà pour le EP qui était sorti et quelques morceaux créés par la suite maximum deux ans après. On a pris beaucoup de temps sur l’enregistrement, il a pris trois ans avec toutes les démarches de label, tous les problèmes que l’on aura eus…

Des bandes perdues, détériorées ?
Non, des soucis dans le son. On ne se rendait pas compte de certains problèmes. Avec le recul, on s’est aperçu de choses qui vraiment n’allaient pas, on a bien fait de prendre notre temps. Si la première version était sortie comme c’était fait et masterisé, on n’aurait pas du tout eu le même rendu. Là, on a réussi à trouver une couleur, un certain grain. Au final, on est content. On a peut-être passé beaucoup de temps mais on est content du résultat, il n’y a  plus de choses qui nous titillent, que l’on aurait bien refait. On a refait pas mal au niveau des arrangements aussi, c’est assez fourni. Avec trois ans dessus, les compos ont eu le temps de mûrir avec le temps et vu qu’on a eu la possibilité de retourner en studio, on en a profité pour peaufiner.

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Et justement vous n’avez jamais perdu la fois pendant ces trois ans où il y avait des galères qui s’accumulaient ?
Si, il y a eu des hauts et des bas, surtout qu’on a eu aussi des problèmes de line up, de changement de bassiste et de batteur. C’était un petit peu compliqué. Là, on arrive à avoir une équipe un peu stable mais ce sont des gens qui ont aussi leurs projets à côté. C’est difficile de trouver une équipe entière disponible et vouée à un seul groupe ou à travailler vraiment sérieusement sur un projet.

Musicalement, plus que jamais sur cet album, vous ne vous imposez aucune limite.
Je pense qu’il y en a encore quelques-unes mais on s’est fait plaisir.

Y avait-il des idées particulières, des axes pour travailler ?
Non, pas vraiment. C’est parti des idées qui venaient sur le moment et au final, on a mis ce qui allait plus au moins ensemble. Il y a eu aussi quelques apports au niveau des compos par le bassiste par exemple, Luc, qui joue dans Anthurus d’Archer : le dernier morceau qu’il y a sur le CD, c’est lui qui l’a composé intégralement. Il y a eu des modifications dessus mais il y a eu des interventions un peu plus osées peut-être que d’habitude.

Et comment tu décrirais Klone musicalement en 2008 ?
On essaie de se concentrer sur la musique, on a pratiquement tout un CD qui est prêt pour un prochain album. On a mis du temps à faire cet album mais du coup, on n’a pas chômé à côté sur les compos donc on a pas mal de matériel disponible qui devrait sortir assez rapidement, et on est plutôt dans une couleur où on essaye de garder une ambiance sur un morceau, un fil conducteur ou garder des idées simples et faire tourner les arrangements autour. Musicalement ça reste assez dur quand même, il y a un petit côté pop assez planant mais à côté, toujours le gros son métal  et la composition dans des schémas à la Pantera, assez classique mais efficace quand même.

Justement, on sent un grand travail au niveau des mélodies.
Pour les voix oui, pour les arrangements aussi.

Ça n’est pas quelque chose d’important aussi ?
Vraiment oui, on a plusieurs versions, on a eu le temps de refaire certaines choses, de pas mal réfléchir à certains arrangements. On en a enlevés pas mal au final mais il en reste beaucoup. On ne s’est pas donné de limites. On s’est dit : on fait tout ce qu’on a comme idées, on triera après. On a vu ce qui était nécessaire ou pas à partir du moment où on a travaillé sur le mix.

Pour parler un peu plus des morceaux, quels sont les thèmes développés au niveau des paroles ?
C’est une espèce de concept, il faut s’imaginer des personnages en situation avec les dominants et les dominés, c’est un duel ! Tout se fait autour de la musique, ce sont des idées qui viennent, des mots. De ces mots, il y a le texte qui se monte, on reste assez vague, on va dire sur certaines choses. Tu peux t’imaginer l’histoire que tu veux, mais nous, on a un sens quand même. On aimerait bien que les gens trouvent par eux-mêmes.

Avec le recul, est-ce que tu penses que les choses auraient pu être plus rapides pour le groupe ?
Oui, sûrement, ça aurait pu être plus rapide si on avait eu les moyens ! Y a pas de secret dans ce milieu, si tu n’a pas de fric, tu ne peux pas avancer. Comme on en n’avait pas trop, on s’est débrouillé à droite à gauche, avec quelques subventions, des aides et on a fini par y arriver, mais au bout de trois ans ! Le mix aussi a été long car on n’avait pas tout l’argent pour l’album mais ça ne nous a pas empêchés d’avancer sur les compos. Y a un certain décalage. Si on avait eu plus d’argent, on serait certainement plus à jour dans nos sorties de disques. Pour nous, l’album qui sort aurait du sortir en 2005 / 2006, il était fini pratiquement.

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Ça a ralenti le groupe, tu penses ?
Ca a ralenti le groupe oui, mais tu remets des choses en question, tu réfléchis et t’avances quand même au final. Je ne pense pas qu’on perde vraiment de temps, puis on a fait des concerts quand même, quelques événements qui font que tu gardes quand même la motivation.

Comment tu vois la scène française actuellement ?
Dans la scène française, il y a plein de bons trucs, Gojira qui marche bien, après avec Klonosphère, y a pas mal de groupes dont on est assez content. On se retrouve tous un peu dans le collectif, on aime bien la musique qu’on fait, on a la même culture musicale et on s’entend bien là-dessus. Comme avec Trepalium, même si c’est un peu plus brutal, y a un côté mélodique qui nous parle. Mistaken Element, GTI, Hacride aussi, y a des trucs qui s’ouvrent. Après, y a une scène moins intéressante dans les copies groupes hardcore : moi, je fais des overdoses des groupes Roadrunner à la Killswitch Engage, c’est toujours la même musique, mais à côté de ça, on a aussi Clampdown, un groupe du Nord qui est pas mal. Je suis de près ce qu’il se passe :  y a quelque chose dans leur musique qui me parle, dans l’ambiance que ca dégage ! Ça sonne vrai et ça a l’air assez profond et sincère dans la démarche de création.

Pour revenir à l’album, qui est très bon, est-ce que ça change vos attentes et votre vison de la suite, sachant qu’avec un album comme ça sous le bras, il peut se passer plein de choses ?
Je ne peux pas te dire ça maintenant, faut attendre de voir l’impact que l’album peut avoir. Je ne suis pas de nature très optimiste, je préfère attendre et avoir une bonne surprise que le contraire, on s’imagine toujours des choses et au final, quand on les a en face,  on peut tomber de haut, je prends comme ça vient. Faut qu’on avance musicalement, on a plein de compos, on va prendre la crème de la crème qui fait l’unanimité dans le groupe, on va plus bosser comme un groupe qui a l’habitude.

Tu le vois comme un nouveau départ, ce disque ?
Oui ça s’ouvre vers quelque chose d’autre, ça va plus loin, ça paraît plus profond, plus réfléchi dans la façon dont c’est composé. Y a une certaine logique que tu retrouveras plus tard, que tu n’as pas forcément dans le CD. Y a des riffs qui, à la base, ne devraient pas être ensemble et avec lesquels tu pourrais faire deux morceaux. L’idée est de garder une idée forte par morceau.

Tu penses que les gens qui vous suivent depuis longtemps vont être surpris par ce disque ?
Non parce qu’il y a toujours le même travail de base, le même mode de composition, tu ne peux pas t’y perdre. Y a toujours la couleur de nos accords, on essaie de mettre notre petite patte mélodique même si on a nos influences, Opeth, Porcupine Tree, des groupes de progressif même de métal comme Gojira qui nous ont influencés dans cet album. On se détache d’eux dans  la voix : dans Gojira, les voix vont souvent dans le sens du riff, nous, la voix essaye de l’envelopper en créant autre chose autour de la base musicale. Ce n’est pas la même approche, mais j’aime bien les deux modes, mais notre chanteur préfère pousser ailleurs.

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Tu parlais de Gojira, il y a un petit featuring, qui je pense, part d’une amitié à la base…
Oui, ils sont assez copains avec Trepalium aussi, c’est un groupe avec qui on prend plaisir à jouer. Dans la scène française, il n’y a pas photo, ils sont largement devant, ils le méritent bien et je suis content d’avoir fait ce featuring avec eux. Je ne sais pas si toi, par exemple, tu as su repérer qui chante quoi au niveau du chant.

Difficilement, c’est assez difficile de différencier les deux chants effectivement…
Il est un peu partout en fait. On est assez content du résultat, c’est une ballade un peu spéciale. On est content de ce morceau, il n’est pas dans un format refrain couplet classique…

Le featuring est écrit en gros sur le promo, j’espère qu’ils ne vont pas vous mettre un gros autocollant sur la pochette.
On ne voulait pas spécialement mettre ça en avant, comme on nous compare souvent, on rentre dans le jeu des critiques.

Ce n’est pas mon morceau préféré. Je trouve que l’enchainement « Freezing » et « Empire Of Shame » est monstrueux sur ce disque. Même le morceau du bassiste, c’est vraiment ça oui, un vrai voyage, on est emmené dans plein d’ambiances différentes avec un feeling un peu plus rock n’ roll.
C’est ce qu’il y a de plus mélodique, je pense. Rock, oui. Ça tend aussi vers ça, un esprit rock qu’on a tous. Comme on a une culture rock à la base, les Beatlles, les Doors, Pearl Jam, on en a tous bouffé quand on était jeunes, et ce sont des groupes que j’écoute tout le temps. C’est intemporel, ça te berce quand t’es jeune et tu ne t’en lasses jamais, ça se ressent dans les compos.

Pour toi, quelles sont les différences entre  les débuts du groupe et maintenant, l’évolution, etc. ? Qu’est-ce qui a changé ? Même pour toi musicien ou en temps que personne ?
On est plus décontracté. C’est compliqué les répètes de Klone. Quand t’es au lycée, t’as pas les même relations avec les gens que quand ils commencent à travailler, à se mettre en couple. On se voit quand même assez souvent, moi j’habite avec le chanteur, on est tous assez proches, on essaye de se voir, ça évolue en bien. On sait bien se parler, y a pas d’engueulades spécialement, c’est plutôt bon.

Et la suite pour le groupe, une fois que l’album est sorti, qu’est-ce qui va se passer ?
Alors, l’album sort le 8 février pour la France. Il y a une dizaine de dates déjà calées plus quelques autres qui vont s’ajouter, je pense. Après, c’est  un peu compliqué niveau planning parce que  Yann va enregistrer avec Mistaken Element, le nouvel album. Donc, il y aura peut-être un petite période de pause. On va peut-être en profiter pour enregistrer des morceaux aussi, se mettre en studio directement, éviter de perdre du temps et voir les propositions qu’on a.

Et l’étranger, ça va être une priorité pour ce disque ?
Je ne sais pas encore, toujours la même chose du côté du label. On essaye de voir les retombées, laisser passer mars / avril / mai et voir ce qui se présente. Mais on espère que ça pourra se faire. La France, c’est intéressant mais y a d’autres pays aussi à faire. Ça apporte une dynamique. On espère ne pas passer à côté.

Klone - All Seeing Eye
Season Of Mist

Site : www.myspace.com/klone