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Andre Matos est de retour ! Fatigué des expériences de groupes après Angra et Shaaman, le fantastique chanteur brésilien nous revient donc aujourd’hui en solo, avec un Time To Be Free tout bonnement brillant. Le lien qui unit le chanteur et la France ont toujours été très forts ; il fallait donc que nous donnions le micro à Andre pour qu’il nous parle de son nouveau rejeton… 

Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°17 de Mars 2008


 Entretien avec Andre Matos (chant, piano), par Geoffrey & Will Of Death
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Alors, ton album est déjà sorti au Japon et il marche bien, et te voilà prêt à reconquérir l’Europe. Comment te sens-tu ?
Très content après toutes ces années de break. Entre mes deux albums solo (Virgo est sorti en 2001), j’ai bossé avec mon ancien groupe, Shaaman, mais les sorties européennes ne se sont pas bien passées et nous avons perdu beaucoup de temps. Avec mon nouvel album solo, c’est un peu un retour aux sources au regard de la promo et de la distribution, c’est cool. Au Japon, ça se passe très bien puisque l’album s’est placé à la 2ème place des ventes Metal et il y est resté un mois. Nous avons été invités à jouer sur le plus gros festival japonais, ce qui ne m’était jamais arrivé. L’album sort ces jours-ci au Brésil chez Universal et sera donc bien distribué là-bas aussi. Je suis aussi très content d’être en France pour bosser sur la promo, d’autant que les retours sur l’album sont pour le moment très bons. Ce n’est pas être prétentieux que de dire que j’espère toujours de bonnes choses venant de la France mais ma surprise vient du fait que certains pays comme l’Allemagne, la Suède ou l’Angleterre, où je ne suis pas forcément très populaire, ont bien chroniqué l’album aussi. C’est nouveau dans ma carrière et ça me rend très positif quant au fait de pouvoir reconquérir le marché européen et tourner plus.

Il y a toujours eu un lien fort entre toi et la France.
Oui ! Pas de discussion (rires) ! J’ai connu certains des plus grands moments de ma carrière en France et je suis très honoré de pouvoir commencer la promo européenne de mon album solo ici en France. C’est quasiment symbolique en fait…

Ressens-tu ton retour comme une renaissance ?
Plus ou moins. Tu passes parfois par des choses difficiles et les splits de mes anciens groupes ont été douloureux. Ce n’est jamais simple. D’un point de vue personnel, c’est dur aussi car tu dois te prouver à toi-même que tu peux faire encore mieux qu’avant. D’un autre côté, tu te rends compte que ce n’est pas très différent ; faire un album solo t’oblige à être aussi concentré que sur ce que tu as fait auparavant, sauf qu’il faut faire encore plus attention à certains détails. Je suis perfectionniste et du coup, sur ce nouvel album, j’ai fait attention à ce que tout soit parfait.

L’album est nommé « Time to Be Free » (« Le Moment d’être Libre – ndlr), mais libre par rapport à quoi ?
Beaucoup diront que c’est par rapport à mes anciens groupes, ce qui n’est pas totalement faux mais la raison pour laquelle j’ai choisi ce titre, c’est que l’album présente un certain concept : trouver la liberté en soi-même par rapport à la manière dont fonctionnent les choses dans le Monde aujourd’hui. Les gens ont tendance à devenir égoïstes, à se renfermer sur eux-mêmes, pris dans une sorte de compétition, le tout allant très vite de par l’utilisation des machines. Ils oublient donc certaines valeurs humaines essentielles. Peut-être que la musique est un moyen de les sauver un peu de ce marasme, de les rendre plus humains et attentionnés par rapport à ce qu’il y a autour d’eux. Nous ne devons pas oublier que nous ne sommes pas le centre de l’univers…

C’est quand même le moment de te dire qu’on a trouvé l’album vraiment très bon, d’autant qu’ici, nous sommes pas mal à être fans de ton travail depuis le début de ta carrière. Encore bravo !
Merci beaucoup !

pxi

Allez, question suivante (rires)… Pourquoi finalement tu as donné ton nom à ce nouveau projet ?
En fait, pour être honnête, j’en avais plus que marre que mes groupes splittent ! Ca ne veut pas dire que je n’ai pas eu ma part de responsabilité dans ce qui est arrivé avec Angra et Shaaman mais parfois, les choses ne vont pas comme tu le voudrais. Il y a toujours des décisions très importantes à prendre quand tu joues dans un groupe pro et tout le monde peut ne pas être d’accord. Certains préfèrent conserver une situation donnée pour le fric, le statut du groupe, la musique par exemples, mais je n’ai jamais pensé comme ça. Je ne peux faire de la musique que si je suis à 100 % concerné par les choses et s’il faut toujours refaire les mêmes choses, je trouve que ce n’est pas très honnête. C’est ce qui s’est passé avant et j’en ai eu marre de telles discussions. Ce que je fais aujourd’hui n’est pas forcément un solo-project mais un vrai groupe, sauf que là, c’est moi qui décide. Je ne peux quand même pas splitter avec moi-même (rires) ! En fait, beaucoup de gens m’ont demandé par le passé pourquoi je ne faisais pas un album solo, mais je n’en voyais pas la raison puisque j’étais content de mon groupe. Maintenant, j’avais assez de matériel pour me lancer dans cette aventure de responsabilité. D’un autre côté, en réalisant un album sous le nom d’Andre Matos, les gens savent à quoi s’attendre. Revenir avec un nouveau groupe encore une fois aurait pu paraître déplacé…

Mais le sortir sous ton nom te poussait à sortir le truc parfait !
Aussi (rires) ! Ca m’a donné une sorte de liberté pour aller au bout de mes idées, ce que j’avais déjà effleuré avec Viper, puis Angra et Shaaman. Mon projet actuel est une sorte de résumé de tout ça et en live, rien ne m’empêchera de jouer les classiques de ma carrière car beaucoup de ces titres sont ma propriété. Mon groupe actuel me permet de jouer ce que je veux, c’est bien cool.

Tu peux justement nous parler de tes partenaires de crime ?
En fait, ce sont des gars que je connais depuis longtemps puisque j’ai déjà joué avec eux par le passé. Luis et Hugo Mariutti, tout le monde les connaît puisqu’ils ont fait partie d’Angra et de Shaaman, Fabio Ribeiro a été le claviériste d’Angra aux tous débuts du groupe et a aussi fait partie de Shaaman et André « Zaza » Hernandes, le guitariste soliste, a en fait formé Angra avec moi mais a quitté le groupe avant l’enregistrement du 1er album. J’ai toujours gardé en tête l’idée de travailler à nouveau avec lui, car il faut savoir que c’est lui qui a fait la plupart des arrangements d’Angel’s Cry et il est très bon. La principale surprise vient de notre batteur, Eloy Casagrande, qui n’a que 16 ans ! J’étais très sceptique au début et j’ai donc fait passer pas mal d’auditions, mais quand Eloy s’est pointé et a commencé à jouer, je n’avais plus de doutes ! J’ai été assez effrayé par la différence d’âge entre nous et comment ça allait se passer dans son esprit mais quand nous avons commencé à jouer ensemble, il y a eu une communication aisée car nous parlons le même langage musical. Il joue très bien et il a un bon état d’esprit. C’est une grande chance aussi pour lui car il n’avait pas encore eu l’occasion de jouer avec des musiciens expérimentés et pour nous, c’est bien aussi car il apporte une fraîcheur bienvenue au groupe. Ça marche en fait à la perfection.

Là, c’est plus une question de fan. Pourquoi as-tu pris quelqu’un d’autre pour les claviers ? Pourquoi pas toi ?
Oh, et bien, pour être libre justement (rires) ! C’est quand même moi qui joue toutes les parties de piano classique de l’album. Et puis, Fabio est certainement le meilleur claviériste du Brésil, donc, je ne vois pas pourquoi je ne l’aurais pas pris. Ceci dit, j’avais décidé dès le départ que je ferais les parties de piano. Fabio est vraiment un spécialiste pour certains effets, ça fonctionne parfaitement.

Je pense que des chansons comme « Letting Go », « Rio », « Looking Back », « Face The End » ou « Time To Be Free » sont parmi les meilleurs titres que tu n’ais jamais écrits. Les fans ne devraient pas être déçus…
Pas mal de gens m’ont demandé quel était mon titre préféré de l’album. Il est très difficile de le dire ! Je ne pense pas qu’il y ait une chanson qui domine ; il y a d’excellents titres et des très bons aussi (rires) ! Ce qui fait qu’un album est bon, ce n’est pas la production ou la manière dont tu joues, ce sont les chansons en elles-mêmes. Si les chansons sont bonnes, tu as une chance de succès. « Letting Go » est quand même assez représentatif de l’album, « Rio » aussi, « Looking Back » également. J’aime beaucoup aussi la chanson lente qu’est « Endeavour » car elle n’était pas évidente tandis que « Time To Be Free » me paraît être la chanson la plus complète de l’album.

pxi 

Quelle était l’idée quand tu as commencé à les écrire ?
C’est toujours un enfer car je veux faire ce que je sais faire de mieux mais sans imiter ce que j’ai fait auparavant. Jamais faire une copie de mon histoire, qui est d’ailleurs une partie de l’histoire des autres aussi… Je voulais une approche moderne de mon style et à ce propos, Roy Z et Sascha Paeth m’ont été d’un grand secours pour la production.

Tu dois te douter que les gens espèrent toujours beaucoup de toi. C’est facile à vivre ?
NON (rires) ! Pas du tout. Ceci dit, si j’étais fan du groupe, je ferais pareil (rires) ! C’est quand même pas mal de pression d’écrire pour un projet qui sort sous ton propre nom. Je me demande beaucoup de choses en fait et je n’arrive jamais à être totalement détendu, même quand un album est terminé. Maintenant, je ne regrette rien, c’est là, c’est comme un ami. Si je m’écoutais, je referais 10 fois le mix à chaque fois par exemple car je sais exactement ce que je veux avant d’entrer en studio. C’est d’ailleurs pour ça qu’il est parfois difficile de bosser avec moi, car même si je suis cool avec les gens, dans le boulot, je ne fais aucun sentiment. Je connais quand même beaucoup de monde comme ça, c’est juste une manière perfectionniste de bosser ; c’est un trait de ma personnalité, ça ne changera pas et je pense que ce n’est pas plus mal. C’est ce qui te fait progresser même si parfois, je m’énerve moi-même (rires).

Quand tu regardes en arrière, comment juges-tu ta carrière ?
Well, je dirais que ça a été crescendo depuis Viper. On faisait de la musique juste comme ça, pour le plaisir, on ne se donnait pas de limites. On était comme des guerriers du Metal, on croyait à ce qu’on faisait, peu importe les remarques. A cette époque, je n’aurais jamais imaginé pouvoir être là encore 20 ans après à faire ce boulot. Je réalise que c’est quand même un sacré cadeau. La deuxième période fut celle avec Angra qui s’est terminée en split, mais ce fut une période très professionnelle. C’est là que nous avons compris ce qu’était le show business, ce que c’était que d’avoir un statut international, faire des tournées, enregistrer des albums dans de grands studios. Ensuite est venue la période Shaaman qui fut plus un développement de ce que nous avions fait auparavant. Ça a plus été un côté personnel de ce développement musical. Nous devions nous prouver que nous pouvions aller encore plus loin musicalement et ce fut très intéressant. Mais comme je l’ai déjà dit, j’en avais assez des expériences de groupe et il fallait que j’arrive à ce projet solo un jour ou l’autre. Je suis confiant. Je n’ai pas de regrets vis-à-vis du passé, les choses devaient se faire comme ça. Je n’ai pas changé…

Quels sont donc les projets de tournées, là ?
On a déjà joué en Amérique du Sud et au Japon l’année dernière et j’ai hâte de rejouer en France. Je suis vraiment content de faire ces trois shows acoustiques de présentation de l’album à Paris, Lyon et Clermont-Ferrand, de revoir pas mal de monde et de ressentir à nouveau l’atmosphère particulière qui règne chez vous. J’espère vraiment que les fans français vont aimer l’album pour revenir ici le plus vite possible !


Andre Matos - Time To Be Free
Marquee / Avalon Productions

Site : www.andrematos.net