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Label Manager de Metal Blade Records

Brian Slagel n’est autre que le boss du label américain Metal Blade, un label qui fête cette année ses 25 années de présence sur la scène Metal. Parti de rien du tout en 1982, Brian est quand même le gars qui a découvert des groupes comme Metallica, Slayer, Mercyful Fate, Armored Saint, Amon Amarth, Cannibal Corpse ou plus récemment As I Lay Dying et Job For A Cowboy. Que du bon, quoi. Alors, quand, pour fêter les 25 ans du label, on nous a proposé d’interviewer cette légende du Metal, on ne s’est pas fait prier ! Interview exclusive ! 

Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°17 de Mars 2008


 Entretien avec Brian Slagel, par Geoffrey & Will Of Death
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Déjà, bon anniversaire pour les 25 ans du label !
Oh, merci beaucoup !

Pensais-tu, en le fondant il y a 25 ans, que le label deviendrait un des plus gros trucs du Metal ?
Oh que non (rires) ! Je ne pensais pas que j’allais gagner des millions avec ça (rires) !

Tu te rends compte quand même que Metal Blade signifie beaucoup pour les metalheads du monde entier ?
Pour moi, au départ, c’était du pur fun de sortir des albums avec de la bonne musique. J’apprécie que beaucoup de fans aient accroché à mes envies. C’est que du fun, et si je devais recommencer, je n’hésiterais pas un seul instant.

Et est-ce que tu as toujours la pression quand tu dois choisir quels groupes peuvent être signés par le label ?
Oh non, pas vraiment. Rien ne nous oblige à signer un truc qu’on n’aime pas. On ne peut pas parler de pression, juste évaluer si c’est de la bonne musique ou pas. Si c’est bon, on fonce. Le choix est parfois difficile car il y a quand même beaucoup de bons groupes un peu partout.

Allez, revenons en arrière. L’histoire du label a démarré avec les fameuses compilations Metal Massacre. Tu peux revenir là-dessus pour nous ?
Bien sûr ! Tu sais, j’étais juste un jeune kid qui traînait à L.A. et j’étais déjà bien à fond dedans au niveau du Metal. Je bossais dans un magasin de disques où j’importais des disques de la NWOBHM, je faisais une émission de radio comme invité pour présenter mes trouvailles européennes, je vendais même des fringues Metal. Je traînais un peu avec des groupes de L.A. mais à part le glam, il n’y avait pas grand chose d’intéressant et quand un truc était pas mal, il ne trouvait pas de distributeur. De par mon boulot dans le magasin de disques, j’avais quelques contacts avec des distributeurs nationaux. J’ai alors proposé à quelques groupes comme Metallica, Ratt, Armored Saint, Cirith Ungol, Bitch ou encore Malice de faire partie d’une compilation appelée Metal Massacre et ils ont été d’accord ! Je leur ai dit : donnez-moi du son, et je ferai en sorte que cet album sorte ! J’ai alors essayé de trouver un peu de fric à droite à gauche, j’ai même gratté ma famille (rires) et j’ai édité 25 copies du premier disque juste pour voir ce que ça donnerait. Ça a marché, puisque les 5.000 copies de cette première compil’ ont été vendues en quelques mois seulement ! La suite fait partie de l’histoire maintenant…

Et maintenant, combien de personnes bossent pour Metal Blade ?
Environ 30 personnes.

Combien de groupes font partie de votre catalogue ?
Je pense à un peu plus de 45 groupes, en comptant le bureau européen.

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Et as-tu les larmes aux yeux quand tu penses aux années dorées du Metal des années 80 ?
Ah ah ah ! Oh, j’ai vraiment passé du bon temps à L.A. à cette époque et ça fait vraiment partie de mes meilleures années mais heureusement, ce que je fais aujourd’hui me plaît toujours autant. Et de savoir que quelque part, on donne du plaisir aux gens est tout aussi excitant.

Comment vois-tu l’évolution de la scène Metal, depuis 25 ans ?
Je pense que ce n’est pas très différent du début des années 80, dans le sens où le Metal,  aujourd’hui, reste une grande communauté et les groupes sont toujours aussi passionnés par la musique plus que par le pognon. Seul le Metal pour la musique en elle-même les intéresse, et ça, c’est bien. C’était la même chose au début des années 80, et pour moi, le parallèle est très similaire.

Et que penses-tu de ce renouveau du thrash qu’on observe en ce moment ?
Je pense que c’est super (rires) ! C’est marrant parce qu’à L.A., j’observe que les jeunes kids fans de thrash s’habillent à nouveau comme dans les années 80, avec leur froc moulant, leur casquette et leurs baskets blanches (rires) ! C’est terrible. Je pense que c’est cool quand les choses reviennent d’une manière organique parce que les gens aiment le style pour ce qu’il est et pas parce que c’est une mode.

Quels sont tes meilleurs souvenirs de ces 25 ans d’existence du label ?
Oh, il y en a tellement (rires), je ne sais pas ! Il y a quand même un album, qui, pour moi, a une saveur particulière, c’est Symbol Of Salvation (1991) d’Armored Saint. Les circonstances sont particulières car j’ai grandi avec ces gars, ils ont été le premier groupe que j’ai signé en 1983, celui  avec lequel j’ai commencé à avoir du succès. John Bush et Joey Vera sont mes amis, comme tous les autres d’ailleurs dans ce groupe. J’étais dégoûté quand le groupe s’est séparé à la fin des 80’s et quand ils m’ont fait écouter les démos de Symbol Of Salvation pour leur retour, j’ai trouvé que c’était vraiment très bon. Les remettre en piste avec cet album a été une grande joie pour moi. Merde, c’est quand même le 1er groupe que j’ai emmené en studio, je les ai vus grandir ensuite, c’est cool ! Les premiers Slayer aussi sont très importants pour moi et de voir le groupe grandir malgré leur style extrême a été une bonne chose également. Tout était possible à partir de là.

As-tu commis des erreurs durant ces années ?
Oh oui (rires) ! Comment veux-tu faire partie de ce business et ne pas te planter parfois ? Mais c’est plus au début que ça s’est produit car je n’y connaissais rien !

Question un peu difficile. Si tu devais choisir 5 albums, qui pour toi, représentent bien l’esprit de Metal Blade, lesquels seraient-ils ?
-    Slayer – Hell Awaits (1984). C’est mon disque préféré de Slayer car il y a beaucoup de variété tout en étant vraiment sauvage, et il a bien vendu. De plus, ce groupe est vraiment bon, quoi, c’est vraiment le genre de groupe que je voulais écouter quand j’étais un kid…
-    Fates Warning – Parallels (1991). Avec cet album, ils étaient revenus à leur meilleur niveau et ce sont des mecs bien marrants, que nous suivons depuis le début.
-    Cannibal Corpse – Vile (1996). Là aussi, ce sont des fidèles du label et Vile a été l’album qui les a fait passer à un autre niveau de notoriété. Excellent album !
-    Amon Amarth – With Oden On Our Side (2006). C’est un groupe plus récent sur le label et ils viennent de re-signer pour 3 albums avec nous. C’est un groupe qui tue et qui n’a fait que progresser en terme de qualité et de ventes d’albums.
-    As I Lay Dying – An Ocean Between Us (2007). C’est actuellement le plus gros groupe du label, et ils font partie des 5 meilleures ventes d’albums du label depuis 25 ans tous styles confondus.

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Quelles différences vois-tu entre les marchés américain et européen ?
C’est la manière dont les gens appréhendent la musique. Aux USA, les téléchargements sont très importants et les gens paient pour des mp3’s plus que pour des albums complets maintenant. En gros, aux USA, le packaging n’est pas si important que ça, tandis qu’en Europe, vous raffolez d’éditions limitées dans des box luxueuses, ce genre de trucs.

On parlait d’Internet, là. Tu t’imagines dans 3 ou 4 ans ne vendre que des mp3’s ?
Je pense quand même qu’il faudra plus de temps pour en arriver là. La réflexion est intéressante en tant que label car en vendant des mp3’s, tu n’as pas besoin de distributeur ni de payer des marges pour mettre tes produits dans les magasins. Internet est quand même un  moyen très simple de se procurer de la musique. C’est un concept assez cool pour un label. Mais le format CD a encore quelques années devant lui selon moi car les fans de Metal aiment ça.

Penses-tu qu’il y ait une solution contre le téléchargement illégal ?
On ne peut pas y faire grand chose, juste proposer des albums de qualité, des t-shirts sympas, des trucs pour lesquels les gens voudront dépenser leur argent. Il y a encore des gens qui paient pour ça, heureusement ! En tout cas, c’est sûr que c’est un sacré challenge à relever pour le futur des labels.

La seule solution est donc de signer des bons groupes !
Absolument ! Ce sont les seuls qui ont encore une chance de vendre.

En parlant de ça, penses-tu qu’il y a trop de groupes et trop de labels aujourd’hui ?
Eu Europe, oui, c’est sûr. Mais aux USA, ce n’est pas tout à fait le cas car les choses sont plus difficiles en ce moment.

On a parlé d’Europe, mais la France est-elle un bon marché pour Metal Blade ?
Oui ! On a toujours assez bien vendu chez vous mais on pense qu’on peut faire beaucoup mieux ; voilà pourquoi on fait tourner aussi nos groupes en France.

Que penses-tu de la scène Metal française ?
Je pense que c’est de mieux en mieux. Gojira est fantastique et on tient vraiment à signer un ou deux groupes français. On étudie la question en ce moment, on va voir ce que ça va donner.

Y a-t-il encore des buts que tu veux atteindre après toutes ces années ?
Oui car j’ai toujours le sentiment d’être un fan et je veux écouter des choses intéressantes. Il y a tant de bons groupes un peu partout que je suis certain qu’on peut encore rencontrer du succès en cherchant bien. C’est ça qui est excitant dans le music business et c’est ce que j’aime faire.

Et comment tu t’imagines dans 25 ans ?
Déjà, j’espère encore vivant (rires) ! Ces 25 années sont passées si vite ! Qui sait ce que le futur me réserve ? En tout cas, j’espère que dans 25 ans, mes oreilles me permettront encore d’écouter du bon Metal (rires) !

Ecoute, merci beaucoup pour cette interview exclusive et encore bravo pour ces 25 années de présence dans le Metal ! Et puis, qui sait, on se verra peut-être un de ces jours en France…
Merci beaucoup pour votre intérêt et puis faut savoir que j’adore la France, votre bouffe et vos vins rouges, donc, tout est possible (rires) !
 

Site : www.metalblade.com/