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6 ans déjà qu'Insecure, le premier album des Cambrésiens de Dylath-Leen, est sorti ! Depuis, le groupe a écumé les scènes du Nord de la France et de Belgique, où ils se sont fait une petite place au soleil, sans compter de prestigieux festivals. Ce groupe est excellent et le nouvel album, Semeïon, fort d'une signature chez le label qui monte, Great Dane Records, était très attendu. Tout bonnement excellent, il devrait placer enfin Dylath-Leen à la place qui doit être la sienne, c'est-à-dire un des fers-de-lance du Metal extrême français.
 

Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°17 de Mars 2008


 Entretien avec Igor (guitares, vokills), par Geoffrey
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Il y a 6 ans entre les deux albums, il s'est passé quoi entre les deux ?
Comme on est un groupe auto-produit, ça a des avantages car on a une liberté artistique complète mais aussi des désavantages d'ordre financier : comme on avait misé sur une bonne production sur Insecure, on n’a pas voulu redescendre avec Semeïon. Ca a pris du temps entre les deux car on a fait pas mal de concerts, des bons festivals, des bonnes dates et ensuite on est entré en studio en 2005. En fait, il est enregistré depuis 2005 et le mix et le mastering ont été faits un an et demi après. Au final, on est quand même contents du produit, on a mis le temps mais ça en valait la peine.

Jamais de petites baisses de moral entre temps ?
Forcément on était très impatient, c'était plutôt l’envie de défendre Semeïon sur scène, comme on n’avait qu’Insecure à défendre. On ne pouvait pas mettre en avant les morceaux de Semeïon.

Vu qu'il y a un gros laps de temps, vous ne vous sentez pas artistiquement et musicalement plus éloignés des morceaux d'Insecure ?
Musicalement non, vu qu'on les joue sur scène, on ne peut même pas dire qu'on se soit lassé, on avait juste l'impatience de jouer le deuxième parce qu'on l’a dans les mains depuis un moment et on avait envie de le faire partager. En ce qui concerne la différence entre les compositions d'Insecure et de Semeïon, en fait, il y a des morceaux comme « Buy me a smile » qui est en écoute sur Myspace, qui sont composés depuis 2002. Il y a quand même une ligne directrice dans la composition donc c'est vrai qu'on va retrouver des éléments d'Insecure à la patte Dylath-Leen, si je peux dire.

Et est-ce que le son et le style du groupe ont encore évolué ?
On peut parler d'évolution, la prod’ a beaucoup changé, on a quelque chose de plus lisible et plus light. Là, on a des grattes bien grasses, une batterie percutante, on a évolué pas mal dans la prod’. Ça a été un peu dicté par le sens que prenait la composition. On avait besoin d'homogénéiser la nouvelle veine dans laquelle on se lançait pour retrouver l'idée de patchwork d'influences qu'il y avait dans Insecure, pour retrouver le son qui allait convenir dans ce nouveau mélange pour servir au mieux les morceaux. Au final, les morceaux de Semeïon sont plus typés death métal, que sur Insecure ; là, c'était plus atmosphérique, des morceaux vraiment différents les uns des autres. Dans Semeïon, on est plus homogène. On va dire que pour l'évolution des influences, on a creusé les écarts qu'on avait dans la composition, c'est-à-dire que les parties brutales sont plus brutales et les parties atmosphériques sont plus profondes. On a essayé d'accentuer les deux grands traits de caractère de notre musique, la partie death plutôt rentre-dedans et la partie plus atmosphérique plus prononcée. On avait commencé ça avec Insecure et avec Semeïon, on a essayé de plus trancher dans ces lignes directrices là.

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Pourquoi Great Dane Records ?
A la base, on avait contacté beaucoup de labels, on a examiné les différentes propositions qu'on avait. On avait un bon feeling avec eux et avec la manière dont ils nous expliquaient qu'ils travailleraient l'album pour qu'il soit au plus près des gens, pour qu'il soit écoutable et présent au maximum dans les bacs ; il vaut mieux une structure un peu plus jeune et dynamique plutôt qu'une structure plus grosse et être noyé dans un catalogue. On a les mêmes objectifs, beaucoup de communication, une certaine proximité qui permet de savoir tout le temps où on en est et de réajuster. On est très maniable dans notre manière de travailler, ça colle très bien ensemble.

Quelle définition vous donneriez à la musique du groupe ?
Qu'est ce qu'on écrirait sur l'étiquette ? La base est quand même death métal, death atmo ou death mélodique. Pour le premier, on avait dit death metal lovecraftien. C’est l'influence qui reste derrière parce que c'est ce qu'on essaye de retranscrire, faire un pont entre la musique et la littérature mais c'était assez neutre, pas descriptif, quelque chose qui peut donner une similitude d'ambiances. Quand on a commencé à jouer ensemble, on ne s'est pas dit : on va faire du death… On a pris les instruments, on a joué. Bon, c'est sûr, on écoutait tous du death mais on a composé comme on a senti, sans définir de ligne de conduite à suivre en terme de références musicales. La base est death mais à côté de ça, viennent se greffer toutes nos autres influences, l’ambiant, l’atmosphérique, le gothique, le black, le brutal, le death, la fusion, ce qu'on écoute tous en fait.

Je vais revenir sur l’enregistrement, c'est encore Stéphane Buriez qui s'est occupé de pas mal de choses. Pourquoi encore lui ?
Il avait enregistré Insecure et Stephan Kraemer l’avait mixé. Pour Semeïon, on voulait le faire à la maison, à Cambrai avec Bertrand Shirley et Thierry Sares, tout simplement parce qu’on avait de très bons rapports avec eux et il y avait un suivi avec Bertrand. Il savait exactement ce qu'on voulait et où on voulait en venir. On avait l’aisance de prendre notre temps, de faire nos morceaux. Par contre, pour le mix, on a refait appel à  Stéphane parce qu’il avait fait un boulot super sur Insecure. Je me dis qu’on a bien fait parce qu’on en est bien content ; il a réussi à savoir ce qu’il fallait faire comme son pour faire ressortir le meilleur du groupe.

Quels sont les thèmes sur cet album ?
En fait, le thème s'est dégagé dès la première chanson composée. Ca traite de l’anorexie parce que Kathy connaissait quelqu’un, qui, malheureusement en est décédé. Donc, cette chanson est venue comme ça et comme c’est quelque chose qui nous touche, on s’est dit que ce serait pas mal de mettre en musique et en ambiances diverses les  maladies mentales, aller dans le cerveau et dans le ressenti de ceux qui souffrent, qui sont  malades mentaux. Donc, je pense qu’en ayant ce genre de ligne, ça nous a aidés à composer, à créer des ambiances qui collent avec ce que peuvent ressentir les gens et les textes aussi ont suivi, donc le thème, ce sont les maladies mentales. C’est aussi un thème présent dans les écritures de Lovecraft :  on essaye depuis le début du groupe de  faire ressortir les ambiances de Lovecraft. Les textes ne sont pas explicatifs : on évoque la maladie sans la décrire, c'est à l’auditeur de trouver de quoi il s’agit. On n’a pas voulu tomber dans le descriptif. Ce sont plutôt des mises en situations que des descriptions et c'est pour ça que le titre de notre album est Semeïon ;  en grec, ça veut dire signe, symptôme, ça ne va pas plus loin.

Est-ce que vous aviez des ambitions plus fortes que sur le premier album ?
Mais oui. Déjà, en terme de distribution, on va plus loin : on a conquis un public en Belgique car on a fait une majorité de nos dates là-bas pour l’instant. Pour Semeïon, on a une distrib’ dans tout le Benelux. Même pour Insecure, c'est en pourparlers mais on a des ambitions pour des sorties Outre-Atlantique et en Asie, des choses sur lesquelles on travaille pour les deux albums. On a eu pas mal d’occases données de défendre les deux albums sur scène et des grosses participations comme le Hellfest et le Metal Female Voices festival. On se rend visibles sur des affiches plus ambitieuses, on donne corps à tout ça. On a beaucoup de propositions pour des festivals. Y a une date par exemple où on va jouer en Belgique avec Sodom, Celtic Frost (ndlr : le Pestpop, le 12 avril). C'est un bon tremplin  pour nous :  on est assez haut dans l’affiche, on a un bon public là-bas qui nous suit de plus en plus. Ca suit son cours…

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Et justement, le Hellfest, moi, j'ai encore un pied coincé dans la boue (rire) ! Ca a été une bonne expérience pour vous ?
Comme tu dis ! Sacrée expérience rock n’ roll, comme on dit. Juste un peu frustrés de ne pas avoir pu jouer plus de 4 morceaux avec les problèmes d’organisation ; ceci dit, très honorés de partager l’affiche avec des groupes comme Machine Head, Slayer. Ça nous a permis de montrer qu’on avait notre place dans ce genre de festival et de défendre nos morceaux. Très  contents de l’accueil du public : quand on a commencé à jouer, les gens sont entrés dans le chapiteau et au bout de deux trois chansons, y avait beaucoup de monde. On a trouvé que l’accueil du public était bon. Malgré la boue et le blocage à l'entrée, les conditions, les gens étaient quand même vachement réceptifs pour nous comme pour les autres groupes ; nous, ça nous a satisfaits de voir ça.

Justement, pour parler de notre scène française, comment vous voyez ce qu'il s’y passe depuis des années ?
Y a une sacrée évolution, c'est vraiment bien parce que la scène française n’était pas reconnue, il n’y avait pas vraiment de leader. Y a vraiment des grosses productions qui émergent. Des groupes comme Gojira, on n’en parle même plus ! Hacride par exemple,  Dagoba, Klone, le dernier est excellent. Les groupes se démerdent pour sortir des trucs très pros, bien finis et y a des boîtes étrangères qui commencent à se pencher sur de nouveaux cas français. C’est un peu le nouveau pays du Metal ! Je pense qu'on n’a pas trop à envier aux autres pays. On est peut-être mal reconnu dans les autres pays et moins mis en avant. On  l'a vu avec la Belgique : on a un bon public, les gens suivent, nous contactent… En France, c'est beaucoup moins suivi. La presse aussi ouvre un peu de place aux groupes français, c'est peut-être un déclencheur, ça reste timide mais c'est sur une bonne voie. Pas de cocorico mais pas refuser la visibilité parce qu’on se dit que les groupes français ne sont pas vendeurs. Je pense qu'on a été victime de préjugés pendant un bon moment, et ça change lentement. Par exemple, aux USA, il y a des groupes de metal extrême qui sont distribués à grande échelle et sont sur des médias, dans les pays du Nord aussi. En France, c'est compliqué quand on fait du Metal et avec les problèmes de téléchargement, les boîtes de distrib’ donnent moins facilement leur chance aux groupes. Le CD se vend moins qu’avant. On attend qu’un groupe soit bien confirmé pour lui donner sa chance sauf que ça devrait être l’inverse. C'est vraiment dur d’accéder à un réseau de distrib’ sérieux. On est signé chez Great Dane Records, le réseau de distrib’ derrière, c'est Season Of Mist pour la France : on va être bien représenté mais c'est assez difficile de pouvoir bénéficier de ces réseaux-là. Il faut justifier d'une ancienneté et d'un parcours compliqué !


Dylath-Leen - Semeïon
Great Dane Records / Season Of Mist

Site : www.myspace.com/dylathleen