log

Que dire de Belphegor ici qui n’ait pas encore été dit ? Je suis un die-hard fan de ce groupe depuis des années car il a parfaitement réussi à mixer la puissance du death à la noirceur du black, le tout en fournissant des albums de grande qualité rehaussés de pochettes toutes aussi fabuleuses. Ce n’est donc pas ce Bondage Goat Zombie qui nous fera changer d’avis bien que certaines parties mélodiques et lentes aient été poussées plus avant… Et surtout, c’est pas demain la veille que j’enlèverai mon big sticker de Belphegor de mon coffre de bagnole ! Hail Satan, motherfuckerz and thanx to Helmuth pour ses réponses, malgré une très grande fatigue accumulée sur les routes américaines !  

Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°18 d'Avril  2008

 Entretien avec Helmuth (demonic six-strings & hellish vocals from beyond), par Will Of Death
Rechercher : dans l'interview

1 an et demi déjà que je vous ai interviewés pour Pestapokalypse… Comme le temps passe vite ! Que s’est-il passé pour le groupe entre ces deux albums ?
Will, déjà, comme je sais que t’es un grand fan du groupe, j’espère que le nouvel album t’a plu ! On a beaucoup tourné, 3 fois aux USA notamment. On vient juste de rentrer là, justement, y a deux jours. En tout, on a du faire une cinquantaine de dates pour Pestapokalypse. On a aussi joué au Mexique, c’était bien cool.

Quelle fut la réponse des fans et de la presse pour Pestapokalypse ?
Terrible ! En réalité, tous les albums que nous avons sortis ont reçu de bonnes critiques, des mises en avant, des interviews. Ce n’était pas vraiment nouveau pour nous, tu vois. J’apprécie vraiment quand les gens aiment ma musique, c’est cool. Les choses ne vont qu’en s’améliorant pour nous.  

Vous avez beaucoup tourné en 2007. Nuclear Blast se révèle-t-il être au final le tour support que vous attendiez enfin ?
Que dire ? Ils font un très bon boulot et par exemple, pour obtenir du nouveau matos, nous n’avons plus de souci. Le support qu’ils nous donnent est indéniable. Franchement, on ne pouvait pas trouver mieux comme label. Ils ne traitent pas les musiciens comme des tous du cul, tu vois ce que je veux dire ?

Ça s’est passé comment au Wacken ?
C’était excellent. On a joué dans une des tentes et c’était complètement rempli. On voyait même des gens regarder ça de dehors car ils n’avaient pas pu entrer. Du coup, on a fait un show d’enfer, qui n’a duré malheureusement que 25 minutes, c’est la règle mais les gens étaient comme fous. J’ai hâte de refaire un truc comme ça (rires) !

Tu préfères quoi ? Jouer en festival ou dans une salle ?
Bah, là, si on prend l’exemple du Wacken, c’était dans une tente donc ça ne changeait pas vraiment d’une salle. Mais bon, faut avouer que c’est quand même plus confortable en festival du fait de la taille de la scène. Quand tu joues avec les cymbales dans le dos, ça craint un peu quand même. Mais en général, je préfère les salles parce qu’il y a plus d’ambiance…

pix

Vous venez de finir une tournée aux USA. Comment ça s’est passé ?
Très bien ! On a joué avec Rotting Christ, Unleashed et Immolation, plus des supports locaux. On a fait 26 dates et c’était vraiment bien de rejouer aux USA, j’aime ça. Ce qui est cool, c’est que les mecs là-bas deviennent un peu plus cinglés encore à chaque fois qu’ils nous voient (rires).

J’ai quand même l’impression qu’avec Petsapokalypse, vous aviez rafraîchi un peu votre style, en ajoutant plus de variété dans les tempos. Peut-on dire que Bondage Goat Zombie est dans la même veine ?
C’est ce que nous avons toujours essayé de faire : développer les différents styles qui font l’identité Belphegor, intégrer certaines nouvelles influences. Certains ont pu penser qu’il s’agissait d’un rafraîchissement de notre style mais j’ai plutôt tendance à penser que c’était juste encore plus frais qu’à l’accoutumée, juste une évolution. J’aime vraiment nos anciens albums et je pense que Bondage Goat Zombie est un putain d’album ! De la composition au travail en studio, tout a été intense. Cet album est démoniaque, morbide et brutal à la fois avec pas mal de changements de tempos, peut-être plus qu’avant, oui je suis d’accord. On y retrouve ces mélodies brutales dont Belphegor a le secret, mais je ne parle pas de ces mélodies sirupeuses de pop merdique que beaucoup de groupes utilisent, tu vois ?    

Pour moi, c’est du pur Belphegor, certes, mais pour la première fois dans l’histoire du groupe, il me semble que l’on puisse parler d’un vrai titre mélodique avec « Stigma Diabolicum ». Tu es d’accord ?
Oui, c’est un très bon exemple. Pour moi, c’est même le premier ‘hit’ que j’ai réussi à écrire pour Belphegor ! Mais que les gens se rassurent, ça reste du putain de Metal brutal ! C’est quand même la première fois qu’on fait un truc pareil, c’est terrible (rires) ! Pousse les enceintes à bloc et tu verras que j’ai fait de gros progrès vocaux sur ce titre, sans parler des guitares, qui sonnent super bien sur ce titre. Je peux dire que j’ai même réussi à m’impressionner tout seul sur ce titre (rires) ! 

D’où t’es venue l’idée de faire un titre si mélodique ?
J’en sais rien en fait ! J’essayais de trouver de nouveaux trucs, en incluant des breaks différents, des trucs nouveaux, tout en restant dans l’esprit du groupe, quand ce titre m’est apparu. Il n’est aucunement question de renier nos racines brutales mais les mélodies de ce titre sont en parfaite adéquation avec l’atmosphère qui se dégage des lyrics. C’est profond, intense, rien à voir à voir avec des merdes tra-la-la… C’est du « Belphegor, fuckin’ TNT » (rires) !

« Sexdictator Lucifer » est aussi assez étrange dans votre discographie, certainement un de vos titres les plus lents… « The Sukkubus Lustrate » est encore plus bizarre avec ces vocaux presque classiques… Tu peux nous parler de ces deux titres ?
En fait, ces deux titres sont les deux parties d’une seule histoire. Que dire ? Nous avons essayé beaucoup de nouvelles choses sur cet album, avec ces guitares acoustiques sur l’intro d’ « Armageddon’s Raid », des espèces de batailles de guitares jumelles, des vocaux bizarres, plus clairs mais qui ne sonnent pas comme des vocaux clairs pop-shit metalcore. Ce n’est peut-être pas aussi rapide que d’habitude, mais c’est du pur Belphegor encore une fois, j’aime vraiment. 

pxi

Mais en live, quel type de titres préfères-tu jouer ?
J’ai toujours adoré jouer les titres rapides. Tout simplement parce que je suis un addict de blasts. Tous les groupes sont capables de jouer des trucs lents, sombres, tu vois mais peu savent vraiment faire monter la pression par des blasts tonitruants. En salle, ça fonctionne à merveille.

Vos titres d’album sont toujours assez marquants. Bon, c’est quoi ça, Bondage Goat Zombie ? Un résumé de ce qui fait l’identité de Belphegor finalement, non ?
Oui, tout à fait. Je déteste les titres classiques comme Heaven and Flames, des trucs comme ça. C’est de la merde. On parle de bondage dans cet album, la satisfaction que certains peuvent trouver là-dedans. Le « goat » (le bouc, quoi – ndlr), c’est un peu comme une marque de fabrique pour nous. Et le zombie me ramène à une démo d’un groupe allemand qui s’appelait Living Death que j’ai vraiment aimé quand j’étais jeune.

Votre artwork retrouve les tons classiques de Belphegor, le bleu et le noir… Les tons oranges de Pestapokalypse n’étaient pas une bonne idée finalement ?
Quoi (rires) ?! Dis pas d’conneries (rires) ! Non, mais je suis constamment à la recherche de nouvelles idées pour nos pochettes mais je ne veux pas payer un mec à qui il va falloir expliquer pendant 107 ans quels détails je veux voir apparaître. Du coup, on bosse toujours avec le même gars. Et pour Pestapokalypse, on voulait un truc différent et la pochette collait parfaitement au contenu de l’album, de manière plus réaliste. Là, on voulait à nouveau combiner le sexe, Satan et la mort, donc il était clair que je voulais un truc plus cradoque ; du coup, j’ai redemandé au même mec de me dessiner ce que je voulais et voilà le travail.

Y a-t-il des nouveautés dans les thèmes de vos paroles sur cet album ? J’ai vu que vous parliez du Marquis de Sade par exemple ?
Yeah… Ce mec était aussi un adepte du bondage, du fétichisme et de tout un tas d’autres trucs du genre. Ce n’est pas la première fois que j’utilise des écrits du Marquis de Sade dans un titre, j’avais déjà fait ça vers 1996. J’aime les légendes qui tournent autour de cet homme, ce qu’il a fait. Imagine, tout au long de sa vie de débauche, il a passé au total 30 ans en prison pour ses actes et ses écrits ! Il a risqué sa vie pour défendre ses idées et son art ; il ne s’est jamais plié aux desiderata du système, ce qui a du sens pour moi, tu vois ? C’est un exemple de ce que c’est que la vraie rébellion pour moi. 
 
Vous avez de nouveau bossé avec Andy Classen… Impossible de bosser avec quelqu’un d’autre maintenant ?
C’est peu comme avec la pochette. Pourquoi changer un truc qui va bien, quand on est déjà assez emmerdé avec les changements de batteurs qu’il y a eu dans Belphegor ? Il a encore fait un super boulot, tout comme nous : chacun s’est donné à 100 % de ses capacités et pour moi, l’album est parfait. Ça tue !

Pour l’album précédent, c’est Nefastus qui avait enregistré les parties de batterie en tant que session drummer… En allant sur votre site, je vois que vous n’avez toujours pas de batteur attitré…
Oh, il y a longtemps que j’ai arrêté de chercher un batteur permanent pour le groupe ! On utilise des batteurs session maintenant ; on a 3 gars qui peuvent jouer nos titres maintenant et du coup, ça ouvre toutes les possibilités pour le studio et les concerts. Là, c’est Torturer qui a fait les parties de batterie, le mec qui a déjà enregistré Lucifer Incestus et Goatreich-Fleshcult en fait… Il ne peut pas tourner avec nous comme il veut, c’est pour ça qu’il n’est pas resté un membre permanent du groupe mais il reste un bon pote et un putain de batteur.

pix

Ça fait des années que je vous suis et vous apprécie, vous le savez, mais je n’ai pas l’impression que votre place sur les tournées ait beaucoup progressé en terme de notoriété. Je pense à des tournées comme les X-Mass ou le No Mercy, où vous étiez toujours en première partie… Qu’en penses-tu ?
Bah, tu sais, on n’a jamais fait de plan de carrière, de marketing, ce genre de merde. On s’en fout de savoir que d’autres groupes vendent plus que nous ; tout ce que je veux, c’est pouvoir faire mon truc sans me compromettre, jouer du putain de Metal. On n’est pas aussi commercial que d’autres ? Et alors, on est quand même des pros, on assure le job. On est Belphegor, on est brutal et il n’est pas question que je suce quiconque pour monter sur l’affiche. On a toujours essayé de faire de bons albums, de devenir des meilleurs musiciens, voilà ce qui m’intéresse le plus !    

Je ne sais pas si tu as vu l’affiche du Hellfest, mais c’est de la folie pure ! Qu’attends-tu de votre venue sur ce festival, en juin ?
La même chose que pour nos autres shows en fait : mettre la claque au public. Je sais que c’est un festival cool. Je ne sais pas encore sur quelle scène nous allons jouer mais tout ce que j’espère, c’est que nous donnerons un bon concert et que les gens seront contents. J’aime jouer en France, les gens nous ont toujours bien accueillis, notamment à Paris, c’est un peu comme en Belgique au niveau de l’ambiance…

J’y serai au Hellfest cette année ! Donc, on se reverra là !
Ah, cool ! Prépare tes bières alors, comme d’hab’ (rires) !

Oui, et tu diras à Sigurd que je lui ramènerai aussi ses lunettes rose fluo (rires gras) !
Ah ah… Ouais, putain !

Ca fait 15 ans que Belphegor a sorti Bloodbath In Paradise, le premier maxi-CD démo... Quel bilan tires-tu de ces 15 ans d’existence ?
15 ans déjà ? Non…. Ah merde, ouais, t’as raison ! Fuck (rires) ! Quand on a commencé, le seul but était de faire du bruit dans un groupe et de s’éclater, de jouer des trucs brutaux et maléfiques. 15 après, me voilà à tourner partout dans le monde, à donner des interviews dans tous les pays. Que demander de plus ? Tu te rends compte, l’an dernier, par exemple, on a joué à Las Vegas ! C’est un truc de fous quand même… Déjà, quand on a commencé à tourner en Europe, j’avais du mal à comprendre (rires). Ensuite, on nous a permis d’aller aux USA, c’était comme un rêve pour moi. Incroyable ! Je ne changerais rien de ce qu’on a pu faire, vu le résultat aujourd’hui !

Un dernier mot pour les fans français, pour le nouvel album ?
Oui, écoutez-le (rires) ! C’est du Belphegor typique, brutal as fuck, de la pure dynamite avec en plus de bonnes mélodies ! Vous ne serez pas déçus !
Allez Will, on se voit au Hellfest et on se la met ! Bye brother…


Belphegor – Bondage Goat Zombie (sortie 11 avril)
Nuclear Blast Records

Site : www.belphegor.at