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L’album d’In Flames n’était pas encore sorti, que les gens critiquaient déjà. Mais c’est un peu la rançon du succès du groupe, prisonnier d’un passé death mélodique, et dont les évolutions musicales, comme l’arrivée de claviers et de chant clair, n’ont de cesse depuis quelques albums d’être décriés. Mais voilà, In Flames est unique, avec un sens de la composition rare. Alors, certains pourront toujours essayer de trouver des failles, In Flames reste bien l’une des formations les plus importantes du Metal moderne.   

Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°18 d'Avril  2008

 Entretien avec Bjorn Gelotte(Guitare) – Par Geoffrey
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Une question de geek pour commencer, mais quel est ton plus gros score à Guitare Hero 3 sur ton morceau, « Take This Life » ?
(Rires). Je ne joue qu’en moyen, au-dessus, c’est trop difficile.  Je crois que je termine le morceau à 99%. Je me débrouille pas mal en moyen, mais au-dessus, c’est trop fou. (rire)

Depuis aujourd’hui, les fans peuvent écouter le nouvel album sur Myspace…
Nous sommes tellement heureux. Nous avons enregistré en septembre dernier. Ce fut un travail très long, mais finalement, nous pouvons montrer aux gens cet album dont nous sommes tous très fiers.

Stresses-tu un peu par rapport aux réactions ?
Non, pas vraiment. Nous attendons les réactions, mais au final , nous nous en sommes vraiment satisfaits Je suis impatient de me retrouver devant les foules et de jouer les morceaux live. C’est un album avec lequel nous allons mûrir et qui restera longtemps avec nous.

Et le clip est d’abord visible aux Etats-Unis, ce qui va une fois de plus alimenter la polémique sur vos envies d’Amérique…
Non, mais nous avons deux labels. Ce n’est juste qu’une question de droits où je ne maitrise pas tout donc je ne rentre pas dans cette polémique. Pour ce qui est des Etats-Unis, c’est marrant, parce que nous avons tellement tourné en Europe, fait tellement de festivals. Il n’y a pas de festivals aux Etats-Unis. Donc, c’est plus difficile de toucher un plus grand nombre, il faut donc multiplier les dates là-bas. En Europe, les gens sont prêts à faire des centaines de kilomètres pour voir un concert, pas aux Etats-Unis, où il faut pratiquement jouer dans leur maison pour qu’ils viennent nous voir. Nous ne sommes pas un groupe américain, nous essayons juste de jouer et de diffuser notre musique le plus possible.

Cet album est vraiment la synthèse de tout l’art d’In Flames. La quintessence d’un travail commencé il y a plusieurs albums, pour enfin arriver à l’équilibre parfait…
Merci. Je pense que c’est l’album le plus frais, le plus fun à réaliser, et le meilleur de notre discographie. C’est vraiment le fruit de nos précédents enregistrements.

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Dans quel état d’esprit s’est passée l’écriture ?
Musicalement, quand on a commencé à composer, on n’a pas changé nos méthodes depuis nos 5 derniers disques. On se réunit, on échange nos idées de mélodies et de riffs, et l’on regarde quelles idées de chacun nous pouvons mettre bout à bout pour réaliser une chanson. Ce sont bien sûr des idées assez brutes, mais suffisantes pour donner vie à un morceau. Puis nous commençons les arrangements, et c’est la partie la plus excitante, car c’est là que la magie opère. C’est un travail très intéressant, et beaucoup de choses se passent à ce moment précis où nous façonnons un morceau, où nous lui donnons toute sa dynamique. Cette fois-ci, nous avons eu deux semaines de pré-production dans notre propre studio, ce qui fut un avantage non négligeable pour être plus à l’aise. La communication au sein du groupe a été encore plus facile que par le passé, tout le monde a fait preuve d’un état d’esprit très ouvert. D’habitude, on passe notre temps à s’engueuler pendant un enregistrement (rire), mais pas cette fois-ci. Le line up est stable depuis plus de 10 ans maintenant, on se connaît tellement bien. Je pense que nous savons surtout où nous nous situons musicalement et les choses que nous avons à faire.

La pression extérieure ne vous atteint pas ?
Non. La plus grosse pression est interne au groupe, que tout le monde soit heureux et content de la musique que nous jouons. Nous avons besoin d’être derrière ce disque, de vieillir avec lui, de jouer les morceaux 100 fois sur scène. Nous sommes conscients que nous avons notre son, notre façon de composer, et personne ne peut décider à notre place. Même le label, le management ou les personnes qui critiquent les disques. On ne peut pas laisser quelqu’un d’extérieur influencer ce que nous sommes.

Quelles sont, pour toi, les nouveautés de ce disque ?
Hum…

…Tu es d’accord si je dis que c’est le plus mélodique ?
Oui, il y a beaucoup de mélodies dans ce disque. C’est quelques chose de très important, quelque chose sur lequel nous nous focalisons. Les mélodies sont vraiment l’essence d’In flames. Un mélange d’agression et de mélodies soutenues par des parties up-tempo. Nous voulions aussi vraiment que le son soit très organique. Tout, des guitares à la batterie, devait sonner « vrai ». Nous le voulions dès le départ.

Tu penses qu’il était aussi temps de vous remettre en cause et de prendre des risques, comme sur le morceau « The Chosen Pessimist » ?
Nous essayons toujours de proposer quelque chose de différent. Mais c’est le regard extérieur qui compte. Nous sommes dedans 24h./24,  7j./7 sans avoir le recul nécessaire pour juger. Mais c’est marrant que tu parles de ce morceau car nous l’avons composé vraiment à la fin, pendant notre semaine de pré-production. En fait, nous étions en train d’écouter les morceaux les uns après les autres et nous trouvions l’ensemble très intense, avec beaucoup d’énergie. Très compact aussi, sans le moindre moment pour respirer. Anders a été le premier à dire qu’il nous fallait un morceau capable d’aérer l’album. J’ai alors commencé à composer quelques chose à la guitare acoustique, puis Jesper est arrivé en rajoutant ses idées, et au final, on se retrouve avec un morceau de 8 minutes ! Ce morceau est donc très spontané, nous ne composons jamais comme ça d’habitude. Nous ne jammons jamais, mais cette fois-ci, nous nous sommes concentrés sur les atmosphères et sur le son des guitares. Je pense que le morceau est une bonne pause au milieu du disque, il permet de se laisser du temps pour repenser à ce qui vient de se passer avant et de proposer une autre facette de notre musique.

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Le son est énorme sur ce disque. Mais Daniel, Roberto, Toby, Stephen, ça ne fait pas beaucoup de monde pour un seul disque tout de même ?
(Rires). Ça dépend comment tu vois les choses. Tu veux les meilleurs pour le meilleur résultat possible ? C’est ce que nous avons donc fait. Daniel a toujours super bien bossé avec Anders, tirant toujours le meilleur de sa voix. Et c’est très important, car je pense que tu donnes toujours beaucoup plus de toi-même quand tu chantes que quand tu joues de la guitare ou de la batterie. Pour Roberto, c’est d’abord un gars en or, et surtout, il a une façon de travailler incroyable. C’est un véritable magicien. Pour Toby, qui est aux Etats-Unis, quand il a écouté le son, en lui donnant l’idée de base de ce que nous recherchions. Et il a tout de suite opté pour quelque chose de très organique. Quant à Stephen, c’était assez logique de travailler avec lui, car il a l’habitude de masteriser les mixes de Toby.

Une production massive, pour des morceaux très forts… Plus que jamais, cet album est un tournant pour votre carrière ?
Je ne sais pas. En tout cas, il doit l’être. Pour aller de l’avant, il faut que cet abum prennent les bonnes directions. Ne jamais regarder en arrière, toujours aller de l’avant. Nous ne faisons pas les choses pour ce que les gens attendent de nous, nous les faisons pour que nous soyons toujours fiers de notre travail, fiers de jouer ces morceaux des centaines de fois sur scène. Et comme d’habitude, il va être très difficile de composer le prochain… Comme à chaque fois. Nous adorons tout ce que nous avons fait auparavant et à chaque nouveau disque, on se demande toujours comment on va faire mieux que le précédent. Et selon moi, on y arrive à chaque fois.

Quand tu y penses, arrives-tu à t’expliquer le succès du groupe ?
Je ne sais pas. Cela dépend de la manière dont tu le perçois. Je suis tellement dedans que je n’ai pas le temps de voir ce qui se passe à l’extérieur, de voir comment les gens ou les autres groupes nous perçoivent. Je me sens très chanceux car je fais exactement ce dont j’ai envie. Je fais la musique que j’aime, de la manière que j’ai envie de la faire. J’en vis et je travaille avec mes meilleurs amis. Et je m’en contente. Donc, pour ce qui est du succès, je pense que c’est beaucoup de travail et un peu de chance. Le fait que nous soyons restés honnêtes avec ce qui nous semble bon explique une partie de notre succès. Il faut innover et ne pas imiter ce qui est à la mode. Au début, on n’avait pas trop de succès et puis nous avons commencé à tourner, les fans se sont intéressés à nous. Quoique je n’aime pas trop le terme de fans, je le trouve très réducteur. Ce sont surtout des gens qui écoutent et qui apprécient la musique. A nous de faire la meilleure possible.


In Flames – A Sense Of Purpose
Nuclear Blast / Pias


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http://www.inflames.com